Sunday, December 22, 2024

Riche actualité judiciaire aux Etats-Unis.

Le 23 décembre 2024.

I could stand in the middle of 5th Avenue and shoot somebody and I wouldn’t lose voters.
- Donald J. Trump.

L’on dit toujours que le président américain en fin de mandat est un « canard boiteux » (« lame duck » en v.o.). Pourtant le locataire actuel de la maison blanche utilise de main ferme son droit de grâce régalien. Après avoir épargné des condamnations à son fiston chéri toxico relativement à des atteintes à la législation encadrant les armes à feu et évadé fiscal (si le code des impôts prévoyait des abattements pour les « frais de bouche », cette notion n’englobait pas les émoluments versés aux effeuilleuses), Joe Biden vient de prononcer une dispense collective des rigueurs de la loi au profit d’environ 1500 personnes selon un critère fort judicieux de prime abord : les crimes en cause ne doivent pas avoir comporté des éléments de violence.

On a évidemment alors droit à une « deuxième chance ».

Cependant, voyons de plus près deux bénéficiaires de la mansuétude présidentielle.

Citons d’abord Rita Crundwell, qui, 2012, avait plaidé coupable de détournement de fonds de 54 millions $ au détriment de la commune de Dixon (Illinois) comptant 15 000 habitants. On est un cran au-dessus des petits dîleurs de poudre blanche et gélules multicolores. Il lui sera épargné (si l’on ose dire) encore 4 ans d’assignation à domicile.

Est encore nettement plus intéressant le cas de l’ancien juge pennsylvanien Michael Conahane, condamné en 2011 lors du scandale « gamins vendus au comptant » (« kids-for-cash » en v.o.). Sa libération était prévue pour 2026. Cet oracle de la loi encaissait des pots-de-vin de la part de sociétés commerciales opérant des centres de détention pour mineurs (la libre entreprise à l’américaine est un modèle) en leur assurant un approvisionnement en chair fraîche par de lourdes sanctions; Environ 4000 condamnations furent annulées, et elles coûtèrent au contribuable 2000 millions de dollars en indemnisation des victimes, ce qui ne profita pas à au moins l’une d’elle, qui se suicida car détruit par son séjour derrière les barreaux. On s’interroge en l’espèce sur la notion de « violence » ou plutôt de son absence. Chose certaine, il a droit aux félicitations du très français magistrat Fabrice Burgaud, qui s’y connaît en matière de décès de persécutés, et surtout de deuxième chance : tel un majestueux phénix, il renaquit des cendres cadavériques d’Outreau.

Par ailleurs, une femme ayant purgé 16 ans de prison au Nevada obtient une indemnisation de 34 millions de dollars car sa condamnation avait résulté de falsification de preuves de la part des enquêteurs. Là encore, comme dirait Fabrice Burgaud, une situation inconcevable en France. (On parle de l’indemnisation, bien entendu).

Que dire de l’affaire Ellen Greenberg, morte le 26 janvier 2011 à Philadelphie (Pennsylvanie)? Le rapport d’autopsie dressé le lendemain même faisait mention de 20 coups de couteau, dont un à la base de la nuque, et 11 hématomes. Conclusion : les coups avaient été assenés par une autre personne. Mais pas si vite.

Après discussion avec les enquêteurs, le médecin légiste décréta qu’il y avait eu suicide. Il faut déduire de ce revirement que le dr Paul pennsylvanien s’est instruit au contact de confrères français; on apprend beaucoup dans les congrès internationaux. La France est le pays où les suicidés ont besoin de 5 coups de feu pour parvenir à leurs fins. Quel inexplicable acharnement de la part de la famille Greenberg, suivant sans doute le pitoyable exemple de la famille de Robert Boulin, ministre giscardien suicidé le 30 octobre 1979 trouvé dans un étang de la forêt de Rambouillet.

Mais la vedette américaine individuelle est sans aucun doute Luigi Mangione.

Ce fils de bonne famille est suspecté de l’assassinat bien planifié, de sang froid, du PDG de United Healthcare, un géant de l’assurances-santé, Brian Thompson. Les réactions… de soutien ne se sont pas fait attendre. Les réseaux sociaux vomissent leur approbation et les fans ont adopté le capuchon et le masque médical de l’auteur présumé, qui fera un tabac lors de la prochaine Halloween. Pis, l’employée du McDonald’s qui a reconnu l’individu et alerté les autorités policières est menacée de mort.

Rien ne justifie la violence, pas même l’injustice perpétrée par les compagnies privées d’assurances-santé, qui laisse trop de citoyens exposés à la ruine économique… ou la mort. Bien sûr, Thompson était un gestionnaire émérite : les profits réalisés par l'entreprise sont passés de 12 milliards de dollars en 2021 à 16 milliards en 2023, et sa rémunération pour 2023 s’élevait à quelque 10 millions de dollars. La non-couverture de tragédies médicales, c’est-à-dire, l’obstruction, même létale, paie. Plus que le crime. Deny, defend, depose… Cela dit, ces événements sont révélateurs du délabrement du système de santé américain. On récolte ce que l’on a semé.

A ce stade, impossible de revenir en arrière. Thompson est mort. Que conseiller aux admirateurs de Luigi Mangione?

Eviter les menaces et se contenter de respecter la lettre de la loi, sinon le bon goût : la liesse découlant d’un meurtre n’est pas réprimée par le code pénal.

Surtout, suivre, précisément, l’exemple des habiles procéduriers assureurs - et autres grandes entreprises commerciales – que dénonce Mangione : deny, defend, depose (correction : delay) en contribuant à la cagnotte servant à financer les frais de justice du tueur présumé, qui a droit à la présomption d’innocence.

Ce sera de bonne guerre.

(Encore que l’argent n’est censé jouer aucun rôle dans le fonctionnement de la justice américaine : au final, seuls les faits comptent).

Et le plus féroce châtiment à infliger à McDonald’s consisterait en un pacifique boycott de leur nourriture frelatée (ses hash brown sont restés sur l’estomac de M. Mangione) fondé sur la dénonciation d’une société commerciale tueuse en série sur le plan de la santé publique, dont le Big Mac est l’arme fatale, qui produit de coûteux morts-vivants. Rappelons ces paroles pleines de sagesse d’un ancien premier ministre québécois, Maurice Duplessis, fermement opposé à l’assurance-santé étatique vu qu’il n’était pas au courant des audacieuses innovations sociales de Bismarck : 

« La meilleure assurance-santé, c’est la santé ».

LP

 

Nouveau mandat de Donald Trump : impact sur les électrices… et pas seulement.

Le 22 décembre 2024. 

Je me suis du reste demandé à l’époque, si les hommes n’étaient pas, en fin de compte, plus hostiles à la contraception qu’à l’avortement.
- Simone Veil.
 
Il dit à la femme: J'augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton mari, mais il dominera sur toi. 
- Genèse 3:16.

Le jour suivant la victoire de Donald Trump a jailli une réaction viscérale et instantanée.

Parle-t-on des marchés financiers? Pas vraiment. S’agit-il de l’industrie militaire? Pas précisément.

Mais non. Est plutôt en cause le problème de santé publique fécondé par la répudiation de la jurisprudence Roe v. Wade dont a accouché sans douleur une Cour suprême inféodée au Vatican, qui a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement, abolissant ainsi l’autonomie reproductrice des femmes vivant dans les états rednecks : mêmes les blanches de 12 ans ne sont désormais que des pondeuses au bassin encore frêle et étroit craquant sous la pression de fœtus démesurés, vivant au rythme ininterrompu des couches et des vomissements matutinaux; esclaves des législateurs fondamentalistes chrétiens, qui ont livré leur utérus aux griffes de leurs smalas plus ou moins rapprochées et de leurs pasteurs libidineux pentecôtistes. Les naissances consanguines vont exploser dans le bayou : le classique du 7e art, « Délivrance », est un quasidocumentaire plus que jamais d’actualité.

L’organisme « Planned parenthood » se déclare inondé à compter du 6 novembre par une augmentation de 1200% des demandes de vasectomies, de 760% de demandes de pose de stérilets. Pour sa part, Wisp, un fournisseur de produits de santé reproductifs, a vu une augmentation de  1,000%  de ses ventes de produits contraceptifs d’urgence. La pilule du lendemain n’a jamais si bien porté son nom.

Vu l’intérêt très relatif que porte sa majesté Orange à la santé publique (on se rappellera qu’elle avait notamment laissé le champ libre à la Covid pendant son premier mandat), personne n’est surpris de voir ses acolytes Elon Musk et Vivek Ramaswamy viser de tels organismes au nom de l’efficacité gouvernementale. Est en gestation le menaçant « Project 2025 » concocté par la « Heritage Foundation », lequel cible l’ensemble des approvisionnements et soins médicaux adaptés aux besoins des femmes; l’heure est donc au stockage en catastrophe avant la date fatidique du 20 janvier 2025, qui clôturera la période de transition, notamment marquée par la nomination mort-née de Mark Gaetz au poste de Attorney General.

