Wednesday, September 28, 2016

Au premier débat électoral aux Etats-Unis, le spécialiste de l'esquive annonce son programme électoral : "Believe me".

Le 28 septembre 2016.


I learned long ago, never to wrestle with a pig, you get dirty; and besides, the pig likes it. - George Bernard Shaw.

If you can count your money, you don’t have a billion dollars.
- J. Paul Getty.

Gagner dans le commerce de la boue vaut mieux que de perdre dans celui du musc.
- Proverbe arabe.

Le premier débat entre l'ex-secrétaire d'Etat Clinton et le fondateur de la Trump University a permis de mieux j(a)uger le roi de la télé-réalité. Sa propre expérience, qu'il déclare supérieure à celle de sa rivale est, en effet, riche d'enseignements, non seulement pour l'électeur moyen, mais surtout pour les aspirants entrepreneurs.

D'abord, on constate que, manifestement, les facilités financières familiales constituent une tradition bien établie au parti républicain, chantre de la libre entreprise et du devoir de chacun de ne compter que sur soi-même : comme George Herbert Walker Bush, qui avait lancé son entreprise pétrolière au Texas avec l'appui d'un généreux tonton millionnaire, Donald J. a fait fructifier le capital fourni par papa Trump.

Par exemple, le nouvel investisseur qui opte pour l'industrie du logement évite, prudemment, de prendre des locataires afro-américains, mauvais payeurs.

En outre, il est expliqué, sans rire, que l'homme d'affaires avisé sait utiliser les lois sur l'insolvabilité pour ne pas payer ses cocontractants; et alors qu'on lui demande pourquoi il ne veut pas publier ses déclarations de revenu, Donald Trump rétorque, en substance, qu'il faut surtout savoir exploiter les lacunes du Internal Revenue Code pour ne pas payer un sou d'impôts, fussent-il déjà faibles ("that makes you smart"), destinés de toute manière à être gaspillés par l'Etat.

(On pourrait évidemment se demander quelle serait alors l'utilité sociale de promettre d'autres baisses d'impôt aux plus riches, puisque les plus intelligents d'entre eux y trouvent déjà leur compte, mais, en matière d'optimisation fiscale, on peut toujours faire mieux.)

Avec son slogan "Law and Order", il fait un joli coup double, qui a une dimension économique allant au-delà du simple droit pénal. Vu que le rôle de l'Etat est de créer des conditions propices aux affaires, quoi de mieux que la libre des circulation des armes à feu, les impitoyables lois antidrogues et un système pénal et carcéral américain conçu pour cibler les minorités, souvent pour des infractions mineures et qui ne peuvent se défendre efficacement? Le cocktail idéal pour remplir de chair fraîche (et parfois défraîchie) les prisons gérées par l'entreprise privée, laquelle, comme la National Rifle Association, finance allègrement les campagnes électorales des législateurs afin d'assurer le maintien de la législation en vigueur qui nourrit la criminalité. Fi des angélistes qui veulent diminuer les lucratifs marchés des dynamiques créateurs d'emploi. La prison et les murs frontaliers constituent  un domaine d'avenir aux Etats-Unis; c'est ce qui s'appelle investir dans le dur.

Et vive la solution magique du protectionnisme, qui seul peut protéger l'Amérique du péril estranger, surtout jaune (c'est notamment la Chine qui est à l'origine du grotesque canular du réchauffement global, concocté pour rendre les entreprises américaines moins concurrentielles).

Globalement, il ressort de son argumentaire cette évidence que le riche est le meilleur ami du pauvre.

(Détail amusant : il soutient qu'un journaliste envoyé au Kenya pour rechercher le certificat de naissance de l'actuel président et lui reproche de n'avoir rien trouvé. Ce qui était prévisible, puisque, précisément, Barack Obama est né aux Etats-Unis, ce qu'il niait jusqu'à il y a quelques jours).

Enfin, il revendique - toujours sans rire- un meilleur tempérament que Hillary Clinton et une plus grande endurance (mais cette fois-ci, à cet égard, nulle pique friponne inspirée par le cycle menstruel de la candidate, et pour cause.)

Celle-ci a affiché un sourire forcé et condescendant pendant une bonne partie du débat, moins à la fin cependant, notamment quand elle évoquait le quotidien de la communauté afro-américaine et la question du contrôle des armes à feu.

L'épouse de l'ex-président a tenu un discours plus humaniste, plus optimiste, et plus prometteur que celui de "The Donald". Mais vu que son mari, pendant 8 ans, n'a pas enrayé la stagnation ou même la dégradation de la situation des moins fortunés, par exemple, des résidents de coquettes stations balnéaires comme Camden, East Saint-Louis et Flint, entamée dès le début de l'ère Reagan - la plus keynésienne et interventionniste de l'histoire américaine, dans l'industrie militaire, s'entend - on attend avec un certain scepticisme les résultats si cette féministe, qui n'a pas volé le titre d'outsider de la Maison Blanche et qui a brisé le plafond de verre à la force du poignet, est élue.

Are we supposed to… believe her?

LP



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