Thursday, January 29, 2015

Le 29 janvier 2015. Auschwitz libéré il y a 70 ans.



Que Son sang retombe sur nous et sur nos enfants!
- Mt 27,25.

Oremus et pro perfidis Judaeis : Ut Deus et Dominus noster auferat velamen de cordibus eorum ut et ipsi agnoscent Jesum Christum Dominum nostrum.
(Prions aussi pour les Juifs perfides afin que Dieu Notre Seigneur enlève le voile qui couvre leurs cœurs et qu’eux aussi reconnaissent Jésus, le Christ, Notre-Seigneur)
- Exorde d’une oraison traditionnelle prononcée dans la liturgie catholique lors de la prière du Vendredi saint.

La mémoire est l'avenir du passé.
- Paul Valéry

Le symbole le plus connu de l'horreur nazie a accueilli, sur place, d'émouvantes et nécessaires commémorations à l'occasion du 70e anniversaire de sa libération.

Pour autant, en ce qui concerne les victimes de la Shoah, quel beau spectacle que ce concert de larmoyantes interventions des dignitaires des églises chrétiennes, notamment catholique et luthérienne, lequel s'inscrit dans la subtile, mais efficace, stratégie d'occultation non seulement de leurs propres crimes, mais aussi des incontournables origines du nazisme : l'explicite discours fielleux des Evangiles propagé depuis deux millénaires visant les "assassins du Christ". Depuis 1945, les patelins directeurs en communication des entreprises ecclésiastiques ont savamment adapté leur prédication, sachant qu'il n'est plus de bon ton de vilipender ouvertement l'"aveugle synagogue". Marketing contemporain oblige.

(Pour combien de temps?…).

A défaut de crapulerie intellectuelle, il faut la foi aveugle, celle du charbonnier, pour ne pas saisir cette évidence, confirmée par l'histoire, dans le sang, siècle après siècle : l'antisémitisme est une plante carnivore qui est éclose et qui a prospéré sur le fumier chrétien. Qu'est-ce que "Mein Kampf", sinon la dernière bouture, ou le cinquième évangile?

Le Zyklon-B permit la concrétisation, à l'échelle industrielle, de la promesse chrétienne d'apocalypse.

Il paraît qu'il ne faut pas oublier Auschwitz. Pour cela, il importe d'abord de le comprendre.

LP


Tuesday, January 27, 2015

Le 26 janvier 2015. Le monde vient de perdre un grand chef d'Etat féministe.



La vieillesse est un naufrage.
- Charles de Gaulle.

I know this is painful for the ladies to hear, but if you get married, you have accepted the headship of a man, your husband. Christ is the head of the household, and the husband is the head of the wife, and that's the way it is, period.
- Pat Robertson.

Une femme, une vraie femme, c'est une femme avant tout qui n'est pas féministe.
- Sacha Guitry.

Christine Lagarde, calée dans le voluptueux fauteuil où naguère s'enfonçaient les fesses de Dominique Strauss-Kahn, vient de rendre un vibrant hommage à Abdallah, monarque d'Arabie Saoudite disparu vendredi dernier, le qualifiant de "grand défenseur des femmes" (quoique "discret"…).

Cette déclaration ne fera sans doute pas que des heureuses dans les pays moins sablonneux que ce royaume. Mais sont à éviter deux écueils.

On conçoit mal des Juifs exprimant leur approbation du bilan d'Hitler ou de Mussolini, mais, en l'occurrence, il a fallu, paradoxalement, une vraie femme, haut placée, pour saluer la mémoire du dirigeant d'un pays où les femmes sont, notamment, interdites de volant. Les machistes pourraient donc être tentés, précisément, d'attribuer une telle louange à la stupidité con-génitale des femmes.

D'autre part, honnie soit l'idée que la directrice du Fonds monétaire international s'est livrée, afin de conserver les bonnes grâces des dirigeants d'un état pétrolier ami, à une sordide manœuvre de lèche-bottisme, pardon, de lèche-babouchisme. Un tel cynisme serait malséant dans ces tristes circonstances.

L'explication de cette regrettable sortie est beaucoup plus prosaïque.