Pourtant, la chasse aux contraceptifs semble contradictoire de la part d’un chef d’état qui, ayant rompu le cordon ombilical avec le parti démocrate, se déclare maintenant pro-vie et opposé à l’avortement, notamment aux exécutions sommaires de nouveaux nés. Il y a méconnaissance de la notion de prévention.

(Un Donald Trump mieux informé eût d’ailleurs évité ces visqueuses excroissances nommées Eric et Don Jr.).

Cela dit, il y a une note positive en ces temps troubles : on constate que ces dames sont bien épaulées. Il y a péril en la demeure et leurs compagnons ont courageusement pris, en un éclair, leurs propres mesures de protection nécessaires, qui n’ont rien de prématuré : ils assument les coupes découlant de celles envisagées par Musk. 

It takes two to tango. 

LP


Friday, December 20, 2024

Le Canada et l’Ukraine ont beaucoup en commun.

Le 20 décembre 2024. 

Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde!
- Joris-Karl Huysmans.

Il y a des liens spéciaux entre les deux peuples, surtout si l’on pense à l’importante immigration ukrainienne dans les provinces de l’ouest. Il faut compter aussi dans le lot un certain nombre d’anciens nazis qui ont pu facilement trouver refuge au Canada (on peut plus ou moins parler d’ « open borders » en la matière, comme plus tard pour les espions soviétiques), notamment le propre grand-père de l'ex-vice-première ministre et ex-ministre des Finances du Canada Christya Freeland, qui était un collabo.

Mais les ressemblances entre les deux pays viennent de s’accentuer.

En effet, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, en bon féal, s’est rendu le 29 novembre dernier à Mar-a-Lago, le Versailles floridien kitch du président-élu Donald Trump pour rendre hommage à son suzerain. On comprend que c’est avec des pleurs d’humilité et des génuflexions que le petit Justin a essayé d’attendrir Sa Majesté orange au sujet des droits de douane de 25 % qu’elle compte imposer aux produits et services canadiens. A part le fait qu’il s’agirait d’une taxe déguisée que les électeurs américains devront assumer, le pauvre Justin a fait valoir que cette mesure détruirait l’économie canadienne.

Mais le fondateur de la Trump University a trouvé la solution lors du repas : que le Canada devienne alors le 51e état américain. C’était simple, mais il fallait y penser.

Cette pétillante réplique a déclenché l’hilarité des convives autour de la table, encore que les rires des membres de la délégation canadienne semblent avoir été moins retentissants. Mieux, dans ce cas de figure, Donald Trump verrait bien volontiers la scission du Canada en deux états, un conservateur et l’autre libéral avec Justin comme gouverneur de celui-ci. Dominic Leblanc, ministre canadien Ministre de la Sécurité publique, des Institutions démocratiques et des Affaires intergouvernementales (ouf! Rien que ça!), sémillant érudit originaire du pays de la sagouine, donc un sagouin dont l’intellect phosphore grâce au tonique et vivifiant iode marin et à la consommation régulière de homards, a évoqué « une soirée conviviale » (en effet) où des « sujets sérieux » (c’est le mot) ont été discutés, le tout dans une ambiance « cordiale et chaleureuse » (c’est l’euphémisme).

Et il ajoute, cette fois-ci sans rire : « Le fait qu'on ait pu conter des blagues lors de ce souper de trois heures, c’est quand même positif ».

On peut quand même penser, vu les liens d’amitié entre Trump et Poutine, qui a confirmé son propre sens de l’humour avec l’invasion de l’Ukraine, que le prochain locataire de la Maison Orange envisagerait concrètement une « solution » semblable quant au Canada. Pour appuyer son idée, Trump a d’ailleurs publié plus tard sur Truth Social une image le montrant à côté de l’unifolié canadien contemplant une montagne… ressemblant plutôt au Cervin helvétique. Mais foin des petits détails. Une erreur bien pardonnable de la part de celui qui compte expulser les gastronomes haïtiens vers… le Vénézuela.

Ce programme de visionnaire appelle cependant un affinement.

Le Canada est un état géographiquement artificiel, au moins en qui concerne les 4 provinces de l’ouest car est parfaitement arbitraire et de nature purement « coloniale » la frontière en ligne droite allant de l’Ontario jusqu’à l’océan pacifique, qui résulta des tractations entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni; tout le long de celle-ci s’agglutinent les Canadiens comme des mouches sur une vitre attirées le soir par la lumière d’une lampe. Par conséquent l’annexion du Canada devrait se traduire plus rationnellement par 10 états supplémentaires correspondant aux actuelles provinces. Le proconsul (qui sera promu Gauleiter) Justin n’aura que l’embarras du choix pour son affectation.

De toute manière, les considérables ressources en eau canadiennes seront alors livrées à la convoitise des états du sud-ouest des Etats-Unis qui crèvent de chaleur et qui crèveront encore plus vu la politique climatique de leur président.

On notera quand même une notable différence entre Kiev et Ottawa : Cette dernière sera prise en une seule journée, sans un seul coup de feu.

LP


Wednesday, November 20, 2024

Nicolas Sarkozy, le hussard noir de la Ve république.

Le 20 novembre 2024.

Charité bien ordonnée commence par soi-même.
- François Barthélemy Arlès-Dufour.

Il fut un temps où les instituteurs (et tous les enseignants d’ailleurs) de France et de Navarre, exerçaient leur sacerdoce sans compter les heures, et sans compter tout court. La transmission du savoir constituait une vocation.

Mais rien ne va plus dans la salle de classe du XXIe siècle. Le 8 novembre dernier, lors d’une conférence à Saint-Raphael, l’ex-président de la république dénonce, avec l’esprit décapant qui lui sied si bien, les privilèges des enseignants de l’heure qui manifestement n’ont plus grand-chose à voir avec le père de Marcel Pagnol :

Le statut du professeur des écoles, c’est vingt-quatre heures par semaine, six mois de l’année. Eh oui ! Entre les vacances et les week-ends !... Nous n’avons pas les moyens d’avoir un million d’enseignants », encore que, magnanime, il apporte cette nuance, avec une pointe d’ironie « Alors, je sais bien, il faut préparer les cours… Maternelle, grande section…

Il n’y a donc pas à regretter les nombreuses suppressions de postes sous sa présidence.

Pour lui, finis les instit’ d’antan comme M. Germain, qui consacra tout un été sous le soleil de plomb algérois à préparer le petit Albert Camus (et trois autres élèves) pour l’examen des bourses des lycées. Il eut du mal à plaider la cause du futur auteur de « La peste » et à vaincre la réticence de sa grand-mère, qui eût plutôt opté pour l’entrée immédiat en apprentissage. Mais l’accord fut scellé au terme de cet échange :  

-          Nous ne pourrons pas vous payer.

-          Madame, Albert m’a déjà payé.

Par contraste, le calendrier de M. Sarkozy, communicateur hors pair, fin pédagogue, a toujours été chargé. En anglais, on parle du « lecture circuit ». Ce

leader visionnaire ayant dédié sa vie au service public, largement reconnu pour son approche pragmatique et décisive des sujets les plus cruciaux de notre époque - affaires étrangères, sécurité nationale, économie et immigration

a permis à des auditoires entrepreneuriaux fort diversifiés à travers le monde (New York, Londres, Brasilia, Doha, Monaco, Brazzaville…) de tirer les leçons de sa vaste expérience politique. Ses brillants cours magistraux, parfois menés de front avec ses activités politiques, n’ont jamais donné lieu à quelque conflit d’intérêt que ce soit : il « paye des impôts » à la République, et il évite d’ailleurs les allocutions rémunérées en France. Sa remontrance du 8 novembre visant les profiteurs de l’Education nationale fut donc prononcée gratos, qu’on se le dise!

Côté probité, difficile de faire mieux.

Les pisse-vinaigre reprocheront à l’ex-premier magistrat de France des cachets allant de 75 000 à 200 000 euros (bruts, très bruts) par intervention, mais il va sans dire que ces modestes émoluments couvrent à peine ses frais d’exploitation et que ses maigres excédents sont largement destinés à diverses œuvres caritatives, par exemple les restos du cœur, dont on célèbre le 40e anniversaire.

Ce généreux et discret donateur, alias Paul Bismuth, opère en toute simplicité.

LP

 

Wednesday, November 6, 2024

Victoire de Donald Trump : les divagations de Franz-Olivier Giesbert.

Le 6 novembre 2024.

 

L'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte.
- Louis-Ferdinand Céline.

L’ignorance ne s’apprend pas.
- Gérard de Nerval.

You ain't seen nothing yet!
- Ronald Reagan.

 

Janvier 1933 : Adolf Hitler.

Janvier 2025 : Donald Trump.

Parfois, les nations optent, de leur plein gré, pour le suicide. 

Dommage qu'elles en entraînent d'autres dans leur sillage. 

Mais que pense de tout ça l’éminent chroniqueur franco-américain Franz-Olivier Giesbert? 

