Saturday, August 31, 2024

La première entrevue de la candidate Kamala Harris sur CNN.

 Le 31 août 2024.

Man has this choice: to let the light enter or to keep the shutters closed. 
- Henty Miller.
 
Choix et conscience sont une seule et même chose.
- Jean-Paul Sartre.

Jeudi le 29 août, la candidate démocrate a enfin pu s’exprimer en entrevue, en compagnie de son colistier. Les républicains lui avaient insidieusement reproché de ne pas s’être prétée à cet exercise, feignant d’ignorer que son agenda avait été plus que rempli, vu le retrait très tardif du président Biden de la course à la présidence.

On reprochera à Dana Bash le format étriqué de cette rencontre : de trop nombreux flashbacks portant sur la campagne, d’irritantes publicités et… le tout pour une durée de 50 minutes. Un format plus ramassé d’au moins une heure aurait permis une discussion plus fouillée sur les questions de l’heure.

Dans ce cadre, le « ticket » a accompli honorablement sa tâche.

Le survol du programme économique démocrate fut (trop) rapide; le contribuable eût  certainement voulu entendre, par exemple, un mot ou deux sur la lutte contre les paradis fiscaux, dont l’Etat du Delaware. Cela dit (sauf pour les rednecks consanguins et assimilés, lesquels constituent quand même presque la moitié de la population américaine) la position démocrate est a priori plus cohérente que les juteux abattements fiscaux promis par sa Majesté orange au profit de ses amis milliardaires.

De manière générale, entre des candidats qualifiés et tenant un discours humaniste raisonnable, et un aspirant-dictateur répétant, sans rire, que la loi de plusieurs états autorise l’exécution de nouveaux-nés, le choix doit, devrait aller de soi.

On relèvera quand même quelques points faibles dans les réponses des aspirants démocrates.

Premièrement, il était clair depuis plusieurs mois, que le président Biden n’était plus en état de faire campagne pour sa réélection. A ce sujet, Mme Harris s’est contentée de noyer le poisson, en faisant un laïus sur les succès de l’administration, sans justifier son soutien indéfectible au locataire de la Maison Blanche jusqu’à ce qu’il décide, à la dernière minute, de ne pas tenter de renouveller son bail.

Quant à Tim Walz, en 2018, pour dénoncer le massacre perpétré à l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas à Parkland (Floride), il évoqua sur un vidéo les "weapons of war (à juste titre, en ajoutant cependant ceci :) that I carried in war,", impliquant qu’il avait été déployé dans des zones de combat. Un collaborateur de l’élu à la Chambre des représentants dut rectifier le tir : il s’’était « mal exprimé » (en v.o. « he misspoke ».

(N.B. :  « misspoke » est un savoureux néologisme concocté à l’époque du Watergate par l’attaché de presse de Richard Nixon, Ron Ziegler, pour relativiser certaines déclarations du président parfois en décalage avec la vérité).

En réponse à une question de Dana Bash à ce sujet, Walz relata longuement, en rafale, ses 24 ans sous les drapeaux, pourtant incontestables et incontestés. Mais la vraie explication de l’impair est venue : sa grammaire n’est pas toujours irréprochable, comme le lui reproche régulièrement Mme Walz, ce qui est quand même regrettable pour un professeur d’histoire-géo (en v.o. « social studies »), mais heureusement sans importance pour ses fonctions d’entraîneur de l’équipe scolaire de football américain..

Tout bien pesé, il n’en reste pas moins que M. Walz est sans doute globalement plus crédible en matière militaire que Donald Trump. Ce dernier appelle cependant la compassion : inspiré par un chef d’œuvre du 7e art, le quasi documentaire « Green Beret » avec John Wayne, il dut renoncer à son rêve d’intégrer cette unité d’élite au Vietnam en raison de ses éperons osseux (en v.o. « bone spurs »), diagnostiqués par son dévoué médecin personnel. Comble de malchance, vu son gabarit, il ne put se rabattre sur les « Tunnel Rats ».

Enfin, le plus décevant, voire le plus sinistre élément d’information fourni lors de l’entrevue, fut l’engagement, ferme, de l’actuelle vice-présidente de maintenir la fracturation hydrolique (en v.o. « fracking ») comme technique d’extraction de pétrole et de gaz naturel, après qu’elle s’y fut opposée. « My values have not changed », nous assure-t-elle. Magiquement, cette horreur écologique est devenue, à ses yeux, compatible avec une énergie propre.

Drill, baby, drill!

LP

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