Wednesday, September 2, 2015

Le 2 septembre 2015. Les destructions de merveilles archéologiques par Daech.



Les dieux ont une âme et un corps : l’âme c’est le démon, le corps c’est la statue.
-  Saint-Augustin.

Ce qui a été, c'est ce qui sera, et ce qui s'est fait, c'est ce qui se fera, il n'y a rien de nouveau sous le soleil.
- Ecclésiaste 1:9.

Comme un chien qui retourne à ce qu'il a vomi, ainsi est un insensé qui revient à sa folie.
- Proverbes 26:11. 

Le monde est horrifié, avec raison, par les déprédations infligées par les autorités de l'Etat islamique aux statues et anciens temples païens, mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler qu'elles n'ont pas réinventé la roue.

Elle ne font que remettre à l'ordre du jour une tradition pré-islamique plus que millénaire et longtemps honorée (sans être très honorable). Dès que le christianisme devint la religion d'Etat de l'empire romain au IVe siècle de notre ère, les pouvoirs publics ont régulièrement ordonné ou avalisé la destruction des lieux et objets de cultes polythéistes - et parfois même chrétiens non-orthodoxes. Des orgies de vandalisme ont suivi pendant des siècles.

Le plus sinistre est que ces sauvageries ont une certaine cohérence sur le plan théologique : l'islam et le christianisme partagent cette croyance délirante que ces édifices et sculptures matériels abritent des êtres surnaturels démoniaques, d'où la nécessité de leur suppression. (Evidemment, par les temps qui courent, surtout dans le monde occidental, ces contes de fées sont, dans la mesure du possible… occultés (si l'on ose dire) par les hiérarchies religieuses dites "modernes", peur du ridicule oblige… encore que certains exorcistes reprennent à l'occasion du service pour combattre les esprits malfaisants, vaudous et autres, selon les latitudes…)

On a beau être monothéiste, il ne faut surtout pas prendre à la légère les démons.

Il est donc difficile de trop s'étonner aujourd'hui du dynamitage du temple de Bêl à Palmyre. Les religions totalitaires ont, par essence, vocation à l'iconoclasme, et gare aux mécréants lorsqu'elles s'emparent des leviers du pouvoir temporel. (En Malaisie, un membre à part entière de la communauté internationale, la destruction de temples hindous y est monnaie courante, ce qui ne semble pas émouvoir qui que ce soit).

En outre, comme le prouvent, par exemple, le lynchage de la mathématicienne et philosophe Hypatie en l'an de notre Seigneur 415, l'assassinat par l'Inquisition de Giordano Bruno en 1600 - brûlé vif sur le bûcher - et la persécution de Galilée, les théocraties ne dirigent pas leur haine uniquement vers les monuments de pierre, mais aussi vers les sanctuaires de l'esprit.

Sur le plan de l'horreur, l'EI ne fait que recycler des recettes qui ont déjà amplement fait leurs preuves par le passé.


LP


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