Manifestement, être né aux Etats-Unis, surtout au Delaware, de père américain, n’assure pas forcément une bonne compréhension de la mentalité américaine. 

Dans un éditorial publié dans « Le Point » le 6 décembre 2024, en bref, FOG, attribue très sérieusement la défaire démocrate à une reprise de la stratégie de Hillary Clinton et à un discours élitiste, moralisateur.et communautariste. Mais voici la pire ânerie du commentateur : 

« Quant aux journalistes américains, ils semblaient souvent en mission, une mission de sauvetage de la démocratie et de l'Amérique en péril (sic!) Certains ont même fini par ressembler, avec un discours opposé, aux grotesques prédicateurs ou télévangélistes du camp trumpiste ».

A ses yeux, le venin rhétorique trumpesque n’avait donc rien de menaçant pour la démocratie. En outre, il faut croire que FOG avait absorbé des substances plus ou moins licites en visionnant les médias américains : si les éditorialistes ont évidemment exprimé des opinions plus personnelles, encore que justifiées, les journalistes (hors-FOX) se sont bornés, avec leur grand professionnalisme classique, à des analyses cliniques des mensonges répétés ad nauseam par Sa Majesté Orange.

En réalité, les démocrates ont exposé lucidement les enjeux sociaux de cette campagne : l’état de droit, les libertés publiques, notamment les persécutions, parfois mortelles, que subissent déjà les femmes enceintes, etc.. Peut-être auraient-ils pu  mieux expliquer le bon état de l’économie; et notamment rappeler avec insistance aux ménagères que l’inflation impactant leur panier d’épicerie est plutôt la conséquence de la pandémie, dont la gestion  sanitaire avait essentiellement été déléguée à l'autorité divine par l’administration Trump.

Cela dit, aux fins du débat, retenons charitablement les délires de FOG.

De toute manière, la campagne pro-Harris la plus efficace a été menée par nul autre que… Trump lui-même : l’électeur de bon sens qui l’entendait n’avait nul besoin de prendre connaissance du programme démocrate. Le rejet pur et simple de la folie furieuse devait suffire. Cela exclut forcément les rednecks consanguins évangélistes issus de la branche dégénérée des Néandertaliens et les minorités plus ou moins (in)visibles (comme les ressortissants de territoires consistant en des détritus flottants et les Afro-Américains friands de pastèques), qui aspirent à la qualité de « honorary WASP ».

Comme eux, FOG est vraiment dans le brouillard.

Il a donc toutes les qualités pour créer le service francophone de FOX.

LP

 

Sunday, November 3, 2024

Larbi Ben M’hidi n’était qu’un faux suicidé après tout.

Le 3 novembre 2024.


Noces sanglantes du terrorisme et de la répression où chacun s’autorise du crime de l’autre pour aller de l’avant dans une dialectique irrésistible.
- Albert Camus.

Au 70e anniversaire du déclenchement des événements… pardon, de la « guerre » d’Algérie, le président Macron, après avoir triomphalement déclaré que la terre n’est pas plate, reconnaît que l’un des fondateurs du FLN, capturé pendant la bataille d’Alger en février 1957, n’a pas quitté notre belle planète de son plein gré : il a bel et bien été assassiné en détention par l’armée française, plus précisément, par les sbires du général Aussaresses, lequel avait avoué les faits en 2001 dans un livre. Il ne fut alors que le docile bourreau aux ordres des politiques (élément subtilement éludé par l’actuel locataire de l’Élysée : les paras n’étaient que des « petites mains »…), dont l’ineffable et très socialiste Guy Mollet, alors président du conseil. Ce dernier recherchait sans doute une forme d’absolution des participants au « commando tomates » qui l’avait triomphalement accueilli à Alger le 6 février de l’année précédente : seul le sang de ce prisonnier pouvait laver son orgueil quelque peu maculé par les tenaces éclaboussures laissées par le fondant coulis jailli des pulpeux projectiles.

Voilà pour l’état de droit dans la doulce France de 1957.

Cela dit, parlant de bourreau, Ben M’hidi se voit souvent attribuer le sobriquet de « Jean Moulin » de la résistance algérienne. Nul ne saurait contester à cet homme de courage et de conviction ses immenses qualités d’organisateur militaire et politique, mais on peut se demander si « Max » eût donné son imprimatur à une stratégie comprenant l’utilisation de bombes tuant et mutilant atrocement au hasard des civils innocents fréquentant des lieux publics, de toutes races et religions.

Par la suite, l’état algérien, devenu l'impeccable incarnation  de la notion d’« état de droit » dès 1962, reprit librement, à son propre compte, le « modèle para » notamment pendant la « décennie noire » dans « sa » lutte « antiterroriste ».

Et qu'importe l'héritage colonial en matière de techniques policières : if it ain’t broken, don’t fix it.

La boucle était bouclée pour le spectre de M. Ben M’hidi.

LP

 

 

Tuesday, October 29, 2024

Censure à la française : au tour de Jordan Bardella.

Le 30 octobre 2024.

Qui veut se connaître, qu'il ouvre un livre.
- Jean Paulhan.

Le président du Rassemblement National, qui fait sa rentrée littéraire en automne avec son livre « Ce que je cherche », ne pourra pas faire de publicité dans les stations de métro parisien ni dans les gares : MediaTransports, en charge des espaces publicitaires pour la SNCF et la RATP capitule sans conditions aux syndicats (La CGT-Cheminots, Sud=Rail). Les arguments invoqués s’inscrivent dans le « running gag » de la censure française, à géométrie très variable, y compris celle dont est coutumière la régie publicitaire : vu que l’auteur est président du RN, il s’agirait de « propagande », de la part d’un parti qui « n’est pas comme les autres », etc.; nulle atteinte donc à la liberté d’expression puisque le syndicat Sud-rail déclare, avec une magnanimité qui frise la faiblesse, ne pas s’opposer au droit de M. Bardella de vendre son opus en librairie.

Inattendu distingo entre « liberté d’expression « et « propagande » puisque celle-ci fait partie depuis toujours de celle-là, d’autant plus que l’exposition de toute doctrine, de tout programme politique, religieux, social… constitue, par définition, de la propagande; « propagare » en latin signifie « répandre », « diffuser ».

Par ailleurs, le RN est un parti politique légal, qui a donc le droit de disséminer ses idées, sans entraves, par tous les canaux de communication légaux. Là encore, on pense à la controverse entourant l’emprunt fait aux banques russes : l’ex-premier ministre Gabriel Attal a accusé M. Bardella lors d’un débat télévisé le RN d’avoir une dette envers le maître du Kremilin. C’était hypocritement faire abstraction de la cabale des banques françaises, aux ordres; comme tout parti légal, le RN était dans son droit le plus strict de se livrer à ses activités et donc d’obtenir des fonds nécessaires à son fonctionnement de toute institution financière, même étrangère, fonds qui furent intégralement remboursés.

Quant aux idées, aux électeurs de se prononcer, librement et souverainement, sur celles qui sont ou ne sont pas comme les autres.

Pour sa part, allant dans le même sens (si l’on ose dire), la régie renégate avance, sans rire, ce très curieux argument : l’affiche projetée montre le portrait de Jordan Bardella barré du titre du livre : Ce que je cherche, ce qui serait contraire « aux principes de neutralité » auxquels l’entreprise se déclare soumise; un lapin qu’elle sort par prestidigitation. Mais il y a mieux (ou pire). Il résulterait de la conjonction de la qualité de « député européen et de président d’un parti politique », de l’auteur et du titre du livre qu’il ne s’agit pas simplement d’un récit autobiographique. Parlant de sens, le service sémiotique de l’entreprise compte manifestement de subtils spécialistes, mais ils semblent présumer de l’acuité d’attention que peut avoir l’usager du métro lambda, en route à l’aube pour le boulot et rentrant chez lui le soir pour le dodo.

On peut s’étonner de jugements a priori concernant le contenu d’un livre qui n’est pas encore publié; voilà qui évoque, mutadis mutandis, les hurlements d’indignation des ayatollahs chrétiens horrifiés jadis par « La dernière tentation du Christ » de Martin Scorcese, d’autant plus regrettables que, s’ils l’avaient vu, ils auraient constaté que ce film, adaptation du livre de Kazantzakis, ne contredisait nullement la doctrine chrétienne. En l’espèce, il est également douteux que les vociférants syndicalistes qui ont obtenu l’annulation du contrat publicitaire aient lu, en avant-première, un exemplaire de l’ouvrage.

Dans un communiqué, Jordan Bardella fait grief à la direction de la SNCF de « céder aux intimidations d'une minorité d'activistes radicalisés » et ainsi de commettre un « dérapage grave ... Aujourd’hui, c'est ma voix qui est censurée, mais demain, ce seront d'autres qui, elles aussi, seront réduites au silence ». Il a tout dit. On ne peut que l’encourager à exercer ses recours légaux contre MediaTransports.

Pauvre pays de Voltaire, qui a un cruel besoin d’un premier amendement à l’américaine, sacralisant la liberté de parole.

