Le 26 septembre
2016.
Mon
juge, Je voudrais qu’un homme, un seul, me comprenne. Et je voudrais que cet
homme soit vous.
- Georges Simenon (Lettre à mon juge).
Au Gabon, ce joyau
de la Françafrique, la Cour constitutionnelle, fidèle à la plus noble tradition
juridique française, valide la réélection d'Ali Bongo, qui a obtenu, à la
loyale, comme chacun le sait, 50,66% des voix.
(On ne pouvait
imaginer plus bel hommage à la mémoire de Charles Pasqua et de Jacques Foccart,
infatigables défenseurs de l'Etat de droit démocratique, surtout dans les
(anciennes?) colonies, qui entretenaient de solides liens d'amitié avec le père
de l'actuel père de la nation gabonaise, le regretté et œcuménique Omar Bongo, baptisé
catholique en 1968 et ultérieurement converti sincère (pour ne pas dire
mystique) à l'islam en 1973. Qu'on se le dise : l'héritage gaulliste est sauf).
Par ailleurs, presque
simultanément, en France (l'ex-métropole), le Conseil constitutionnel, restant
sereinement au-dessus de la mêlée, conclut "qu'en ne soumettant le recours
aux perquisitions [administratives effectuées entre le 14 et le 20 novembre
2015 suite aux attentats du 13 novembre] à aucune condition et en n'encadrant
leur mise en œuvre d'aucune garantie, le législateur n'a pas assuré une conciliation
équilibrée entre l'objectif de valeur constitutionnelle de sauvegarde de
l'ordre public et le droit au respect de la vie privée".
Cela posé, les
"sages" décident, au final, de les valider au nom… de l'ordre public.
Le justiciable, toujours
friand de victoires morales, sera tenté de rapprocher cette impressionnante
jurisprudence à l'arrêt Canal, rendu
en 1962 par le Conseil d'Etat, lequel consacrait l'épique (quoique posthume)
victoire du Lieutenant Roger Degueldre (évoquée avec émotion dans une
précédente chronique) en concluant que la procédure expéditive qui avait,
quelques mois auparavant, abouti à sa condamnation à mort et à son exécution,
était, au final, illégale.
Aujourd'hui, on
trouvera des matérialistes bornés pour déplorer que ce nouveau précédent assure,
notamment, aux autorités policières françaises toute latitude pour agir de
manière à gonfler leurs statistiques.
L'important est que,
avec une justice indépendante, majestueusement platonicienne, les principes
triomphent toujours sur le plan métaphysique, même s'ils n'ont pas toujours un
impact concret sur le monde sublunaire.
LP
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Est à signaler un autre
instructif développement sur la conception française des droits de l'homme,
notamment sur le plan de l'égalité devant la loi.
Le président
Hollande vient de reconnaître, de manière émouvante, 54 ans après les faits, et
environ 8 mois avant les prochaines élections présidentielles, le drame des
Harkis.
Les musulmans ayant
combattu pour la France pendant la guerre d'Algérie furent récompensés par la
patrie reconnaissante comme il se doit : en 1962, à la veille de l'indépendance
de l'Algérie, le pouvoir gaulliste s'opposa à leur rapatriement en métropole; ils
furent donc sciemment livrés aux représailles du FLN, surtout des fellaghas de
la 11ème heure : on massacra, tortura, mutila, ébouillanta, émascula, etc.. Un
certain nombre de ces citoyens français "à part entière" (dixit De Gaulle à une certaine époque) atteignit
quand même le sol français grâce à des officiers ayant désobéi aux ordres, et
ayant donc conservé un minimum d'honneur, pour se retrouver parqués dans des
camps de quasi-prisonniers où ils croupirent pendant des années (ce qui ne fut évidemment
pas le cas de leurs compatriotes pieds-noirs, de souche européenne…)
Sur sa lancée, après
avoir dénoncé la boucherie administrative perpétrée en 1962 par l'Etat
français, le possible candidat à sa propre succession à la magistrature suprême
serait bien inspiré de s'exprimer publiquement sur l'exécution du Lieutenant
Degueldre, un assassinat judiciaire constaté par la plus haute juridiction
administrative, commis la même année par la présidence.
LP
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