Wednesday, December 19, 2018

Le bilinguisme canadien à plusieurs vitesses.

Le 19 décembre 2018.


Wie viele Sprachen du sprichst, sooft mal bist du Mensch. (Plus tu connais de langues, plus tu es humain).
– Goethe.

Le Canada connaît des développements intéressants ces derniers temps en matière linguistique.

D'abord, le premier ministre ontarien Doug Ford, dont le titre de gloire est d'avoir ramené - en priorité bien entendu - le prix de la bière à 1$, reprend une vieille tradition consistant en la suppression ou, à défaut, la compression des services publics aux Franco-Ontariens, symbolisée aujourd'hui par la perte d'indépendance du commissaire aux services en français. Plus question, cela va sans dire, d'université francophone à Toronto, pourtant promise lors de la campagne électorale. Tout cela avalisé par la très complaisante Caroline Mulroney, désormais titulaire de la coquille vide du ministère des affaires francophones.

On annonce aussi des compressions dans le secteur de l'éducation, notamment en ce qui concerne les programmes « de perfectionnement des compétences pour les élèves atteints de troubles du spectre de l'autisme », et de « bien-être et santé mentale à l'école ». Nul crainte en ce qui concerne celui-ci : la bière à un 1$ est désormais source inépuisable de bien-être, y compris scolaire.

Par contre, les amateurs de logique déductive aristotélicienne auront compris que l'avenir n'est peut-être pas des plus prometteurs pour les petits Franco-Ontariens autistes.

Par ailleurs, suite au rejet du pétrole sale et cancérigène albertain proclamé par le premier ministre québécois François Legault, le maire de Calgary se fait huer, par une certaine plèbe ayant les deux pieds non pas dans la glaise mais plutôt dans le bitume, quand il prononce quelques mots dans un français assez convenable.

Mais le plus juteux provient du Nouveau-Brunswick.

Le nouveau gouvernement "progressiste(sic)-conservateur" de la seule province officiellement bilingue annonce que le bilinguisme n'est plus un critère d'embauche obligatoire pour les ambulanciers. Le ministre de la Santé, Hugh Flemming déclare même, sans rire : I consider today’s actions to be in the best interest of New Brunswickers because I am putting their lives and their safety first. Les patients acadiens unilingues apprécieront à sa juste valeur ce qui constitue, en substance, un arrêt de mort.

Sur la civière, ils risquent dorénavant de partager le sort des homards dans leur cage.

LP

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