Sunday, December 20, 2015

Le 20 décembre 2015. Le petit Justin et les valeurs de Donald Trump.



A man has got to know his limitations.
- Clint Eastwood dans Magnum Force.



Le petit roi du Canada, Trudeau II, vient de comparer le racisme ciblé du propriétaire de la Trump Tower à la charte des valeurs que défendait dans un passé récent le parti québécois de Pauline Marois.

Il faut être d'une bêtise totale (on ne saurait parler de malhonnêteté, et encore moins d'"intellectuelle", dans le cas de Justin, ce serait un oxymore…) pour taxer de raciste un projet conçu pour assurer la neutralité de l'Etat (une notion durement conquise au fil des siècles par l'homme) et susceptible de libérer, au moins, quelques Québécoises musulmanes prisonnières de leur ghetto, surtout textile.

Pour oser associer la rhétorique d'un candidat à la présidence des Etats-Unis de souche allemande et à la chevelure rebelle à un texte législatif de simple bon sens, consacrant des mesures reprenant timidement les réformes de Kémal Ataturk - qui a ainsi arraché son pays à un obscurantisme millénaire il y a près d'un siècle - et avalisées en Europe par nulle autre que la Cour européenne des droits de l'homme, il faut être un ignare absolu. Manifestement, les pentes de ski de Colombie-Britannique ne sont peut-être pas le lieu idéal pour recueillir des éléments d'histoire constitutionnelle turque.

L'ex-moniteur de planche à neige est bien le fils de son père : il est animé par le même mépris viscéral du Québec, et sa propagande haineuse est… libéralement propagée, comme il se doit, dans un medium de langue anglaise. Il est le digne successeur du très libéral premier ministre Mackenzie King, qui, en 1937, rendait encore hommage à Adolf Hitler, entre deux conversations avec sa mère et son chien défunts devant sa boule de cristal.

Les aristocrates, du seul fait de leur naissance, ont toujours eu droit à une grande visibilité sur la scène politique. Tout s'achète, y compris les postes électifs et les tribunes. Une réalité incontournable, mais qui ne favorise les débats rationnels. Cela dit, certains acquéreurs sont plus demeurés ou plus dangereux que d'autres. In fine, le discours creux de Justin rejoint celui de Trump, sauf que ce dernier maîtrise sa langue maternelle, a une bien meilleure présence de scène, a beaucoup plus de verve et, surtout, a, lui, un formidable intellect : il ne faut pas se laisser leurrer par une habile - bien qu'odieuse - exploitation du filon redneck.

L'acteur inculte qui joue les premiers rôles a tort de prendre des initiatives et de s'éloigner de son scénario mémorisé, même s'il est doté d'une belle chevelure. Déjà que le mignon petit Justin, qui se bornait à réciter ses réponses toutes faites pendant la campagne électorale, se trompait souvent de boutons et actionnait les enregistrements qui n'étaient pas pertinents quant au sujet… Par contre, l'ex-acteur de série B Ronald Reagan, lui, savait choisir des rôles à sa mesure et sa prestance était irréprochable.

N'est pas scénariste ou réalisateur qui veut.

LP

Tuesday, December 8, 2015

Le 8 décembre 2015. L'état d'urgence en France.



The power to do good is also the power to do harm.
- Milton Friedman.


Qui sème le vent récolte la tempête.
- Osée 8:1.

Suite aux attentats terroristes du 13 novembre dernier, l'état d'urgence est en vigueur en France. Elle est en guerre, parait-il, et le premier ministre Valls a notamment invoqué l'effrayante perspective d'attentats bactériologiques et chimiques.

(On passera rapidement sur les opinions des spécialistes en la matière, qui déclarent que cette forme de violence est fort peu probable vu les obstacles logistiques quasi-insurmontables.)

Cela dit, le mot "guerre" fait depuis longtemps partie de la rhétorique politique : il suffit de se souvenir de la "war on drugs" lancée jadis par Richard Nixon aux Etats-Unis, qui s'est soldée par une défaite pire que celle du Vietnam.

Nul doute que la France - et l'occident - fait face à de graves actes criminels. Toutefois, est-elle "en guerre", ou fait-elle face à un "autre danger public menaçant la vie de la nation" au sens de l'art. 15 de la Convention européenne des droits de l'homme, invoqué par elle? Ce texte dispose :

 Article 15 – Dérogation en cas d’état d’urgence. 1 En cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la nation, toute Haute Partie contractante peut prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente Convention…

745 homicides ont été comptabilisés en 2013. Pour cette année, il faudra bien ajouter aux chiffres les 130 victimes du 13 novembre et les 12 morts de Charlie hebdo. Le problème policier est là, mais… militaire? Les spectaculaires mitraillages perpétrés en masse et en direct au petit écran par des détraqués au nom d'une doctrine religieuse sont-ils plus odieux que les meurtres plus éparpillés et feutrés commis par les trafiquants de drogue ou les cambrioleurs? La France est-elle plus "en guerre" que pendant les années 70, lorsqu'elle faisait face au terrorisme des brigades rouges et du "chacal" Carlos et que pendant les années 90 où sévissaient les terroristes islamiques?

On peut s'attendre à ce qu'une victime des abus de pouvoir des autorités françaises conteste ultérieurement devant la Cour européenne des droits de l'homme la réalité de l'"état de guerre".

Le langage du droit ne suit pas toujours l'hyperbole.

En 2015, l'arbitraire policier ne s'est pas fait attendre.

Des écologistes et altermondialistes, notamment se sont déjà fait harceler par des forces de l'ordre très sélectives et sont d'ores et déjà soumis à des perquisitions, assignations à résidence, et contrôles administratifs oppressifs, comme par hasard au moment où sont interdites les manifestations en région parisienne en période de COP 21… Pourtant, ils ne vivent pas dans la clandestinité, ils ne sont pas particulièrement réputés pour leur pratique religieuse rigoriste et leur maniement de la Kalashnikov et ne font exploser qui que ce soit - et notamment pas eux-mêmes… Par contre, ils s'opposent, par exemple, à l'usage des pesticides et des OGM en agriculture. Comme djihaddistes manipulant le bouillon de culture et triturant l'isotope, on a vu plus ferré.