La crinière blanche de madame Lagarde est l'évident symptôme de vieillissement prématuré. Nous sommes donc tout simplement en présence d'un cas de sénilité caractérisée. Faut-il d'ailleurs rappeler que, il n'y a pas si longtemps, dans le climat de crise financière qui a débuté en 2008, elle prônait, en matière économique, le protectionnisme, lequel serait, parfois, un "mal nécessaire"?

L'alzheimer ne pardonne pas.

LP

Wednesday, January 21, 2015

Le 21 janvier 2015. Le pape François passe aux menaces.



The radical feminism which has assaulted the Church and society since the 1960s has left men very marginalized… There was a period of time when men who were feminised and confused about their own sexual identity had entered the priesthood… Sadly some of these disordered men sexually abused minors; a terrible tragedy for which the Church mourns.
- Le cardinal Raymond Leo Burke.  


Notre Saint-Père, le bonhomme pape François, fut, avant son pontificat, le très jésuite Jorge Mario Bergoglio. Il manie les subtilités sémantiques comme pas un…

Bien sûr, il proclame la liberté de parole. Evidemment il condamne les assassinats de Charlie Hebdo et les morts des clients de l'épicerie Hyper-cacher.

Mais… (il y a souvent un "mais…") du même souffle fétide, il nous informait, à bord de son avion à destination des Philippines, qu'en cas de collision entre la liberté de parole et la liberté de religion, les moqueurs sont des provocateurs, qui franchissent les limites. Des limites excluant l'insulte de la foi… Il illustrait sa pensée par une parabole : l'insolent personnage qui oserait maudire sa mère s'exposerait au coup de poing du fils offensé. Message porté d'un ton badin et d'un sourire avun-culaire…

La messe est donc dite : les infidèles doivent s'attendre à la violence de la part des Cathos blessés.

Le masque est tombé.

Et qu'entend Bergoglio par la critique de la foi?

Manifestement, cela ne vise pas que le credo proprement dit (la haine du juif qui imprègne les Evangiles, les récits de faits surnaturels, etc.) mais englobe aussi le rappel des faits historiques incontournables concernant les institutions religieuses : l'Eglise catholique de France a poursuivi Charlie Hebdo pour, par exemple, un dessin montrant le pape sodomisant un enfant, alors qu'il y a avait là un symbole synthétisant les nombreux sévices infligés aux petits paroissiens par des ecclésiastiques presque systématiquement protégés par leur hiérarchie.

Logiquement, sont aussi susceptibles de subir les foudres vaticanesques les mécréants qui oseront dénoncer le répugnant cinéma du pape (qui toutefois mérite un Oscar) ayant prodigué une ostentatoire et larmoyante étreinte à une petite Philippine de 12 ans qui venait de lui demander, en pleurs, devant une foule immense, pourquoi tant d'enfants souffrent sur terre. (Voici quelques éléments, non-exhaustifs, de réponse : la doctrine et les actions mortifères de l'Eglise depuis 2000 ans, les prélats pédophiles - surtout dans le tiers-monde où l'impunité leur est presque assurée-, et le criminel rejet de la contraception, confirmé ces derniers jours). Le mélodrame émeut toujours les âmes simples.

Il faut remettre à l'heure les pendules du pontife, des tartuffes et des psychopathes du monde entier qui tentent de renverser les rôles et de se poser en victimes.

Charlie Hebdo, lui, ne tue personne, ne bombarde personne, ne fait exploser personne, ne brûle personne, n'encule personne, ne suce personne, ne tripote personne, ne retire son voile ou sa croix à personne, bref n'empêche personne, y compris les zoroastriens, les raëliens et les prêtres vaudou, de pratiquer librement, dans ses lieux de cul-te, sa religion (même s'il dénonce les clercs enculeurs), donc de prier chez soi, de jeûner, de se flageller, de se mortifier, et de croire en sa mythologie, comme les apparitions de la Sainte Vierge, les guérisons miraculeuses de Lourdes et la résurrection de l'hagard Saint-Lazare.

De surcroît, ce journal est comme les revues pornographiques : il n'oblige personne à le consulter ni à l'acheter. L'initiative revient… intégralement au (non-)consommateur. La parabole de la mère insultée est donc un pur sophisme jésuitique (et non-conforme à l'injonction consistant à tendre la joue gauche) car il y a alors communication imposée.

