Thursday, December 27, 2018

Noël 2018 : Le pape François fulmine contre le consumérisme "vorace".



Le 27 décembre 2018.

Mai 68. On disait non à la consommation et c'est devenu dix fois pire.
- Cabu.

Le Saint Père dénonce, éloquemment, les inégalités et l'égoïsme.

Il faut saluer ce vibrant appel au partage de la part du pédégé de Vatican Inc., dont l'assise financière repose sur la vente (parfois forcée) de contes de fées depuis deux millénaires, et dont les services bancaires sont particulièrement experts dans l'art du recyclage d'argent sale - dirions-nous impie?

Sans oublier que ses prélats demeurent, précisément, d'avides consommateurs de chair bien fraîche, surtout basanée et noire, nettement plus abordable que la blanche, c'est-à-dire à la fois plus docile et plus avantageuse financièrement. Dans les contrées ensoleillées, où abondent les palmiers et cocotiers, la livre de chair est écoulée au rabais.

LP

Wednesday, December 26, 2018

Le président Trump est un bourreau d'enfants.



Le 26 décembre 2018.

Il ne faut jamais blâmer la croyance des autres, c'est ainsi qu'on ne fait de tort à personne.
- Bouddha.

Il y a d'abord la regrettable politique de séparation des familles censée dissuader l'immigration illégale vers les Etats-Unis, qui produit des enfants impossibles à retrouver par leur parents. Et oui, bien sûr, on déplore la mort de deux enfants guatémaltèques dans les centres de rétention.  Que voulez-vous, nul système n'est parfait et des accrocs sont inévitables.

Cependant, le président vient de franchir odieusement une ligne rouge. Trop c'est trop.

Au cours d'une conversation téléphonique avec une fillette de 7 ans, il lui a reproché sa croyance au Père Noël. En effet, depuis deux ans, il est devenu un peu plus difficile d'y croire.

Mais que l'on se rassure, tout est bien qui finit finit bien, comme c'est la règle dans la libre Amérique : l'intéressée déclare persister en sa croyance.

LP

Thursday, December 20, 2018

Le discours politique est parfois kabbalistique.




Le 20 décembre 2018.

Read my lips.
- George Herbert Walker Bush (1988)

En 1971, Le premier ministre canadien, le suave et millionnaire Pierre Elliott Trudeau, bien connu pour sa conscience sociale, a-t-il dit en chambre : "fuck off" ou… "fuddle duddle"?

En 2018, au Royaume-Uni, l'antisémite chef du parti travailliste, Jeremy Corbyn, a-t-il murmuré, suite à une diatribe de la première ministre, Theresa May, en mode panique pour cause de Brexit mal ficelé : "stupid woman" ou "stupid people"?

LP

Wednesday, December 19, 2018

Le bilinguisme canadien à plusieurs vitesses.

Le 19 décembre 2018.


Wie viele Sprachen du sprichst, sooft mal bist du Mensch. (Plus tu connais de langues, plus tu es humain).
– Goethe.

Le Canada connaît des développements intéressants ces derniers temps en matière linguistique.

D'abord, le premier ministre ontarien Doug Ford, dont le titre de gloire est d'avoir ramené - en priorité bien entendu - le prix de la bière à 1$, reprend une vieille tradition consistant en la suppression ou, à défaut, la compression des services publics aux Franco-Ontariens, symbolisée aujourd'hui par la perte d'indépendance du commissaire aux services en français. Plus question, cela va sans dire, d'université francophone à Toronto, pourtant promise lors de la campagne électorale. Tout cela avalisé par la très complaisante Caroline Mulroney, désormais titulaire de la coquille vide du ministère des affaires francophones.

On annonce aussi des compressions dans le secteur de l'éducation, notamment en ce qui concerne les programmes « de perfectionnement des compétences pour les élèves atteints de troubles du spectre de l'autisme », et de « bien-être et santé mentale à l'école ». Nul crainte en ce qui concerne celui-ci : la bière à un 1$ est désormais source inépuisable de bien-être, y compris scolaire.

Par contre, les amateurs de logique déductive aristotélicienne auront compris que l'avenir n'est peut-être pas des plus prometteurs pour les petits Franco-Ontariens autistes.

Par ailleurs, suite au rejet du pétrole sale et cancérigène albertain proclamé par le premier ministre québécois François Legault, le maire de Calgary se fait huer, par une certaine plèbe ayant les deux pieds non pas dans la glaise mais plutôt dans le bitume, quand il prononce quelques mots dans un français assez convenable.

Mais le plus juteux provient du Nouveau-Brunswick.

Le nouveau gouvernement "progressiste(sic)-conservateur" de la seule province officiellement bilingue annonce que le bilinguisme n'est plus un critère d'embauche obligatoire pour les ambulanciers. Le ministre de la Santé, Hugh Flemming déclare même, sans rire : I consider today’s actions to be in the best interest of New Brunswickers because I am putting their lives and their safety first. Les patients acadiens unilingues apprécieront à sa juste valeur ce qui constitue, en substance, un arrêt de mort.

Sur la civière, ils risquent dorénavant de partager le sort des homards dans leur cage.

LP

Sunday, December 9, 2018

La dernière révolte fiscale en France : les "gilets jaunes".



Le 9 décembre 2018.
                                  
La France est un pays merveilleux : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts.
- Georges Clemenceau.

We don’t pay taxes. Only the little people pay taxes.
- "Queen of mean" Leona Helmsley.

Une tradition bien française depuis la gabelle médiévale : l'essence a remplacé le sel. On n'arrête pas le progrès.

Emmanuel Macron, jadis assistant du philosophe Paul Ricoeur, a suscité de nombreux espoirs de changement en 2016. Hélas, la suppression de l'ISF illustre la capacité séculaire des aristocrates à échapper à l'impôt et c'est le Tiers-Etat, à savoir la classe moyenne et les petites gens, qui écope. Il fallait sans doute être un peu utopiste pour s'imaginer que l'énarque Macron, ex-argentier de la banque Rothschild, s'attaquerait au vrai problème des finances publiques : les paradis fiscaux.

