Tuesday, March 25, 2014

Le 25 mars 2014. Les affinités électives du Dr Couillard de l'Espinay



« Ne faites pas rire au point de prêter à rire ».
- Héraclite d'Ephèse


Au cours du débat des chefs du 20 mars dernier et de son entrevue du dimanche 23 mars à l'émission "Les coulisses du pouvoir", le Dr Couillard de l'Espinay s'est à nouveau exprimé sur la question de la laïcité au Québec.

Non seulement le port du hijab ne le dérange pas (mais alors quel problème pose la burka?), en outre, ce morceau de tissu ne dérangerait presque personne puisque nulle plainte n'a été relevée, notamment dans les hôpitaux et les universités. La réponse à ce poncif simpliste (digne du "Checkers' speech" de Richard Nixon en 1952...) est pourtant évidente: quel patient, quel étudiant isolé trouvera le temps et l'énergie pour se lancer dans une pénible… croisade? Quel étudiant va mettre en péril sa note en affrontant une enseignante hijabée? Et ce n'est pas à l'urgence de l'hôpital qu'un patient est susceptible de se poser de nombreuses questions philosophiques sur la neutralité de l'Etat. Dans tous les cas, le citoyen est, concrètement, captif. Est un pur sophisme l'assimilation d'une résignation silencieuse et impuissante à l'approbation.

Par ailleurs, le Dr Couillard de l'Espinay reprend régulièrement le distinguo -hasardeux- entre le fonctionnaire en position d'autorité et les autres, fruit des profondes cogitations des professeurs Bouchard et Taylor.

(Au passage, il faut être d'une ignorance crasse pour ne pas se rendre compte que tout employé de l'Etat dispose d'un pouvoir coercitif sur les administrés, dont seule l'intensité est susceptible de varier; par exemple, même le fonctionnaire municipal auquel l'on demande un permis de rénovation est bel et bien en position d'autorité.)

Elément plus troublant, au cours du débat, le chef du parti libéral a grossièrement esquivé une question directe concernant le cas hypothétique de la policière hijabée, alors que l'on se serait attendu à un refus ferme de cette possibilité. Avons-nous donc assisté à un revirement?

Il est permis de penser que le parcours professionnel du Dr Couillard de l'Espinay jette un trait de lumière sur ce flou.

En pratique privée, il n'a pas suivi les traces du Dr Schweitzer.

C'était son droit.

Il n'a pas assumé la direction de la léproserie de Lambarene, mais a plutôt pris la route du Moyen-Orient, où il n'a pas non plus consacré ses efforts aux camps de réfugiés kurdes ou palestiniens; il a plutôt opté pour des fonctions plus prometteuses sur le plan matériel en Arabie Saoudite, un pays qui n'est pas particulièrement renommé pour le nombre de ses synagogues ni la rigueur de son système judiciaire pénal. Enfin, les Saoudiennes n'ont pas la réputation d'amazones.

D'aucuns se sont interrogés, notamment, sur ses accointances avec la famille royale, mais le Dr Couillard de l'Espinay a réponse à tout: « C'est un contexte culturel différent du nôtre. Est-ce que la meilleure approche est le retrait ou le contact [sic] et le partage [sic] des connaissances? ». On peut tout de même douter que le Dr Couillard de l'Espinay, à titre de roumi de Cour, ait longuement sermonné le prince dont il était le conseiller sur les droits de l'homme, et encore moins de la femme. En l'occurrence, le "partage" fut largement d'ordre financier et administratif (M. Legault est donc totalement injuste lorsqu'il traite le chef du parti libéral de simple "médecin"…).

Voilà qui peut expliquer sa réaction indignée au cours du débat au sujet de la rémunération des médecins québécois, qui seraient des "boucs émissaires"! On comprend sa touchante compassion pour ses malheureux collègues qui n'ont pas tous eu la chance de se faire un bas de laine au soleil du désert.

Soyons justes. En ce qui concerne les groupes de pression, il n'y a pas que l'ordre des médecins qui a droit à la sollicitude du chef du parti libéral.

Il persiste, sans rire, à qualifier les commissions scolaires (qui comptent 4000 membres…) d'institutions "démocratiques", en dépit d'un taux de participation aux élections de 7% …

Sinon, doit-on se réjouir du solide terrain d'entente (au moins un) qui unit le Dr Couillard de l'Espinay et madame Marois au sujet du projet de cimenterie de Port-Daniel? Une belle ânerie sur le plan économique (un autre Gaspésia en perspective?) et une hérésie écologique. Si les usines n'ont pas encore commencé à cracher leurs gaz à effet de serre, les relents de duplessisme empestent d'ores et déjà l'atmosphère, vu que ce projet fut présenté par madame Marois comme une récompense du choix électoral de la population en 2012.

Le Dr Couillard de l'Espinay sait, en effet, s'occuper de ses vraies affaires (tout comme le Dr Barrette). En matière de démocratie et de féminisme, il y a des accommodements fort raisonnables lorsque le chèque de paye -surtout non imposable- est juteux.

L'ex-(?)larbin du grand vizir Iznogoud a la reconnaissance du ventre, même ici au Québec : vu ses "liaisons dangereuses", son rejet de la charte de la laïcité, sa bénédiction à la geôle hijabesque, sans oublier la fatwah dont fut victime Fatima Houda-Pépin, prennent tout leur sens.

Mektoub.

LP

PS. Détail piquant au sujet des signes religieux : le Dr Couillard de l'Espinay ne voudrait pas d'une province où Mère Teresa ne pourrait œuvrer. Voilà qui laisse songeur. Les bonnes œuvres de celle-ci n'étaient, en substance, que le produit d'une (autre) propagande mythologique émanant du Vatican. Anjezë Gonxhe Bojaxhiu était une ordure qui entretenait un... "contact" assidu avec les dictateurs.


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