Saturday, August 1, 2015

Le 1er août 2015. "The mouse that roared".



Wimoweh, wimoweh, wimoweh, wimoweh
Near the village, the peaceful village
The lion sleeps tonight
Near the village, the quiet village
the lion sleeps tonight
- Chanson zouloue,
 reprise en français par Henri Salvador sous le titre Le lion est mort ce soir.

Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton oeil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'oeil de ton frère. 
- Matthieu 7:5.

Le dernier exploit du dentiste Walter Palmer, grand mordu de chasse au gros gibier devant l'Eternel, s'est répandu comme une traînée de poudre dans notre zoo planétaire et a provoqué d'assourdissants rugissements d'indignation.

La mort de Cecil, magnifique lion à la crinière noire, suscite la colère, notamment parce que l'on appris que, par le passé, le Dr Palmer a fait feu sur des animaux au mépris des lois locales de protection de la faune. Le roi de la couronne n'en est pas à son coup d'essai.
                         
Le voilà vilipendé, ce qui est compréhensible, mis au pilori du web, et il fait même l'objet de menaces de mort, ce qui l'est moins. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement zimbabwéen veut maintenant mettre en branle tout le mécanisme d'une majestueuse justice : il réclame des Etats-Unis l'extradition du tireur à l'arbalète. Rien que ça.

On aurait pensé que tel est le genre de cause qui ne mérite pas de garder occupés des armées de juristes spécialisés en droit pénal international, qui ont d'autres chats à fouetter.

Nul ne songe à féliciter le dentiste braconnier, (à la possible exception de la National Rifle Association) et surtout pas de la première arme choisie en l'occurrence, d'autant plus que le malheureux félin a agonisé pendant 40 heures avant d'être achevé, avec une arme à feu cette fois. Il est entièrement légitime d'invoquer les agissements d'un débile redneck avide de sinistres trophées pour illustrer, a contrario, l'importance de la protection de la nature.

Impossible donc de dire qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat.

Pour autant, nul ne semble avoir relevé cette troublante incongruité : des mesures judiciaires draconiennes et spectaculaires sont maintenant réclamées par un gouvernement dirigé depuis 1980 par un voleur, un tyran, un psychopathe sénile qui a fait brutaliser, violer, torturer - pendant plus de 40 heures-, affamé et froidement assassiné plus de Nègres que tous les dirigeants blancs réunis de l'ex-Rhodésie.

La mort d'un roi-lion laisse dans le deuil plusieurs lionceaux, mais combien de petits Zimbabwéens ont été rendus orphelins par les Einsatzgruppen du président à vie?  Le vrai gibier… de potence est bien évidemment l'infâme Robert Mugabe. Mais l'on n'aperçoit aucun tribunal international à l'horizon.

La protection de la faune est un noble objectif écologique, mais la priorité devrait être accordée aux êtres humains, censés être, précisément, les bénéficiaires d'une saine nature.

Le pauvre Cecil fut leurré hors de son parc par une carcasse. Pour l'instant, les relents de ses propres restes servent à masquer la puanteur des charniers émaillant un pays abandonné à son triste sort où nul village n'est paisible.

Car le chacal, lui, n'est pas encore mort ce soir.

LP



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