Les protestataires se veulent apolitiques. On les comprend. Peut-être devraient-ils malgré tout songer à fonder un parti dont le seul programme serait consacré uniquement à la lutte contre l'inéquité fiscale en France et le secret bancaire, et notamment, à la récupération des magots sommeillant à Jersey, à l'Ile de Man et à Singapour, par exemple, condition préalable à toute restructuration des lois fiscales : il serait sinon illusoire de concevoir des formules alternatives de taxation et d'imposition qui ne viseraient que la même pénurie. Cette seule mission, comprenant accessoirement le repérage des Cahuzac et des flux d'argent plus ou moins bien lessivés, devrait déjà garder bien occupés leurs élus, et, quoique circonscrite, elle aura une portée plus large que le programme de Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT).

Le PJEF : le parti jaune de l'équité fiscale. Ca sonne bien.

Cela dit, les gilets jaunes ont peut-être mal planifié leur calendrier de protestations : si on ne trouvait pas des foules de clients de Gucci et de LMVH parmi eux, nul doute que Carlos Ghosn, un autre persécuté fiscal, à la tête d'entreprises dont les produits sont grands consommateurs de carburant fossile, aurait voulu rejoindre leurs rangs dans les ronds-points de France et de Navarre. Malheureusement, il est retenu à l'étranger pour l'instant.

LP

Friday, November 16, 2018

Affaire Khashoggi : Mohammed Ben Salman est définitivement blanchi.



Le 16 novembre 2018.

Je suis comme les petits ruisseaux; ils sont transparents parce qu'ils sont peu profonds.
- Voltaire.

Voici enfin les faits concernant la mort de Jamal Khashoggi le 2 octobre dernier : il lui a été injecté « une grande quantité de drogue », qui a « entraîné une surdose ayant conduit à sa mort, qu’Allah bénisse   son âme ».

Le procureur général saoudien requiert donc la peine de mort contre cinq accusés dans cette sombre affaire. On ne plaisante pas avec la justice

Par contre, nous respirons : il est confirmé, au terme d'une enquête on ne peut plus indépendante, que MBS n'a rien, mais absolument rien, à voir avec ce dérapage. (Rien à voir avec la conclusion fantaisiste de la CIA selon laquelle il a ordonné personnellement cet assassinat; un peu de sérieux quand même).

Voilà qui devrait mettre fin une fois pour toutes aux folles rumeurs complotistes

En France, le pays d'Alfred Dreyfus, de Christian Ranucci, et d'Omar Raddad, où l'on ne plaisante pas avec la présomption d'innocence, on exprime sa satisfaction vu le bon déroulement de la procédure pénale saoudienne : l'inculpation de 11 suspects, éléments totalement incontrôlés et donc seuls en cause pour leur regrettable initiative, « va dans le bon sens ». Evidemment, le ministère des affaires étrangères réclame la plus complète transparence de la part de son client, et le ministre Jean-Yves Le Drian reproche même au rabat-joie de président turc - qui, bizarrement, met en doute les explications saoudiennes, pourtant lumineuses -, de se livrer à "un jeu politique particulier"; en effet, en l'occurrence, il est de mauvais goût de couper les cheveux en quatre. 

On l'aura compris : la dissolution du cadavre de Jamal Khashoggi n'aura été, au final, qu'une tempête dans un verre d'eau, d'autant plus que l'intéressé n'a pas fait de vieux os. Mais pour le prince héritier saoudien, c'est dans l'huile que ça baigne.

LP

Monday, November 5, 2018

L'affaire Aasia Bibi : une étude de cas intéressante.




Le 5 novembre 2018.

All great truths begin as blasphemies.
- Bertrand Russell.

Blasphemy against the Almighty, is denying his being or providence, or uttering contumelious reproaches on our Saviour Christ. It is punished, at common law by fine and imprisonment, for Christianity is part of the laws of the land.
- Sir William Blackstone.

It is sobering to realize that, under the name of prosecutions for blasphemy, religious persecution continued in England down to our own time, and that even now freethinkers, alone among men, are prohibited from making bequests by will for the furtherance of what they conceive to be the truth.
- Bertrand Russell (1906).

Aasia Bibi, une chrétienne pakistanaise (un oxymore pour les Islamistes) a vécu une épouvantable saga judiciaire, et son sort est toujours en suspens.

Cette malheureuse a fait l'objet de la mensongère accusation de blasphème à la foi islamique. Condamnée à mort en 2010, elle vient d'être acquittée par la Cour suprême pakistanaise. On aurait pensé que cet arrêt se serait traduit par sa libération immédiate, automatique dans les états de droit, donc civilisés, mais que nenni : suite à de vociférantes manifestations d'enragés islamistes (après l'oxymore, le pléonasme), voilà que le gouvernement a "négocié" (sic!!!) avec les milieux islamistes, qui réclamaient la corde pour les juges et Aasia (un bel exemple de tolérance qui frise le laxisme : on aurait pensé que tous méritaient la lapidation, le crucifixion, ou la décapitation, au choix) l'exercice d'un recours en révision de l'arrêt d'acquittement. Il lui est donc interdit de quitter le pays, et elle est toujours en détention. (Par contre, son avocat, pour sa part, a jugé préférable de quitter son beau pays, on se demande pourquoi).

On aimerait avoir la réaction d'un érudit philosophe, infatigable dircom du groupe de pression ("laubbi", comme on dit en France) religieux, récipiendaire du prestigieux prix de la fondation Templeton, aspirant au titre de conscience prophétique du Québec (mais plus Jeremy Cricket que Jérémie), l'indéboulonnable, l'inoxydable, l'insubmersible, bref the one and only Charles Taylor, qui soutenait, et soutient sans doute toujours sans rire, que les lois pénales sanctionnant le blasphème sont parfaitement compatibles avec une société libre et que la liberté de parole doit être, de toute manière, à géométrie variable; selon lui, elle est un luxe que ne peuvent s'offrir (comme par hasard) les habitants d'états subissant le joug théocratique, alors que ce sont eux qui, s'ils refusent de courber l'échine, ont, précisément, le plus cruel besoin de cet outil de combat.

On l'entend déjà susurrer jésuitiquement que ces islamistes radicaux qui réclament l'application intégrale de la charia ne sont qu'une minorité (surtout au Pakistan!) et ne représentent en rien le "vrai" islam (comme la Corée du Nord trahit le "vrai" communisme).

Les sceptiques seraient cependant portés à voir dans l'affaire Bibi un indice que même une minorité, motivée, déterminée et soudée, peut instrumentaliser non seulement les institutions politiques, mais le système judiciaire
lorsque le grand public est dispersé, endormi.

Et surtout aveugle.

