Saturday, September 7, 2019

Robert Mugabe a crevé : bon voyage en enfer!


  
Le 7 septembre 2019.

Mais la raison et la politique suivent rarement le même chemin et ce sont peut-être ces occasions manquées qui donnent à l'histoire son caractère dramatique.
- Stefan Zweig (Marie Stuart).

I have died many times. That's where I have beaten Christ. Christ died once and resurrected once. I am as fit as a fiddle.
-Robert Mugabe, lors de son 88e anniversaire.

L'on ne saurait dire qu'il a rendu l'âme, car l'on ne peut rendre que ce qu'on a eu.

Evidemment, le tyran à la petite moustache hitlérienne n'a pas droit aux louanges qui furent naguère accordées à un Churchill ou un de Gaulle (encore que le président chinois a transmis ses condoléances à l'actuel président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, ce qui veut tout dire), mais d'aucuns signalent (timidement…) qu'il serait, quand même, celui qui a vaincu le régime raciste blanc et "libéré" son pays. Qu'en est-il vraiment?

L'année charnière dans l'ex-Rhodésie fut 1962. Alors que le parti modéré au pouvoir dirigé par Sir Edgar Whitehead (un vieux garçon peu charismatique, à moitié aveugle et plus ou moins sourd, donc pas exactement un tribun extraverti capable de galvaniser les foules)  promettait, sous le slogan "Building a nation", une évolution vers la "majority rule" étalée sur 15 ans, il y eut un boycott électoral, ce qui permit au ("raciste"!) Rhodesian Front de Winston Field (dirigé deux ans plus tard par Ian Smith), de remporter d'extrême justesse les élections parlementaires. Paradoxe : cette victoire des "racistes" fut orchestrée par l'opposition noire dans l'espoir d'obliger la puissance tutélaire, le Royaume-Uni à intervenir et à lui remettre les rênes du pouvoir à très court terme. Malheureusement pour ces joueurs d'échecs politiques amateurs et trop gourmands, en dépit de quelques cafouillages au départ, le nouveau gouvernement dirigea l'Etat de manière très efficace. Quand on ouvre grand la grille du poulailler pour laisser entrer le renard… 

C'est donc l'opposition noire qui peut-être tenue responsable de l'illégale "Unilateral Declaration of Independance" (UDI) de 1965 du régime blanc, stupide car inutilement provocatrice, d'autant qu'elle ne fut même pas reconnue par les états voisins et amis, les plus concernés, l'Afrique du Sud et le Portugal.
La dernière occasion d'un règlement pacifique fut tragiquement ratée en 1972, lorsque l'opposition rejeta les accords constitutionnels anglo-rhodésiens de 1971, qui auraient donné lieu à une évolution dans le bon sens en constituant un point de départ (insuffisant, on le concédera, mais réel) à la participation de la majorité africaine à la vie politique du pays. Leurs modalités étaient loin d'être idéales, mais ils auraient épargné à toute la population une guerre sanglante (financée notamment par la démocratique Chine communiste, dont, détail cocasse, le propre système politique ne suivait, et ne suit toujours pas, le principe "un homme, une voix"…) et la destruction complète de l'économie. Que la gauche caviar occidentale repue compare, l'ombre d'un seul instant, tant sur le plan économique que politique, le sort de la population noire de la Rhodésie grenier et joyau de l'Afrique de 1972 et des morts-vivants hantant le charnier zimbabwéen de 2019.

Robert Mugabe a exterminé dans sa carrière plus d'Africains, notamment Ndebeles (cf. Gukurahundi, à la musicale sonorité…) que Ian Smith, qui ne semblait pas, lui, disposer d'un juteux compte bancaire singapourien (des données comptables qui ne réjouiront personne), ce qui prouve que la formation militaire nord-coréenne défie toute concurrence par sa qualité. Il peut bouillir sereinement dans sa marmite infernale. Son héritage est sauf et son successeur pratique même maintenant la torture des opposants affamés à titre préventif.

L'élève dépasse le maître.

LP

PS. Nos sincères condoléances à sa délicieuse et érudite épouse, Grace, un prénom on ne peut mieux porté.


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