Tuesday, September 13, 2016

Il y a 15 ans déjà, Oussama Bin Laden gagnait la première manche.

Le 13 septembre 2016.


Le célèbre Lucius Cassius, que le peuple romain a l'habitude de considérer comme un juge très honnête et sage, avait l'habitude de demander, encore et encore, à qui ça profite ?
- Cicéron.

Simply put, the world has enough terrorists. We do not need the police to create more out of marginalized people who have neither the capacity nor sufficient motivation to do it themselves.
- La juge Catherine Bruce de la Cour suprême de la Colombie-Britannique (affaire R. v. Nuttall, 2016 BCSC 1404).
                                                       
Le 11 septembre 2001, le monde basculait dans le XXIe siècle : disparaissaient de manière spectaculaire aux Etats-Unis 3000 personnes. Cette année-là, on compta donc une hausse de 10% des morts violentes dans ce pays. L'attaque avait de quoi surprendre car étaient impliquées des créatures américaines : les talibans.

La loyauté est une qualité qui se perd de nos jours.

En 2016, quel est l'état des lieux alors que l'on commémore dans les larmes cette tragédie?

On voit un monde occidental hanté par Daech, dont le père fondateur est l'ex-pédégé d'Halliburton Dick Cheney;

Une Amérique où le candidat d'un grand parti national reprend à son compte le discours ouvertement raciste du Front national en France;

Une France où un ex-président, aux racines gauloises équivoques, à la langue et à la gestuelle de hooligan, plagie, de manière très peu "codée", le discours haineux lepéniste;

Un Canada où est en vigueur la parodique, liberticide et inefficace Loi antiterroriste adoptée par l'ex-gouvernement canadien "redneck" inféodé à Halliburton qui a persécuté sans vergogne un de ses propres citoyens - enfin… musulman…-, un enfant-soldat torturé à Guantanamo.

Il règne un climat d'hystérie xénophobe, qui se manifeste à l'occasion sur certaines plages méditerranéennes. On assiste au gaspillage éhonté des rares ressources policières et judiciaires, corrélatif à la dégradation des libertés publiques due à la récupération politicienne des tragédies et à l'instrumentalisation accrue de la justice (nettement plus grossière en France, qui n'avait vraiment pas besoin de ça). Et il est tellement plus facile de réprimer les concurrents politiques en agitant les petits drapeaux… Chaque époque offre aux politicards, au pouvoir… ou qui espèrent le (re)prendre, des aubaines pour leurrer et ameuter un électorat crédule et prôner l'affaiblissement de l'Etat de droit (déjà bien fragile), que ce soit la menace communiste dans les années 50, ou le djihaddisme aujourd'hui; celui-ci n'est pas à prendre à la légère, mais il appelle des solutions policières classiques, ni plus, ni moins, ou en tout cas, non-attentatoires aux libertés publiques, comme ce fut le cas pour les brigades rouges dans les années 1970.

Manifestement, au Canada, comme aux Etats-Unis et en France, du point de vue de certains policiers et procureurs oisifs, en mal d'avancement, les authentiques terroristes demeurent, pour l'instant, un gibier trop rare…

Aux Etats-Unis, on peut quand même se consoler sur le plan de la situation de l'emploi : l'industrie de la sécurité est florissante. On embauche!

L'entreprise privée y trouve plus que jamais son compte avec les nombreux et juteux contrats passés avec les autorités publiques et, comme chacun le sait, le bizenaisseman est toujours plus efficace que les bons à rien de fonctionnaires. La preuve : il arrive, par exemple, que même des petits commerçants canadiens inoffensifs et ayant pignon sur rue rentrant au bercail se font intercepter à la sortie du territoire américain, interroger avec des questions-pièges sur leurs allées-et-venues pourtant déjà consignées informatiquement, et fouiller leur véhicule pendant une heure par un escadron de 9 agents. On n'est jamais trop prudent et le contribuable américain peut être rasséréné.

En outre, les victimes du 11 septembre ont plus de chance que les 32 000 personnes qui tombent chaque année, au fil des jours, un par un, sous les balles crachées par l'une ou l'autre des quelque 300 millions d'armes à feu en libre circulation : pas de "Ground Zero" pour ces dernières dont le nom n'est inscrit dans nul mausolée de marbre. Dans un pays blasé par la violence, attisée par la "war on drugs", ces exécutions diffuses passent plutôt inaperçues; évidemment, quelques larmes coulent pendant quelques jours à l'échelle nationale lorsqu'il y a des tueries de masse, à condition qu'il y ait plus de quatre victimes à la fois et qu'elles soient surtout des écoliers blancs. Avec le World Trade Center, ce fut l'apothéose, surtout idéologique : aux Etats-Unis, bigger is better, or… worse.

Qu'il nous soit permis de faire cette suggestion : puisque les 60 000 militaires tombés en 10 ans de guerre au Vietnam ont leur Mémorial à Washington, pourquoi ne pas ériger, chaque année, un nouveau mémorial, à Camden, East Saint-Louis, Detroit…, permettant de sortir de l'anonymat les 32 000 personnes assassinées par la plus efficace organisation terroriste en activité, la National Rifle Association, qui bénéficie de la précieuse collaboration de la Drug Enforcement Administration? Voilà qui stimulerait l'industrie des travaux publics (et donc l'emploi) dans tout le pays, même si ces massacres ont déjà cet avantage d'offrir une solution partielle à la crise du logement.

(D'aucuns déploreront que le financement des écoles et des hôpitaux dans les ghettos devra attendre, mais… dépenses sécuritaires et militaires en Irak, et dividendes aux actionnaires de Halliburton obligent : il y a d'autres priorités que les nègres geignards, qui, de toute manière, sont pourris-gâtés depuis 1865).

La stratégie retenue il y a 15 ans par Oussama Ben Laden a fait de lui un visionnaire et a fait école.

Son successeur spirituel, Daech, a repris le flambeau en racolant sur Internet les paumés en mal d'identité et aux motivations pseudo-théologiques, et en les incitant à se livrer à des attaques ignobles, mais bien ciblées en Occident, très précisément conçues de manière médiatique; les règlements de compte des marchands de sommeil, statistiquement aussi affolants, mais moins susceptibles d'être fondés sur des considérations idéologiques, n'éclaboussent pas de la même manière les manchettes.

On peut difficilement se tromper quand on mise sur l'aveuglement (souvent volontaire), la stupidité, la cupidité, la démagogie et, en un mot, la complicité de l'ennemi.

Quoi de mieux que l'amener à se détruire lui-même?

Tel est le testament spirituel du satanique apôtre Oussama Ben Laden, qui peut reposer en paix. Vu ses brillantes réussites sur le terrain, tout les espoirs sont permis à ses suppôts, et il a bien mérité les petites gâteries des 72 vierges qui lui tiendront compagnie pour les siècles des siècles.

LP

PS. Les sobres lecteurs désireux d'approfondir leur réflexion sur le risque statistique réel posé par le terrorisme liront avec profit cette magistrale étude :

http://object.cato.org/sites/cato.org/files/pubs/pdf/pa798_1_1.pdf
 


No comments:

Post a Comment