L'époux d'Aasia réclame maintenant l'aide de pays étrangers, dont le Canada. Nul doute que Chuck Taylor médite les modalités d'une sonore et cohérente intervention publique.

LP

PS. En Egypte, le 2 novembre, s'est produit un incident évoqué de manière feutrée dans les actualités : 7 pèlerins coptes visitant le monastère Saint-Samuel le Confesseur sont tombés sous les balles de djihaddistes. (Les médias doivent se fixer des priorités : ils n'ont pas non plus le temps matériel de s'appesantir sur des questions secondaires comme les massacres de Ndebélés au Zimbabwe et la persécution des minorités chiites en Arabie saoudite). Chose certaine, pas de cartel interreligieux en vigueur sur les rives du Nil où une seule religion vise le monopole. C'est bien dommage, mais que voulez-vous, ces petits arrangements avec le ciel sont négociés au cas pas cas, et l'Egypte n'est pas le Québec!

Monday, October 29, 2018

Laïcité au Québec : trialogue d'aveugles entre Bouchard, Taylor, et Legault.



Le 29 octobre 2018.

Parce que la religion est divine, doit-elle régner par la haine, les tortures, les meurtres?
- Voltaire.

Réserve : Attitude de retenue et d'abstention que dictent la prudence et la modération.
Obligation de réserve. Devoir statutaire incombant aux fonctionnaires (not. aux magistrats) de s'abstenir de manifestations intempestives, incompatibles avec la dignité, l'impartialité et la sérénité de leurs fonctions.
- Vocabulaire juridique, publié sous la direction de Gérard Cornu, PUF.

Récapitulons.

En 2008, le rapport de la commission Bouchard-Taylor prônait l'interdiction du port de signes religieux aux seuls agents de l'État "en position d'autorité", à savoir aux magistrats et procureurs de la Couronne, aux policiers, aux gardiens de prison, aux présidents et vice-présidents de l'Assemblée nationale. (Détail cocasse, le savant historien Gérard Bouchard et l'érudit philosophe, Charles Taylor, n'étant manifestement pas versés en droit public, n'avaient pas compris que tout fonctionnaire, incarnant les pouvoirs publics, occupe, par définition, cette position).
                
Aujourd'hui, le premier ministre québécois, François Legault, se réclame dudit rapport en matière de laïcité, mais le philosophe Charles Taylor en dénonce ces jours-ci, avec raison, une lecture sournoisement sélective et la mutilation de sa pensée.

(Incidemment, on comprend l'indignation de l'incorruptible récipiendaire du prix de la fondation Templeton (1,5 million $) qui, d'ailleurs, répudie, aujourd'hui, même la très limitée interdiction qu'il prônait il y a une décennie, au grand dam du professeur Bouchard; un revirement cohérent de la part d'un humaniste qui exprimait l'avis, à l'époque du prononcé de la fatwah visant Salman Rushdie, que la liberté de parole n'est pas un droit humain dans les pays où la religion est dominante et que les lois pénales sanctionnant le blasphème sont parfaitement compatibles avec une société libre).

M. Legault déclare notamment son intention d'étendre cette interdiction aux enseignants, et il étudie aussi l'interdiction généralisée du tchador dans la fonction publique.

Louable initiative, car si le citoyen lambda n'a pas souvent l'occasion d'entrer en contact avec les agents de l'Etat susmentionnés - heureusement!-, l'ajout proposé est a fortiori nécessaire pour protéger l'écolier lambda, à l'esprit malléable, qui, lui, est exposé chaque semaine, voire chaque jour, à l'influence des enseignants, qui ont l'autorité tutélaire de le noter et de le sanctionner.

Il n'en reste pas moins que si, d'une part, le rapport dispensait expressément les enseignants d'un salutaire devoir de réserve idéologique (qui devrait logiquement s'imposer à tous les fonctionnaires), d'autre part, il préconisait, tout de même, le retrait du crucifix de l'assemblée nationale, lequel, tel une épée de Damoclès, menace des foudres éternelles son président depuis 1936. (Il fut introduit par Maurice Duplessis, qui proclamait ainsi le Québec seule administration ouvertement catholique en Amérique du Nord).

M. Legault justifie aujourd'hui le maintien de cet ustensile de torture et d'exécution romain (et toujours populaire, à l'occasion, dans certains territoires observant la charia, encore que la scie semble maintenant y avoir un avenir prometteur ) au motif qu'il s'agit d'"un objet patrimonial important", ce qui est parfaitement exact. Comme peuvent l'être la swastika en Allemagne et la faucille assortie du marteau en Russie. Pour autant, ces deux derniers symboles sont un peu moins visibles dans les institutions politiques de ces deux pays depuis, respectivement, 1945 et 1991.

L'incohérence du premier ministre a peut-être pour explication son souci de ménagement d'une certaine clientèle d'électeurs dévots, concentrée dans les paroisses plus pastorales (au propre comme au figuré), dont les ouailles sont souvent encadrées par de pétillants clercs issus notamment de l'Afrique subsaharienne (juste retour d'ascenseur du missionnariat), dont l'enseignement n'intègre pas systématiquement en temps réel les développements de la biologie moléculaire ou de la physique quantique, bref, qui prêtent foi aux guérisons miraculeuses de Lourdes, qui chuchotent que les Juifs sont les assassins du Christ et qui félicitent les convertis en leur annonçant que seuls les baptisés échapperont aux flammes de l'enfer.

La solution est pourtant simple : cet objet, tout "patrimonial" qu'il soit, pourrait être placé sur un présentoir sous verre, accompagné d'une note explicative, dans un couloir de l'assemblée.

Ou mieux encore, dans un musée des horreurs.

LP

Sunday, October 21, 2018

La canonisation de Jamal Khashoggi




Le 21 octobre 2018.

En boucherie, comme en musique, le bœuf n'est plus qu'une improvisation collective.
- Laurent Ruquier.

Si les femmes que j'ai connues ont quelque chose à me reprocher, elle n'ont qu'à déposer plainte!
- Henri-Désiré Landru.

Elle est peut-être prématurée.

Si sa visite du consulat saoudien d'Istanbul du 2 octobre s'est terminée avec extrême préjudice, il ne faut pas oublier que ses dissensions avec le pouvoir saoudien étaient plutôt relatives, ce qui, il est vrai, le rendait sans doute, au final, encore plus désagréable pour la monarchie.

