Saturday, October 8, 2016

Eric Zemmour apologiste du terrorisme?



Le 8 octobre 2016.

There's no such thing as bad publicity except your own obituary.
- Brendan Behan.

Tu aimeras l’étranger comme toi-même, car tu as été étranger en terre d’Egypte.
- Lévitique XIX, 34.

En France, le procureur de la République de Paris a ouvert une enquête préliminaire concernant l'apprenti-polémiste Eric Zemmour au sujet des déclarations suivantes :

Je respecte les djihadistes prêts à mourir pour ce en quoi ils croient – ce dont nous ne sommes plus capables. » « Je respecte les djihadistes prêts à mourir pour ce en quoi ils croient – ce dont nous ne sommes plus capables… Je ne pense pas que les djihadistes soient des abrutis ou des fous.

Alors qu'il lui était demandé s'il respectait « des gens qui roulent en camion sur des enfants », relativement à l'attentat du 14 juillet à Nice, il répond :

Quand des gens agissent parce qu'ils pensent que leurs morts le leur demandent, il y a quelque chose de respectable. (...) C'est ainsi, les humains sont complexes, donc combattons-les, mais arrêtons de les mépriser !

Si l'on peut, hélas, comprendre la dénonciation de ces propos par SOS Racisme et surtout la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (les pauvres), la réaction de certains magistrats ne laisse pas d'étonner, même si elle s'inscrit dans une récente jurisprudence Jean-Marc Rouillan, un ancien membre d'Action directe, condamné le 7 septembre dernier à huit mois de prison pour apologie du terrorisme (il avait qualifié de "courageux" les auteurs des attentats djihadistes du 13 novembre).

Faut-il le rappeler? Aux Etats-Unis, où l'on ne plaisante pas avec la liberté d'expression défendue jadis par Voltaire (nul n'est prophète en son pays), ce genre de divagations n'a nulle conséquence juridique, ce qui épargne au ministère public de lourdes et inutiles ponctions dans ses ressources budgétaires.

(Bien sûr, il y a déjà dans le pays de Donald Trump un astronomique gaspillage dû au coût de la vaine répression des infractions relatives aux stupéfiants exercée par des agents ciblant de manière disproportionnelle les petits dealers latinos et africains-américains des ghettos afin de "faire du chiffre" facilement, comme les forces de l'ordre françaises les Arabes et les Noirs des banlieues difficiles; cela dit, toute économie est bonne à prendre).

Nous voici donc aujourd'hui, à l'orée d'une nouvelle et spectaculaire affaire Zemmour. Elle rappelle, s'il en était besoin, au mieux, la sottise, au pire, la complicité, de procureurs oisifs posant en protecteurs de l'ordre public en France, qui n'ont apparemment pas suffisamment de gibier fiscal dans leur ligne de mire. Il n'y a qu'en France où l'on peut feindre de prendre au sérieux de telles élucubrations et de ne pas comprendre qu'il n'y a en l'occurrence, de la part d'un piètre imitateur de l'authentique Gaulois Robert Brasillach, d'un gribouilleur exploitant sans vergogne le créneau xénophobe, qu'une nouvelle opération publicitaire. Grossière.

A preuve, ses précédentes condamnations pour provocation à la haine raciale, en 2011 après avoir propagé le mythe que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait", et en 2015 (les musulmans "ont leur code civil, c'est le Coran"), lesquelles n'ont manifestement rien eu de dissuasif. Il faut, au contraire, parler d'appel d'air. On reconnaît là la technique de marketing magistralement affinée au fil des décennies par Jean-Marie Le Pen.

La millénaire accusation de meurtre rituel et le venin des "Protocoles des sages de Sion", plus ou moins recyclés, demeurent porteurs, surtout lorsqu'ils sont récupérés par un mercantile et caricatural berbère de "confession" mosaïque.

Pour mener efficacement "son combat", il n'a nul besoin de réinventer la roue.

Que les procureurs de France et de Navarre reprennent leurs esprits : la pire, la plus cruelle, et la plus économique des sanctions pénales que l'on puisse imaginer pour lui est le silence. Méprisant.

On signale en ce moment une épidémie de "creepy clowns" rodant sur les voies publiques en Amérique du Nord. Il est concevable qu'ils se sont inspirés d'Eric Zemmour, qui, lui, n'a même pas besoin de maquillage pour terroriser… les petits enfants.

http://www.liberation.fr/societe/2011/02/18/eric-zemmour-condamne-pour-provocation-a-la-haine-raciale_715939

LP

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