Saturday, November 12, 2016

Les experts médiatiques ont toujours beaucoup d'aplomb.



Le 12 novembre 2016. 
 
Incestuous, homogeneous fiefdoms of self-proclaimed expertise are always rank-closing and mutually self-defending, above all else.
- Glenn Greewald.

Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau.
- Alexis de Tocqueville.

Even when the experts all agree, they may well be mistaken.
- Bertrand Russell.

Cela vaut encore plus pour les spécialistes de sciences "molles", non exactes, en particulier les économistes distingués, psychiatres, psychologues, sociologues, criminologues, anthropologues, ethnologues, thanatologues, et, évidemment, les éminents professeurs de science politique, qui ont occupé le devant de la scène ces derniers temps avec les élections américaines. Ces oracles ont multiplié leurs étincelantes interventions afin d'exposer  à la population leurs édifiantes prophéties.

Leurs défaites sont proportionnellement aussi retentissantes que leurs triomphes. Avec la victoire de Donald Trump, que de pleurs et de grincements de dents sur les plateaux de télévision! "Comment tout le monde a-t-il pu se tromper ainsi?" est le refrain inlassablement repris. L'on va presque jusqu'à déchirer ses vêtements et les téléspectateurs assistent à des autocritiques que n'eût pas désavouées le grand (et regretté) timonier chinois, Mao Tsé-Toung.

Pourtant, la réalité est on ne peut plus simple. Nul ne s'est trompé, justement : ni les sondeurs, et donc ni les politologues, ni les journalistes qui se sont appuyés sur leurs constats et tiré des conclusions logiques. On prévoyait une courte avance de Hillary dans le vote populaire, et, dans certains-pivots importants une avance parfois plus mince, la plupart du temps dans la marge d'erreur statistique.

Et c'est exactement ce qui s'est produit pour le vote populaire.

Le seul petit accroc pour Hillary est que c'est Donald Trump qui, en fin de compte, a bénéficié d'une minuscule avance dans certains états-pivots, ce qui les a fait basculer de son côté, lui donnant ainsi une majorité de grands électeurs.

Que l'on renonce donc à nous noyer avec des fastidieuses explications fondées sur le taux d'abstentionnisme des Hongrois septentrionaux du Kentucky oriental. Fi des longs discours didactiques pontifiants. La cause de la défaite d'Hillary se formule en une seule phrase.

Un système électoral désuet.

Ni plus, ni moins.

(Bon, d'accord, on y ajoutera charitablement, encore que cela ne soit pas nécessaire, la jurisprudence raciste Shelby County v. Holder, par laquelle, en 2013, la Cour suprême des Etats-Unis a donné le feu vert aux autorités électorales d'Etats républicains pour contourner la Voting Rights Act de 1965 et entraver le droit de vote des Afro-Américains; cela a sans doute contribué au retour - pour l'instant partiel - à la grandeur que l'Amérique a connue à l'époque des lois Jim Crow).

Que cessent donc ces vaines jérémiades et que les pontes réservent leur battage de coulpe pour les vraies erreurs.

Au final, on comprend un peu le dédain des électeurs de "The Donald" envers les "talking heads" et autres "eggheads" (nulle allusion à l'un des méchants que combat inlassablement Batman).

LP


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