Monday, November 5, 2018

L'affaire Aasia Bibi : une étude de cas intéressante.




Le 5 novembre 2018.

All great truths begin as blasphemies.
- Bertrand Russell.

Blasphemy against the Almighty, is denying his being or providence, or uttering contumelious reproaches on our Saviour Christ. It is punished, at common law by fine and imprisonment, for Christianity is part of the laws of the land.
- Sir William Blackstone.

It is sobering to realize that, under the name of prosecutions for blasphemy, religious persecution continued in England down to our own time, and that even now freethinkers, alone among men, are prohibited from making bequests by will for the furtherance of what they conceive to be the truth.
- Bertrand Russell (1906).

Aasia Bibi, une chrétienne pakistanaise (un oxymore pour les Islamistes) a vécu une épouvantable saga judiciaire, et son sort est toujours en suspens.

Cette malheureuse a fait l'objet de la mensongère accusation de blasphème à la foi islamique. Condamnée à mort en 2010, elle vient d'être acquittée par la Cour suprême pakistanaise. On aurait pensé que cet arrêt se serait traduit par sa libération immédiate, automatique dans les états de droit, donc civilisés, mais que nenni : suite à de vociférantes manifestations d'enragés islamistes (après l'oxymore, le pléonasme), voilà que le gouvernement a "négocié" (sic!!!) avec les milieux islamistes, qui réclamaient la corde pour les juges et Aasia (un bel exemple de tolérance qui frise le laxisme : on aurait pensé que tous méritaient la lapidation, le crucifixion, ou la décapitation, au choix) l'exercice d'un recours en révision de l'arrêt d'acquittement. Il lui est donc interdit de quitter le pays, et elle est toujours en détention. (Par contre, son avocat, pour sa part, a jugé préférable de quitter son beau pays, on se demande pourquoi).

On aimerait avoir la réaction d'un érudit philosophe, infatigable dircom du groupe de pression ("laubbi", comme on dit en France) religieux, récipiendaire du prestigieux prix de la fondation Templeton, aspirant au titre de conscience prophétique du Québec (mais plus Jeremy Cricket que Jérémie), l'indéboulonnable, l'inoxydable, l'insubmersible, bref the one and only Charles Taylor, qui soutenait, et soutient sans doute toujours sans rire, que les lois pénales sanctionnant le blasphème sont parfaitement compatibles avec une société libre et que la liberté de parole doit être, de toute manière, à géométrie variable; selon lui, elle est un luxe que ne peuvent s'offrir (comme par hasard) les habitants d'états subissant le joug théocratique, alors que ce sont eux qui, s'ils refusent de courber l'échine, ont, précisément, le plus cruel besoin de cet outil de combat.

On l'entend déjà susurrer jésuitiquement que ces islamistes radicaux qui réclament l'application intégrale de la charia ne sont qu'une minorité (surtout au Pakistan!) et ne représentent en rien le "vrai" islam (comme la Corée du Nord trahit le "vrai" communisme).

Les sceptiques seraient cependant portés à voir dans l'affaire Bibi un indice que même une minorité, motivée, déterminée et soudée, peut instrumentaliser non seulement les institutions politiques, mais le système judiciaire
lorsque le grand public est dispersé, endormi.

Et surtout aveugle.

L'époux d'Aasia réclame maintenant l'aide de pays étrangers, dont le Canada. Nul doute que Chuck Taylor médite les modalités d'une sonore et cohérente intervention publique.

LP

PS. En Egypte, le 2 novembre, s'est produit un incident évoqué de manière feutrée dans les actualités : 7 pèlerins coptes visitant le monastère Saint-Samuel le Confesseur sont tombés sous les balles de djihaddistes. (Les médias doivent se fixer des priorités : ils n'ont pas non plus le temps matériel de s'appesantir sur des questions secondaires comme les massacres de Ndebélés au Zimbabwe et la persécution des minorités chiites en Arabie saoudite). Chose certaine, pas de cartel interreligieux en vigueur sur les rives du Nil où une seule religion vise le monopole. C'est bien dommage, mais que voulez-vous, ces petits arrangements avec le ciel sont négociés au cas pas cas, et l'Egypte n'est pas le Québec!

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