Wednesday, December 28, 2016

Le père Noël est passé en France : Jacqueline Sauvage est totalement graciée.




Le 28 décembre 2016.

Les paysans asturiens sont convaincus que dans toute portée de louve il y a un chien, lequel est tué par la mère, sans quoi en grandissant il dévorerait les autres petits. Donnez une face humaine à ce chien fils d'une louve, et ce sera Javert.
- Victor Hugo (Les misérables).

Le fonctionnaire ne peut se tromper ; le magistrat n'a jamais tort.
- L'inspecteur Javert.

Le président Hollande n'a, hélas, pas réussi à inverser la courbe réelle du chômage. En effet, la dernière baisse annoncée résulte essentiellement d'une grossière manipulation statistique consistant à ne plus comptabiliser le demi-million de demandeurs d'emploi à qui a été accordé un généreux accès à une formation cette année, comme par hasard.

Par contre, il faut saluer sa décision de simple bon sens, quoiqu'un peu tardive, de mettre fin à l'entrave à la justice perpétrée par une magistrature mafieuse contre une femme abandonnée à son sort, ainsi que ses enfants martyrisés, depuis des décennies par des institutions qui avaient apparemment d'autres félins à fouetter.

(On lira donc avec un sourire apitoyé cette chanoinesque déclaration de Marie-Jane Ody, secrétaire générale de l’Union syndicale des magistrats, qui réconfortera toutes les femmes martyrisées sans le sou de France et de Navarre :

Il y a d’autres moyens pour une femme battue en France que de tuer un mari violent. On peut obtenir des mesures d'aide (sic), de soutien (sic), il y a des ordonnances d’éloignement qui sont prévues pour éloigner un mari violent du domicile tout en laissant à la femme la jouissance du domicile commun (resic). Tout un arsenal de mesures peut être pris (!!!).

Ce qui est indiscutable. En France, comme dans l'Angleterre du juge Sir James Mathew : In England, justice is open to all, like the Ritz Hotel).

Voilà un petit allègement de la charge financière de l'administration pénitentiaire, réconfortante pour le petit contribuable franchouillard.

Pour une fois, le chef de l'Etat a pu faire l'unanimité dans la classe politique. Ce n'est pas rien. Quelque puisse être l'issue des prochaines élections présidentielles, on peut espérer voir François Hollande promu garde des sceaux en juin prochain.

Il va sans dire qu'est déçue la vedette de l'affaire Outreau, Fabrice Burgaud - un magistrat passé à l'histoire qui se contente philosophiquement dorénavant d'une brillante et rémunératrice carrière au sein de la Cour de cassation vu que ses perspectives politiques ne sont sans doute pas des plus prometteuses, et tous ses congénères de l'Union syndicale des magistrats, où l'on parle très sérieusement d'"hypocrisie" (sic) et de "décision politique" (resic!). Avec quelle émotion patriotique l'on y proclame que Jacqueline Sauvage fut "condamnée au nom du peuple et par le peuple français".

Le pharisaïsme est souvent cocardier.

On sera tenté de rapprocher cette noble profession de foi aux aboiements des meutes antisémites réclamant le lynchage judiciaire du capitaine Alfred Dreyfus; a souvent retenti dans les salles d'audience ce slogan vomi par le public en uniforme : "Vive l'armée!". D'autant plus que sa condamnation fut confirmée par la cour de cassation le 9 septembre 1899 (en pleine connaissance du dossier, n'est-ce pas?). Selon les critères de l'USM, il faut voir dans la grâce accordée 10 jours plus tard par le président Loubet un épouvantable camouflet pour la justice! En effet, de quoi se mêlait le premier magistrat de France?

Mais c'est la vie : même en France, les cloportes antidreyfusards ne gagnent pas à tous les coups.

LP

Tuesday, December 20, 2016

Les lenteurs de la justice au Québec.



Le 19 décembre 2016.

There is a time to laugh and a time not to laugh, and this is not one of them.
- L'inspecteur Clouseau.

Non les braves gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux…

- Georges Brassens (La mauvaise réputation)

The crooks never sleep and neither does Clouseau!
- Encore l'inspecteur Clouseau.

On se souviendra que, dans la belle province, l'affaire du docteur Turcotte est passée aux annales : cet auteur d'un épouvantable drame familial, acquitté une première fois - à tort ou à raison - par un jury qui retint le moyen de défense tiré des troubles mentaux, fut poursuivi sans faille une deuxième fois par le ministère public qui fut, au final, récompensé de son considérable investissement financier par la condamnation de ce danger bien évidemment public.

Il y a quelques jours, la maréchaussée montréalaise, après une méticuleuse opération de surveillance de grande envergure (un remake des "Keystone Kops"?), vient d'arrêter notamment l'activiste du pot Marc Emery, propriétaire de Cannabis Culture, contribuant ainsi à l'engorgement de la justice québécoise.

Evidemment, toujours dans la belle province, sévit une épidémie de requêtes en arrêt de procédure, parfois accueillies par les juges, présentées par des personnes accusées de meurtre, de recyclage d'argent sale, de corruption passive et active, et de plusieurs peccadilles du même ordre, invoquant le manquement au droit à un procès dans un délai raisonnable.

Mais il y a un prix à payer pour assurer la tranquillité d'esprit du contribuable : il faut choisir ses priorités quand on ne peut être à la fois au four et au moulin et réagir au quart de tour.

Honneur soit rendu au maire de Montréal, Denis Coderre, qui invoque judicieusement la notion de "tolérance zéro". Qui est mieux placé que ce destructeur de biens appartenant à Postes Canada au marteau-piqueur, au mépris du Code criminel du Canada, pour proclamer la majesté de la loi sur les écrans de télévision et assurer aux braves gens qu'il n'y a pas de justice à deux vitesses pour un "prince du pot"?