Rappelons cependant pour mémoire que, s'il faut prendre acte de l'infléchissement de ses positions ces derniers temps, il avait donné son aval à la féroce répression exercée par le gouvernement du Bahrein avec l'aide de l'Arabie Saoudite sur les activistes chiites en 2011, et approuvé la guerre déclenchée en 2016 au Yémen à l'initiative du  ministre de la défense, son Altesse le prince héritier, qui a donné lieu à la pire crise humanitaire que connaît le monde à l'heure actuelle. Dans tous les cas, l'agonie des victimes dure parfois plus de 7 minutes.

Sans oublier qu'il donna sa bénédiction à l'exécution pour "trahison" et "terrorisme" d'un érudit clerc chiite de premier plan, défenseur des droits de l'homme en Arabie saoudite, notamment de la minorité chiite persécutée, cheikh Nimr al-Nimr.

Cela dit, au terme d'une sérieuse et indépendante enquête diligentée par le prince héritier lui-même, on apprend que son décès a tout simplement résulté d'une banale "rixe", probablement provoquée par un Khashoggi agressif lui-même dans le cadre d'une controverse théologique. D'ailleurs, un des membres du comité d'accueil au consulat a péri dans un malencontreux accident de voiture à Riyad quelques jours plus tard. Un début de rétribution divine? Chose certaine, voilà ce qui arrive quand on autorise les femmes à conduire. Il va sans dire que les autres membres de l'équipe seront sanctionnés par leur hiérarchie pour faute de service; ils risquent de se faire sabrer et ils ne feront pas de vieux os dans la fonction publique. Les mesures seront peut-être prises successivement? Il est parfois plus commode de saucissonner les problèmes. Chose certaine, il y a un médecin-légiste qui connaît (déjà) la musique.

Fi donc de l'amalgame. On ne saurait imputer au futur roi la possible impulsivité et l'excès de zèle d'éléments incontrôlés, qui ne peuvent en aucun cas entacher la religion de paix et de tolérance que symbolise son propre père, Gardien des deux saintes mosquées.

Que les gouvernements tournent donc la page sur ce regrettable incident, et qu'ils s'occupent maintenant des choses sérieuses. Comme les ventes de quincaillerie militaire par exemple.

LP

Sunday, October 14, 2018

L'organisation internationale de la francophonie : le carnaval rwandais.



Le 14 octobre 2018.

L’anglais est une langue avec laquelle on va plus loin que le français. Au Rwanda, le français ne va nulle part. 
- Louise Mushikiwabo.

Le machin qu'on appelle l'ONU.
- Charles de Gaulle.

Une révolution de palais vient de se produire à l'OIF.

On rappellera que deux candidates s'affrontaient pour le poste de secrétaire générale.

D'une part, la Canadienne Michaelle Jean, qui briguait une deuxième mandat. Cette ex-pasionaria de l'indépendance du Québec, instantanément convertie aux vertus du fédéralisme canadien lorsqu'on lui offrit la fonction régalienne de gouverneure générale du Canada, avec ses avantages marginaux et, à la clef, une retraite annuelle de 140 000$, fit notamment rénover avec un goût exquis la résidence officielle de la secrétaire générale, l'équipant même d'un magnifique piano, qui profitera à tou(te)s ses successeur(e)s mélomanes. On comprend que, il y a quelques mois, l'ex-journaliste fut offusquée par les critiques de ses béotiens ex-confrères canadiens à ce sujet.

D'autre part, Louise Mushikiwabo, la ministre des affaires étrangères rwandaise, donc numéro 2 de son gouvernement, dirigé par un président réélu avec le score royalement démocratique de 98,5% des voix, à la tête d'un pays ayant adopté du jour au lendemain, il y a une dizaine d'années, la langue anglaise dans ses écoles et son administration, et où il arrive aux journalistes de faire de fréquents séjours dans les "tout inclus" tous frais payés par l'Etat et où l'on signale à l'occasion quelques mystérieuses disparitions de personnes, qui, comme par hasard, critiquent le pouvoir.

On ne peut qu'applaudir la fumée blanche annonçant la victoire de cette dernière au conclave d'Erévan, mieux placée que quiconque pour promettre, sans rire, une administration transparente.

Faut-il voir de basses manœuvres politiques et des visées commerciales dans l'appui accordé à la dernière minute à la Rwandaise par les gouvernements canadien et québécois, comme semble l'insinuer Michaelle Jean?

Que nenni. Un simple échange de bons procédés. Le petit Justin a d'ailleurs assuré qu'il n'a fait que suivre le "consensus" atteint par l'ensemble des démocraties africaines (on pardonnera ce pléonasme), lequel n'a rien, mais alors, rien à voir avec l'objectif du Canada d'obtenir ultérieurement un siège au conseil de sécurité des Nations Unies. Le moment venu, il pourra aussi compter sur les démocraties anglophones comme le Zimbabwe pour suivre le mouvement. Et si les industries canadiennes et françaises, surtout militaires, peuvent désormais convoiter plus de juteux marchés, ce n'est que pure coïncidence. Bref, une autre réussite de la Françafrique.

Et vu que, comme dans toutes les organisations internationales, seule la compétence compte, il va de soi que sera certainement exaucé l'espoir exprimé par le premier ministre québécois désigné, François Legault, qui rejette les nominations des "petits amis" dans les administrations de sa province, de voir un Canadien devenir l'administrateur de l'OIF.

On se demande parfois pourquoi d'aucuns, surtout aux Etats-Unis, éprouvent un certain scepticisme quant à l'utilité des organisations internationales en général, et de l'ONU en particulier. Mais que l'on se rassure : le Bahreïn, le Cameroun et les Philippines viennent tout juste d'être élus, par acclamation (au "propre" comme au figuré), au Conseil des droits de l'homme par l'Assemblée générale des Nations unies. Auquel appartient encore un autre bon client de la France et du Canada, l'Arabie Saoudite.

En ce qui concerne la Commission de la condition de la femme des Nations unies, ce pays en sera membre jusqu'en 2022. On ne saurait trop recommander la mutation à ce forum de l'actuel consul saoudien à Istanboul : ce diplomate dévoué, au sens aiguisé du devoir, a prouvé sa capacité, dans l'exercice de ses fonctions, de se fendre en quatre, de décortiquer, mieux, décomposer les problèmes et de trancher judicieusement les questions délicates.

