Thursday, January 8, 2015

Le 8 janvier 2015. Hécatombe à Charlie Hebdo.



Je sèmerai les feux, les brandons, les clartés,
Les braises, et partout, au-dessus des cités,
Je ferai flamboyer l'autodafé suprême,
Joyeux, vivant, céleste!
O, genre humain, je t'aime!
- Victor Hugo (Torquemada).

Le bacille de la peste ne meurt ni de disparaît jamais… il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge… il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses et… peut-être, le jour viendrait où pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.
- Albert Camus (La peste).

La tragédie vient de frapper Charlie-Hebdo, le magazine publié jusqu'en 1970 sous le titre L'hebdo hara-kiri;  il fut d'ailleurs renommé car il fallait contourner l'interdiction prononcée par le gaulliste qui occupa, à l'époque, en France, le fauteuil de ministre de l'intérieur (avant Nicolas Sarkozy), Raymond Marcellin, oui, celui-là même qui, en 1973, fit installer, par ses "plombiers", dans les locaux du Canard enchaîné, un micro espion, s'inspirant sans doute d'un illustre président américain passé à l'histoire.

L'omniprésente censure gaullienne a souvent capitulé. On signalera l'interdiction du film de Jacques Rivette Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot en 1966 (résultant des discrètes, mais efficaces pressions de l'Eglise catholique de France); l'interdiction qui frappa plusieurs années le film La bataille d'Alger suite, notamment, aux menaces de violence de l'extrême-droite.

On est monté d'un cran en 1988 lorsque La dernière tentation du Christ causa des dégâts matériels, des blessés et un mort. Avec les compliment des ayatollahs chrétiens de France.

Le 7 janvier 2015, on est monté d'un autre cran. Et pas d'arrêt.

On aurait tort de voir dans cet odieux massacre un exemple d'offensive islamique. Il serait aussi réducteur de n'y voir qu'une agression religieuse.

Il s'agit là tout (trop…) simplement, et plus généralement, d'un acte terroriste perpétré en faveur d'une forme de totalitarisme qui semble avoir actuellement le vent en poupe.

Le petit livre rouge du grand timonier, Mao Tse-Toung, est devenu ringard; le sentier lumineux péruvien, fondé par l'ex-professeur de philosophie (et philosophe?...) Abimael Guzman n'éclaire plus personne. Bien sûr, le messianisme concocté par le juif antisémite Karl Marx fait parfois encore rêver, mais dans des versions édulcorées, des vulgates où sont occultées les concrétisations staliniennes.

Les enragés savent vivre, discourir, et tuer, avec leur temps.

Pleurons les 12 martyrs de Charlie-Hebdo, les 12 héritiers spirituels de Giordano Bruno, les 12 apôtres de la seule vraie religion, de la seule valeur sacrée.

La liberté de parole.

C'est elle qui vient d'être livrée aux lions dans l'arène de l'intégrisme.

Les vrais croyants en cette liberté, durement conquise au fil des siècles dans les pays maintenant relativement civilisés, attendent avec dégoût le concert de fourbes et sirupeuses condamnations émanant des sodomites cathos, des imams, des gauchos, des fachos, qui ont perdu le pouvoir (entièrement ou en partie) ou, attendant leur heure, rêvent de le reprendre, au besoin en s'alliant avec le diable; de tous les chantres autoproclamés de la liberté artistique qui, pourtant, avalisent pieusement les interdictions ministérielles à la sauce Marcellin et/ou judiciaires d'inspiration vallsienne.

Et faut-il rappeler que c'est en France qu'est en vigueur le liberticide article 434-25 du code pénal - une hérésie inconcevable au Canada et aux Etats-Unis -, qui réprime les critiques des décisions judiciaires? Un texte qui permet aux collègues du magistrat Fabrice Burgaud (qui, naguère, "instruisit", si l'on peut dire, l'affaire Outreau) de se prendre à l'occasion pour Dieu, plus souvent pour ses envoyés.

Que ceux qui veulent sincèrement honorer la mémoire de ces 12 sacrifiés commencent par renier, trois fois, avant que le coq chante, leurs propres criminelles églises, même séculaires.

Sinon, quant aux autres, tant les gogos trop frileux pour fouiller le passé et le présent de leur chapelle que les tartuffes qui reluquent le juteux marché des âmes/contribuables, ils demeurent, bien évidemment, et plus que jamais, libres de pousser leurs pleurnicheries de circonstance. Il est piquant de voir, par exemple, des dirigeants d'organisations musulmanes qui ont pratiqué, jusqu'à récemment, le harcèlement judiciaire afin de réduire au silence Charlie-Hebdo (même si elles furent chaque fois déboutées) par le recours à… l'amalgame de la satire et de l'islamophobie, miraculeusement convertis, en ce jour, en zélotes de la démocratie et de la liberté de la presse…

Les authentiques humanistes (expression qui englobe la grande majorité des Musulmans républicains et sociologiques de France) ne peuvent que les envoyer paître.

Gare à la récupération. N'"est" pas Charlie qui veut.

Le plus bel et le plus sincère hommage que l'on pourrait maintenant rendre aux 12 victimes serait la levée de l'interdiction du spectacle "Le mur" de Dieudonné, un humoriste fidèle, précisément, au goût charliehebdoesque.

LP




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