La seule réserve, la seule recherche, qu’appelle éventuellement le grimoire en question est celle de la paternité du texte. Le fin lettré qu’est M. Bardella en est-il l’unique plume, ou est-il, pour reprendre l’expression d’un Paul-Loup Sulitzer, un « metteur en livre »? De toute manière, le recours aux « nègres », coordonnés en « studio », est classique en littérature française, d’Alexandre Dumas, jusqu’à Maurice Druon en passant par Alphonse Daudet.

Au lecteur, et notamment au professeur de lettres modernes, de juger, librement et souverainement, sur pièce, le chateaubriandesque produit fini, qu’il soit de nature politique, ou non, selon sa propre grille de lecture. Une recherche qui peut être du temps perdu. Mais cela ne relève pas du ressort des magistrats.

LP

 

Thursday, October 24, 2024

Québec : affrontement entre la députée Marwah Rizqy et l’imam Adil Charkaoui.

 Le 25 octobre 2024.

Le combat de la laïcité est compliqué, réclame patience et pédagogie. Mais il n’est pas perdu d’avance.
Michel Winock.

La situation de l’école Bedford dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal, (et, apparemment, d’autres écoles du quartier), suscite une certaine controverse au Québec.

Il semblerait que, depuis des années, 11 enseignants, pour l’instant suspendus, ont fait régner un climat de terreur dans leurs classes : brutalités au moins psychologiques infligées à des élèves en difficultés, séparation des garçons et filles, exclusion de celles-ci de la pratique du soccer, non-respect des programmes scientifiques incompatibles avec certains dogmes religieux, etc… Bref, le rapport d’enquête comptant 97 pages de la Direction des enquêtes Direction générale des affaires internes du Ministère de l’Éducation du Québec constate des manquements au principes de laïcité dans cette école publique, encore que l’on évite pudiquement le mot magique. Les autorités québécoises, craignant toujours les déchirures de chemise des cagots toujours prêts à hurler au racisme, demeurent timorées sur le plan terminologique; on s’en tient à de pudiques circonvolutions..

Dans un truculent prêche rendu public, le flamboyant clerc a mis en doute la gravité du problème, et notamment accusé la députée d’envenimer inutilement la situation, en la qualifiant de « Marocaine de service » (sic).

Quelques remarques liminaires sur les qualifications d’ « imam » de M. Charkaoui.

Dans les églises chrétiennes classiques, ou le judaisme, l’utilisation de l’étiquette de « prêtre, de « pasteur », de « rabbin » est, dans une certaine mesure, encadrée par des examens certifiant les connaissances scripturales des candidats à la dissémination de la parole divine organisés par les autorités compétentes. Par contre, il semble que, dans la mouvance idéologique de M. Charkaoui, il n’est pas rare de voir des imams autoproclamés : on s’en remet à l’autoréglementation. Le climat en est forcément un de confiance. Il ne revient pas aux non-musulmans de se prononcer sur l’étendue des connaissances de cet éloquent tribun, mais, étant partisan du libre choix du consommateur dans tous les domaines, le soussigné laisse aux membres de sa congrégation le droit le plus complet à leur appréciation; chaque fidèle est libre de lui remettre son obole si cela lui chante.

Cela dit, en ce qui concerne Mme Rizqy, il est judicieux de rappeler à M. Charkaoui (qui a cédé à la regrettable tentation de la facilité en ayant recours à une attaque ad hominem) quelques éléments de base. Pour sa gouverne, elle est une Canadienne de naissance (d’origine marocaine, bien sûr), qui, en qualité d’élue à l’assemblée nationale du Québec, est une Québécoise, non pas « de » service, mais bien « au » service des habitants de sa circonscription, et, plus généralement, de la province. Relève pleinement de ses attributions un œil vigilant sur les enjeux sociaux, notamment sur le (non-)respect de la laïcité, et il est légitime d’exposer et dénonccr les violations de la loi qui touchent la catégorie la plus vulnérable de la population : les enfants de toutes origines.

On peut conjecturer que la hargne du prêcheur à son égard est notamment dû à son affranchissement des lourdes injonctions religieuses ancestrales. [Note : le soussigné serait beaucoup plus troublé s’il devait apprendre qu’elle a renoncé aux traditionnels raisins dans le couscous marocain]. Il semble opiner que l’on n’est jamais trahi que par les siens, mais la réalité est que, pour elle, les Québécois de toutes races, de toutes croyances et sans croyances, ainsi que tous les êtres humains, sont « les siens ».

Dieu merci, si l’on peut dire, toute la classe politique québécoise soutient Mme Rizqy, même l’islamo-gauchiste Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de Québec solidaire. Malheureusement, ce sincère appui est un peu terni par la déclaration suivante :

Les 11 enseignants suspendus à l'école Bedford ne portaient aucun signe religieux…Ce qui est garant d'une laïcité des institutions publiques au Québec, ce qui est garant d'une véritable laïcité de l'éducation nationale, ce n'est pas ce que les gens ont sur la tête, c'est ce que les gens ont dans la tête.

De manière œcuménique, M. Nadeau-Dubois a aussi un côté jésuitique. Il feint d’ignorer que certains oripeaux, notamment certains couvre-chefs, sont porteurs d’un message et constituent un mode de communication, une forme de propagande, fût-elle silencieuse, qui relève de la sémiologie. Cela dit, l’interdiction des signes religieux chez les enseignants est, certes, un progrès (partiel puisque les fillettes n’en profitent pas), mais, on vient de le constater à Bedford, elle n’empêche pas les tyrans des salles de classe déterminés à imposer des comportements correspondant à leurs idéologies obscurantistes personnelles, sans les verbaliser.

Comme on pouvait s’y attendre, sur la scène fédérale, les trudeauesques pantins du lobby ès-religions essaient de minimiser la gravité du problème.

Le ministre fédéral de l’immigration, Marc Miller, déclare : « Au Québec, le système d'éducation est laïc depuis fort longtemps [Note : si longtemps que ça ?] et [...] doit le rester [Note : ouf ! M. Miller est trop bon]. Mais il ajoute, sans rire :  « Le Canada est le pays le plus laïc du monde » (sic).

Manifestement, ne fait pas partie de sa culture juridique le droit public français.

En France, le système scolaire ne tolère aucune atteinte à la laïcité, dont la libre recherche scientifique est partie intégrante, ce qui aboutit parfois à des assassinats d’enseignants; les professeurs d’histoire-géographie et de lettres sont devenus les hussards de la Ve république : pensons à Samuel Paty et à Dominique Bernard, morts au champ d’honneur. Dans l’enceinte de l’école républicaine, la loi française libère les fillettes de 9 ans de la tyrannique obligation familiale du port du hijjab et elles peuvent jouer sans entraves avec leurs petit(e)s camarades dans la cour de récré. Mieux, il n’y a pas de prestation de serment pour les élus (président de la république, ministres, députés…) lors de leur entrée en fonction : la loi civile encadre leur action; nul besoin d’implorer à haute voix l’aide de Dieu, en caressant de la dextre un livre sacré (Bible, Coran, Guide Michelin, Kamasutra…).

En effet, la constitution française ne fait aucune référence à quelque divinité que ce soit. Selon l’article premier :

La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. (Je souligne).

Quel contraste avec le préambule de la Charte canadienne des droits et libertés qui fait, paradoxalement, cette menaçante proclamation :

Le Canada est fondé sur des principes qui reconnaissent la suprématie de Dieu et la primauté du droit.

Dans cet ordre.

Les athées canadiens apprécieront.

LP


Saturday, October 19, 2024

Miracles, stigmates, et sinistres plaies d'Egypte au XXIe siècle.

Le 19 octobre 2024.

On peut même penser que la fin du monopole des professionnels de la religion sur le religieux a libéré l'irrationnel et généré une plus grande profusion de sacré, de religiosité et de soumission généralisée à la déraison.
- Michel Onfray (Traité d’Athéologie).

Le Québec moderne, post-Duplessis, de 2024, peut être fier : c’est avec une immense émotion que l’on apprend que sera canonisée, le 20 octobre prochain, Mère Marie-Léonie, fondatrice des Petites Sœurs de la Sainte-Famille de Sherbrooke, Notre Saint-Père le pape Francesco ayant confirmé le 2e miracle nécessaire.

Peu après son décès en 1912, elle s'était promptement mise à l'oeuvre en opérant la guérison d'une des petites soeurs tuberculeuse de sa propre congrégation; sur le fondement de ce premier miracle, elle avait été béatifiée en 1984 par Notre-Non-Moins-Saint-Père Jean-Paul II. (À noter qu’elle n’avait pas jugé bon d’intercéder en faveur du juif Franz Kafka, disparu en 1924 après une atroce agonie en raison de cette même maladie). Une intervention médicale ultérieure au profit d’un enfant a bouclé le dossier.

Il faut préciser que ces cas n’avaient rien d’unique, mais le Vatican a préféré ne pas se disperser et s’en tenir à ces deux seuls événements : s’il fallait recenser tous les authentiques miracles, on n’en finirait plus!