LP

PS. Dans un tout autre ordre d'idées, il a été signalé que l'ex-grand-vizir du Québec, "sheikh" Philippe Ibn-Couillard ne pourrait pas revenir immédiatement à la pratique de la médecine au Québec, vu qu'il n'a plus fait acte de présence dans la salle d'op' depuis plusieurs années. Ces restrictions ne sont peut-être pas en vigueur en Arabie Saoudite, et il y a toujours la solution consistant à y assumer les fonctions d'administrateur. Il pourra notamment y assurer l'approvisionnement en matériel dernier cri de leurs services médico-légaux, dont la compétence sur la scène internationale n'est plus à démontrer.

Sunday, October 7, 2018

L'émouvant adieu à Charles Aznavour.



Le 7 octobre 2018.
                                 
L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une nationalité.
 – Jules Michelet

La langue française, dès cette époque, commençait à être choisie par les peuples comme intermédiaire entre l’excès de consonnes du nord et l’excès de voyelles du midi. 
Victor Hugo

Les hasards de l'histoire : c'est un Arménien né en France qui est devenu le symbole de la chanson française, après que son talent eût été d'abord reconnu au Québec (apparemment, il n'y a donc pas que des incultes dans la population de cette province); ce patriarche décédé vient d'être honoré, comme il se doit, le vendredi 5 octobre, aux Invalides et l'on pardonnera volontiers au président de la République de lui avoir attribué des origines partiellement helléniques, car cette erreur constituait un éloge de la diversité.

(Incidemment, on se souviendra que le peuple arménien fut le premier peuple à adopter la religion chrétienne, au tout début du IVe siècle, près de deux siècles avant la conversion de Clovis en Gaule; pourtant, curieusement, d'aucuns ne virent alors que des "envahisseurs" levantins au teint un peu bistre, de répugnants profiteurs n'aspirant sans vergogne qu'à "manger le pain des Français", dans les cargaisons de hâves rescapés du massacre de 1915 - la répétition générale de la tragi-comédie de 1933-1945- déversées dans le port de Marseille, à la recherche d'un refuge.)

Pour les tenants de la continuité raciale et religieuse, il est sans doute irritant de constater une telle perfection dans le maniement de la langue, poétique de surcroît, chez un greffon aussi récent, surtout peu scolarisé, ayant donc fait l'économie de millénaires de sédimentation culturelle. Mais qu'ils se consolent.
                                                                                                                     
Sans faire abstraction de Shahnourh Varinag Aznavourian, ils n'ont qu'à penser aux nombreux Français aux profondes et millénaires racines gauloises et catholiques romaines qui ont nourri les lettres, les arts et la science françaises, notamment les Romain Gary, Guillaume Apollinaire, René Goscinny, Albert Uderzo, Enrico Macias, Yves Montand, Serge Reggiani, Guy Béart, Georges Moustaki, Marie Curie, Joris-Karl Huysmans, Emile Zola, Aimé Césaire, Joseph Kessel, Mouloudji, Serge Gainsbourg, Henri Bergson, Henri Verneuil, Eugène Ionesco, Albert Memmi, Albert Camus, Claude Lellouch, Roger Hanin, Costa-Gavras et, bien entendu, l'érudit philosophe existentialiste Marcel Gotlib, qu'il repose aussi en paix parmi les élus.

Sans oublier Patrick Bruel, dont Jean-Marie Le Pen rappela, en 1995, avec l'affable gouaille qui le caractérise - et à pur titre d'information bien sûr - le patronyme figurant dans l'état civil : Benguigui.

LP

Wednesday, October 3, 2018

Elections québécoises de 2018 : la chute du Dr Knock.



Le 3 octobre 2018.

Je n'ai jamais marchandé mes valeurs et mes principes.
- Philippe Couillard.

A la fin de la campagne, "Sheikh" Philippe Ibn Couillard refusait de répondre aux questions des médias concernant les différents scénarios possibles des élections (gouvernements minoritaires CAQ, PLQ, etc.)  en répétant, avec son insolence de marchand de tapis, son slogan "je vais gagner".

Avec la cuisante défaite de son parti le 1er octobre, il déclare se livrer dans les prochains jours à une courte réflexion quant à son avenir. De nombreuses et alléchantes voies s'ouvrent à lui.

S'il démissionne de son poste de chef de parti, et probablement de son siège de député, il pourra opter pour un retour à la médecine, ce qui lui permettra de se refaire financièrement et d'augmenter son budget alimentaire hebdomadaire, lequel, bien entendu, est pour l'instant plafonné à 75$. (En effet, si on l'en croit, son patrimoine ne s'élève qu'à un piètre 450 000$...). Mais où?

Peut-être à Jersey : il fut naguère un bon client d'une de ses banques. Et il pourra jouer les Victor Hugo en exil.

Ou mieux encore, en Arabie séoudite, où il est bien en vue; il pourra présenter, en personne, au palais royal de Riyad son rapport complet de gestion de sa wilayah pour les 4 dernières années. Tout en rouvrant son compte bancaire dans son île anglo-normande préférée, mais attention : toutes ses transactions seront certainement soumises à l'approbation préalable de la députée libérale et avocate fiscaliste, Marwah Rizqy, l'inquisitive pourfendeuse des paradis fiscaux. C'est comme en médecine : il vaut mieux prévenir que guérir.

Mais ayons un mot de consolation pour l'actuel patron de Gaetan Barrette.

Après avoir été le majordome des monarques séoudiens, il était rodé pour devenir le maître d'hôtel d'Ottawa, et le séide des gourous religieux. Lui qui, au pouvoir, a soutenu les ghettos et l'emprisonnement dans des geôles textiles des fillettes musulmanes nubiles à 9 ans (à l'exemple d'Aïcha), il peut voir dans la ghetthoisation du parti libéral du Québec la concrétisation de son idéal social.

Et en politique québécoise, les perdants ne sont exposés ni à la flagellation ni à la décapitation.

LP

PS. L'ALENA est mort, vive l'AEUMC!

Quelle misère démagogique de voir les quatre partis représentés à l'assemblée nationale vouer aux gémonies le nouvel accord qui maintient, en substance, la scélérate gestion de l'offre au Canada, en dépit d'une modeste brèche. Les politiciens en remettent une couche sur la tartine en osant parler de capitulation canadienne, même si le consommateur canadien peut, au mieux, désormais espérer payer son beurre un peu moins cher. Mais vu que les culs-terreux concernés ont l'outrecuidance de meugler pour des indemnisations étatiques, il n'y a pas de quoi en faire tout un fromage. D'une manière ou d'une autre, les propriétaires bovins continueront de boire du petit lait et le contribuable canadien demeure le dindon de la farce et l'inépuisable vache à lait.