L'ordre règne à l'ombre du Mont-Royal.

LP


Monday, December 12, 2016

Notre Saint-Père le Pape tonne contre la désinformation!



Le 12 décembre 2016.
                       
Prenez, mangez, ceci est mon corps.
- Matthieu 26: 26.

Comme le chien retourne à ce qu'il a vomi, ainsi l'insensé revient à sa folie.
- Proverbes 26:11.

Il nous donne une majestueuse leçon d'intégrité journalistique lors d'un entretien accordé à l'hebdomadaire catholique belge Tertio :

La désinformation est probablement le plus grand mal qu'un média puisse infliger, parce qu'elle oriente l'opinion dans une seule direction, en omettant une partie de la vérité… Je crois que les médias doivent être plus clairs, plus transparents et ne pas tomber, excusez l'expression, dans la coprophilie toujours prête à répandre les scandales des choses abominables… Les médias ont leurs propres tentations, ils peuvent être tentés par la calomnie, et donc être utilisés pour calomnier, salir les gens. Les médias peuvent être utilisés comme outils de diffamation ... Personne n'a le droit de faire cela. C'est un péché et c'est blessant.

Voilà qui pèse lourd dans la balance de la part du dirigeant d'une église qui, depuis 2000 ans, se livre à une propagande grotesque, persécute impitoyablement les esprits scientifiques rationnels, et qui n'a cessé de brûler au bûcher les contradicteurs que depuis qu'elle a perdu le pouvoir temporel.

Si l'on se souvient que les journalistes sont les historiens d'un jour, il faut conclure des anathèmes de François qu'il se fait dorénavant, plus généralement, le héraut de la méthode historique scientifique.
Le pape est un fin lettré, qui manie la métaphore, pardon, la parabole, surtout délicieusement scatologique, comme pas un.

Logiquement, on peut donc espérer, dans un proche avenir, la dissolution de Vatican, Inc., puisque son existence même est fondée sur le Nouveau Testament, ses statuts constitutifs.

En effet, parlant de consommation de matière fécale, plus ou moins liquide, il s'agit là d'un torchon totalitaire présenté jusqu'à présent, au mépris du bon sens, comme document historique, alors qu'il regorge de contes de fées, d'où jaillissent d'abondants et diarrhéiques appels à la haine éternelle des Juifs déicides toujours en vigueur - qui relativisent donc la suspension, partielle, prononcée du bout des lèvres en 1965, de leur condamnation ainsi que la très récente profession de foi en la tolérance du Saint-Siège - qui a causé, et qui cause, bien des… indigestions aux humanistes.

Il va sans dire que l'on n'entendra pas non plus parler des guérisons miraculeuses à Lourdes.

Il était difficile de faire mieux, ou pire, en matière de désinformation.

Si l'on se fie aux dernières imprécations du pontife, il faut croire que l'humanité est maintenant sur le point de humer la bonne odeur d'un pain nouveau.

LP

Monday, December 5, 2016

Un coup très dur est porté aux féministes en France.



Le 5 décembre 2016.
                                 
Ô Liberté, que de crimes on commet en ton nom.
- Manon Roland.

The first essential for a Prime Minister is to be a good butcher.
- William Gladstone.

Ségolène Royal, est une fille de très bonne famille et qui a donc eu un accès privilégié aux grandes écoles françaises qui lui a ouvert les portes d'une riche carrière politique; une increvable socialiste qui, à une certaine époque, a pu exercer la profession d'avocate au sein d'un cabinet d'affaires tout en siégeant à l'Assemblée nationale et au conseil général des Deux-Sèvres. Un impressionnant cumul qui devait la garder affairée eight days a week.

Ces jours-ci, elle représente le pays de la déclaration des droits de l'homme aux obsèques de El Commandante Fidel Castro. La candidate malheureuse à la magistrature suprême française déclare voir en lui "un monument de l’histoire" (et probablement un monument aux morts) et "le symbole d’une amitié très profonde entre Cuba et la France".

Elle nous rappelle aussi ceci : "Grâce à Fidel Castro, les Cubains ont récupéré leur territoire, leur vie (sic), leur destin (sic). Ils se sont inspirés de la Révolution française sans pour autant connaître la terreur qu’il y a eue pendant la Révolution française" (resic). Quant aux violations des droits de l’homme à Cuba, elle dénonce vertueusement une "désinformation" et constate au contraire l’existence sur l’île d’« une liberté religieuse » (encore sic) et d’"une liberté de conscience"(toujours sic).

Et voici la perle de culture politique : "mais certains ne vont pas se rhabiller à bon compte au nom des droits de l’homme alors qu'on sait qu'ici, quand on demande des listes de prisonniers politiques, on n'en a pas (encore et toujours sic). Et bien fournissez-moi des listes de prisonniers politiques, à ce moment-là on pourra faire quelque chose."

Il serait de très mauvais goût d'attribuer à une ministre en fonction, socialiste (donc, par définition, entièrement au service de l'Etat et de l'intérêt général, comme naguère son ex-collègue, l'héritier spirituel du Dr Schweizer, le Dr Jérôme Cahuzac), chargée de l'environnement de surcroît, à l'altier port de tête, le sinistre dessein de ménager la susceptibilité d'une clientèle actuelle ou potentielle. Cela dit, au final, on se console assez philosophiquement de la défaite d'une certaine gauche caviar face à un grimaçant et gesticulant nabot, Gaulois de carnaval, en 2007.

