Saturday, March 22, 2014

Charte de la laïcité: les signes religieux et les fonctionnaires

Le 22 mars 2014

Les femmes de l'Arabie, non contentes de se voiler la tête, se couvrent aussi le visage tout entier, de sorte que, ne laissent d'ouverture que pour un œil, elles aiment mieux renoncer à la moitié de la lumière que de prostituer leur visage tout entier.
- Tertullien

Mais pourquoi nos femmes s'affublent-elles encore d'un voile pour se masquer le visage ? Cela est-il digne d'un peuple civilisé ? Camarades, nos femmes ne sont-elles pas des êtres humains, doués de raison comme nous ? Qu'elles montrent leur visage sans crainte, et que leurs yeux n'aient pas peur de regarder le monde ! Une nation avide de progrès ne saurait ignorer la moitié de son peuple !"

Il faut savoir choisir entre la révélation passée et la liberté future. - Moustapha Kémal Atatürk.


La controverse qui fait rage au Québec autour de la "charte des valeurs québécoises" occulte le consensus que recueille le principe de la laïcité de l'Etat. La seule véritable pierre d'achoppement est l'interdiction visant tous les fonctionnaires québécois de porter des signes religieux ostentatoires.

L'on ne saurait exclure l'hypothèse que cette charte constitue une manœuvre électoraliste: tente-t-on de séduire les péquenauds d'Hérouxville?.. En outre, ce texte ne vise pas un objectif prioritaire : le taux de chômage élevé chez les immigrants est nettement plus préoccupant. Cette charte manque de cohérence et le régime de dispenses est trop complexe. Enfin, "charte de la laïcité" eût été un meilleur intitulé. Détail piquant, le Rest of Canada s'offre le luxe de dénoncer le racisme québécois, alors que le National Post regorge souvent d'invitations hystériques adressées aux musulmans de rentrer dans "leur" pays à l'occasion de procès terroristes ou de tragédies comme l'affaire Shafia, bien que les intégristes constituent une faible minorité d'une minorité qui ne pose, dans son immense majorité, nul problème d'intégration.  

Pour autant, en lui-même, le principe de l'interdiction générale dans la fonction publique québécoise des signes religieux est-il discriminatoire? Rejetons d'emblée l'argument facile portant que, "à Rome, on fait comme les Romains": les Romains religieux sont concernés. 

L'interdiction en cause viserait toutes les religions : seraient exclues de l'enseignement public les bonnes sœurs à cornettes.

Cependant, le débat est curieusement centré sur les minorités religieuses, essentiellement les musulmanes. 

Pendant que les hommes restent dans les coulisses, on en voit, et entend revendiquer, avec des trémolos dans la voix, le droit de porter cet accoutrement, qui ferait "partie de leur identité".

C'est ce qu'elles veulent? Vraiment?

Foin des contes de fées. Dans la plupart des cas, ce sont les maris et frères et le reste de la smala qui contraignent ces malheureuses à se voiler. La pression familiale et sociale a abouti au meurtre dans la famille Shafia, mais si la sanction est la plupart du temps moins violente et plus subtile, elle est efficace : l'ostracisme. Et il arrive, au Québec, comme dans certaines banlieues françaises, que des femmes osant déambuler sans hijab fassent l'objet de menaces émanant de coreligionnaires fanatiques, dans des centres commerciaux, ou même sur leur lieu de travail.

Que l'on interroge ces femmes en privé, hors caméra, comme l'ont fait, en France, les commissions d'enquête au sujet du hijab à l'école : sous le sceau du secret, les fillettes en réclamaient l'interdiction afin d'échapper, un peu, à la tyrannie familiale.

Incidemment, les tartuffes qui osent plaider que les enfants eux-mêmes veulent aller à l'école affublés d'un turban (pauvre petit Gurbaj Singh Multani...), d'un voile, etc., font écho aux rednecks américains qui réclament la prière dans les écoles publiques. Il y a quelques décennies, le chanteur Pat Boone déclarait en entrevue, sans rire : "The children want to pray"… Tout cela ne nous rajeunit pas…

Aux jobards qui s'imaginent que le port du voile (comme le mariage…) est toujours consensuel, l'on ne saurait trop recommander de méditer sur l'éminent rapport de 2004 de Marion Boyd (ex-procureur-général de l'Ontario dans le gouvernement NPD de l'ineffable Bob Rae), lequel concluait benoîtement que ne posait pas problème la saisine des juges coraniques en matière familiale puisque la compétence des tribunaux d'arbitrage dépend du consentement des deux parties!!! Que ce fût une satire, mais, hélas…

N'échappent le plus souvent à la contrainte que des converties exaltées, adultes (arithmétiquement…), blondes aux yeux bleus, ou des adolescentes en crise plus ou moins basanées.

Avec la charte, les fonctionnaires voilées jouiront, au moins, de 37,5 heures de liberté par semaine!

Et… elles pourraient y prendre goût...

Ne soyons pas intimidés par les pitoyables punaises de sacristie brandissant le spectre grotesque de démissions massives de musulmanes (ou… d'exode vers les hôpitaux ontariens…) : ni elles, sauf peut-être quelques blondes (pas forcément kabyles), ni surtout leur parentèle masculine ne renonceront à leur chèque de paye; il y a toujours avec le ciel des accommodements financiers raisonnables. Cessons de délirer, docteur Bolduc :  le vrai problème est la discrimination contre les diplômes étrangers, surtout médicaux, pas le fagotage.

L'écoute des musulmanes affranchies (au nom "imprononçable"…) comme Djemila Benhabib pourrait réactiver un tantinet le résidu de cellules grises des grenouilles de bénitier et autres démagogues qui crient au racisme.

Bref, doivent être bannis de tout l'appareil étatique, non seulement la quincaillerie, les ustensiles et les oripeaux religieux, mais toutes les manifestations bondieusardes, telles les prières cathos imposées à l'heure actuelle dans certains conseils municipaux du Québec septentrional, notoire pour ses problèmes de consanguinité… Le Kentucky canadien…

Et voici où le bât blesse : la charte, en l'état, maintient le crucifix à l'assemblée nationale, sous prétexte qu'"il fait partie de notre histoire". Comme, outre-mer, la faucille et le marteau et la swastika… D'ailleurs, l'introduction de ce glauque symbole d'antisémitisme (oui, le crucifix) dans notre assemblée ne remonte qu'à… 1936… Pure coïncidence?

Pas de jaloux. Commençons par le commencement. Que soit déboulonnée et reléguée au musée cette infecte relique, qui incarne 2000 ans de terrorisme séculaire et intellectuel, d'inquisition, de bûchers et de sodomisation -sans vaseline- d'écoliers.

Au musée des horreurs.

LP

PS. Le 8 novembre 2013. Dans le projet de loi présenté à l'assemblée nationale, on ne qualifie plus les valeurs défendues de "québécoises"; on parle, notamment, plus heureusement, de "laïcité et de neutralité religieuse de l'Etat"; il y manque cependant un titre abrégé. Hélas, rien de nouveau au sujet du crucifix…
  

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