Tuesday, September 25, 2018

Elections au Nouveau-Brunswick (Canada) de 2018 : embrouillamini.



Le 25 septembre 2018.

Le génie de notre langue est la clarté.
- Voltaire.

L'argot, c'est la langue des ténébreux.
- Victor Hugo.

Les résultats sont peu concluants.

Les Libéraux de l'Acadien Brian Gallant remportent 21 sièges avec 37,8% des voix, tandis que les rednecks seront représentés par les 22 élus du parti (progressiste-?) conservateur de Blaine Higgs alors qu'ils ont obtenu 31,9% des suffrages, auxquels il faut ajouter les 3 députés de la "People's Alliance of New Brunswick", dont les réticences apparentes en matière de bilinguisme semblent concrétisées par la peu idiomatique appellation "Alliance des gens du Nouveau-Brunswick".

Voilà le genre d'absurdité à laquelle peut aboutir le scrutin uninominal à un tour.

Cela dit, les choses étant ce qu'elles sont, M. Gallant compte bien obtenir la confiance de l'assemblée législative avec l'appui du parti vert. Comme l'a éloquemment expliqué cet érudit jurisconsulte, pur produit de la faculté de droit de l'université de Moncton, avec cet accent qui sent le homard, ces deux partis partagent "les mêmes valeurs fondamentaux" (sic). Dans la seule province canadienne officiellement bilingue (s'il faut en croire les textes législatifs), tout est dit.

Au pays des crustacés balayé par les embruns iodés du large, M. Gallant va donc faire certain de retourner back au pouvoir.

LP

Friday, September 21, 2018

S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent du baklava.



Le 21 septembre 2018.

There are people in the world so hungry, that God cannot appear to them except in the form of bread.
- Gandhi.

Dieu a dit : "Je partage en deux, les riches auront de la nourriture, les pauvres de l'appétit."
- Coluche.
                  
La campagne électorale continue de plus belle au Québec, et le grand vizir, "sheikh" Philippe Ibn-Couillard, sollicite un deuxième mandat à titre de chef du parti libéral "Pour faciliter la vie des Québécois".

Et voilà qu'il lui est reproché une certaine déconnexion en ce qui concerne la vie quotidienne, pardon hebdomadaire, de certains Québécois : il vient de déclarer, sans rire, avec sa faconde de marchand de tapis, qu'il est possible de nourrir une famille de trois personnes avec un budget de 75$ par semaine.

Les réseaux sociaux se déchaînent contre lui, mais là encore, l'indulgence s'impose. Après avoir encaissé pendant plusieurs années les juteux pétro-dollars non-fiscalisés des monarques saoudiens pour avoir développé un système hospitalier équipé de cuisines gastronomiques (rien ne vaut la haute cuisine pour assurer une meilleure convalescence des patients), il est normal de souffrir d'un certain décalage avec certaines réalités sociales québécoises; on phosphore un peu moins, même si on est neurochirurgien, et la réadaptation des neurones peut être longue et difficile.

Au Québec, non seulement les femmes disposent de la complète liberté vestimentaire, mais il y a des démunis qui ne peuvent manger des shawarmas tous les jours.

Lors de leur prochaine visite au supermarché ou au "dépanneur" (il n'y a qu'en France où l'on s'approvisionne chez "l'Arabe du coin"), pour régler la note, les Québécois pauvres n'auront qu'à présenter leur carte bancaire délivrée par un établissement financier de l'ile de Jersey recommandé personnellement par le(ur) grand vizir, surtout que ce dernier déclare connaître personnellement des personnes vivant dans la précarité et proclame donc son empathie. Et, s'il leur manque à la fin de la semaine quelques riyals, pardon, quelques dollars, ils pourront obtenir d'une banque alimentaire de leur quartier de généreuses rations complémentaires de dattes et de rahat-loukoum.

Et de safran pour donner du piquant à leur ordinaire de la semaine prochaine.

Peut-on imaginer meilleur plan de lutte contre la pauvreté?

LP

PS. Les recettes du bon Dr Couillard.

Le disciple du Dr Schweitzer persiste et signe avec ces conseils culinaires :

 « D’abord tu regardes toutes les circulaires – c’est du témoignage direct de monde. Tu vas magasiner uniquement ce qui est vente, et il y a toujours des produits qui sont en vente de façon importante. Un morceau de viande par exemple, un morceau de porc… Tu le fais cuire le premier soir comme un rôti de porc. Ensuite tu fais du macaroni avec du porc dedans. Ensuite tu fais un pâté chinois avec du porc avec [Note pour les lecteurs européens, il s'agit de "hachis parmentier"]. Ensuite, tu fais des sandwichs pour les enfants. C’est ça que le monde fait … Le pain, tu ne l’achètes jamais à 4 $, 5 $, tu l’achètes à 3 $. C’est sans arrêt, c’est comme une job à temps plein ».

Et voilà, le tour est joué. Il suffit d'un peu d'organisation et de créativité, que diable! Encore qu'il faudrait peut-être quand même ajuster un peu le chiffre de 75$ pour les familles qui ne consomment pas de porc : le boeuf et l'agneau sont plus chers.

On lui souhaite bonne chances aux élections, mais si par malheur il devait quitter le pouvoir, il n'aura qu'à publier son livre de recettes, qui aura encore plus de succès que les recettes de maman Dion. Mieux, il pourra coanimer des émissions de télévision avec sœur Angèle.

Friday, September 14, 2018

Elections québécoises de 2018 : une révélation au débat des chefs.



Le 14 septembre 2018.

Le plagiat humain auquel il est le plus difficile d'échapper, pour les individus (et même pour les peuples qui persévèrent dans leurs fautes et vont les aggravant), c'est le plagiat de soi-même.
- Marcel Proust.

Sur le plan des programmes politiques, rien de nouveau n'a filtré du premier débat du 13 septembre, ponctué de quelques cacophonies occasionnelles.