Aujourd'hui, on est plus disposé à accorder une certaine indulgence à Laurent Fabius qui, jadis, sceptique quant aux ambitions politiques de sa camarade Ségolène "Bécassine" Royal, avait grincé : "mais qui va garder les enfants"?

LP

Saturday, December 3, 2016

Tu quoque mi fili…



Le 3 décembre 2016.

Pour faire une bonne dame patronnesse, Mesdames
Tricotez tout en couleur caca d´oie
Ce qui permet le dimanche à la grand-messe
De reconnaître ses pauvres à soi
- Jacques Brel (La dame patronnesse)

La scène politique est frappée du sceau de la trahison.

François Hollande, qui, bien entendu, ne pense qu'à l'intérêt supérieur du pays, jette l'éponge, tombé sous les coups assenés par son Brutus, Emmanuel Macron.

Ce n'est donc pas lui qui affrontera François "Torquemada" Fillon, pour qui le droit à l'avortement n'est pas un droit fondamental, qui prône un autoritarisme suranné, racole les lecteurs de Maurice Barrès et de Daniel-Rops, racle les fonds de marmites où a mijoté la tambouille frelatée de l'intolérance, bref qui s'adresse aux parents de scouts d'Europe persistant à manger du poisson le vendredi. Ce croisé, fils de notaire, issu de la France assez profonde, un terreau fertile où prospérait naguère le chiendent antidreyfusard, a remporté il y a quelques jours sa première victoire, à la primaire de la droite et du centre, en poignardant un mort, son mentor de jadis, Philippe Séguin; le symbole du gaullisme social doit se retourner dans sa tombe : il a, au final, produit mieux qu'un Frankenstein, la réincarnation - rien de zen - de Margaret Thatcher.

(Pour mémoire, cet ex-cancre, prônant aujourd'hui rien de moins que le port obligatoire de l'uniforme à l'école - sans en préciser la couleur - défiait jadis insolemment les hiérarques scolaires, notamment en réclamant le départ d'un professeur d'anglais à ses oreilles incompétent, faisant ainsi preuve d'un sens précoce du coup d'état… Une métamorphose rappelant celle de Dim et Georgie dans "Orange mécanique").

Mais l'Etat a-t-il besoin d'une politique sociale conséquente quand il peut se fier à l'altruisme des dames patronnesses?

(Pour l'instant, le locataire du Kremlin ne peut que se réjouir. Il compte une première victoire avec l'élection de son ami et débiteur Donald Trump - sous réserve cependant d'éventuels recomptages - et la France semble être sur la bonne voie.)

Il y a une vie après une présidence, même socialiste. Le citoyen Hollande pourra faire jouer ses contacts avec les monarchies pétrolières (son déplacement à Abou Dhabi dès le lendemain de l'annonce de son abdication est de bon augure), et prononcer des lucratives conférences sur les libertés publiques et la lutte contre les paradis fiscaux, dans le sillage de M. Sarkozy.

Cela dit, le contrat du figaro de l'Elysée ne sera pas reconduit en mai prochain.

LP


Sunday, November 27, 2016

L'idole des révolutionnaires de salon, Fidel Castro, est décédée.



Le 27 novembre 2016.

Mon ami, mon ami Fidel,
Pour amener le peuple au ciel
- Robert Charlebois.

Comme Staline dans le temps, le líder maximo vient de mourir tranquillement dans son lit. Le probable commanditaire de l'assassinat de John Kennedy (il était de bonne guerre qu'il éliminât celui qui cherchait à avoir sa peau) a vu défiler une pléiade de présidents américain.

Qui a dit que le socialisme était inefficace sur le plan économique et que les droits de l'homme, notamment la liberté de la presse, avaient de l'importance?

Rendons hommage à un chef d'Etat qui a amassé une fortune de 900 millions de dollars. Il fallait un gestionnaire des fonds publics des plus talentueux pour faire ainsi fructifier un traitement mensuel de 40$. Parmi les révolutionnaires de la planète, il tient honorablement son rang.

(Voici d'ailleurs quelques chiffres comparatifs instructifs. Son patrimoine pâlit à côté de celui de la famille Kaddafi (100 milliards $), mais il en impose à Robert Mugabe (160 millions $); dommage qu'il fut coiffé au poteau par le milliard de Yasser Arafat (client VIP de la banque Leumi). Quelle risible pitance que les 17 millions de dollars d'Augusto Pinochet).

On comprend que El Commandante avait noué une relation privilégiée avec Trudeau (père, celui qui parlait français) il y a 40 ans. Nul doute qu'elle a ouvert la voie à des relations commerciales florissantes entre certains entrepreneurs canadiens et certains hauts fonctionnaires de son île. Entre millionnaires, on trouve souvent un terrain d'entente.

Naguère, le poupon Justin sautait sur les genoux de tonton Fidel. 40 ans plus tard, au décès de celui-ci, le petit Justin a pour premier réflexe de se mettre pieusement à genoux.

Asséchons nos larmes. La vie continue. Il a bien fallu se ressaisir lors de la tragique disparition du regretté Kim Il-sung.

Il faut voir l'avenir avec confiance.

C'est désormais Cyril Ramaphosa, chef syndicaliste infatigable défenseur des travailleurs sud-africains (qui pèse 450 millions $) qui porte maintenant tous les espoirs des prolétaires de tous les pays : il a toutes les chances de succéder, l'an prochain, au président Jacob "family man" Zuma (qui enregistre 240 millions $).

LP

Saturday, November 26, 2016

La petite cuisine du Dr Gaëtan Barrette.



Le 26 novembre 2016.

La bonne cuisine, c'est le souvenir.
- Georges Simenon.

