Saturday, August 8, 2015

Le 8 août 2015. Elections au Canada: le premier débat des chefs (du 6 août).



Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui était tombée du ciel sur la terre. La clef du puits de l’abîme lui fut donnée, et elle ouvrit le puits de l’abîme. Et il monta du puits une fumée, comme la fumée d’une grande fournaise ; et le soleil et l’air furent obscurcis par la fumée du puits. De la fumée sortirent des sauterelles, qui se répandirent sur la terre ; et il leur fut donné un pouvoir comme le pouvoir qu’ont les scorpions de la terre.
- Apocalypse 9:1-3.

Les pontes de plusieurs médias déclarent que le vainqueur du débat, aux points, est le prince héritier, Trudeau II. Ils ont raison.

En effet, il était si bien formaté et bichonné que, comme Sarah Pailin naguère, il a réussi l'exploit de ne commettre aucune bourde; réciter mécaniquement un scénario bien mémorisé, ça évite les surprises. Une belle performance, en effet, de la part de la caricature de Ken (le petit ami de Barbie). On lui pardonnerait presque la mièvrerie de sa conclusion : il a le Canada dans la peau et dans les os, et voilà pourquoi il veut devenir notre premier ministre.

Sur le fond, l'électeur a eu droit à quelques éléments d'information pertinents.

Avec son indéfectible sourire onctueux, Tom Mulcair a presque réussi à occulter son tempérament de caractériel, mais on sait au moins que s'il est élu, il abrogera purement et simplement la stalinienne Loi antiterroriste de 2015. En outre, en ce qui concerne un très hypothétique référendum sur la souveraineté au Québec, il a, très clairement, répété s'en tenir à la formule 50$%+1. Chose curieuse, nul n'a relevé que Ken - pardon, Justin -, qui la rejette (la formule, pas seulement la souveraineté), s'est ineptement dérobé au défi lancé par le chef du NPD de donner, clairement, son propre chiffre, en s'abritant derrière l'opaque Loi sur la clarté (une coquille vide sur le plan juridique), laquelle n'en donne aucun. Et pour cause.

Les bitumiers albertains ont transformé les environs de Fort MacMurray en un gigantesque et pestilentiel "Love Canal" (il était écrit que la "Bible belt" canadienne nous donnerait un avant-goût d'apocalypse); logiquement, il incombait à leur directeur des relations publiques, Steven Harper, d'avouer que le pays est en récession et d'annoncer qu'il maintiendra, dans l'avenir prévisible, son illégal moratoire concernant les nominations au Sénat (encore que, échaudé par la performance de Patrick Brazeau, un exemple parmi d'autres, on peut lui accorder les circonstances atténuantes).

Enfin, nulle démagogie, nulle esquive, nulle citation de statistiques tronquées de la part d'Elisabeth May, du parti vert, qui a fait preuve d'une excellente maîtrise des questions économiques : désormais, le public sait notamment que, en matière commerciale, il y a plus de barrières entre les provinces qu'entre les Etats de l'Union européenne; un scandale canadien. De surcroît, son rejet de la loi antiterroriste de 2015 s'appuie sur des arguments solides, notamment sur des réactions d'experts du MI5 anglais, dont il ressort qu'elle est plus au fait des questions de sécurité nationale que les millénaristes du Reform Party - pardon, du parti conservateur.

De quoi nourrir la réflexion des Canadiens.

LP


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