Et d'aucuns feignent de s'étonner de la percée, dimanche dernier, du Front National au premier tour des élections régionales en France…

Les dérives françaises doivent alerter les Canadiens : il ne faut pas oublier que, vu son libellé large, la démagogique Loi antiterroriste de 2015, promulguée à la sinistre initiative du gouvernement Harper, pourrait viser les pacifiques activités des écologistes.

Le premier ministre Manuel Valls, se prendrait-il pour la réincarnation de Guy Mollet?

LP

Monday, November 16, 2015

Le 16 novembre 2015. La barbarie frappe Paris.



Certains jours, j'ai rêvé d'une gomme à effacer l'immondice humaine.
- Louis Aragon

128 morts et 300 blessés dont 90 graves, victimes du fanatisme islamique.

Un nouveau record de l'horreur pour la ville-lumière, lequel, apparemment, bat celui du 17 octobre 1961, lorsque furent - discrètement - massacrés par les forces… de l'ordre des dizaines d'Algériens musulmans qui manifestaient pacifiquement dans la capitale française (on ne saura jamais les chiffres exacts, et pour cause); était alors préfet de police Maurice Papon, comptant dans ses glorieux états de service sa collaboration avec l'occupant nazi de 1942 à 1944.  

En cette belle nuit d'automne, l'esprit de Guillaume Apollinaire aperçut plusieurs cadavres basanés voguer tranquillement sur la Seine, sous le pont Mirabeau…

Quant aux attentats commis le vendredi 13 dernier, sur la scène internationale, les expressions de solidarité avec le peuple français ne se sont pas fait attendre. En particulier, au Québec, on avait la larme à l'œil en entendant l'émouvante, et justifiée, dénonciation de cet ignoble terrorisme par le grand chambellan de la province, Philippe Couillard de l'Espinay et son appel à la prise de mesures drastiques contre les monstres de Daech.

Pour autant, on peut s'étonner de ne pas avoir entendu, à ce jour, de la part de ce vibrant chantre de la démocratie, une toute aussi virulente dénonciation de ses ex-employeurs, la famille royale de l'Arabie saoudite, sur les ordres de laquelle l'on interdit aux femmes de conduire une voiture, l'on fouette, ampute, lapide et décapite allègrement les libre-penseurs et défenseurs de la liberté de parole et autres criminels, sans oublier les dangereux criminels coupables de sorcellerie…

"Cheikh" Philippe, dont l'appui… moral prodigué à "Médecins sans frontières" a toujours été indéfectible, qui, nous assure-t-il, n'est plus sur la liste de paye du ministère de la santé de Daech "light", a évidemment moins de raisons de s'exprimer sur ce qui s'y passe: ne sont touchés que les sujets saoudiens, et les massacres d'Etat s'y déroulent à l'abri des caméras étrangères.

A Riyad, en 2015, comme à Paris en 1961, les pouvoirs publics, eux, sont moins friands des feux de la rampe.

LP



Tuesday, November 10, 2015

Le 11 novembre 2015. Rona Ambrose devient chef par intérim du parti conservateur du Canada.



A man is not defeated by his opponents but by himself.
Jan Christiaan Smuts.

Foolery, sir, does walk about the orb like the sun, it shines everywhere.
- William Shakespeare, Twelfth Night.

Proverbe pour les puissants: Si quelqu'un te lèche les bottes, mets-lui le pied dessus avant qu'il ne commence à te mordre.
Paul Valéry.

Voilà qui symbolise la réalité du parti réformiste, pardon, conservateur. Le plupart de ses adeptes sont des rednecks unilingues anglophones, les autres maîtrisent le portugais et l'espagnol - comme Rona - ou encore l'ukrainien et l'islandais.

Une belle récompense pour les électeurs québécois qui ont permis à ce parti aux prétentions nationales de faire leurs rares gains lors des dernières élections fédérales.

En effet, on constate que c'est dans les régions rurales de la belle province profonde comptant un certain nombre de grands amateurs de chasse au gibier du dimanche, et dans les circonscriptions à plus grande densité urbaine, toutes assez homogènes sur le plan ethnique et donc épargnées par le renouvellement génétique et le brassage intellectuel, que sa propagande raciste, peu "codée", a trouvé écho. Le "coup monté" des Néo-Canadiennes niqabées y a produit l'hystérie escomptée.

En outre, le message économique simpliste a été bien accueilli dans ces contrées de petits boutiquiers plus ou moins héritiers - sans le savoir, ça va sans dire - de l'idéologie poujadiste en France : le chant des sirènes des baisses d'impôt les a rendu sourds à cette vérité que, pendant les 10 ans de règne des créationnistes, pardon, des conservateurs, ils ont, au final, financé leurs propres concurrents de grande taille qui, eux, ont bénéficié de subventions plus ou moins occultes, d'abattements fiscaux préférentiels et surtout, de la providentielle inertie de Revenu Canada qui a facilité la dissimulation de leurs profits dans des paradis fiscaux, comme les Iles Cayman. Dans l'imaginaire de ces fébriles exploitants de commerce de détail - beaucoup plus souvent sous l'impitoyable et minutieuse loupe des vérificateurs au service de la cagnotte publique - les bas taux d'imposition se traduisent automatiquement par de plus abondantes liquidités dans leurs poches.

Pourtant, il n'y a pas de plus chauds partisans de l'interventionnisme économique de l'Etat, de plus avides assistés sociaux, que les marchands de canons, surtout ceux qui vendent au prix fort leur camelote à un gouvernement entretenant des amitiés très particulières avec eux.