On aura compris que les procédures ont été instruites avec une impitoyable rigueur scientifique par le « Dicastère pour les causes des Saints », suivant une tradition qui compte deux millénaires.

Cela dit, l’inscription de la bienheureuse à la liste des saints était prévisible, elle confirme même la doctrine augustinienne de la prédestination : elle était née sous le patronyme de « Paradis ».

La région de Sherbrooke peut être reconnaissante au Vatican pour les retombées économiques de l’industrie du pèlerinage qui lui profiteront. Une manne qui sera fort appréciée.

Par ailleurs, à signaler, au Royaume- Uni, la récente condamnation à deux ans d’emprisonnement avec surpris et aux dépens (9000 livres) d’un certain Adam Smith-Connor, pour avoir pénétré une zone « tampon » d’une clinique dispensant des services d’avortement, contrairement à une ordonnance visant à protéger les femmes des manœuvres d’intimidation, et y avoir prié, refusant de quitter les lieux pendant plus d’une heure et demi.

La « lecture » catholique de cet incident est édifiante.

Le député conservateur Sir Edward Leigh, et, incidemment, catholique, a dénoncé cette condamnation ces termes : «  It is disgraceful that in Britain in 2024 someone can be put on trial for praying silently in his head ». De manière générale, il soutient que le message chrétien fait l’objet d’entorses répétées à la liberté de parole au royaume de Charles III  

To offer a prayer silently in the depths of your heart cannot be an offence. The Government must clarify urgently that freedom of thought is protected as a basic human right…. [a court] has decided that certain thoughts – silent thoughts – can be illegal in the United Kingdom… That cannot be right. All I did was pray to God, in the privacy of my own mind – and yet I stand convicted as a criminal…. It troubles me greatly to see our freedoms eroded to the extent that thought-crimes are now being prosecuted in the UK.

Nul doute que ces éléments sur l’introspection de M. Smith-Connor sont directement inspirés de la doctrine augustinienne : on voit généralement dans « Les confessions » de l’évêque d’Hippone le texte fondateur de la psychologie moderne. Et les soutiens du condamné insistent, en effet, de manière très prolixe et laborieuse, sur sa parfaite insonorité pour critiquer une criminalisation orwellienne de la pensée, toute intérieure.

On n’avait vu rien de tel depuis Néron.

Pour autant, ces bons apôtres font étrangement abstraction de la communication non verbale.

Nul doute que M. Smith-Connor n’a prononcé aucune syllabe, n'a émis aucun son. Cependant, voici les éléments matériels constatés par la Cour : il était un intrus dans la zone tampon et se tenait devant la clinique avec la tête penchée avec les mains jointes. Sa posture constituait une prière sinon audible, mais bel et bien visible. Une citation de l’immortel philosophe existentialiste du XXe siècle, Marcel Gotlib s’impose : « Il y a des silences qui en disent long, même si tel n’est pas le cas ».

Puisque nous évoquons les doctrines chrétiennes, une remarque est de mise en ce qui concerne les récents et dévastateurs ouragans (Helene et Milton) qui ont dévasté le sud des Etats-Unis, en particulier la Floride. Certaines personnalités républicaines, comme la délicieuse Marjorie Taylor Greene, alliées de Donald J. Trump, se déclarent horrifiées par une manipulation des éléments naturels par les démocrates, ce qui vaut des menaces de mort à plusieurs météorologues.

Les humanistes s’en offusquent, mais, pour être juste, ce genre de théorie s’inscrit dans une millénaire et respectable tradition chrétienne : les catastrophes naturelles (tremblements de terre, raz-de-marée, épidémies, etc…). constituent souvent des châtiments divins. La médaille a, malheureusement, un revers : Belzébuth dispose d’armes semblables. Un simple exemple suffira : nul n’ignore que la peste noire de 1346 avait résulté d’une commande du peuple déicide.

En l’an de grâce 2024, les rednecks fondamentalistes consanguins inféodés à l’agent Orange, auxquels on ne la fait pas, savent repérer les suppôts de Satan, quelque puisse être leur forme d’incarnation.

LP

Thursday, October 3, 2024

Les béatitudes belges.

 Le 3 octobre 2024.

Quand on a la foi, on peut se passer de la vérité.
Nietzsche.

Les actualités internationales prêtent peu à l’optimisme : terrorisme de Hamas, destruction de Gaza, affrontement Israel-Hezbollah au Sud-Liban, missiles de Houthis; petits accrochages en Haiti, noyades de migrants dans la Manche, etc…

Mais qui peut dire « pas de nouvelles, bonnes nouvelles »?

Dans ce relatif chaos terrestre, la Belgique est une lumière qui éclaire les nations.

En effet, Notre Saint-Père, il papa Francesco, qui a le sens des priorités, a annoncé il y a quelques jours à Bruxelles même, que sera lancée la procédure de béatification du défunt roi Beaudoin. Il faut confesser que le monarque du plat pays, qui a des cathédrales pour uniques montagnes, était fait de l’étoffe des plus consciencieux inquisiteurs quelques siècles plus tôt ; des catholiques comme ça, on n’en fait plus : il pensa un jour renoncer au trône au profit de son frère Albert afin de revêtir la bure monastique, il y eu la messe quotidienne (y compris la communion), sa demande en mariage avec une Espagnole aussi dévote que lui fut faite à Lourdes, laquelle, pourtant, ne put, hélas, jamais avoir d’enfants (pas de miracle médical de ce côté-là, mais, Dieu merci, son frérot et successeur, apparemment moins mystique, fut généreusement gratifié d’un enviable descendance, allant même au-delà de ses plus folles espérances…). Sans oublier sa féroce opposition à l’avortement.

Bref, la foi qui déplace les Ardennes.

A son actif, on compte de bonnes œuvres caritatives.

Cependant, sur le plan politique, lors de l’indépendance du Congo, nul mention dans son discours de certains excès de la part des autorités coloniales qu’ont subis les indigènes.

Plus récemment, en 1990, le roi dut se livrer à une acrobatie juridique et « se retirer du pouvoir » pendant 36 heures pour ne pas avoir à signer la loi sur la légalisation de l'avortement; il avait invoqué « un grave problème de conscience ». Le vicaire du Christ voit aujourd’hui du « courage » dans cette douteuse et très jésuitique manœuvre, alors que le vrai courage eût plutôt consisté à faire abstraction de son credo personnel et à signer purement et simplement la loi votée par la société civile, en évitant le piège et les ambiguïtés de la théocratie. Et, manifestement, ne relevaient pas de la « conscience » royale le sort des femmes et fillettes portant dans leurs entrailles le fruit empoisonné des violeurs, en particulier ecclésiastiques, et l’intense souffrance des femmes tenues de mener leur grossesse à son terme alors que leur fœtus est atteint de malformations congénitales et donc condamné à mort peu après la naissance.

Nul doute que la béatification n’est qu’une étape sur le chemin de la canonisation. Les vendeurs de frites « met mayonnaise » peuvent prier afin d’avoir un jour leur saint patron.

Et quel modèle pour le genre humain.

LP

 

Monday, September 23, 2024

Michel Barnier a formé son gouvernement en France.

 Le 23 septembre 2024.

Echapper à l’impôt sur la fortune, c’est la revanche de la cigale sur la fourmi.
- Guy Bedos.

Le premier ministre parle notamment de justice fiscale, promet de ne pas augmenter les impôts sur « les gens les plus modestes ni sur les gens qui travaillent ni sur les classes moyennes ». Par ailleurs, il a en tête de demander une meilleure contribution à la cagnotte nationale aux plus fortunés, ainsi qu’aux entreprises multinationales. Voilà qui est bel et bien et constitue un pas dans la bonne direction.

Mais troublant mutisme concernant les paradis fiscaux.

Peut-on espérer que le négociateur européen émérite du Brexit, conservateur bon teint issu des LR, « Hibernatus » pour les intimes, ira fouiller du côté de Jersey, île aux trésors, et flairer à Saint-Hélier les moelleux matelas sur lesquels dorment du sommeil du juste certains petits épargnants français?

LP

 


Monday, September 16, 2024

Mémorable anniversaire : mort de Mahsa Amini.

Le 16 septembre 2024.

Expulser tous les jésuites est peut-être bien sévère; les conserver tous est peut-être bien dangereux: mais avoir à leur égard deux poids et deux mesures est le plus mauvais de tous les partis.
- Jean le Rond d’Alembert.


Il y a 2 ans décédait sous la torture dans les donjons iraniens une jeune femme qui avait commis le crime inqualifiable de déambuler en public avec un voile mal ajusté. Les mollahs ne plaisantent pas avec les bonnes mœurs.

Cette exécution suscite des commémorations dans les pays civilisés. Mais, surprise, au Canada, certaines célébrités brillent par leur absence.