Mercredi dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec est descendu de son piédestal pour aller partager, très fraternellement et en toute simplicité (seulement en compagnie d'une petite armée de 32 députés de son parti et de plusieurs journalistes), la gamelle typiquement servie aux personnes âgées logées dans les Centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Au menu ce jour là, trois plats principaux : coq au vin, lasagne ou longe de saumon. Voilà qui a dû ramener les pensionnaires au bon vieux temps du "Gourmet farfelu" ("The galloping gourmet" dans le texte).

Même si leurs gueuletons répondent - au quotidien bien entendu - à de hautes normes gastronomiques, le ministre s'est engagé à épaissir l'enveloppe budgétaire des institutions d'accueil concernées consacrée à l'alimentation, pour 2018 (année électorale, pure coïncidence). Pas question, donc, de délayer la sauce. Une surprise plus difficile à avaler cependant : "le caviar n'est pas pour demain". Le ministre Barrette maîtrise comme pas un l'art de mettre les petits plats dans les grands. Et de se mettre les deux pieds dedans.

Que les commensaux aux cheveux blancs se le disent : s'ils n'ont pas d'omelette aux truffes non plus, qu'ils mangent, avec gratitude, de la brioche tartinée de mousse au chocolat.

LP

Monday, November 21, 2016

"Casse-toi pôv con!"



Le 21 novembre 2016.

La promesse de la chenille n'engage pas le papillon.
- André Gide.

Promises and pie-crust are made to be broken.
- Jonathan Swift.

Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.
- Henri Queuille.

A l'issue du premier tour de la primaire de la droite et du centre en France, tel est le message porté à l'ancien président de la république, Nicolas Sarkozy.

Il est permis de conjecturer que les électeurs n'ont pas été abusés par un démagogue de souche notamment judéo-magyare, et qui eut l'outrecuidance de poser en vrai Gaulois; les électeurs de la fachosphère visés préfèrent faire dans l'authentique. Foin des regrets : un illustre homme d'Etat tire sa révérence, mais vive le conférencier, intarissable en matière de féminisme, particulièrement goûté des riches monarques pétroliers.

S'affronteront donc dimanche prochain François Fillion et Alain Juppé.

D'une part, un catho décomplexé (en voilà au moins un qui ne s'est jamais fait sodomiser par des prêtres), et qui est déterminé à remanier le code du travail, à se porter garant des valeurs de la famille, et qui incarne déjà la majesté due à la patrie (il appelle au rétablissement de "l'autorité" de l'Etat, évidemment selon le modèle de son grand ami Vladimir Poutine, notamment par une indispensable et prioritaire loi anti-burkini). Voilà une formule gagnante, qui a fait ses preuves, et qui est susceptible d'aguicher les électeurs nostalgiques d'une certaine conception de l'ordre.

D'autre part, un repris de justice - artiste des emplois publics fictifs - et ayant eu dans les années 90, à Paris, la jouissance de logements locatifs municipaux - ainsi que son fils - à des prix d'ami de très vieille date, mais dont les fautes furent expiées par un cruel exil d'un an dans les solitudes glacées du Québec. Il invoque aujourd'hui la notion d'"identité heureuse".

Tous deux se veulent les défenseurs de l'entreprise, et prônent des allégements fiscaux ainsi que la réduction de la dépense publique. Voilà qui est bel et bien, mais leur stratégie de lutte contre les paradis fiscaux demeure plus feutrée.

Avant le deuxième tour, un Alain Juppé "droit dans ses bottes" peut compter sur un avantage et un argument de taille sur son rival sur le plan de l'intégrité : nul ne peut le soupçonner, s'il accède à un encore plus confortable logement de fonction, rue du Faubourg Saint-Honoré, de vouloir suivre les traces de François Hollande en embauchant et en rémunérant, sur les fonds publics, son capilliculteur personnel.

LP

Saturday, November 12, 2016

Les experts médiatiques ont toujours beaucoup d'aplomb.



Le 12 novembre 2016. 
 
Incestuous, homogeneous fiefdoms of self-proclaimed expertise are always rank-closing and mutually self-defending, above all else.
- Glenn Greewald.

Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau.
- Alexis de Tocqueville.

Even when the experts all agree, they may well be mistaken.
- Bertrand Russell.

Cela vaut encore plus pour les spécialistes de sciences "molles", non exactes, en particulier les économistes distingués, psychiatres, psychologues, sociologues, criminologues, anthropologues, ethnologues, thanatologues, et, évidemment, les éminents professeurs de science politique, qui ont occupé le devant de la scène ces derniers temps avec les élections américaines. Ces oracles ont multiplié leurs étincelantes interventions afin d'exposer  à la population leurs édifiantes prophéties.

Leurs défaites sont proportionnellement aussi retentissantes que leurs triomphes. Avec la victoire de Donald Trump, que de pleurs et de grincements de dents sur les plateaux de télévision! "Comment tout le monde a-t-il pu se tromper ainsi?" est le refrain inlassablement repris. L'on va presque jusqu'à déchirer ses vêtements et les téléspectateurs assistent à des autocritiques que n'eût pas désavouées le grand (et regretté) timonier chinois, Mao Tsé-Toung.

Pourtant, la réalité est on ne peut plus simple. Nul ne s'est trompé, justement : ni les sondeurs, et donc ni les politologues, ni les journalistes qui se sont appuyés sur leurs constats et tiré des conclusions logiques. On prévoyait une courte avance de Hillary dans le vote populaire, et, dans certains-pivots importants une avance parfois plus mince, la plupart du temps dans la marge d'erreur statistique.

Et c'est exactement ce qui s'est produit pour le vote populaire.

Le seul petit accroc pour Hillary est que c'est Donald Trump qui, en fin de compte, a bénéficié d'une minuscule avance dans certains états-pivots, ce qui les a fait basculer de son côté, lui donnant ainsi une majorité de grands électeurs.