(Evidemment, pour faire bonne mesure, le raz-de-marée libéral dans les provinces de l'Atlantique prouve qu'il fallait avoir l'intellect d'un crustacé pour s'imaginer que Trudeau II, à la cervelle d'oiseau, dirigerait lui-même le Canada.)

Qu'à cela ne tienne : le caucus pétrolier, pardon, conservateur, de Rona, who, apparently, can type, compte désormais un grand total de 12 fous du roi, correction, de la reine, québécois.

LP





Thursday, November 5, 2015

Le 5 novembre 2015. "Que Dieu me vienne en aide".



The show must go on.
- Queen.

They say the world has become too complex for simple answers. They are wrong.
- Ronald Reagan.

Tel est l'appel lancé aux forces supérieures par Trudeau II, le nouveau monarque du septentrional Royaume du Canada lors de son couronnement, pardon, de son assermentation le 4 novembre. Il singeait ainsi le "So help me God" que l'on entend lors des inaugurations présidentielles aux Etats-Unis.

Pourtant, même dans ce pays, contrairement à une certaine mythologie, la formule religieuse n'est pas obligatoire. L'article II de la Constitution des Etats-Unis, dans lequel se trouve le texte complet du serment que doit prononcer le nouveau président lors de son entrée en fonction est limpide : l'on trouve le verbe "swear", mais "affirm" est aussi licite; et surtout, la supplique adressée directement au divin en est absente.

A Ottawa, l'hypocrisie de la prestation de serment sur des livres sacrés perdure, mais Justin vient d'en remettre une couche. Peut-être s'avoue-t-il ainsi le féal des seigneurs régnant sur les rives du Potomac? Par contre, au pays de Voltaire et de Diderot, où la séparation de l'Eglise et de l'Etat ne souffre nulle entorse, les présidents n'ont que faire des désuètes incantations aux relents de superstition : il va de soi que le chef de l'Etat doit respecter la loi comme tout un chacun.

Les électeurs canadiens athées ou agnostiques se consoleront de cette insulte en se rappelant que, contrairement au nauséabond spectacle offert au quotidien par l'assemblée nationale du Québec, l'infâme crucifix duplessiste ne surplombe pas le président de la chambre des communes.

Si le clone de Tom Cruise vient de décrocher le rôle principal de jeune premier - on ne peut rêver plus belle consécration que voir la famille Trudeau faire la couverture de "Paris-Match" -, la nomination de Stéphane Dion aux affaires étrangères est éloquente. L'ex-chef du parti libéral, fédéraliste moins sceptique que son père, à la fréquente moue d'enfant boudeur, et dont l'anglais est approximatif, était la personne la plus compétente pour encadrer l'ex-professeur d'art dramatique.

Les Canadiens lucides savent qui est dorénavant le réalisateur et scénariste du film.

LP


Wednesday, October 21, 2015

Le 21 octobre 2015. Tom Cruise est élu premier ministre du Canada.



Life's but a walking shadow, a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage
- William Shakespeare.

Win this one for the Gipper.
- Ronald Reagan.

Au Canada, il reste encore 30% de rednecks mordus d'armes à feu pour soutenir un Steven Harper, pantin des pétrolières massacrant allègrement l'environnement et qu'il récompense par de juteux abattements fiscaux, museleur des fonctionnaires (surtout scientifiques) et habile négociateur de traités de double imposition avec les paradis fiscaux.

C'est égal, on peut être surpris de voir 40% des électeurs se tourner vers le parti corrompu et corrupteur dont le titre de gloire est l'opération des commandites et maintenant dirigé par Sa Majesté Trudeau II, un ignare au français approximatif qui n'aurait jamais pu se faire élire délégué syndical n'eût été son aristocratique filiation. (Bien sûr, nul parti n'est au-dessus de dérives monarchiques, comme l'atteste le rôle joué par Olivia Chow…).

Certains médias plus que complaisants lui rendent hommage pour ses prétendues bonnes performances lors des débats, feignant de ne pas comprendre qu'il s'est borné a réciter,  plus ou moins décemment, ses scénarios scrupuleusement mémorisés; il faut cependant avouer que, avec un peu de pratique, il est quand même parvenu, au final, à mieux synchroniser ses réponses enregistrées avec les questions posées. Pour comprendre le processus, il suffit de revoir "A few good men" mettant en vedette Tom Cruise : à l'écran, on a l'illusion d'un fin juriste maîtrisant les arcanes de la procédure pénale. Et, à l'occasion, il en est allé très relativement de même pour Justin notamment en matière économique, alors qu'il n'en comprend pas un traitre mot. Mais soyons rassurés : s'il est le clone politique de Tom Cruise, il ne risque pas de sauter sur un divan en entrevue comme un chimpanzé.
  
A-t-on vraiment sous-estimé Justin? On a plutôt sous-estimé ses scénaristes et metteurs en scène, et surtout l'amnésie et la jobardise de 40% des spectateurs, pardon… de l'électorat. Il est donc injuste de dire que l'inexpérience de Justin est totale : ce serait oublier son impressionnant bagage d'enseignant en art dramatique.

Quant aux domaines plus immédiats qui relèvent dorénavant de sa nouvelle charge, on entend déjà, chose piquante, l'argument que Justin est "bien entouré". Une éloquente reprise de l'argumentaire des partisans l'ex-acteur Ronald Reagan en 1980. Les scandales ayant entaché la fin de sa présidence ont démontré que les dérives sont inévitables lorsqu'un état dirigé par une potiche, qui confond "délégation" et "abdication".

Même avec les sucettes fiscales promises aux membres des classes moyennes ayant leur unique compte bancaire au Canada, les riches contribuables faisant affaire avec Jersey et Turquoise ont encore de beaux jours devant eux, vu que le petit roi n'a jamais évoqué le problème de l'évasion fiscale, laquelle n'est pas un monopole conservateur.