N'est donc provoqué, choqué ou offensé, que qui veut. Il n'y a de collisions que volontaires.

Que les dévots se bornent à menacer les infidèles de rôtir en enfer pour l'éternité, d'être privés de la gratifiante société des 72 vierges, etc. Ils peuvent même les brûler en effigie. (Faut-il d'ailleurs voir dans ce cérémonial une adaptation des liturgies vaudou? Si tel est le cas, quel encourageant exemple d'œcuménisme. ou d'enrichissement interreligieux).

Les promesses de châtiment divin devraient pourtant suffire aux vrais croyants.

LP

Friday, January 16, 2015

Le 16 janvier 2015. Pas de flagellation à Jeddah aujourd'hui pour Raif Badawi.



Celui qui tombe victime de l'injustice réveille la conscience qui sommeille mais donne des ailes à celle qui veille.
- Vassilis Vassilikos (Z).

L'Histoire n'est pas une matière abstraite ou un débat théorique. A la hauteur de l'individu, c'est un champ de braises dans lequel il faut bien avancer.
- Hélie Denoix de Saint-Marc.

Je crois volontiers les histoires dont les témoins se font égorger.
- Pascal.


Il n'y a eu report de la peine que pour raisons médicales, mais ce n'est peut-être que partie remise; l'on peut espérer qu'il sera de nouveau sur pied et pimpant vendredi prochain et donc en état de recevoir son châtiment.

En effet, l'on peut se fier à la qualité des soins médicaux en Arabie saoudite, surtout si Raif se fait soigner par un dermatologue officiant dans un hôpital conçu dans un passé récent par le Dr Philippe Couillard de l'Espinay, actuel premier ministre du Québec, ex-(?)conseiller des autorités saoudiennes, ayant encaissé dans le paradis du secret bancaire, Jersey, ses juteux émoluments reçus de mains dégoulinantes d'une poisseuse, mais finement dosée, mixture composée du sang giclant des cous des décapités et des chairs méthodiquement labourées par le fouet, et de pétrole.

Avec l'argent, tout est si simple: il n'a pas besoin d'être raffiné.

Que soient rassurés les Canadiens, surtout les résidents du Québec : l'on peut compter sur les chaleureux liens d'affection privilégiés qu'entretient "cheikh" Ibn-Couillard avec la famille royale pour que se dissipe rapidement ce regrettable nuage dans les relations entre le Canada et son indéfectible ami : le royaume des hydrocarbures sablonneux.

LP

Wednesday, January 14, 2015

Le 14 janvier 2015. En France, the show must go on.



Je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine.
- Albert Camus (L'étranger)

C'est dans le silence des lois que naissent les grandes actions.
- Marquis de Sade

Il faut agir en homme de pensée et penser en homme d'action.
- Henri Bergson.

Ca bouge en France! Fini de… rire. La ministre de la justice Taubira a transmis ses consignes de fermeté aux procureurs en matière d'"apologie de terrorisme" (elle relance aussi le délit de négationnisme…). Elle a été entendue. Les résultats sont là.

L'humoriste Dieudonné, déjà visé depuis plusieurs mois par la vindicte de Manuel Valls, est en garde à vue et peut s'attendre à des poursuites; nul doute que la salle d'audience sera le… théâtre d'édifiants débats sémantiques sur son aphorisme "Je me sens Charlie Coulibaly".

Par ailleurs, il semble que soient ouvertes une cinquantaine d'affaires où serait en cause cette infraction. Et plusieurs condamnations à la prison ferme ont déjà été prononcées.

L'on supposera que la loi réprimant ce genre d'apologie n'est pas elle-même contraire à la liberté d'expression. On tiendra aussi charitablement pour acquis que furent fidèlement rapportés les faits bruts devant les juges, notamment les pestilentielles éructations et obscénités proférées sous l'empire de la frustration, de la colère, de la drogue ou de l'alcool et qu'elles répondent, de prime abord, aux critères de la loi.