Que l'on renonce donc à nous noyer avec des fastidieuses explications fondées sur le taux d'abstentionnisme des Hongrois septentrionaux du Kentucky oriental. Fi des longs discours didactiques pontifiants. La cause de la défaite d'Hillary se formule en une seule phrase.

Un système électoral désuet.

Ni plus, ni moins.

(Bon, d'accord, on y ajoutera charitablement, encore que cela ne soit pas nécessaire, la jurisprudence raciste Shelby County v. Holder, par laquelle, en 2013, la Cour suprême des Etats-Unis a donné le feu vert aux autorités électorales d'Etats républicains pour contourner la Voting Rights Act de 1965 et entraver le droit de vote des Afro-Américains; cela a sans doute contribué au retour - pour l'instant partiel - à la grandeur que l'Amérique a connue à l'époque des lois Jim Crow).

Que cessent donc ces vaines jérémiades et que les pontes réservent leur battage de coulpe pour les vraies erreurs.

Au final, on comprend un peu le dédain des électeurs de "The Donald" envers les "talking heads" et autres "eggheads" (nulle allusion à l'un des méchants que combat inlassablement Batman).

LP


Thursday, November 10, 2016

President Donald Trump: only in America.



Le 10 novembre 2016.

"It can't happen here".
- Titre d'un roman de Sinclair Lewis publié en 1935.

Les Etats-Unis sont vraiment "the land of opportunity". Nulle part ailleurs un exploitant de casinos, petit-fils d'un Allemand tenancier de lupanar au Canada, ne pourrait acheter la charge de chef de l'Etat.  

Le président-élu, Donald J. Trump, ayant mené son OPA de main de maître, a prononcé un discours lénifiant, appelant la nation à l'unité. La partie la plus émouvante fut celle des remerciements, aux collaborateurs, à la famille, etc.. L'on peut cependant regretter qu'il ait omis de signaler sa dette envers son ami, créancier et collaborateur technique, Vladimir Poutine et le serviable James Comey.

Et, comble de la magnanimité, il a rendu hommage aux services rendus au pays par la candidate malheureuse, Hillary Clinton. Faut-il en inférer qu'il n'a plus l'intention de l'envoyer derrière les barreaux?

Parlant d'établissements carcéraux, un certain Julien Assange n'a sans doute pas versé des torrents de larmes sur la défaite de l'ex-secrétaire d'Etat, mais il a droit à l'indulgence. On se souviendra, en effet, qu'elle était de mèche avec un gouvernement sans scrupules ayant tenté d'obtenir, des autorités suédoises, l'extradition du fondateur de Wikileaks. Pour cela, il fallait le ramener en territoire suédois et il fut donc ordonné aux véreux procureurs du Roi, Marianne Ny en l'occurrence, à la solde de Washington, de le faire citer à comparaître pour interrogatoire au sujet de dossiers de viol montés de toutes pièces. Le prochain locataire de la "White House Tower" serait bien avisé de ne pas céder à la facile tentation de poursuivre Hillary au pénal; ce serait d'un gauche et permettrait à celle-ci de prendre la pose du martyr.

Au contraire, la plus élégante des mesures à prendre dès son investiture serait de clore le dossier Assange et ainsi mettre fin à cette grossière, mais sinistre, instrumentalisation politique du droit pénal international, qui ne "trompe" que qui veut, ce qui permettra à l'Australien, héroïque émule de Daniel Ellsberg, de sortir de son refuge diplomatique équatorien à Londres; il peut aussi envisager la remise de la Presidential Medal of Freedom, et, pourquoi pas, la prise d'un décret présidentiel lui accordant la nationalité américaine pour services rendus à l'Amérique et à l'humanité.

Et réserver un "hero's welcome" à Edward Snowden.

On ne saurait imaginer plus exquis camouflet assené à Hillary, et à toute l'administration Obama, lequel ne pourrait que rallier les contribuables encore épris de transparence (surtout ceux qui n'ont droit à nulle exemption fiscale) et qui financent toutes les activités de l'Etat, légales et illégales,.

Mais que les déçus se consolent. Avant le 8 novembre, presque la moitié des états autorisaient déjà la marijuana médicale. En outre, quatre états venaient d'approuver le chanvre à usage récréatif et aujourd'hui, on en compte trois de plus, dont la Californie.

Nul ne pourra détruire le rêve américain.

LP


Saturday, November 5, 2016

Elections présidentielles aux Etats-Unis : le choix est clair.



Le 5 novembre 2016.

Dans les pantalons de Hitler, les fesses de Goering seraient à l'aise.
- Benito Mussolini.

Yes, they've looked down their nose at you and me a long time. They've called us rednecks -- the Republicans and the Democrats. Well, we're going to show, there sure are a lot of rednecks in this country.
- George Wallace (en 1968).

A votre gauche, une adversaire acharnée de la liberté de la presse et des lanceurs d'alerte ayant l'insolence d'exposer les crimes du gouvernement américain, inféodée à Wall Street, qui, avec son mari, a gagné des dizaines de millions - mais… scrupuleusement déclarés au fisc - avec ses captivantes conférences à faire pâlir d'envie Dale Carnegie, et au profit de qui fut truqué le processus des primaires par la hiérarchie du parti démocrate au détriment de Bernie Sanders.

A votre droite, un homme d'affaires, héritier d'une fortune familiale bâtie notamment à partir des profits dégagés par la maison de passe exploitée au Canada et importés aux Etats-Unis par bon-papa Trumpf. Une forme de libre-échange de biens et services avant la lettre. (Voilà une belle famille où l'on cultive, de père en fils, des relations privilégiées avec les travailleuses).