Sur la scène internationale, le gentil petit Justin risque de ne pas faire le poids face à des interlocuteurs comme Vladimir Poutine. Il en impose moins que Ronald Reagan, qui maîtrisait beaucoup mieux ses répliques. Mais soyons justes.

Il est plus mignon.

LP



Monday, October 12, 2015

Le 12 octobre 2015. Les dérapages de la justice pénale au Québec.



Que le monde est donc mal fait, et pourquoi faut-il que certains êtres finalement deviennent cibles pour avoir été trop points de mire!
- Sacha Guitry.

Le juge James Bruton de la Cour supérieure du Québec a tranché : 5 des Hells Angels accusés de meurtre arrêtés à la suite de la longue et très coûteuse opération policière Sharcq obtiennent l'arrêt des poursuites en raison des violations répétées, par les procureurs, de l'obligation de communication des éléments de preuve aux parties adverses. On se rappellera d'ailleurs que, en 2011, le même magistrat n'avait eu d'autre alternative que d'acquitter 31 accusés de gangstérisme et de trafic de drogue en 2011 pour "délais raisonnables anticipés".

D'aucuns y verront quelques regrettables revers pour la justice. En outre, de prime abord, le contribuable québécois est susceptible de grincer des dents vu la substantielle ponction opérée en pure perte dans le budget de l'administration de la justice.

Mais que le grand public ne se laisse pas tromper par les apparences : globalement, sa sécurité est bien assurée.

Comment en douter vu que les procureurs de la Couronne ont mis toute la gomme financière pour obtenir (recours rarissime) l'annulation de l'acquittement du Dr Guy Turcotte et le poursuivre une deuxième fois?

LP

Tuesday, September 29, 2015

Le 29 septembre 2015. Lettre ouverte à Alain Crevier : la couverture de l'actualité papale.



Alain Crevier
Journaliste,
Société Radio-Canada


Bonjour M. Crevier,

Je suis un téléspectateur assidu et inconditionnel de votre émission "Second Regard". Tous vos reportages sur les thèmes religieux et philosophiques captent mon entière attention.

A ce titre, j'ose croire que si j'exprime un bémol sur vos reportages concernant le Pape François, j'aurai droit à votre indulgence (sans jeu de mot) : vous devriez adopter un ton plus neutre, au lieu de vous en faire le thuriféraire.

En effet, le  pape, comme toutes les personnalités politiques, est un fin renard. A l'instar de Steven Harper, Barack Obama et François Hollande, il planifie avec soin son image médiatique avec l'aide d'un directeur des communications.

Plus précisément, lorsque vous avez évoqué l'affection de François pour les enfants - qu'il embrasse à droite et à gauche - laquelle ne saurait être feinte, selon vous, il y avait de quoi sourire. Ces chastes baisers, ses bénédictions aux prisonniers, ses rencontres avec quelques victimes d'abus sexuels triées sur le volet, tout cela est soigneusement chorégraphié pour la caméra; il faut une certaine dose de naïveté pour ne pas s'en rendre compte. Evidemment, un dir.com le moindrement compétent planifie une stratégie marketing qui correspond à la personnalité de son client : il tombe sous le sens que si son poulain a envie de vomir à moins d'un mètre d'un bébé, il lui recommandera une autre approche, plus compatible avec son tempérament.

Cela dit, il est exact que François joue peut-être son pontificat. Il est fort possible que les (plus) fanatiques de l'Eglise pourraient lui reprocher son laxisme apparent. Rien de nouveau en politique : il y a toujours eu des chefs d'Etat moins idéologues, disposés à "lâcher du lest" afin de préserver les acquits, au grand dam des jusqu'auboutistes. Cependant, on se rappellera le sort d'Alexander Dubček en Tchécoslovaquie en 1968: il eut l'audace de prôner le socialisme "à visage humain". Il ne dura qu'un printemps...

(Mais relativisons, M. Crevier : de nos jours, les purges et coups d'Etat derrière les murs du Vatican sont plus feutrés; on a fait du chemin depuis les Borgia.)

D'ailleurs, toute l'histoire de l'Eglise a consisté en l'alternance des périodes "good cop, bad cop". Il est indéniable que François, en ce moment, joue à merveille le premier rôle,  inspiré par ses plus débonnaires prédécesseurs qui ne condamnèrent pas systématiquement les Juifs à grésiller sur le bûcher…


("Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil" : Ecclésiaste 1:9.)

M. Crevier, si le pontife veut vraiment "changer les choses", comme vous le répétez inlassablement, qu'il suive l'exemple de Mikhael Gorbatchev, qui a aboli le communisme, de Frederik De Klerk, qui a aboli l'apartheid : qu'il avoue l'évidence, à savoir que l'Eglise raconte des contes de fées depuis 2000 ans, que les évangiles sont de virulents pamphlets antisémites, et qu'il dissolve l'Eglise.

Cordialement,

LP

Friday, September 18, 2015

Le 18 septembre 2015. Elections fédérales canadiennes : le débat sur l'économie.



I'm the first Biden in a thousand generations to get a college and a graduate degree.
- Joe Biden.

Why am I the first Kinnock in a thousand generations to be able to get to university?
- Neil Kinnock.

Are you better off today than you were four years ago?
- Ronald Reagan.

Avec le débat qui a réuni les chefs des trois principaux partis canadiens hier soir à Calgary, les électeurs ont eu essentiellement droit à une bataille de vagues chiffres, qu'une incessante cacophonie a rendu peu édifiante.

Tom Mulcair a réussi à contenir son tempérament rageur. Steven Harper, pour justifier son inaction envers les réfugiés syriens, a repris effrontément le conte de fées de la sécurité nationale, pourtant ridiculisé quelques jours auparavant par nul autre que l'ancien chef d'état-major de l'armée canadienne, le général Rick Hillier.

Une fracassante révélation cependant.