On n’entend pas de tonitruantes déclarations à ce sujet de la part du filozof catho Charles Taylor (précision : un fidèle de l’Eglise de l’abbé Pierre, confesseur de ces dames et fondateur d’Emmaüs, organisme caritatif qui lui assurait un approvisionnement régulier en chair fraîche, mais exclusivement féminine). Pourtant, ce loquace millionnaire templetonien sait défendre avec émotion sur les plateaux de Radio-Canada et sur le campus de l'institution royale pour la promotion du savoir les pauvres fonctionnaires musulmanes hijjabées odieusement martyrisées par l'Etat québécois. Il est vrai que l’on ne peut être à la fois au four et au moulin.

Et même circonspection de la joviale universaliste canadienne Amina Elghawaby « représentante spéciale du Canada chargée de la lutte contre l’islamophobie » (rien que ça), qui réclame ouvertement plus de « musulmans, palestiniens et arabes ».dans les universités (rien que ça).

Le premier ministre canadien, Justin, soutient la titulaire de ce poste (quelque peu redondant) créé par lui (mais sans arrière-pensées électoralistes, bien entendu) et rejette les appels à sa démission émanant surtout du Québec, particulièrement visé par les invectives de cette ex-« journaliste » vu que - il faut le rappeler - cette province lui cause de désagréables éruptions gastriques; Justin déclare, sans rire, que « Mme Elghawaby est une personne qui fait un travail indépendant, qui fait des recommandations et surtout, qui essaie d'encourager le dialogue entre différents groupes » (sic).

Cela dit, quant à l’ indépendance, c’est exact. En effet, c’est Justin qui est le pantin.

Mais pour combien de temps?

LP

 

Thursday, September 12, 2024

Gastronomie haitienne : révélation de Donald Trump.

 Le 12 septembre 2024.

Il n’y a rien qui permette de condamner un gastronome, tant qu’il ne va pas jusqu’à l’indigestion.
- Tristan Bernard.
 

Au débat l'opposant le 10 septembre dernier à la vice-présidente Kamala Harris, sa Majesté orange a fait état du renseignement le plus pertinent pour l'électeur lambda en confirmant une rumeur concernant les immigrants haitiens depuis les années 1980 et reprise par son colistier JD Vance : ils cuisinent les animaux domestiques dérobés aux Américains de souche : les chiens et les chats (sans doute de préférence les félins qui appartiennent aux "cat ladies" sans enfants).

Les Syldaves ne sont donc pas les seuls à avoir un fin palais. 

Malheureusement, le public ne reçut aucune information quant au mode de préparation et de cuisson. Mais on peut penser, en l'occurrence, que le pot-au-feu bien mitonné fait ressortir au mieux les parfums, tandis que les bananes plantains frites offrent aux connaisseurs le plus fin accompagnement et se marient le plus harmonieusement à la chair délicate des viandes en question.

LP



Saturday, August 31, 2024

La première entrevue de la candidate Kamala Harris sur CNN.

 Le 31 août 2024.

Man has this choice: to let the light enter or to keep the shutters closed. 
- Henty Miller.
 
Choix et conscience sont une seule et même chose.
- Jean-Paul Sartre.

Jeudi le 29 août, la candidate démocrate a enfin pu s’exprimer en entrevue, en compagnie de son colistier. Les républicains lui avaient insidieusement reproché de ne pas s’être prétée à cet exercise, feignant d’ignorer que son agenda avait été plus que rempli, vu le retrait très tardif du président Biden de la course à la présidence.

On reprochera à Dana Bash le format étriqué de cette rencontre : de trop nombreux flashbacks portant sur la campagne, d’irritantes publicités et… le tout pour une durée de 50 minutes. Un format plus ramassé d’au moins une heure aurait permis une discussion plus fouillée sur les questions de l’heure.

Dans ce cadre, le « ticket » a accompli honorablement sa tâche.

Le survol du programme économique démocrate fut (trop) rapide; le contribuable eût  certainement voulu entendre, par exemple, un mot ou deux sur la lutte contre les paradis fiscaux, dont l’Etat du Delaware. Cela dit (sauf pour les rednecks consanguins et assimilés, lesquels constituent quand même presque la moitié de la population américaine) la position démocrate est a priori plus cohérente que les juteux abattements fiscaux promis par sa Majesté orange au profit de ses amis milliardaires.

De manière générale, entre des candidats qualifiés et tenant un discours humaniste raisonnable, et un aspirant-dictateur répétant, sans rire, que la loi de plusieurs états autorise l’exécution de nouveaux-nés, le choix doit, devrait aller de soi.

On relèvera quand même quelques points faibles dans les réponses des aspirants démocrates.

Premièrement, il était clair depuis plusieurs mois, que le président Biden n’était plus en état de faire campagne pour sa réélection. A ce sujet, Mme Harris s’est contentée de noyer le poisson, en faisant un laïus sur les succès de l’administration, sans justifier son soutien indéfectible au locataire de la Maison Blanche jusqu’à ce qu’il décide, à la dernière minute, de ne pas tenter de renouveller son bail.

Quant à Tim Walz, en 2018, pour dénoncer le massacre perpétré à l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas à Parkland (Floride), il évoqua sur un vidéo les "weapons of war (à juste titre, en ajoutant cependant ceci :) that I carried in war,", impliquant qu’il avait été déployé dans des zones de combat. Un collaborateur de l’élu à la Chambre des représentants dut rectifier le tir : il s’’était « mal exprimé » (en v.o. « he misspoke ».

(N.B. :  « misspoke » est un savoureux néologisme concocté à l’époque du Watergate par l’attaché de presse de Richard Nixon, Ron Ziegler, pour relativiser certaines déclarations du président parfois en décalage avec la vérité).

En réponse à une question de Dana Bash à ce sujet, Walz relata longuement, en rafale, ses 24 ans sous les drapeaux, pourtant incontestables et incontestés. Mais la vraie explication de l’impair est venue : sa grammaire n’est pas toujours irréprochable, comme le lui reproche régulièrement Mme Walz, ce qui est quand même regrettable pour un professeur d’histoire-géo (en v.o. « social studies »), mais heureusement sans importance pour ses fonctions d’entraîneur de l’équipe scolaire de football américain..

Tout bien pesé, il n’en reste pas moins que M. Walz est sans doute globalement plus crédible en matière militaire que Donald Trump. Ce dernier appelle cependant la compassion : inspiré par un chef d’œuvre du 7e art, le quasi documentaire « Green Beret » avec John Wayne, il dut renoncer à son rêve d’intégrer cette unité d’élite au Vietnam en raison de ses éperons osseux (en v.o. « bone spurs »), diagnostiqués par son dévoué médecin personnel. Comble de malchance, vu son gabarit, il ne put se rabattre sur les « Tunnel Rats ».

Enfin, le plus décevant, voire le plus sinistre élément d’information fourni lors de l’entrevue, fut l’engagement, ferme, de l’actuelle vice-présidente de maintenir la fracturation hydrolique (en v.o. « fracking ») comme technique d’extraction de pétrole et de gaz naturel, après qu’elle s’y fut opposée. « My values have not changed », nous assure-t-elle. Magiquement, cette horreur écologique est devenue, à ses yeux, compatible avec une énergie propre.

Drill, baby, drill!

LP

Monday, August 19, 2024

Disparition du Samouraï Alain Delon.

Le 19 août 2024.

Je ne suis pas quelqu'un qui a le culte du Moi.
- Alain Delon.
 
Un ami ? C'est quelqu'un à qui on peut téléphoner à trois heures du matin en disant qu'on vient de commettre un crime et qui vous répond seulement : “Où est le corps ?”
- Alain Delon aussi.

Rideau, ou plutôt clap de fin pour un monstre sacré du cinéma français, selon l’expression consacrée.  

On ne passera pas ici en revue son impressionnante carrière, traitée de manière plus fouillée ailleurs. Cependant, on relèvera quelques éléments troublants sur la personnalité de ce beau ténébreux.

Sur le plan politique, il se déclarait sans ambiguïté de droite et se définissait plus précisément comme « gaulliste ». Fort bien, mais il entretenait une solide amitié avec le tortionnaire Jean-Marie Le Pen, maître ès-gégènes en Algérie, qui fonda son parti avec des congénères impliqués de loin ou de près, au moins moralement, dans les tentatives d’assassinat du général, et il voyait d’un bon œil l’importance grandissante du Front National sur la scène politique. Comprendra qui peut.

Par contre, fut très cohérent son soutien à Raymond Barre aux élections présidentielles de 1988. En effet, « le meilleur économiste de France » avait accumulé une fortune colossale cachée en Suisse et l’acteur était d’ailleurs lui-même devenu exilé fiscal chez les Helvètes dès 1984. Les grands esprits se rencontrent…

Quant aux produits dérivés portant la marque « Alain Delon », très populaires en Asie, surtout au pays du soleil levant, on ne saurait reprocher au cinéaste la capitalisation de son nom. Aux consommateurs de prendre librement leurs décisions. Cependant, il y a un rôle que A.D. n’a jamais joué : défenseur de la santé publique. Sa commercialisation de la cigarette « Alain Delon » sous le slogan « A taste of France » laisse un arrière-goût amer.