On savait déjà que le bilan du gouvernement libéral sur le plan du système de santé est un désastre; que M. Legault feint de croire qu'on l'accuse de vouloir expulser du Québec des citoyens canadiens qui auraient échoué à un examen des valeurs; que Mme Massé déclare correctement que le changement climatique est le problème du siècle pour toute l'humanité, tout en jouant la carte rurale en défendant le système scandaleusement anticoncurrentiel, et donc anticonsommateur, qu'est la gestion de l'offre, suivi en ce sens par M. Lisée, etc..

Par contre, on apprend que le grand vizir du Québec, "sheikh" Philippe Ibn-Couillard, n'est pas toujours très original dans ses réparties bien planifiées. Il n'est pas le seul politicien à ne pas vouloir réinventer la roue : les ancêtres parmi les lecteurs se souviendront que, pendant la campagne des primaires aux Etats-Unis de 1987-8, Joe Biden, futur vice-président, fit cet émouvant plaidoyer en faveur de la justice sociale :

"Why is it that Joe Biden is the first in his family ever to go a university? Why is it that my wife... is the first in her family to ever go to college? Is it because our fathers and mothers were not bright? ...Is it because they didn't work hard? My ancestors who worked in the coal mines of northeast Pennsylvania and would come after 12 hours and play football for four hours? It's because they didn't have a platform on which to stand."

Il suivait ainsi les brisées de Neil Kinnock qui expliquait, quelques semaines auparavant, lors d'une conférence du parti travailliste du pays de Galles :

"Why am I the first Kinnock in a thousand generations to be able to get to university? Was it because our predecessors were thick? Does anybody really think that they didn't get what we had because they didn't have the talent or the strength or the endurance or the commitment? Of course not. It was because there was no platform upon which they could stand."

Et voilà que "sheikh" Philippe, aussi de nationalité française, lance à M. Lisée au cours d'un affrontement consacré aux failles du système de santé québécois, que ce dernier n'avait pas le "le monopole de la compassion". Voilà qui ressemble fort à la réplique de Valéry Giscard d'Estaing visant François Mitterrand lors du débat présidentiel de l'entre-deux-tours télévisé du 10 mai 1974 : "Vous n'avez pas le monopole du cœur". En ce qui concerne "sheikh" Philippe, on suppute une répartie jaillie de sa mémoire plutôt que de son coeur. Les analystes pensent que la petite phrase assassine de VGE assura alors son élection. Jouera-t-elle le même rôle sacramentel en 2018 pour le grand vizir au Québec? Les paris sont ouverts. Inch'Allah.


Enfin, il faut relever le sirupeux :


"Je vais être obligé de vous expliquer un peu, là (on notera ce tic de langage bien québécois), écoutez-moi"

adressé à la seule femme sur le plateau, Manon Massé, sur l'attendrissant ton de rigueur chez les gentils instituteurs pleins de compassion envers les fillettes atteintes de difficultés d'apprentissage, ou encore chez les instructeurs d'auto-école. D'aucuns en dégageront des relents de machisme sexiste.
 
Cependant, "sheikh" Philippe a droit à l'indulgence. Quand on a le titre de gloire d'avoir passé 4 ans en Arabie saoudite - où il fut dispensé de ponctions fiscales écrasantes - et d'y avoir contribué, avec une immense compassion, à l'amélioration d'un système de santé spectaculairement plus performant que celui du Québec, et quand le cœur y est encore un peu (un peu seulement car le roi n'a sûrement pas le monopole du cœur du grand vizir), il y a certains automatismes, certains acquis culturels, dont il est difficile de se débarrasser.

On peut alors avoir tendance à oublier que les femmes québécoises ont, depuis un certain temps, le droit de sortir seules, de prendre le volant et qu'elles ne sont plus tenues de se couvrir la tête en public, même pour aller à l'église.

LP

Saturday, September 8, 2018

Elections québécoises de 2018 : l'immigration fait irruption dans le débat.



Le 8 septembre 2018.

Il ne faut pas oublier tout ce que les immigrés ont apporté à La France, les Picasso, Béart, Cioran… C'est une chance extraordinaire pour la France. Il y a peut-être parmi eux de futurs Aznavour, qui sait?
- Charles Aznavour, né Shahnourh Varinag Aznavourian.

- Vot' nom ?
- Vian, n'adjudant.
- Vot' prénom ?
- Boris, n'adjudant.
- Z'êtes estranger ? Z'êtes arménien ? Z'êtes encore un de ces métèques ?
(Conversations avec un adjudant)

Selon le chef de la Coalition Avenir Québec, 58% des immigrants s'installant au Québec ne parlent pas français, ce qui constituerait une menace pour l'identité québécoise. Après avoir soufflé le chaud, François Legault souffle le froid en mettant l'accent sur l'importance des qualifications professionnelles brutes, pas seulement linguistiques, d'où l'ire de Jean-François Lisée, qui, pourtant, semble le suivre sur le plan de la réduction du nombre d'immigrants, mais peut-être pas en ce qui concerne le regroupement familial. Cependant, le chef du Parti Québécois exige la maîtrise du français comme condition préalable à l'installation au Québec.

Comprenne qui pourra.

S'il est exact que les immigrants doivent être prévenus, dès leur arrivée (et même avant) qu'ils devront s'intégrer, au fil des ans, à la population francophone, notamment par la scolarisation de leurs enfants, plutôt qu'à la minorité anglophone comme c'était le cas à une époque plus coloniale, et que certaines habitudes cultu(r)elles ne sont pas intégralement transplantables sur les rives du Saint-Laurent, différents secteurs d'activité professionnelle peuvent appeler des contraintes variables en matière d'interaction : si un psychiatre doit être pleinement opérationnel en français pour son premier patient, les carences communicatives du médecin-légiste polonais auront un impact sans doute moindre; il en va de même pour l'ingénieur nucléraire estonien, l'informaticien malais et le plombier slovaque. Et quid de la pénurie de main-d'œuvre dans le secteur de la restauration-hôtellerie? Quand on voit des restaurants en Gaspésie qui doivent réduire leurs activités, ou même qui ferment, on pèse le pour et le contre. Il n'est nul besoin d'être en mesure d'ergoter sur la madeleine de Proust pour mitonner un succulent homard thermidor.

Le palais n'est pas toujours tributaire de la langue.

Quand aux 26% des nouveaux arrivants qui quittent le Québec, personne n'évoque la scandaleuse non-reconnaissance des diplômes étrangers, à l'exception de Québec Solidaire, y compris ceux qui sanctionnent les connaissances scientifiques et rationnelles acquises par les étrangères musulmanes rejetant la soumission au statut de simple pondeuse, symbolisé par le port du voile.
                                  