Trudeau II se prend maintenant pour Ronald Reagan.

Il le plagie sans vergogne en lançant aux roturiers canadiens, qu'il invite à lui accorder leur onction électorale, cette question : Are you better off now than you were 10 years ago?

Il émule ainsi l'actuel vice-président américain Joe Biden qui, en 1988, puisa dans un discours du chef du parti travailliste du Royaume-Uni pour émouvoir l'électorat. Cependant, le prince héritier du Royaume du Canada sait aussi s'inspirer des grands acteurs comme l'ex-président Reagan et Tom Cruise.

Lui qui, il y a peu, annonçait son admiration pour la dictature chinoise censée être en mesure de faire face aux problèmes économiques par sa capacité de réagir au quart de tour (on a dime), il a fait hier soir l'éclatante démonstration qu'il peut faire croire au public qu'il parle en connaissance de cause en récitant scrupuleusement les répliques attribuées à son falot personnage par son scénario.

More than just a pretty face?

LP

Tuesday, September 15, 2015

Le 15 septembre 2015. Les hontes canadiennes.



Louis Bonaparte croit monter au trône.
- Victor Hugo (Napoléon le petit).

Ils doivent faire une drôle de tête les gens quand on les extirpe des oubliettes.
- Louis-Ferdinand Céline.

Le prince héritier, Trudeau II, fait maintenant appel aux caciques d'un autre âge. Le mignon petit Justin appelle à la rescousse les amis de papa, Paul "Canada Steamship" Martin (aussi fils de son père) et Jean Chrétien, qui est bien introduit dans la famille Desmarais (encore que l'on pourrait dire que c'est son gendre qui a ses entrées dans la famille Chrétien). Ils l'ont vu grandir, ils l'ont fait sauter sur leurs genoux jadis dans un salon du 24 Sussex Drive et ils sont censés convaincre les croquants canadiens que leur petit protégé incarne le changement. Le prétendant au trône promettait un vent de fraîcheur, mais il a plutôt opté pour les relents de vieilles croûtes verdies de moisissures.

M. Chrétien - l'ex-première potiche du Canada, bilingue dans les deux langues - a évoqué dans des lettres ouvertes - rédigées, on l'aura compris, par des "nègres" à la plume plus élégante - sa "honte" face à l'indifférence manifestée par Steven Harper à l'égard des réfugiés syriens.

Mieux, le "petit gars" de Shawinigan attribue aujourd'hui la promesse de M. Mulcair d'abroger la très obscure Loi sur la clarté à une volonté de racoler les électeurs québécois.

Voilà qui est piquant de la part l'ex-chef du parti quelque peu touché naguère par le scandale dit "des commandites" et qui se dit maintenant soucieux de la perte de prestige du Canada sur la scène internationale.

De surcroît, à l'époque où le gouvernement était dirigé par Trudeau premier, puis par lui-même (si l'on ose ce lapsus), un temps béni où, apparemment, Justin dévalait joyeusement les pentes de ski, le journaliste salvadorien Victor Regalado n'a pas vraiment été accueilli à bras ouverts par les kafkaïens bureaucrates de Citoyenneté et Immigration Canada.

Le parti libéral du Canada de beaux restes, mais, en matière de sujets de honte, M. Chrétien pratique comme pas un l'art de verser les faits dans un entonnoir. Et il a besoin de nouvelles lunettes.

LP

Monday, September 7, 2015

Le 7 septembre 2015. La répartition du malheur.



La guerre commence à me faire l'effet d'une ignoble tragédie, sur laquelle le rideau s'abaisserait et se relèverait sans cesse, devant un public rassasié, mais trop prostré pour se lever et partir.
- Louis-Ferdinand Céline. 

Depuis plusieurs années, sans s'abaisser à la hargne australienne, le gouvernement canadien conservateur manifeste son hostilité de principe aux réfugiés en prenant des mesures restrictives afin de satisfaire sa base électorale incompressible : les ventrus et tatoués rednecks, grands connaisseurs en bière, qui chassent le gibier le dimanche après-midi avec leur fusil dispensé (enfin!) d'enregistrement après avoir assisté à l'office dans leur église évangélique.

Du bout des lèvres, le premier ministre canadien promet désormais d'agir avec un peu plus de célérité. Les chiffres demeurent cependant modestes (encore que les objectifs du NPD ne sont pas particulièrement impressionnants) et... l'on veut donner la priorité aux "minorités religieuses". Une expression codée qui ne trompera que qui veut...

Fut beaucoup plus émouvante, il y a quelques jours, la réaction du premier ministre québécois Philippe Couillard à la noyade du petit Aylan : il déclare que sa province, elle, est prête à accueillir des milliers de victimes d'une cruelle guerre et annonce même qu'il est prêt à parrainer personnellement une famille syrienne. Cela est bel et bien, mais il faut peut-être rappeler que des pays riches dégoulinant de pétrole comme les émirats du golfe persique et l'Arabie séoudite restent bien silencieux face au spectacle qu'offre, par exemple, le million de réfugiés qui s'entassent dans le petit Liban.

Il n'y a que les démagogues pour invoquer l'inaction d'autrui afin de justifier leur propre refus de tout idée d''intervention. Dans tous les cas, le Canada peut, et doit, faire plus. Beaucoup plus.

Pour autant, on aimerait que "Cheikh" Philippe, ex-larbin de l'Arabie séoudite et toujours grand ami de la famille royale de ce pays, l'invitât publiquement à apporter sa modeste contribution au soulagement de la misère humaine qui règne en Syrie et en Irak et, pendant qu'on y est, en République démocratique (sic) du Congo (psstt! on chuchote que des milliers et des milliers de Négresses s'y font régulièrement torturer, violer et assassiner, mais l'on n'a pas encore les photos ni les vidéos). 