Cela dit, il est scandaleux de voir des accusés se retrouver concrètement derrière les barreaux, pour plusieurs mois, voire des années, 24 ou 48 heures après les faits allégués. On ne peut qu'espérer que ces violations des droits de la défense seront censurées par la Cour européenne des droits de l'homme. (Mais dans combien de temps?). Ce ne serait pas la première fois que le système judiciaire pénal français se ferait rappeler à l'ordre…

N'en déplaise à Taubira et à Valls, plus le crime reproché est grave, plus il appelle la pondération, la sereine réflexion et la sobre délibération; les clameurs publiques doivent, a fortiori, inciter le juge à exclure toute précipitation et à ne pas se faire le laquais de la rue. La notion d'indépendance de la justice française ferait presque sourire si les circonstances n'étaient pas aussi tragiques.

Il pourrait y avoir mieux.

On évoque déjà le transfert à la chambre du tribunal correctionnel spécialisée dans les affaires de terrorisme des poursuites visant les prétendus apologistes.

Si les commissions militaires fantoches de Guantanamo ont soulevé bien des protestations, c'est précisément parce qu'elles sont contraires à la tradition juridique pénale anglo-saxonne. Par contre, la France s'enorgueillit d'une longue tradition en matière de tribunaux d'exception, surtout évidemment lorsque le climat socio-politique est trouble.

En l'occurrence, la France pourrait-elle revivre les dérives de l'époque de la guerre d'Algérie? Pour mémoire, signalons deux assassinats judiciaires qui donnent à réfléchir.

En 1962, le lieutenant Roger Degueldre, activiste de l'OAS, fut condamné à mort par la Cour militaire de justice le 28 juin et fusillé le 6 juillet.

Cette exécution fut déclarée illégale par le Conseil d'État le 19 octobre, au motif qu'elle portait atteinte aux principes généraux du droit, notamment par l’absence de tout recours contre ses décisions. Une belle victoire de principe pour l'accusé…

Et un revers temporaire pour le chef de l'Etat... puisque le Parlement vota docilement par la suite une loi de maintien de cette cour pour les affaires pendantes; elle condamna donc à la peine capitale Jean-Marie Bastien-Thiry pour la tentative de meurtre du président "Charlie" De Gaulle lors de l'attentat du Petit-Clamart (laquelle avait échoué) … Et il fut passé par les armes (pas pendu…) une (grosse) semaine après le verdict, le 11 mars 1963.

L'on ne fusille plus au fort d'Ivry.

Cela dit, les procès expéditifs d'inspiration gaullo-maoïste, l'instrumentalisation de la justice, les poursuites de crétins dont les détonations ne sont que verbales, ne constituent qu'une réponse illusoire et démagogique à la réelle menace terroriste. Un piège à cons.

Les authentiques terroristes, et surtout leurs commanditaires, bien rodés - peu susceptibles d'être impressionnés par un premier ministre qui tente de serrer les dents comme Clint Eastwood - peuvent-ils voir dans ces procédures grand-guignolesques autre chose qu'un aveu d'impuissance de la part du pouvoir politique français?


LP


Monday, January 12, 2015

Le 12 janvier 2015. Je suis Alfred, Emile, Jacques, Dieudonné, Omar, Raif…



Aux armes, etc.
- Serge Gainsbourg.

RATONNADE
nom féminin;
Familier et péjoratif. Expédition punitive ou brutalités exercées contre des Maghrébins ; par extension, brutalités exercées contre un groupe social.


Que d'émouvantes manifestations hier en France-Dimanche, couronnées par le spectacle télévisé animé par le sentimental Nagui. Tous les Charlies de France et de Navarre ont maintenant bonne conscience après avoir défilé dans les rues et embrassé leurs CRS. Que de nobles paroles de la classe politique en faveur de la liberté de parole et de l'égalité et de la fraternité dues aux Français de souche maghrébine.Fi des amalgames. Tel est le plus digne hommage que l'on peut rendre au héros malien musulman, Lassana Bathily, une évidence manifestement inconcevable pour les ordures qui viennent de vandaliser une cinquantaine de mosquées.

Tout cela est bel et bien, mais il faudrait peut-être rappeler que si l'Etat français, au cours de son histoire, a fini par renoncer à faire des feux de joie des hérétiques, il a souvent eu recours aux bûchers judiciaires pour faire taire les mal pensants.

