Friday, January 9, 2015

Le 9 janvier 2015. "Fouet hebdo".



Use every man after his desert, and who shall escape whipping?
- Shakespeare (Hamlet)

Maudit soir l'oppresseur qui vient avec un fouet et qui nous méprise parce qu'il nous opprime.
- Marcel Pagnol (Judas).

Dante est justicier à un degré plus redoutable que Juvénal; Juvénal fustige avec des lanières, Dante fouette avec des flammes; Juvénal condamne, Dante damne.
- Victor Hugo (William Shakespeare)


Mercredi dernier, les autorités saoudiennes ont communiqué leurs émouvantes condamnations des débordements auxquels a donné lieu la production artistique de Charlie Hebdo.

Il n'est pas étonnant que passe relativement inaperçu hors des frontières de l'Arabie Saoudite le châtiment du blogueur Raif Badawi.

Rappelons que cet impie a eu l'effronterie de publier, dans son blogue, des articles critiquant des éminentes personnalités religieuses de son beau pays, et même, oui même, des figures marquantes de l'histoire musulmane! Bien entendu, cet insolent personnage a été, comme il se doit, conformément aux injonctions bien comprises de la charia, condamné, en appel, outre une amende de 250 000$, à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet - le ministère public ayant obtenu l'infirmation de la première condamnation de 7 ans d'emprisonnement et de 600 coups, scandaleuse de clémence.

Cependant, il faut relativiser la chose pour les âmes délicates, à l'épiderme trop sensible.

Premièrement, que l'on se rassure, les 1000 coups ne seront pas administrés en une seule séance, mais par doses hebdomadaires de 50 coups. Aujourd'hui, après les prières du vendredi, M. Badawi a eu droit à sa première ration.

En outre, les juges n'avaient pas retenu les accusations d'apostasie visant M. Badawi, lui épargnant ainsi, magnanimement, la peine de mort. Il faut donc garder la tête. Froide.

Il est difficile d'imaginer un exemple plus convaincant d'Islam "modéré", qui a tout pour rassurer l'Occident avec son message d'amour du prochain.

Le mécréant Raif Badawi s'en tire donc à bon compte. La mansuétude des magistrats saoudiens frise la faiblesse, voire la mièvrerie. Pas de quoi fouetter un chat.

La sain(t)e correction imposée à Raif Badawi fera-t-elle l'objet, dans le prochain numéro de Charlie Hebdo, de traits d'humour cinglants? C'est concevable puisque ses artistes ont la satire dans la peau.

Tant qu'elle n'est pas trouée.

LP

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