Peut-être préférera-t-il leur porter ce message plus discrètement la prochaine fois qu'il sirotera le thé au jasmin en la compagnie d'un de ses membres. Dans un pub de Jersey, par exemple.

LP


Thursday, September 3, 2015

Le 3 septembre 2015. Aylan victime de la bureaucratie canadienne?



Those who cannot remember the past are condemned to repeat it.
- George Santanya.

Le cadavre gonflé d'eau d'un enfant de 3 ans noyé sur la plage d'une belle station balnéaire est une tragédie qui symbolise les conséquences de la politique démagogique de résistance sournoisement bureaucratique, plus ou moins passive, du gouvernement Harper en matière d'accueil des réfugiés depuis plusieurs années.

Après 1945, le Canada était très accueillant, par exemple, pour les réfugiés blancs, chrétiens, et fuyant le communisme (l'actuel gouvernement hongrois semble avoir oublié les événements de 1956…). Aujourd'hui, les choses sont apparemment moins évidentes pour les Arabes musulmans, victimes en grande partie des atrocités perpétrées par leur propre président Assad. Les quelques Syriens acceptés au compte-gouttes, bien en-deça des objectifs fixés par le gouvernement canadien lui-même, en savent quelque chose.

(On aura la décence d'éviter de se donner bonne conscience en répliquant que les Etats-Unis n'ont, à ce jour, n'ont pour ainsi dire rien fait pour les victimes syriennes du conflit qui ravage leur pays et qui découle, ô ironie, de la création, par eux, du Frankenstein qu'est l'EI due à l'invasion de l'Irak.)

Cela dit, il faut rendre hommage au sens de la chorégraphie politique de Steven Harper que l'on aperçoit souvent lors de ses conférences de presse en campagne électorale en présence - comme par hasard - d'un Sikh au turban de couleur criante, ostensiblement placé à ses côtés sur l'estrade au premier rang en compagnie de quelques autres autres membres du parti au teint opportunément bistre; on signalera d'ailleurs à ce chapitre que depuis 2011, a été fort visible à la chambre des communes le député conservateur portant aussi un immanquable couvre-chef sikh, au siège bien situé - le hasard fait encore bien les choses - de sorte qu'il soit toujours capté par la caméra et apparaisse à la gauche de l'écran lors des interventions de son chef de parti.

Des mesures concrètes de la part du gouvernement en faveur des réfugiés seraient peut-être de nature à mieux convaincre le public de l'ouverture d'esprit du premier ministre en matière de communautés culturelles.

Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que lorsque les Juifs persécutés par les Nazis dans les années 1930 frappaient désespérément aux portes pour obtenir asile, on fit souvent, surtout aux Etats-Unis, la sourde oreille. Les Franklin Roosevelt et les Mackenzie King, et leurs administrations, susurraient que leurs pays ne pouvaient tout faire (d'autant plus que l'on ne tenait pas à prendre trop au sérieux les doléances d'un groupe ethnique honni que l'on taxait d'exagération de leurs petits tracas depuis 2000 ans…). M. Harper reprend aujourd'hui en substance, sinon littéralement, la formule du très socialiste ex-premier ministre français, Michel Rocard, qui, sans rire, déclara en 1989 à plusieurs reprises, à l'assemblée nationale et aux médias : notre pays ne peut accueillir et soulager toute (sic) la misère du monde.

Pour tenter d'en soulager au moins ne fût-ce qu'une parcelle, le Canada d'aujourd'hui  pourrait s'inspirer de l'Equateur qui, il y a plus de 70 ans, fut, relativement à sa population, la terre d'accueil la plus généreuse envers les Juifs, alors que les autorités canadiennes, elles, suivaient impitoyablement la politique résumée par un sinistre brocard.

"None is too many".

LP


Wednesday, September 2, 2015

Le 2 septembre 2015. Les destructions de merveilles archéologiques par Daech.



Les dieux ont une âme et un corps : l’âme c’est le démon, le corps c’est la statue.
-  Saint-Augustin.

Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
- Ecclésiaste 1:9.

Comme un chien qui retourne à ce qu'il a vomi, ainsi est un insensé qui revient à sa folie.
- Proverbes 26:11. 

Le monde est horrifié, avec raison, par les déprédations infligées par les autorités de l'Etat islamique aux statues et anciens temples païens, mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler qu'elles n'ont pas réinventé la roue.

Elle ne font que remettre à l'ordre du jour une tradition pré-islamique plus que millénaire et longtemps honorée (sans être très honorable). Dès que le christianisme devint la religion d'Etat de l'empire romain au IVe siècle de notre ère, les pouvoirs publics ont régulièrement ordonné ou avalisé la destruction des lieux et objets de cultes polythéistes - et parfois même chrétiens non-orthodoxes. Des orgies de vandalisme ont suivi pendant des siècles.

Le plus sinistre est que ces sauvageries ont une certaine cohérence sur le plan théologique : l'islam et le christianisme partagent cette croyance délirante que ces édifices et sculptures matériels abritent des êtres surnaturels démoniaques, d'où la nécessité de leur suppression. (Evidemment, par les temps qui courent, surtout dans le monde occidental, ces contes de fées sont, dans la mesure du possible… occultés (si l'on ose dire) par les hiérarchies religieuses dites "modernes", peur du ridicule oblige… encore que certains exorcistes reprennent à l'occasion du service pour combattre les esprits malfaisants, vaudous et autres, selon les latitudes…)

On a beau être monothéiste, il ne faut surtout pas prendre à la légère les démons.

Il est donc difficile de trop s'étonner aujourd'hui du dynamitage du temple de Bêl à Palmyre. Les religions totalitaires ont, par essence, vocation à l'iconoclasme, et gare aux mécréants lorsqu'elles s'emparent des leviers du pouvoir temporel. (En Malaisie, un membre à part entière de la communauté internationale, la destruction de temples hindous y est monnaie courante, ce qui ne semble pas émouvoir qui que ce soit).