La France est le pays où fut condamné pour trahison le juif Alfred Dreyfus, victime d'une "youpinade" militaro-juridique; où fut condamné et contraint à l'exil Emile Zola qui avait eu l'insolence d'exposer la pure et simple vérité, c'est-à-dire, la crapulerie politico-judiciaire française; où fut condamné le polémiste Jacques Laurent pour déicide, c'est-à-dire injure au général de Gaulle dans son pamphlet Mauriac sous de Gaulle; où naguère Alain Peyrefitte faisait un subtil distinguo entre la "critique" du chef de l'Etat et l'"insulte"…

La France ne pourra pas régler du jour au lendemain les problèmes sociaux qui constituent le terreau de la vermine terroriste.

Par contre, les autorités françaises compétentes devraient penser à balayer devant leur porte. Elles peuvent même prendre les armes, c'est-à-dire les stylos, et, pour commencer, adopter en un seul jour les mesures libertaires suivantes :

- Abolir la stalinienne (ou maoïste) loi Gayssot, qui réprime le délit de négationnisme.
- Abolir l'article 434-25 du code pénal qui confère aux magistrats français le statut de divinités.
- Rendre, notamment, à Dieudonné sa complète liberté de parole.

Il n'est pas rare que les ministères publics (peut-être moins encore au pays de Jean Valjean) cèdent à la tentation d'affecter leurs maigres ressources judiciaires à la répression des auteurs de grotesques élucubrations et des voleurs de poules (sans oublier les occasionnels acharnements contre les innocents), au lieu de trier et de viser les vrais malfrats. Les gesticulations médiatiques entretiennent mieux l'illusion de l'action aux yeux d'un corps électoral crédule.

La vie continue... Il n'a pas fallu 24 heures pour que l'Etat français révèle ses vraies couleurs et trahisse la mémoire des martyrs de Charlie-Hebdo! Comment?

Par l'annonce de l'ouverture d'une enquête visant M. M'bala M'bala en raison de sa dernière provoc' (on veut jésuitiquement arracher une "apologie du terrorisme" de l'aphorisme "je me sens Charlie Coulibaly") et par l'annonce de mesures administratives d'annulation de ses prochains spectacles. (La double peine est une spécialité bien française.).

(Faut-il vraiment voir un paradoxe dans la persécution d'un (pseudo-?) humoriste d'esprit, justement, on ne peut plus charliehebdoesque?  Pas si l'on se souvient que, surtout en France, nul n'est prophète en son pays…)

Dans cet ordre d'idées, on relèvera aussi que, aujourd'hui lundi 12 janvier, à Toulouse, 3 jeunes paumés viennent d'être condamnés et emprisonnés immédiatement pour "apologie de terrorisme" relativement à des invectives relatives à la tragédie qui s'est déroulée du 7 au 9 janvier, que deux d'entre eux ont éructées en état… d'ébriété (curieux djihaddistes…). Un beau spectacle, mais leurs avocats ont eu droit à un week-end (entier!) pour préparer leurs plaidoiries… Les droits de la défense en France...

Ne peuvent se réjouir que les vrais criminels (terroristes, parrains du trafic de drogue, fraudeurs fiscaux millionnaires…) qui continuent d'avoir le champ plus ou moins libre, puisque la maréchaussée ne peut être à la fois au four et au moulin…

Et puisque l'on parle aussi du respect dû au respect et à la dignité due aux Musulmans, pourquoi ne pas, d'un autre trait de plume, proclamer officiellement l'innocence d'Omar Raddad? Dreyfus, lui, fut complètement réhabilité en 1906. Cependant, même si le pauvre Omar a bénéficié d'une partielle grâce régalienne, il n'est toujours pas innocenté. Pour lui, la "ratonnade" judiciaire continue.

Enfin, entendrons-nous "Je suis Raif Badawi" au cours des 19 prochaines semaines? Il ne faudrait peut-être pas oublier que les autorités saoudiennes ont décidé d'exécuter ce blogueur (beaucoup moins drolatique que Charlie-Hebdo, c'est peut-être son tort), mais non pas instantanément, par une rafale de Kalachnikov ou par un coup de cimeterre. On a opté pour la mort à petit feu, avec 50 coups de fouet chaque vendredi, après les prières. Chose certaine, les cris de douleur du condamné, eux, s'intensifieront au fil des vendredis.