M. Legault craint que "nos petits-enfants ne parleront plus français", vu le péril posé notamment par le regroupement familial. L'argument de l'ex-pédégé d'Air Transat vole bas. Les Québécois qui songent à épouser un étranger sont donc prévenus : l'âme sœur doit parler français! Plus question de l'apprendre plus tard sur l'oreiller.

Pourtant, voilà un genre d'immigration qui constitue une chance pour le Québec sur le plan génétique : au lieu d'y faire obstacle, il faut développer ce filon qui contribuera à remédier au problème séculaire de consanguinité de la population québécoise. Des transfusions de sang neuf allègeront la pression sur le système de santé, et aussi sur le système scolaire, où sont déjà débordés les trop rares éducateurs spécialisés en enfants atteints de troubles d'apprentissage. La santé publique appelle notamment l'incitation des Saguenéens à l'exogamie, pour lesquels le seuil du métissage est encore trop souvent défini par l'union avec un conjoint cousin au deuxième degré.

Au Québec, c'est en français que ça se passe? Il faut relativiser, vu le piètre état de la grammaire et les anglicismes spontanément affectionnés par les Québécois "de souche", dans les écoles, dans la classe politique, et même dans les médias. L'anglicisation n'a pas attendu l'invasion des hordes de métèques. Les grandes gueules qui exigent la connaissance du français chez les immigrants devraient se livrer à une salutaire introspection sur la leur (on les dispensera magnanimement de renoncer à leur grinçant accent poitevin).

Mais on peut être optimiste : il y a suffisamment de Maghrébin(e)s et de Libanais(e)s, qui dédaignent tant la croix que le hijjab, pour rehausser le niveau linguistique du Québec vu qu'ils maîtrisent souvent mieux leur deuxième langue que les Tremblay leur prétendue langue maternelle. Le ministère québécois de l'éducation sait où il peut lancer sa campagne de recrutement d'instituteurs. Les résultats ne se feront pas attendre.

Trois ans au maximum, monsieur Legault.

LP

Sunday, September 2, 2018

La gestion de l'offre au Canada : le piège à cons.


Le 2 septembre 2018.
 
Bon fourrage donne beaucoup de beurre.
Proverbe agricole.


Enfants de la même patrie, nous nous aimons à la manière des rats autour du même fromage : à qui le gros morceau?
- Anne Barratin.

La cause est entendue : le président Donald Trump est un parfait idiot. Mais même les idiots peuvent promouvoir, fût-ce involontairement, des idées avantageuses.

Les négociations canado-américaines relatives à l'ALENA risquent d'achopper sur la question de la gestion de l'offre en vigueur au Canada, visant les produits laitiers et la volaille, un système anticoncurrentiel qui relèverait de la loi pénale s'il n'était avalisé par un entrelacs de lois scandaleusement protectionnistes. (Une précision sémantique quant à la notion de "protection" : outre son sens mafieux, on protège certains agriculteurs au détriment du grand public). Cette fraude organisée fait maintenant irruption dans la campagne électorale québécoise.

Avec une sinistre unanimité, les quatre grands partis provinciaux se muent en chevaliers blancs, défenseurs de la petite ferme (laitière) québécoise, occultant cette lugubre vérité que les consommateurs sont des vaches à lait qui payent trop cher leur beurre, y compris les démunis, les pauvres malheureux, la veuve et l'orphelin exploités par le capitalisme, que prétend défendre surtout Québec solidaire avec des trémolos dans la voix : Manon Massé dénonce avec une hargne "populaire" et sélective le "cartel du web", mais gobe crue la propagande de la coterie agricole; Jean-François Lisée, pour sa part, veut charger l'Etat de la mission restauratrice consistant à préparer les "lunchs" des citoyens, sans, manifestement, se poser trop de questions sur le prix des ingrédients. "Just watch me" éructe "sheikh" Philippe Ibn-Couillard, à l'attention des terroristes anti-gestion, sûrement impressionnés!

Et pourtant, pendant qu'on y est, personne ne défend la petite quincaillerie. Ni les petits plombiers. Ni la petite pâtisserie. Encore moins les petits fleuristes. La concurrence, c'est excellent… pour les autres.

Par ailleurs, les crânes d'œuf défenseurs du statu quo font toute une tartine avec les subventions accordées par le gouvernement américain aux agriculteurs, ce qui fait baisser le prix de leur beurre. Tant mieux! Le consommateur canadien sera ravi de se faire financer par le contribuable américain. Voilà, pour une fois, une forme de "ruissellement" qui serait bien réelle. (En ce qui concerne les fromages pasteurisés du Wisconsin, bien fades en comparaison avec les fromages français puants au lait cru, ils ne trouveront qu'un marché limité au Québec…).

A cet égard, il faut rendre hommage au député fédéral Maxime Bernier : alors qu'il est député d'une circonscription où se trouvent de nombreux bénéficiaires de ce système d'extorsion publique, il en a prôné l'abolition, au moment où il se présentait à la direction du parti conservateur. Résultat : de nombreux  proprios de vaches laitières sont devenus instantanément, à la dernière minute, membres du parti afin de saboter sa campagne, formant une hurlante jacquerie. Et leur coup d'Etat a réussi! C'est rentré comme dans du beurre. Un triomphe de la démocratie participative!

Leurs mugissements leur rapportent : ils font leur beurre, eux, et ils ont le beurre et l'argent du beurre. Nul doute qu'ils boivent du petit lait. Ils peuvent mettre du beurre sur leurs propres épinards (moins protégés…). L'assiette au beurre n'est pas toujours celle du consommateur, qui, lui, compte pour du beurre et reste le dindon de la farce, et peut aller se faire cuire un oeuf.

Les amateurs de quiche lorraine canadiens se font encore imposer ce sordide anachronisme, alors qu'il a été aboli, et dénoncé, dans le pays même où il fut jadis conçu : l'Australie. Les ruraux inefficaces pâtiront de sa mise au rancart, mais on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs.


Donald Trump est le fossoyeur de son propre pays. Il n'a pas inventé le fil à couper le beurre, mais, en refusant toute concession sur la nécessaire suppression de la gestion de l'offre, il a peut-être l'occasion de devenir le héros du consommateur canadien.

Et si l'on parlait de cuisine à l'huile d'olive, bien plus santé?

LP