En outre, comme le prouvent, par exemple, le lynchage de la mathématicienne et philosophe Hypatie en l'an de notre Seigneur 415, l'assassinat par l'Inquisition de Giordano Bruno en 1600 - brûlé vif sur le bûcher - et la persécution de Galilée, les théocraties ne dirigent pas leur haine uniquement vers les monuments de pierre, mais aussi vers les sanctuaires de l'esprit.

Sur le plan de l'horreur, l'EI ne fait que recycler des recettes qui ont déjà amplement fait leurs preuves par le passé.


LP


Sunday, August 30, 2015

Le 30 août 2015. Faut-il loger à la même enseigne tous les enseignants de français du Québec?



Le style, c’est le mot qu’il faut. Le reste importe peu.
- Jules Renard.          

En cette période de rentrée des classes, le ministre de l'Education, François Blais, vient de déclarer publiquement être quelque peu dubitatif quant au niveau linguistique de nos professeurs de français, alors qu'ils sont censés être des modèles.

Voilà une intervention qui a interpellé nul autre que Fernand Gervais, éminent doyen de la faculté des sciences de l'éducation de l'université Laval.
                                    
Vendredi soir dernier, sur les ondes de RDI, il s'est voulu rassurant pour les parents : ils n'ont rien à craindre sur le plan de la compétence de la part du personnel chargé de former nos adorables petites têtes blondes du primaire et du secondaire dans la langue de Rabelais puisque les examens qu'ont passés et réussis nos pédagogues diplômés constituent des "filets de sécurité". On appréciera donc à leur juste valeur les quelques joyaux que voici.

Evoquant l'un de ces filets, il a eu recours à la formule "le test que je référais" (sic) (alors que l'on se fût plutôt attendu à "l'examen que je mentionnais"). Comme tout un chacun, il veut que nos enfants "soient enseignés par des enseignants compétents" (sic) (surtout si ceux-ci évitent la voie passive incorrectement calquée de l'anglais). Pour ce faire, il a dit, à plusieurs reprises, qu'il faut consacrer à leur formation "toutes les ressources" nécessaires (cette magnificence promise eût été encore plus appréciée si l'on n'eût entendu "raissources", prononciation issue du terroir québécois). Il va sans dire qu'ils doivent "être très connaissants au niveau… de la langue" (sic) (en effet, mais il serait peut-être préférable qu'ils la maîtrisassent).

Cela dit, rendons hommage au doyen Gervais, qui concède, avec une ouverture d'esprit digne d'éloges, que les préoccupations du ministre Blais sont légitimes. A la question suivante : "Est-ce que la déclaration du ministre est un appel à tous… pour s'assurer que les enseignants de français maîtrisent bien la langue?", sa réponse fut un cri du cœur : "Définitivement, définitivement" (sic)…

On abonde "absolument", "tout à fait" dans son sens.

Il fallait un pédagogue chevronné comme le doyen Gervais pour exposer aussi clairement au public l'état des lieux scolaires québécois. En suivant une interviouve dense et didactique de 7 minutes seulement, on a tout compris.

Un modèle du genre.

LP

Monday, August 17, 2015

Le 17 août 2015. Mariage royal à Québec.



Pour se marier, il faut un témoin, comme pour un accident ou un duel.
- Sacha Guitry.

Dans tous les cas, mariez-vous. Si vous tombez sur une bonne épouse, vous serez heureux; et si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez philosophe, ce qui est excellent pour l'homme.
- Socrate.



Pierre-Karl Péladeau et Julie Snyder ont uni leurs destinées à Québec samedi dernier.

La promise, mère de leurs deux enfants, était resplendissante dans sa robe immaculée, tandis que le jeune marié est écologiquement arrivé en vélocipède.

Etait convié le gratin politique et culturel québécois; d'ailleurs, a instrumenté le maire de la vieille capitale, Régis Labeaume; c'était bien le moins. Il s'imposait logiquement qu'y rendissent hommage à la dulcinée et à son maître et seigneur toutes les féales personnalités souverainistes. N'oublions surtout pas la présence de Michel Drucker, qui projette depuis plusieurs décennies l'image du gendre idéal dont rêvent toutes les mères de France et de Navarre.

Nul doute que les électeurs de la province ont goûté cette majestueuse cérémonie, d'autant plus que les tourtereaux, qui savent vivre avec leur temps, ont daigné autoriser les membres du Tiers état à s'approcher d'eux et les ont chaleureusement salués.

L'on est en droit d'espérer que le nouveau couple fera la couverture de la presse pipole comme "Voici", "Gala", et même "Point de vue".

LP

Wednesday, August 12, 2015

Le 12 août 2015. La rhétorique électorale au Canada.



I don't want to make the wrong mistake.
- Yogi Berra.

It's very hard to step into a job when people are just dismissing you as a pretty face, and saying you got your job only because your surname is McMahon.
- Julian McMahon

Nous apprenons de la bouche de Trudeau II que le grand bitumier et premier ministre Steven Harper "est ancré et focussé sur son propre intérêt". Sic.

Il a beau être le fils de son père, il n'en a pas la langue française.

Cela dit, Justin est le digne successeur de Jean Chrétien. S'il est élu, le plus meilleur pays au monde est assuré d'avoir un deuxième premier ministre bilingue dans les deux langues officielles.

Un peu plus mignon, cependant.

LP

Saturday, August 8, 2015

Le 8 août 2015. Elections au Canada: le premier débat des chefs (du 6 août).



Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre. La clef du puits de l’abîme lui fut donnée, et elle ouvrit le puits de l’abîme. Et il monta du puits une fumée, comme la fumée d’une grande fournaise ; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits. De la fumée sortirent des sauterelles, qui se répandirent sur la terre ; et il leur fut donné un pouvoir comme le pouvoir qu’ont les scorpions de la terre.
- Apocalypse 9:1-3.