Les Cabu, les Wolinski ne reviendront plus, mais il est encore temps d'agir pour Raif : il reste encore 950 coups.

Evidemment, il faut y penser à deux fois avant d'offenser un pays fournisseur de pétrole ami.

Voilà qui pourrait vraiment être de mauvais goût.

LP



Friday, January 9, 2015

Le 9 janvier 2015. "Fouet hebdo".



Use every man after his desert, and who shall escape whipping?
- Shakespeare (Hamlet)

Maudit soir l'oppresseur qui vient avec un fouet et qui nous méprise parce qu'il nous opprime.
- Marcel Pagnol (Judas).

Dante est justicier à un degré plus redoutable que Juvénal; Juvénal fustige avec des lanières, Dante fouette avec des flammes; Juvénal condamne, Dante damne.
- Victor Hugo (William Shakespeare)


Mercredi dernier, les autorités saoudiennes ont communiqué leurs émouvantes condamnations des débordements auxquels a donné lieu la production artistique de Charlie Hebdo.

Il n'est pas étonnant que passe relativement inaperçu hors des frontières de l'Arabie Saoudite le châtiment du blogueur Raif Badawi.

Rappelons que cet impie a eu l'effronterie de publier, dans son blogue, des articles critiquant des éminentes personnalités religieuses de son beau pays, et même, oui même, des figures marquantes de l'histoire musulmane! Bien entendu, cet insolent personnage a été, comme il se doit, conformément aux injonctions bien comprises de la charia, condamné, en appel, outre une amende de 250 000$, à 10 ans de prison et à 1000 coups de fouet - le ministère public ayant obtenu l'infirmation de la première condamnation de 7 ans d'emprisonnement et de 600 coups, scandaleuse de clémence.

Cependant, il faut relativiser la chose pour les âmes délicates, à l'épiderme trop sensible.

Premièrement, que l'on se rassure, les 1000 coups ne seront pas administrés en une seule séance, mais par doses hebdomadaires de 50 coups. Aujourd'hui, après les prières du vendredi, M. Badawi a eu droit à sa première ration.

En outre, les juges n'avaient pas retenu les accusations d'apostasie visant M. Badawi, lui épargnant ainsi, magnanimement, la peine de mort. Il faut donc garder la tête. Froide.

Il est difficile d'imaginer un exemple plus convaincant d'Islam "modéré", qui a tout pour rassurer l'Occident avec son message d'amour du prochain.

Le mécréant Raif Badawi s'en tire donc à bon compte. La mansuétude des magistrats saoudiens frise la faiblesse, voire la mièvrerie. Pas de quoi fouetter un chat.

La sain(t)e correction imposée à Raif Badawi fera-t-elle l'objet, dans le prochain numéro de Charlie Hebdo, de traits d'humour cinglants? C'est concevable puisque ses artistes ont la satire dans la peau.

Tant qu'elle n'est pas trouée.

LP

Thursday, January 8, 2015

Le 8 janvier 2015. Hécatombe à Charlie Hebdo.



Je sèmerai les feux, les brandons, les clartés,
Les braises, et partout, au-dessus des cités,
Je ferai flamboyer l'autodafé suprême,
Joyeux, vivant, céleste!
O, genre humain, je t'aime!
- Victor Hugo (Torquemada).

Le bacille de la peste ne meurt ni de disparaît jamais… il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge… il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses et… peut-être, le jour viendrait où pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse.
- Albert Camus (La peste).

La tragédie vient de frapper Charlie-Hebdo, le magazine publié jusqu'en 1970 sous le titre L'hebdo hara-kiri;  il fut d'ailleurs renommé car il fallait contourner l'interdiction prononcée par le gaulliste qui occupa, à l'époque, en France, le fauteuil de ministre de l'intérieur (avant Nicolas Sarkozy), Raymond Marcellin, oui, celui-là même qui, en 1973, fit installer, par ses "plombiers", dans les locaux du Canard enchaîné, un micro espion, s'inspirant sans doute d'un illustre président américain passé à l'histoire.

