Thursday, September 3, 2015

Le 3 septembre 2015. Aylan victime de la bureaucratie canadienne?



Those who cannot remember the past are condemned to repeat it.
- George Santanya.

Le cadavre gonflé d'eau d'un enfant de 3 ans noyé sur la plage d'une belle station balnéaire est une tragédie qui symbolise les conséquences de la politique démagogique de résistance sournoisement bureaucratique, plus ou moins passive, du gouvernement Harper en matière d'accueil des réfugiés depuis plusieurs années.

Après 1945, le Canada était très accueillant, par exemple, pour les réfugiés blancs, chrétiens, et fuyant le communisme (l'actuel gouvernement hongrois semble avoir oublié les événements de 1956…). Aujourd'hui, les choses sont apparemment moins évidentes pour les Arabes musulmans, victimes en grande partie des atrocités perpétrées par leur propre président Assad. Les quelques Syriens acceptés au compte-gouttes, bien en-deça des objectifs fixés par le gouvernement canadien lui-même, en savent quelque chose.

(On aura la décence d'éviter de se donner bonne conscience en répliquant que les Etats-Unis n'ont, à ce jour, n'ont pour ainsi dire rien fait pour les victimes syriennes du conflit qui ravage leur pays et qui découle, ô ironie, de la création, par eux, du Frankenstein qu'est l'EI due à l'invasion de l'Irak.)

Cela dit, il faut rendre hommage au sens de la chorégraphie politique de Steven Harper que l'on aperçoit souvent lors de ses conférences de presse en campagne électorale en présence - comme par hasard - d'un Sikh au turban de couleur criante, ostensiblement placé à ses côtés sur l'estrade au premier rang en compagnie de quelques autres autres membres du parti au teint opportunément bistre; on signalera d'ailleurs à ce chapitre que depuis 2011, a été fort visible à la chambre des communes le député conservateur portant aussi un immanquable couvre-chef sikh, au siège bien situé - le hasard fait encore bien les choses - de sorte qu'il soit toujours capté par la caméra et apparaisse à la gauche de l'écran lors des interventions de son chef de parti.

Des mesures concrètes de la part du gouvernement en faveur des réfugiés seraient peut-être de nature à mieux convaincre le public de l'ouverture d'esprit du premier ministre en matière de communautés culturelles.

Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que lorsque les Juifs persécutés par les Nazis dans les années 1930 frappaient désespérément aux portes pour obtenir asile, on fit souvent, surtout aux Etats-Unis, la sourde oreille. Les Franklin Roosevelt et les Mackenzie King, et leurs administrations, susurraient que leurs pays ne pouvaient tout faire (d'autant plus que l'on ne tenait pas à prendre trop au sérieux les doléances d'un groupe ethnique honni que l'on taxait d'exagération de leurs petits tracas depuis 2000 ans…). M. Harper reprend aujourd'hui en substance, sinon littéralement, la formule du très socialiste ex-premier ministre français, Michel Rocard, qui, sans rire, déclara en 1989 à plusieurs reprises, à l'assemblée nationale et aux médias : notre pays ne peut accueillir et soulager toute (sic) la misère du monde.

Pour tenter d'en soulager au moins ne fût-ce qu'une parcelle, le Canada d'aujourd'hui  pourrait s'inspirer de l'Equateur qui, il y a plus de 70 ans, fut, relativement à sa population, la terre d'accueil la plus généreuse envers les Juifs, alors que les autorités canadiennes, elles, suivaient impitoyablement la politique résumée par un sinistre brocard.

"None is too many".

LP


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