Les pontes de plusieurs médias déclarent que le vainqueur du débat, aux points, est le prince héritier, Trudeau II. Ils ont raison.

En effet, il était si bien formaté et bichonné que, comme Sarah Pailin naguère, il a réussi l'exploit de ne commettre aucune bourde; réciter mécaniquement un scénario bien mémorisé, ça évite les surprises. Une belle performance, en effet, de la part de la caricature de Ken (le petit ami de Barbie). On lui pardonnerait presque la mièvrerie de sa conclusion : il a le Canada dans la peau et dans les os, et voilà pourquoi il veut devenir notre premier ministre.

Sur le fond, l'électeur a eu droit à quelques éléments d'information pertinents.

Avec son indéfectible sourire onctueux, Tom Mulcair a presque réussi à occulter son tempérament de caractériel, mais on sait au moins que s'il est élu, il abrogera purement et simplement la stalinienne Loi antiterroriste de 2015. En outre, en ce qui concerne un très hypothétique référendum sur la souveraineté au Québec, il a, très clairement, répété s'en tenir à la formule 50$%+1. Chose curieuse, nul n'a relevé que Ken - pardon, Justin -, qui la rejette (la formule, pas seulement la souveraineté), s'est ineptement dérobé au défi lancé par le chef du NPD de donner, clairement, son propre chiffre, en s'abritant derrière l'opaque Loi sur la clarté (une coquille vide sur le plan juridique), laquelle n'en donne aucun. Et pour cause.

Les bitumiers albertains ont transformé les environs de Fort MacMurray en un gigantesque et pestilentiel "Love Canal" (il était écrit que la "Bible belt" canadienne nous donnerait un avant-goût d'apocalypse); logiquement, il incombait à leur directeur des relations publiques, Steven Harper, d'avouer que le pays est en récession et d'annoncer qu'il maintiendra, dans l'avenir prévisible, son illégal moratoire concernant les nominations au Sénat (encore que, échaudé par la performance de Patrick Brazeau, un exemple parmi d'autres, on peut lui accorder les circonstances atténuantes).

Enfin, nulle démagogie, nulle esquive, nulle citation de statistiques tronquées de la part d'Elisabeth May, du parti vert, qui a fait preuve d'une excellente maîtrise des questions économiques : désormais, le public sait notamment que, en matière commerciale, il y a plus de barrières entre les provinces qu'entre les Etats de l'Union européenne; un scandale canadien. De surcroît, son rejet de la loi antiterroriste de 2015 s'appuie sur des arguments solides, notamment sur des réactions d'experts du MI5 anglais, dont il ressort qu'elle est plus au fait des questions de sécurité nationale que les millénaristes du Reform Party - pardon, du parti conservateur.

De quoi nourrir la réflexion des Canadiens.

LP


Saturday, August 1, 2015

Le 1er août 2015. "The mouse that roared".



Wimoweh, wimoweh, wimoweh, wimoweh
Near the village, the peaceful village
The lion sleeps tonight
Near the village, the quiet village
the lion sleeps tonight
- Chanson zouloue,
 reprise en français par Henri Salvador sous le titre Le lion est mort ce soir.

Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère. 
- Matthieu 7:5.

Le dernier exploit du dentiste Walter Palmer, grand mordu de chasse au gros gibier devant l'Eternel, s'est répandu comme une traînée de poudre dans notre zoo planétaire et a provoqué d'assourdissants rugissements d'indignation.

La mort de Cecil, magnifique lion à la crinière noire, suscite la colère, notamment parce que l'on appris que, par le passé, le Dr Palmer a fait feu sur des animaux au mépris des lois locales de protection de la faune. Le roi de la couronne n'en est pas à son coup d'essai.
                         
Le voilà vilipendé, ce qui est compréhensible, mis au pilori du web, et il fait même l'objet de menaces de mort, ce qui l'est moins. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement zimbabwéen veut maintenant mettre en branle tout le mécanisme d'une majestueuse justice : il réclame des Etats-Unis l'extradition du tireur à l'arbalète. Rien que ça.

On aurait pensé que tel est le genre de cause qui ne mérite pas de garder occupés des armées de juristes spécialisés en droit pénal international, qui ont d'autres chats à fouetter.

Nul ne songe à féliciter le dentiste braconnier, (à la possible exception de la National Rifle Association) et surtout pas de la première arme choisie en l'occurrence, d'autant plus que le malheureux félin a agonisé pendant 40 heures avant d'être achevé, avec une arme à feu cette fois. Il est entièrement légitime d'invoquer les agissements d'un débile redneck avide de sinistres trophées pour illustrer, a contrario, l'importance de la protection de la nature.

Impossible donc de dire qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat.

Pour autant, nul ne semble avoir relevé cette troublante incongruité : des mesures judiciaires draconiennes et spectaculaires sont maintenant réclamées par un gouvernement dirigé depuis 1980 par un voleur, un tyran, un psychopathe sénile qui a fait brutaliser, violer, torturer - pendant plus de 40 heures-, affamé et froidement assassiné plus de Nègres que tous les dirigeants blancs réunis de l'ex-Rhodésie.

La mort d'un roi-lion laisse dans le deuil plusieurs lionceaux, mais combien de petits Zimbabwéens ont été rendus orphelins par les Einsatzgruppen du président à vie?  Le vrai gibier… de potence est bien évidemment l'infâme Robert Mugabe. Mais l'on n'aperçoit aucun tribunal international à l'horizon.

La protection de la faune est un noble objectif écologique, mais la priorité devrait être accordée aux êtres humains, censés être, précisément, les bénéficiaires d'une saine nature.

Le pauvre Cecil fut leurré hors de son parc par une carcasse. Pour l'instant, les relents de ses propres restes servent à masquer la puanteur des charniers émaillant un pays abandonné à son triste sort où nul village n'est paisible.

Car le chacal, lui, n'est pas encore mort ce soir.

LP