Use every man after his desert, and who shall
escape whipping?
-
Shakespeare (Hamlet)
Maudit
soir l'oppresseur qui vient avec un fouet et qui nous méprise parce qu'il nous
opprime.
- Marcel Pagnol (Judas).
Dante est justicier à un degré plus
redoutable que Juvénal; Juvénal fustige avec des lanières, Dante fouette avec des
flammes; Juvénal condamne, Dante damne.
- Victor Hugo (William Shakespeare)
Mercredi dernier, les
autorités saoudiennes ont communiqué leurs émouvantes condamnations des
débordements auxquels a donné lieu la production artistique de Charlie Hebdo.
Il n'est pas étonnant
que passe relativement inaperçu hors des frontières de l'Arabie Saoudite le
châtiment du blogueur Raif Badawi.
Rappelons que cet impie
a eu l'effronterie de publier, dans son blogue, des articles critiquant des
éminentes personnalités religieuses de son beau pays, et même, oui même, des
figures marquantes de l'histoire musulmane! Bien entendu, cet insolent
personnage a été, comme il se doit, conformément aux injonctions bien comprises
de la charia, condamné, en appel, outre une amende de 250 000$, à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet -
le ministère public ayant obtenu l'infirmation de la première condamnation de 7
ans d'emprisonnement et de 600 coups, scandaleuse de clémence.
Cependant, il faut
relativiser la chose pour les âmes délicates, à l'épiderme trop sensible.
Premièrement, que l'on
se rassure, les 1000 coups ne seront pas administrés en une seule séance, mais
par doses hebdomadaires de 50 coups. Aujourd'hui, après les prières du
vendredi, M. Badawi a eu droit à sa première ration.
En outre, les juges n'avaient
pas retenu les accusations d'apostasie visant M. Badawi, lui épargnant ainsi,
magnanimement, la peine de mort. Il faut donc garder la tête.
Froide.
Il est difficile
d'imaginer un exemple plus convaincant d'Islam "modéré", qui a tout
pour rassurer l'Occident avec son message d'amour du prochain.
Le mécréant Raif Badawi
s'en tire donc à bon compte. La mansuétude des magistrats saoudiens frise la
faiblesse, voire la mièvrerie. Pas de quoi fouetter un chat.
La sain(t)e correction
imposée à Raif Badawi fera-t-elle l'objet, dans le prochain numéro de Charlie Hebdo, de traits d'humour
cinglants? C'est concevable puisque ses artistes ont la satire dans la peau.
Tant qu'elle n'est pas
trouée.
LP
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