The
power to do good is also the power to do harm.
- Milton Friedman.
Qui sème le vent récolte la tempête.
- Osée 8:1.
Suite aux attentats
terroristes du 13 novembre dernier, l'état d'urgence est en vigueur en France. Elle
est en guerre, parait-il, et le premier ministre Valls a notamment invoqué
l'effrayante perspective d'attentats bactériologiques et chimiques.
(On passera rapidement
sur les opinions des spécialistes en la matière, qui déclarent que cette forme
de violence est fort peu probable vu les obstacles logistiques quasi-insurmontables.)
Cela dit, le mot
"guerre" fait depuis longtemps partie de la rhétorique politique : il
suffit de se souvenir de la "war on drugs" lancée jadis par Richard Nixon
aux Etats-Unis, qui s'est soldée par une défaite pire que celle du Vietnam.
Nul doute que la
France - et l'occident - fait face à de graves actes criminels. Toutefois, est-elle
"en guerre", ou fait-elle face à un "autre
danger public menaçant la vie de la nation" au sens de l'art. 15 de la Convention européenne des droits de l'homme,
invoqué par elle? Ce texte dispose :
Article 15 –
Dérogation en cas d’état d’urgence. 1 En cas de guerre ou en cas d’autre danger
public menaçant la vie de la nation, toute Haute Partie contractante peut
prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente
Convention…
745 homicides ont été comptabilisés en 2013.
Pour cette année, il faudra bien ajouter aux chiffres les 130 victimes du 13
novembre et les 12 morts de Charlie hebdo. Le problème policier est là, mais… militaire? Les spectaculaires mitraillages
perpétrés en masse et en direct au petit écran par des détraqués au nom d'une
doctrine religieuse sont-ils plus odieux que les meurtres plus éparpillés et
feutrés commis par les trafiquants de drogue ou les cambrioleurs? La France est-elle
plus "en guerre" que pendant les années 70, lorsqu'elle faisait face
au terrorisme des brigades rouges et du "chacal" Carlos et que
pendant les années 90 où sévissaient les terroristes islamiques?
On peut s'attendre à
ce qu'une victime des abus de pouvoir des autorités françaises conteste
ultérieurement devant la Cour européenne des droits de l'homme la réalité de
l'"état de guerre".
Le langage du droit ne
suit pas toujours l'hyperbole.
En 2015, l'arbitraire policier
ne s'est pas fait attendre.
Des écologistes et
altermondialistes, notamment se sont déjà fait harceler par des forces de
l'ordre très sélectives et sont d'ores et déjà soumis à des perquisitions,
assignations à résidence, et contrôles administratifs oppressifs, comme par
hasard au moment où sont interdites les manifestations en région parisienne en
période de COP 21… Pourtant, ils ne vivent pas dans la clandestinité, ils ne
sont pas particulièrement réputés pour leur pratique religieuse rigoriste et
leur maniement de la Kalashnikov et ne font exploser qui que ce soit - et notamment
pas eux-mêmes… Par contre, ils s'opposent, par exemple, à l'usage des
pesticides et des OGM en agriculture. Comme djihaddistes manipulant le bouillon
de culture et triturant l'isotope, on a vu plus ferré.
Et d'aucuns feignent
de s'étonner de la percée, dimanche dernier, du Front National au premier tour
des élections régionales en France…
Les dérives françaises
doivent alerter les Canadiens : il ne faut pas oublier que, vu son libellé
large, la démagogique Loi antiterroriste
de 2015, promulguée à la sinistre initiative du gouvernement Harper, pourrait
viser les pacifiques activités des écologistes.
Le premier ministre Manuel
Valls, se prendrait-il pour la réincarnation de Guy Mollet?
LP
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