L'omniprésente censure gaullienne a souvent capitulé. On signalera l'interdiction du film de Jacques Rivette Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot en 1966 (résultant des discrètes, mais efficaces pressions de l'Eglise catholique de France); l'interdiction qui frappa plusieurs années le film La bataille d'Alger suite, notamment, aux menaces de violence de l'extrême-droite.

On est monté d'un cran en 1988 lorsque La dernière tentation du Christ causa des dégâts matériels, des blessés et un mort. Avec les compliment des ayatollahs chrétiens de France.

Le 7 janvier 2015, on est monté d'un autre cran. Et pas d'arrêt.

On aurait tort de voir dans cet odieux massacre un exemple d'offensive islamique. Il serait aussi réducteur de n'y voir qu'une agression religieuse.

Il s'agit là tout (trop…) simplement, et plus généralement, d'un acte terroriste perpétré en faveur d'une forme de totalitarisme qui semble avoir actuellement le vent en poupe.

Le petit livre rouge du grand timonier, Mao Tse-Toung, est devenu ringard; le sentier lumineux péruvien, fondé par l'ex-professeur de philosophie (et philosophe?...) Abimael Guzman n'éclaire plus personne. Bien sûr, le messianisme concocté par le juif antisémite Karl Marx fait parfois encore rêver, mais dans des versions édulcorées, des vulgates où sont occultées les concrétisations staliniennes.

Les enragés savent vivre, discourir, et tuer, avec leur temps.

Pleurons les 12 martyrs de Charlie-Hebdo, les 12 héritiers spirituels de Giordano Bruno, les 12 apôtres de la seule vraie religion, de la seule valeur sacrée.

La liberté de parole.

C'est elle qui vient d'être livrée aux lions dans l'arène de l'intégrisme.

Les vrais croyants en cette liberté, durement conquise au fil des siècles dans les pays maintenant relativement civilisés, attendent avec dégoût le concert de fourbes et sirupeuses condamnations émanant des sodomites cathos, des imams, des gauchos, des fachos, qui ont perdu le pouvoir (entièrement ou en partie) ou, attendant leur heure, rêvent de le reprendre, au besoin en s'alliant avec le diable; de tous les chantres autoproclamés de la liberté artistique qui, pourtant, avalisent pieusement les interdictions ministérielles à la sauce Marcellin et/ou judiciaires d'inspiration vallsienne.

Et faut-il rappeler que c'est en France qu'est en vigueur le liberticide article 434-25 du code pénal - une hérésie inconcevable au Canada et aux Etats-Unis -, qui réprime les critiques des décisions judiciaires? Un texte qui permet aux collègues du magistrat Fabrice Burgaud (qui, naguère, "instruisit", si l'on peut dire, l'affaire Outreau) de se prendre à l'occasion pour Dieu, plus souvent pour ses envoyés.

Que ceux qui veulent sincèrement honorer la mémoire de ces 12 sacrifiés commencent par renier, trois fois, avant que le coq chante, leurs propres criminelles églises, même séculaires.

Sinon, quant aux autres, tant les gogos trop frileux pour fouiller le passé et le présent de leur chapelle que les tartuffes qui reluquent le juteux marché des âmes/contribuables, ils demeurent, bien évidemment, et plus que jamais, libres de pousser leurs pleurnicheries de circonstance. Il est piquant de voir, par exemple, des dirigeants d'organisations musulmanes qui ont pratiqué, jusqu'à récemment, le harcèlement judiciaire afin de réduire au silence Charlie-Hebdo (même si elles furent chaque fois déboutées) par le recours à… l'amalgame de la satire et de l'islamophobie, miraculeusement convertis, en ce jour, en zélotes de la démocratie et de la liberté de la presse…

Les authentiques humanistes (expression qui englobe la grande majorité des Musulmans républicains et sociologiques de France) ne peuvent que les envoyer paître.

Gare à la récupération. N'"est" pas Charlie qui veut.

Le plus bel et le plus sincère hommage que l'on pourrait maintenant rendre aux 12 victimes serait la levée de l'interdiction du spectacle "Le mur" de Dieudonné, un humoriste fidèle, précisément, au goût charliehebdoesque.

LP