"The Donald" est un bateleur que l'on dirait inspiré par la gouaille d'un Jean-Marie Le Pen s'il pratiquait la langue française; cependant, vu son ADN germanique, il puise plutôt sa rhétorique incendiaire dans une tradition austro-allemande éprouvée (et quoi de plus emballant qu'un orateur flamboyant à la chevelure rebelle, à défaut de petite moustache?). Il usurpe allègrement le titre de "self-made man", surévalue sa fortune, mais… échappe habilement aux ponctions fiscales. Ultime consécration : il vient d'être adoubé par le Ku Klux Klan, une ONG bien américaine, qui aspire aussi à l'authentique restauration de la grandeur américaine.

Assiste-t-on, dans la libre Amérique, au remake, en temps réel, de "Birth of a Nation"?

En 1915, D.W. Griffith vilipendait les Noirs violeurs, avides de la chair fraîche des pures et innocentes Southern belles. En 2016, le roi de la téléréalité, a su recycler le scénario et poser en preux chevalier protecteur des gentes damoiselles rednecks et autres beautés banlieusardes désespérées.

LP

Sunday, October 30, 2016

Signature du CETA : miracle à Namur.

Le 30 octobre 2016.


De tous les peuples de la Gaule, les Belges sont les plus braves.
- Jules César.

On me demande une épitaphe
Pour la Belgique morte. En vain
Je creuse, et je rue et je piaffe ;
Je ne trouve qu’un mot : « Enfin ! ».

La Belgique est le bâton merdeux de l'Europe.
- Charles Baudelaire.

La Belgique est un pays trop souvent méconnu, alors qu'il devrait mieux se distinguer par ses bières, ses moules-frites, sans oublier qu'il est probablement le véritable créateur du steak-frites, abusivement attribué à la France.

Les choses viennent de changer avec la controverse entourant le Comprehensive Economic and Trade Agreement, plus connu sous l'acronyme de CETA en bon français, un traité de libre-échange négocié par le Canada d'une part, et l'Union européenne d'autre part.

A la onzième heure, le parlement wallon, par la bouche de son ministre-président, M. Paul Magnette, a opposé son véto à la signature de ce traité par Bruxelles. A travers le monde, des hordes de manifestants altermondialistes, ne maîtrisant pas toujours la notion d'économie d'échelle, ont bravé les intempéries afin de soutenir les héroïques wallons résistant encore et toujours à l'invasion des méchantes multinationales et crié victoire.

Et, coup de théâtre, après environ deux semaines de suspense hitchcockien, le monde respire : tous les problèmes sont réglés. Effacées les craintes relatives au mécanisme d'arbitrage, annulée l'apocalypse agro-écologique... Les périls s'estompent toujours après une lampée de Stella Artois - la potion magique belge - et l'on a pu parapher en toute quiétude ce qui était, il y a encore quelques jours, un abominable acte de capitulation au profit du terrifiant impérialisme canadien, attisé par la féroce rhétorique de Justin (d'autant plus mordante qu'il s'exprime dans un franglais impeccable); d'aucuns avaient cru voir en lui un épouvantail quasi-mussolinien.

Il faut rendre un vibrant hommage à l'Astérix sans moustaches, Paul Magnette, dont la tchatche surpasse le bagout du vendeur d'assurances "belgicain" Séraphin Lampion : grâce à une mise en scène savamment orchestrée, il a réussi à placer sa région, jusque là occultée par les brumes, sur la carte mondiale. Voilà qui attirera les touristes du monde entier, et pas seulement du Canada. Une campagne publicitaire menée de main de maître, qui se traduira par la plus belle forme de libre-échange.

Il ne faut jamais sous-estimer l'intelligence belge, et encore moins la finesse wallonne.

LP


Saturday, October 22, 2016

Elections truquées aux Etats-Unis?



Le 22 octobre 2016.

Une victoire racontée en détail, on ne sait plus ce qui la distingue d'une défaite.
- Jean-Paul Sartre.

I’m an idealist without illusions.
- John Fitzgerald Kennedy.

Tu sais, la victoire et la défaite, c'est pareil : ça se traduit par des larmes.
- Philippe Léotard.

Suite au troisième débat électoral opposant le propriétaire du Trump Taj Mahal à la conférencière préférée des banquiers de Wall Street (qui prêche, moyennant juteux honoraires, les vertus de l'autoréglementation), il est maintenant reproché au premier de ne s'être pas engagé à respecter le résultat du scrutin du 8 novembre prochain. Les poncifs tirés de la grandeur de la démocratie américaine ne se sont pas fait attendre. Hillary déclare vertueusement :
                                            
Now that is not the way our democracy works. We've been around for 240 years. We've had free and fair elections.
                            
Tout d'abord, voilà qui est un peu déformer la réaction de Donald Trump, laquelle implique plutôt l'attente de vérifications et, le cas échéant, de contestations judiciaires.

Chose plus regrettable, la candidate démocrate reprend à son compte une certaine mythologie politique, démentie par l'histoire : l'organisation occulte des élections locales (maires, sheriffs, greffiers de cours municipales…) est une vieille et respectée tradition américaine; la démocratie municipale New Yorkaise a longtemps pu s'enorgueillir de Tammany Hall ; et quoi de mieux pour refléter la volonté populaire que le "gerrymandering", à savoir l'artistique découpage partisan des circonscriptions électorales de la chambre des représentants? Pour mémoire, voici quelques exemples concrets tirés de la vie politique nationale plus récente.