Enfin, celui qui joua successivement les voyous et les flics prit une position étonnante lors de l’affaire Richard Roman, qui avait été accusé du viol et du meurtre de la petite Céline Jourdan en 1988. Si on peut louer l’acteur d’avoir pris sous aile la famille de l’enfant-martyre, demeure inexplicable son acharnement contre Roman, alors que la gendarmerie avait fait pression et même exercé des menaces sur 8 témoins afin qu’ils modifiassent la chronologie des faits qui innocentaient l’accusé, dont les aveux avaient été - quelle surprise! - extorqués.

Mais le commissaire divisionnaire Delon, fin limier à qui on ne la faisait pas, a persisté à qualifier ce pauvre pigeon de hippie d’ « assassin » à la télévision en dépit de son acquittement, car un innocent, paraît-il, ne reste pas là, bêtement figé, hagard, sous le poids des accusations. Ah non, « on crie! on hurle! ». Pour convaincre celui dont les silences à l’écran étaient souvent lourds de sens, un innocent doit être passé par le cours Simon. Pourtant, à une certaine époque, lors de l’affaire Markovic, le suspect Delon était resté d’une impassibilité marmoréenne, parfois assimilée à l’insensibilité, à l’égard de son défunt garde du corps, devant les enquêteurs…

Emulant Lao-Tseu et Jean-Claude van Damme, il prononça un jour ces sages paroles : « On n’a pas les mêmes chances de réussir dans la vie ».

Telle fut sans doute la dernière pensée de Richard Roman lorsqu’il se suicida en 2008.

LP

Thursday, August 15, 2024

Il y a 80 ans, débarquement allié en Provence.

 Le 15 août 2024.

Sans l’Empire, la France ne serait qu’un pays libéré. Grace à lui, elle est un pays vainqueur.
- Gaston Monnerville devant l'Assemblée consultative le 25 mai 1945, la veille de la fin des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata (Algérie).

C’est nous les Africains qui arrivons de loin

Venant des colonies pour sauver le pays

Nous avons tout quitté, femme, et enfants, foyer

Et nous gardons au cœur un invincible adure

Qui nous voulons porter haut et fier

Le beau drapeau de notre France entière

Et si quelqu’un voulait nous séparer

Nous serions là pour mourir à ses pieds

Battez tambour

Pour nos amours

Pour le pays

Pour la patrie

Mourir au loin

Ces nous les Africains.

- Le chant des Africains.

Une étape cruciale de la libération de la France du joug allemand, mais plutôt occultée par l’Histoire officielle.

Bien sûr, là aussi, il y avait de nombreux soldats américains présents sur les plages de galets méditerranéennes, mais ont participé à cette bataille de nombreux soldats, parfois enrôlés de force, issus de l’empire colonial français : Afrique du Nord, Afrique Occidentale et Equatoriale française... Les tirailleurs sénégalais se battaient alors certes pour la démocratie… limitée aux quatre coins de l’hexagone, avant de se mettre en route pour de nouvelles aventures, notamment pour servir peu après successivement de chair à canon et d’exterminateurs en Indochine et au Cameroun.

Il n’y a sans doute pas matière à un autre « Jour le plus long ». Et on attend toujours « Il faut sauver le soldat Mamadou ».

Il faut quand même rendre grâce au président Macron d’avoir fait le minimum syndical ce 15 août 2024. « La France n’oublie rien des sacrifices des Congolais, des Béninois, ni celle des peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger et de tant d’autres.  Non. Rien de la plus belle mémoire de ces hommes n’est oublié ». 

Corrélativement, elle n’oublie surtout pas de ne payer que de chiches pensions à ses ex-sujets français..

Dans cet esprit, on peut particulièrement compter sur le franchouillard Eric Zemmour pour exprimer bruyamment à ses compatriotes parfois plus basanés que lui (lesquels, aujourd’hui, ne sont pas toujours titulaires de comptes bancaires à Jersey) sa reconnaissance envers leurs aïeuls qui ont payé leur écot de sang au salut de la France chrétienne immémoriale, à deux reprises d'ailleurs, c'est-à-dire pendant les deux guerres mondiales. Inch’Allah.

Requiem pour toutes les âmes qui n’ont pas leur mausolée de marbre.

LP


Wednesday, July 24, 2024

L’utile leçon d’histoire de Bibi Netanyahou au congrès américain.

 Le 25 juillet 2024.

Petits enfants, c'est la dernière heure, et comme vous avez appris qu'un antéchrist vient, il y a maintenant plusieurs antéchrists: par là nous connaissons que c'est la dernière heure.
- 1 Jean 2:18.


All we want are the facts, ma'am.
- Joe Friday.

En politique, chacun a sa propre grille d’analyse et les plus érudtts lecteurs d’Aristote ne sont pas toujours au-dessus d’une confusion entre l’effet et la cause, surtout quand la chiquenaude remonte à 4000 ans.

Il ne saurait en être autrement du conflit à Gaza. Chacun appréciera donc à leur juste valeur les déclarations du premier ministre israélien (magnifique incarnation de l’Etat de droit)  ce mercredi 24, en ce qui concerne la nature des opérations militaires et des solutions avancées au cours d’un clinique discours assorti d’une mise en scène millimétrée (sans aucune arrière-pensée électorale pour le pays, bien entendu).

Un rappel était particulièrement judicieux : .

Antisemitism is the world’s oldest hatred. For centuries, the massacre of Jews was always preceded by wild accusations. We were accused of everything from poisoning wells to spreading plagues, to using the blood of slaughtered children to bake Passover matzos.

Pour mémoire, ces sinistres superstitions ont eu, précisément, pour fertile terreau théologique, les Evangiles qui ont consacré pour les siècles des siècles, la haine du peuple déicide, et qui la consacrent toujours, 2000 après, aux yeux des évangélistes fondamentalistes millénaristes américains (quoique, presque 80 ans après l'holocauste, parfois de manière plus "codée"…), qui versent leur obole aux Kenneth Copeland, Jim Bakker, etc., le genre d’intellectuels influents au sein du parti républicain dont le fervent soutien à Israël s’appuie sur le plan divin qui consiste à encourager le rassemblement des juifs en terre sainte, ce qui facilitera leur extermination lors de la deuxième venue du Christ.

Exaltante perspective eschatologique. La connotation des stridents et euphoriques « hee », « haaw » et "haou" poussés par les élus rednecks ayant ponctué le prêche de Netanyahou, pour lesquels est incontestable la valeur historique de la Genèse, ne correspond peut-être pas intégralement à celle qu’il veut imaginer...

On notera finalement les hommages émus du premier ministre au président Biden, notamment parce qu'il se qualifie lui-même de "fier sioniste catholique irlandais" et la même reconnaissance envers les partis républicain et démocrate et son ouverture empreinte du plus profond esprit humaniste envers toutes les religions, croyances, races, sexes, philosophies. Nul doute que son discours était gravé dans le marbre depuis des semaines et qu’il n’a fait l’objet d’aucune retouches de dernière minute de la part de ses rédacteurs à la lumière de la soudaine renonciation à la présidence par l’actuel locataire de la maison blanche et de l’enthousiasme immédiatement suscité par la nouvelle candidate démocrate, Kamala Harris.

LP


Friday, July 19, 2024

Le couronnement de Donald Trump : squeal like a pig!

Le 19 juillet 2024.

One does not sell one’s soul for the whole world, and you did it for Wales.
- Sir Thomas More au procureur général du pays de Galles, qui venait de se parjurer.
(A man for all seasons).


From the world of darkness I did loose demons and devils in the power of scorpions to torment.
- Charles Manson.

Le roi Donald, déclaré, à toutes fins pratiques par la Cour suprême des Etats-Unis, au-dessus de la loi humaine, vient de recevoir sa couronne au terme d’un spectacle à la formule républicaine bien éprouvée. Une synthèse du cirque Barnum et de l’église de Jim Jones.

Se sont succédés les mensonges des intervenants; les insipides bondieuseries accentuées par des musiques de télévangélistes (ambiance…qui annonce la fin de la séparation de l’Eglise et de l’Etat…); les délires chauvins; les minorités visibles et les victimes de tragédies personnelles grossièrement instrumentalisées qui quémandent pitoyablement le statut de « honorary white » comme un os. Enfin, il faut noter l’abject, mais très prévisible lèche-bottisme de Ron DeSantis et de Nikky Haley, qui assurent maintenant à sa Majesté orange leur soutien sans faille. Un coup de maître.

Mieux, un coup de gourou.

Mais ne sautons pas aux conclusions en traitant ces sinistres pantins de vendus : par contraste, les cocottes et autres mondaines, elles, ne bradent pas leurs services. Melania confirmera.

Cela dit, le choix de JD Vance (n.b. : les initiales « JD » s’imposent déjà, à l’instar de WC Fields, HG Wells, PG Wodehouse, BJ Hunnicutt…) comme co-listier est fort judicieux : chaque redneck consanguin américain y trouvera un modèle et pourra se prendre pour un roi en Amérique. Surtout que voilà une idole qui, elle, a toujours su se faire payer.

