Le 8 septembre 2018.
Il ne
faut pas oublier tout ce que les immigrés ont apporté à La France, les Picasso,
Béart, Cioran… C'est une chance extraordinaire pour la France. Il y a peut-être
parmi eux de futurs Aznavour, qui sait?
- Charles Aznavour, né Shahnourh
Varinag Aznavourian.
- Vot' nom ?
- Vian, n'adjudant.
- Vot' prénom ?
- Boris, n'adjudant.
- Z'êtes estranger ? Z'êtes arménien ? Z'êtes encore un de ces métèques ?
- Vian, n'adjudant.
- Vot' prénom ?
- Boris, n'adjudant.
- Z'êtes estranger ? Z'êtes arménien ? Z'êtes encore un de ces métèques ?
(Conversations
avec un adjudant)
Selon le chef de la
Coalition Avenir Québec, 58% des immigrants s'installant au Québec ne parlent
pas français, ce qui constituerait une menace pour l'identité québécoise. Après
avoir soufflé le chaud, François Legault souffle le froid en mettant l'accent sur l'importance des
qualifications professionnelles brutes, pas seulement linguistiques, d'où l'ire de Jean-François Lisée,
qui, pourtant, semble le suivre sur le plan de la réduction du nombre d'immigrants,
mais peut-être pas en ce qui concerne le regroupement familial. Cependant, le
chef du Parti Québécois exige la maîtrise du français comme condition préalable à
l'installation au Québec.
Comprenne qui pourra.
S'il est exact que les
immigrants doivent être prévenus, dès leur arrivée (et même avant) qu'ils
devront s'intégrer, au fil des ans, à la population francophone, notamment par
la scolarisation de leurs enfants, plutôt qu'à la minorité anglophone comme
c'était le cas à une époque plus coloniale, et que certaines habitudes
cultu(r)elles ne sont pas intégralement transplantables sur les rives du
Saint-Laurent, différents secteurs d'activité professionnelle peuvent appeler des
contraintes variables en matière d'interaction : si un psychiatre doit être pleinement
opérationnel en français pour son premier patient, les carences communicatives
du médecin-légiste polonais auront un impact sans doute moindre; il en va de
même pour l'ingénieur nucléraire estonien, l'informaticien malais et le
plombier slovaque. Et quid de la
pénurie de main-d'œuvre dans le secteur de la restauration-hôtellerie? Quand on
voit des restaurants en Gaspésie qui doivent réduire leurs activités, ou même qui
ferment, on pèse le pour et le contre. Il n'est nul besoin d'être en mesure
d'ergoter sur la madeleine de Proust pour mitonner un succulent homard
thermidor.
Le palais n'est pas
toujours tributaire de la langue.
Quand aux 26% des nouveaux arrivants qui quittent le Québec, personne
n'évoque la scandaleuse non-reconnaissance des diplômes étrangers, à l'exception de Québec Solidaire, y compris
ceux qui sanctionnent les connaissances scientifiques et rationnelles acquises par les étrangères
musulmanes rejetant la soumission au statut de simple pondeuse, symbolisé par
le port du voile.
M. Legault craint que
"nos petits-enfants ne parleront plus français", vu le péril posé notamment
par le regroupement familial. L'argument de l'ex-pédégé d'Air Transat vole bas.
Les Québécois qui songent à épouser un étranger sont donc prévenus : l'âme sœur
doit parler français! Plus question de l'apprendre plus tard sur l'oreiller.
Pourtant, voilà un genre
d'immigration qui constitue une chance pour le Québec sur le plan génétique : au
lieu d'y faire obstacle, il faut développer ce filon qui contribuera à remédier
au problème séculaire de consanguinité de la population québécoise. Des
transfusions de sang neuf allègeront la pression sur le système de santé, et aussi
sur le système scolaire, où sont déjà débordés les trop rares éducateurs
spécialisés en enfants atteints de troubles d'apprentissage. La santé publique
appelle notamment l'incitation des Saguenéens à l'exogamie, pour lesquels le seuil
du métissage est encore trop souvent défini par l'union avec un conjoint cousin
au deuxième degré.
Au Québec, c'est en
français que ça se passe? Il faut relativiser, vu le piètre état de la
grammaire et les anglicismes spontanément affectionnés par les Québécois "de
souche", dans les écoles, dans la classe politique, et même dans les
médias. L'anglicisation n'a pas attendu l'invasion des hordes de métèques. Les grandes gueules
qui exigent la connaissance du français chez les immigrants devraient se livrer
à une salutaire introspection sur la leur (on les dispensera magnanimement de
renoncer à leur grinçant accent poitevin).
Mais on peut être
optimiste : il y a suffisamment de Maghrébin(e)s et de Libanais(e)s, qui dédaignent
tant la croix que le hijjab, pour rehausser le niveau linguistique du Québec vu
qu'ils maîtrisent souvent mieux leur deuxième langue que les Tremblay leur prétendue
langue maternelle. Le ministère québécois de l'éducation sait où il peut lancer
sa campagne de recrutement d'instituteurs. Les résultats ne se
feront pas attendre.
Trois ans au maximum, monsieur Legault.
Trois ans au maximum, monsieur Legault.
LP
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