Lyndon Baines Johnson est devenu sénateur du Texas en 1949 grâce à une fraude électorale gigantesque, (ses 89 voix d'avance lui valurent l'affectueux surnom de "Landslide Johnson") notamment par l'instrumentalisation du système judiciaire avec la participation de l'avocat Abe Fortas, qui fut par le suite nommé juge à la Cour suprême par le président Johnson en 1965. (Incidemment, la nomination du juge Fortas au poste de juge en chef en 1968 fut rejetée par le Sénat car il avait encaissé de généreux honoraires de société commerciales alors qu'il était magistrat, et il fut obligé de démissionner en 1969 en raison de liens scabreux avec un financier de Wall Street…)

En 1960 eut lieu une élection présidentielle extrêmement serrée, et de nombreux morts votèrent avec enthousiasme pour John Kennedy dans des Etats-clés, notamment à Chicago, nul doute convaincus par le solide argumentaire du maire Daley.

Par ailleurs, on se souviendra que les Noirs américains ont dû faire face à de nombreux obstacles pour se faire inscrire sur les listes électorales, même après 1865. De nos jours, de nombreux Etats contrôlés par les Républicains (la majorité des 50) ont souvent recours à la radiation des listes électorales des personnes condamnées pour violation des lois réprimant les stupéfiants; comme par hasard, les Noirs sont ciblés avec un zèle particulier par les forces de l'ordre, on assiste donc à un subtil contournement de la Voting Rights Act de 1965, censée interdire la discrimination en matière électorale.

En 2000, 5 pantins républicains siégeant à la Cour suprême ont servi à Dubya la présidence sur un plateau d'argent.

Enfin, est déjà passée dans les annales la cabale dont fut victime Bernie Sanders cette année au sein même du parti démocrate.

Hillary ajoute:

We've accepted the outcomes when we may not have liked them.

En effet, les perdants ont souvent été beaux joueurs, mais… vu qu'il était prévisible que leur propre image ressortît quelque peu ternie de procédures judiciaires, on peut conjecturer que cela a quelque peu contribué à une certaine retenue.

Depuis des lustres, la population américaine est tenue en otage par deux grands partis duopolistiques qui se partagent le gâteau, dans des proportions variables au fil du temps.

Qui truque quoi en 2016?

En conclusion, l'ex-secrétaire d'Etat a fait cette judicieuse observation :

I have been privileged to see the presidency up close.

C'est le mot exact, même si certaines stagiaires ont joui d'un point de vue encore plus rapproché. Les électrices, surtout, apprécieront.

Lorsque l'on est à la Maison Blanche (ou que l'on veut y parvenir), il faut savoir avaler beaucoup de couleuvres gluantes et même boire le calice jusqu'à la lie.

LP



Tuesday, October 11, 2016

Le rabelaisien Donald Trump.

Le 11 octobre 2016.



I don’t want loyalty. I want loyalty! I want him to kiss my ass in Macy’s window at high noon and tell me it smells like roses.
- Lyndon Johnson.

Je suis contre les femmes, tout contre.
- Sacha Guitry.

La campagne électorale américaine a été riche en rebondissements.

Le fondateur de la Trump University (mieux connue pour son département de philosophie médiévale) a été triomphalement désigné comme candidat du parti républicain et obtenu le soutien, parfois, conditionnel des caciques de son parti qui n'ont pas retenu contre lui un programme et des opinions peu orthodoxes en matière d'immigration, de libertés publiques, de relations internationales et d'économie, pas plus que son bilan parfois mitigé concernant la gestion de ses propres entreprises et de sa brillante planification fiscale.  exprimés par un franc parler peu courant

Et soudain : Le coup de théâtre.

La bombe.

L'électorat vient d'apprendre une nouvelle stupéfiante : le candidat républicain aime à lutiner les femmes, il a envie d'embrasser toutes celles qui correspondent à ses critères physiques, après avoir sucé des tic-tacs, bien entendu. De surcroît, il estime que les stars peuvent faire obtenir toutes les faveurs de qui elles veulent.

On s'attendait à tout sauf à cela. Surtout son langage grivois.

Passe encore qu'il ait utilisé les lois sur l'insolvabilité et fiscales à son avantage par le passé, mais cette fois-ci, trop c'est trop.

L'Amérique, surtout féminine, s'émeut des coquines remarques du candidat républicain.

S'offusquent des féministes confirmés, comme le président de la chambre des représentants, Paul Ryan, qui proclame que les femmes doivent être "respectées" et surtout pas "objectifiées", lui qui refuse l'avortement aux femmes engrossées par un violeur car peu importe "le mode de conception" du fœtus; comme le candidat malheureux Mitt Romney, qui disposait de "catalogues pleins de femmes" où puiser des collaboratrices.

D'aucuns vont même jusqu'à appeler au retrait du candidat.

Les lecteurs de Philip Roth ne peuvent qu'apprécier les espiègles sorties de Donald Trump. Ses autres révélations juteuses, notamment en ce qui concerne les rapports intimes avec les femmes au cours de leur cycle menstruel, ne peuvent que les allécher. (On oserait rêver d'une biographie rédigée dans l'esprit de "Portnoy's complaint", la réalité dépassant en l'occurrence la fiction.)

Cela dit, on pourrait signaler au reste de l'Amérique, parfois un brin pudibonde, que la truculence du propriétaire de la Trump Tower concernant sa conception des relations entre les sexes et ses hyperboles verbales en général s'inscrivent dans une longue tradition présidentielle aux Etats-Unis, traditionnellement plus souvent pratiquée dans l'intimité, évidemment. Voici quelques exemples puisés dans les annales.

John Kennedy, quasi-"canonisé" dès son assassinat, entretenait des relations approfondies et régulières avec la gent féminine et tenait des propos au sujet de ces conquêtes - qui lui ont valu moultes infections vénériennes - pas toujours puisés dans les sonnets de Shakespeare.