L’Amérique a maintenant un « ticket » qui pourra se consacrer aux problèmes sociaux prioritaires : ouvrir la chasse aux femmes planifiant un avortement; protéger les « Black jobs », justice sociale élémentaire puisqu’il s’agit des emplois où doivent rester cantonnés les Afro-Américains.

Et surtout : empêcher les hommes de participer à des compétitions sportives à titre de femmes.

LP

Sunday, July 7, 2024

Elections législatives françaises, coups de théâtre au 2e tour!

 Le 7 juillet 2024.

Toujours l’inattendu arrive.
- André Maurois.

Contre toute attente, Jean Lassalle, n’est pas élu dans la quatrième circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Comme au premier tour, ce suave orateur finit 3ème, encore qu’il recueille plus de voix. Cruelle déception pour celui qui était manifestement destiné au rôle de premier ministre, berger du troupeau français.

Et la personnalité qui était pressentie pour unifier les forces de gauche en portant les couleurs du Nouveau Front Populaire, le pragmatique Philippe Poutou, du Nouveau Parti Anticapitaliste, ne fera finalement pas son entrée au Palais Bourbon. Il est battu par le candidat RN Christophe Bathès dans l’Aude.

A noter aussi la défaite de la "taupe" de Bibi, Meyer Habib, ex-député LR la 8circonscription des Français de l’étranger,

Les paris sont donc ouverts pour l’avenir de la France.

LP


Monday, July 1, 2024

Regroupement familial au Québec : le comptable François Legault sait conter.

Le 1er juillet 2024.

Un mariage heureux est une longue conversation qui semble toujours trop brève.
- André Maurois.


Le mari et la femme sont une seule âme, séparée seulement par leur descente dans ce monde. Quand ils se marient, ils sont à nouveau réunis.
- Zohar (I 91a).

On croit rêver : le premier ministre québécois annonce avec insolence sa volonté de limiter le nombre de conjoints « autorisés » à rejoindre leur conjoint au Québec sous prétexte de la capacité de la province à offrir des services. Epouser un étranger est devenu sinon un crime, au moins un délit, qui pousse maintenant plusieurs résidents québécois à l’exil.

Il faut rappeler ce truisme à Legault : le mariage est un droit humain, qui transcende les frontières. Selon l'article 16 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 :

À partir de l’âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.

Voir aussi Loving v. Virginia 388 U.S. 1 (1967) : 

The freedom to marry has long been recognized as one of the vital personal rights essential to the orderly pursuit of happiness by free men...Marriage is one of the "basic civil rights of man," fundamental to our very existence and survival. Skinner v. Oklahoma, 316 U. S. 535316 U. S. 541 (1942). 

Chaque être humain a le droit absolu de faire sa vie avec la personne de son choix sur la planète et de demeurer dans sa propre juridiction. (On concèdera que ce droit est peut-être moins évident si la personne convoitée est originaire de la planète mars). En la matière, les notions de « quota », de « seuil » ou de « cibles » sont des absurdités, mais on reconnaît bien là le comptable Legault.

Il faut aussi rappeler qu’un mariage est légalement en vigueur dès que l’officier d’état civil prononce la formule sacramentelle « je vous déclare unis par les liens du mariage »; il s’impose donc à toutes les juridictions du monde, qu’elles le veulent ou non (sauf par exemple l’Iran si une musulmane a le toupet d’unir sa destinée à un infidèle), d’autant plus que les époux sont eux-mêmes liés par leur mariage : contracteraient-ils un autre mariage, il y aurait bigamie. Le mariage doit être respecté en bloc, ce qui exclut tout saucissonnage, par qui que ce soit.

Or, quel sont les ingrédients centraux d’un mariage? Est on ne peut plus clair l'article 392 du Code civil du Québec : « Les époux ont, en mariage, les mêmes droits et les mêmes obligations. Ils se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance. Ils sont tenus de faire vie commune. » (Non souligné dans l’original).

Il s’ensuit que dès la célébration du mariage, le conjoint étranger a immédiatement le droit d’entrée sur le territoire canadien et que nul artifice de procédure ne peut être utilement invoqué pour y faire obstacle : ce n’est pas aux époux de se soumettre à une procédure administrative attentatoire à leurs droits, mais, à l’inverse, aux autorités d’instaurer une procédure conforme à ces droits. Au strict minimum, le conjoint étranger d’un Canadien a donc le droit d’obtenir un permis de séjour provisoire n’importe où au Canada sur simple production des pièces d’identité des intéressés et de l’acte de mariage.

Incidemment, si les résidents québécois sont, à juste titre, indignés par les différences de traitement des dossiers entre le Québec et le reste du Canada, (34 mois et 10 mois respectivement), il n’en reste pas moins que le gouvernement fédéral est aussi en faute. Les droits et obligations relatifs au mariage ne sauraient être suspendus ni pour 10 mois, ni pour une heure. Il n’y a pas de délais raisonnables en l’espèce. Les mesurettes imposées au Québec par le ministre fédéral de l’immigration Marc Miller vu la scandaleuse situation lui ont valu l’ire patriotarde de la ministre québécoise de l'Immigration, de la Francisation et… de l'Intégration (défense de rire!) Christine Fréchette, héraud de la « volonté de la nation québécoise »; elle feint d’ignorer que l’agitation de chiffons fleurdelysés n’a aucune pertinence en ce qui concerne les droits de la personne fondamentaux.

En outre, notons un intéressant exemple historique. En 1959, le University College of Rhodesia and Nyasaland, situé à Salisbury (Rhodésie du Sud) offrit à l’universitaire rhodésien noir Bernard Chidzero une chaire d’enseignement. Malheureusement, vu qu’il était marié à une Canadienne-française (blanche), il dut renoncer à ce poste. L’état rhodésien ne niait nullement la validité de leur mariage, mais il y avait ce détail incontournable : au regard des règles de lotissement (« zonage ») racial, les époux ne pouvaient résider ensemble à proximité de l’université.

Last but not least, la facilitation des unions internationales constitue une mesure de santé publique urgente, vu les graves problèmes de consanguinité au Québec.

On ne peut qu’inciter les avocats spécialisés en immigration, et surtout des droits de la personne, à remettre les pendules à l’heure pour tout le Canada, par un jugement déclaratoire. La reconnaissance du caractère sacré du mariage n’a que trop tardé.

La comptabilité est un domaine fascinant, qui a toujours attiré les esprits rigoureux. Le premier ministre québécois François Legault est en bonne compagnie avec Paul Bernardo et Adolf Eichmann.

LP


Sunday, June 30, 2024

Elections législatives libres : Résultats comparés Allemagne-France.

Le 30 juin 2024.


Allemagne, le 5 mars 1933.

Parti national-socialiste : 44%.


France le 30 juin 2024.

Rassemblement national : 32%.


Mais tout espoir n'est pas encore perdu pour la démocratie française : il y a encore un 2e tour en France le 7 juillet prochain.

Une 2e chance.

LP



Thursday, June 27, 2024

Alerte au chant des sirènes du Rassemblement National!

 Le 27 juin 2024.

La colère contre Macron amène de (trop) nombreux électeurs à prêter une oreille complaisante aux promesses magiques que sont les soi-disant solutions économiques et sociales du parti fondé par le tortionnaire Jean-Marie Le Pen, entouré de collabos et d’auteurs de tentatives d’assassinat du général de Gaulle.

L‘argument qui résonne à répétition porte qu’on n’a rien à perdre en essayant quelque chose de nouveau. Et après tout, selon Serge Klarsfeld, il paraît que le RN a fait sa mue, vu qu’il a une émouvante rhétorique de défense des juifs et d’Israël (il occulte pourtant ainsi quelques gênantes dérives…). L’ADN antisémite est donc soluble dans les discours lénifiants. Le fascisme nouveau lave plus blanc les chemises brunes.

Il faut peut-être rappeler aux Français que ce mouvement n’a, en fait, rien de nouveau en substance : il a même disposé de tous les leviers de commande en 1940, et les résultats n’ont pas vraiment été convaincants.

Quant au philosémitisme contemporain que professe l’(ex-?)Rital Jordan Bardella, le cœur sur la main, au mépris de l’histoire, il s’agit d’une sournoise instrumentalisation de la haine de l’estranger, surtout d’origine arabe.

Cette « évolution » de façade a de quoi réjouir le spectre de Lucien Rebatet, auteur du féroce pamphlet antisémite « Les décombres » datant de 1942. Condamné à mort à la Libération, mais grâcié, il fut libéré en 1951. Il resta fidèle à son idéal fasciste jusqu’à sa mort… tout en exprimant son soutien à Israël lors de la guerre des six jours en 1967, voyant dans la cause de ce pays celle de tous les Occidentaux...

En matière de « N », l’actualité impose parfois une révision des priorités.Le père fondateur de l’Etat juif, Staline, en savait quelque chose en 1947. Politics make strange bedfellows.

Y aura-t-il un premier viol des foules en France dimanche prochain?

LP