Sunday, October 7, 2018

L'émouvant adieu à Charles Aznavour.



Le 7 octobre 2018.
                                 
L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une nationalité.
 – Jules Michelet

La langue française, dès cette époque, commençait à être choisie par les peuples comme intermédiaire entre l’excès de consonnes du nord et l’excès de voyelles du midi. 
Victor Hugo

Les hasards de l'histoire : c'est un Arménien né en France qui est devenu le symbole de la chanson française, après que son talent eût été d'abord reconnu au Québec (apparemment, il n'y a donc pas que des incultes dans la population de cette province); ce patriarche décédé vient d'être honoré, comme il se doit, le vendredi 5 octobre, aux Invalides et l'on pardonnera volontiers au président de la République de lui avoir attribué des origines partiellement helléniques, car cette erreur constituait un éloge de la diversité.

(Incidemment, on se souviendra que le peuple arménien fut le premier peuple à adopter la religion chrétienne, au tout début du IVe siècle, près de deux siècles avant la conversion de Clovis en Gaule; pourtant, curieusement, d'aucuns ne virent alors que des "envahisseurs" levantins au teint un peu bistre, de répugnants profiteurs n'aspirant sans vergogne qu'à "manger le pain des Français", dans les cargaisons de hâves rescapés du massacre de 1915 - la répétition générale de la tragi-comédie de 1933-1945- déversées dans le port de Marseille, à la recherche d'un refuge.)

Pour les tenants de la continuité raciale et religieuse, il est sans doute irritant de constater une telle perfection dans le maniement de la langue, poétique de surcroît, chez un greffon aussi récent, surtout peu scolarisé, ayant donc fait l'économie de millénaires de sédimentation culturelle. Mais qu'ils se consolent.
                                                                                                                     
Sans faire abstraction de Shahnourh Varinag Aznavourian, ils n'ont qu'à penser aux nombreux Français aux profondes et millénaires racines gauloises et catholiques romaines qui ont nourri les lettres, les arts et la science françaises, notamment les Romain Gary, Guillaume Apollinaire, René Goscinny, Albert Uderzo, Enrico Macias, Yves Montand, Serge Reggiani, Guy Béart, Georges Moustaki, Marie Curie, Joris-Karl Huysmans, Emile Zola, Aimé Césaire, Joseph Kessel, Mouloudji, Serge Gainsbourg, Henri Bergson, Henri Verneuil, Eugène Ionesco, Albert Memmi, Albert Camus, Claude Lellouch, Roger Hanin, Costa-Gavras et, bien entendu, l'érudit philosophe existentialiste Marcel Gotlib, qu'il repose aussi en paix parmi les élus.

Sans oublier Patrick Bruel, dont Jean-Marie Le Pen rappela, en 1995, avec l'affable gouaille qui le caractérise - et à pur titre d'information bien sûr - le patronyme figurant dans l'état civil : Benguigui.

LP

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