Son successeur, l'ex-instituteur dans le civil - idole des jeunes pendant la guerre au Vietnam - Lyndon Johnson, n'est pas passé à l'histoire pour sa retenue verbale et sa fidélité conjugale infaillible à Lady Bird.

La dénonciation du complot juif et les métaphores concernant les pratiques bucco-phalliques attribuées aux personnes peu estimées émanant d'un Richard Nixon font partie de l'histoire constitutionnelle américaine.

Mais que l'on se rassure pour la bonne continuation de la campagne de Donald Trump : il dispose d'une solution bien simple pour dissiper ce petit accroc. Comme il l'a expliqué lors du deuxième débat, il ne s'agissait que de vaines vantardises de vestiaire. Pourtant, il peut mieux faire : se soumettre à la thérapie, bien américaine, qui amena jadis le fin connaisseur de cigares Bill Clinton, et par la suite, le révérend Jesse Jackson, à la repentance et à la rédemption suite à leurs propres frasques (pas seulement verbales).

A savoir la participation à un groupe de prière évangélique.

Et tout rentrera dans l'ordre : il pourra se présenter au troisième débat, pénétré de l'Esprit saint, prêt à séduire les électrices.

LP


Saturday, October 8, 2016

Eric Zemmour apologiste du terrorisme?



Le 8 octobre 2016.

There's no such thing as bad publicity except your own obituary.
- Brendan Behan.

Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car tu as été étranger en terre d’Egypte.
- Lévitique XIX, 34.

En France, le procureur de la République de Paris a ouvert une enquête préliminaire concernant l'apprenti-polémiste Eric Zemmour au sujet des déclarations suivantes :

Je respecte les djihadistes prêts à mourir pour ce en quoi ils croient – ce dont nous ne sommes plus capables. » « Je respecte les djihadistes prêts à mourir pour ce en quoi ils croient – ce dont nous ne sommes plus capables… Je ne pense pas que les djihadistes soient des abrutis ou des fous.

Alors qu'il lui était demandé s'il respectait « des gens qui roulent en camion sur des enfants », relativement à l'attentat du 14 juillet à Nice, il répond :

Quand des gens agissent parce qu'ils pensent que leurs morts le leur demandent, il y a quelque chose de respectable. (...) C'est ainsi, les humains sont complexes, donc combattons-les, mais arrêtons de les mépriser !

Si l'on peut, hélas, comprendre la dénonciation de ces propos par SOS Racisme et surtout la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (les pauvres), la réaction de certains magistrats ne laisse pas d'étonner, même si elle s'inscrit dans une récente jurisprudence Jean-Marc Rouillan, un ancien membre d'Action directe, condamné le 7 septembre dernier à huit mois de prison pour apologie du terrorisme (il avait qualifié de "courageux" les auteurs des attentats djihadistes du 13 novembre).

Faut-il le rappeler? Aux Etats-Unis, où l'on ne plaisante pas avec la liberté d'expression défendue jadis par Voltaire (nul n'est prophète en son pays), ce genre de divagations n'a nulle conséquence juridique, ce qui épargne au ministère public de lourdes et inutiles ponctions dans ses ressources budgétaires.

(Bien sûr, il y a déjà dans le pays de Donald Trump un astronomique gaspillage dû au coût de la vaine répression des infractions relatives aux stupéfiants exercée par des agents ciblant de manière disproportionnelle les petits dealers latinos et africains-américains des ghettos afin de "faire du chiffre" facilement, comme les forces de l'ordre françaises les Arabes et les Noirs des banlieues difficiles; cela dit, toute économie est bonne à prendre).

Nous voici donc aujourd'hui, à l'orée d'une nouvelle et spectaculaire affaire Zemmour. Elle rappelle, s'il en était besoin, au mieux, la sottise, au pire, la complicité, de procureurs oisifs posant en protecteurs de l'ordre public en France, qui n'ont apparemment pas suffisamment de gibier fiscal dans leur ligne de mire. Il n'y a qu'en France où l'on peut feindre de prendre au sérieux de telles élucubrations et de ne pas comprendre qu'il n'y a en l'occurrence, de la part d'un piètre imitateur de l'authentique Gaulois Robert Brasillach, d'un gribouilleur exploitant sans vergogne le créneau xénophobe, qu'une nouvelle opération publicitaire. Grossière.

A preuve, ses précédentes condamnations pour provocation à la haine raciale, en 2011 après avoir propagé le mythe que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait", et en 2015 (les musulmans "ont leur code civil, c'est le Coran"), lesquelles n'ont manifestement rien eu de dissuasif. Il faut, au contraire, parler d'appel d'air. On reconnaît là la technique de marketing magistralement affinée au fil des décennies par Jean-Marie Le Pen.

La millénaire accusation de meurtre rituel et le venin des "Protocoles des sages de Sion", plus ou moins recyclés, demeurent porteurs, surtout lorsqu'ils sont récupérés par un mercantile et caricatural berbère de "confession" mosaïque.

Pour mener efficacement "son combat", il n'a nul besoin de réinventer la roue.

Que les procureurs de France et de Navarre reprennent leurs esprits : la pire, la plus cruelle, et la plus économique des sanctions pénales que l'on puisse imaginer pour lui est le silence. Méprisant.

On signale en ce moment une épidémie de "creepy clowns" rodant sur les voies publiques en Amérique du Nord. Il est concevable qu'ils se sont inspirés d'Eric Zemmour, qui, lui, n'a même pas besoin de maquillage pour terroriser… les petits enfants.

http://www.liberation.fr/societe/2011/02/18/eric-zemmour-condamne-pour-provocation-a-la-haine-raciale_715939

LP