Thursday, September 19, 2019

L'artiste de scène accompli Justin Trudeau est-il dans le cirage?


Le 19 septembre 2019.

La jeunesse est la période où l'on se déguise, où l'on cache sa personnalité. C'est une période de mensonges sincères.
- Pablo Picasso.

The best thing is to look natural, but it takes makeup to look natural.
- Calvin Klein.

Surgissent d'un pas si lointain passé une photo de lui déguisé en Aladin (en gracieuse compagnie de, coïncidence? très exactement 4 femmes…) lors d'une soirée costumée dans l'école où il enseignait, avec, en outre, le visage peinturluré en noir. Un vidéo s'est aussi manifesté. Justin a fait acte de contrition en avouant aussi que, au secondaire, il avait noirci son faciès plus d'une décennie auparavant, afin de chanter Day-O, un classique de Harry Belafonte. Il est passé du "blackface" au "brownface". Le paysage s'est éclairci au fil des ans. 

Justin n'est pas diplômé en physique nucléaire - c'est un scoop - mais l'ex-roi de la glisse sur neige a quand même obtenu un BA en littérature anglaise de l'université McGill. On peut penser que son programme incluait au moins un cours d'histoire du théâtre. Si, en 2001, le costume ne pouvait poser problème vu le thème de la soirée en question, se grimer en s'obscurcissant la peau constituait la reprise d'une technique qui remontait aux années 1830 et tombée en désuétude à partir des années 1950 : sa connotation raciste envers les "darkies" était alors parfaitement connue de tous, et encore plus du professeur d'art dramatique de 29 ans qu'était Justin; elle traduisait donc un mépris délibéré des métèques. "I should have known better" déclare-t-il onctueusement. But he did. Sa démarche était d'autant plus insultante qu'elle avalisait le stéréotype caricatural du moyen-oriental au teint toujours bistre : quid, par exemple des Circassiens blonds aux yeux bleus? 

(Sans oublier que, en mars dernier, lors d'un événement organisé pour les généreux donateurs de fonds au parti libéral du Canada, il a accueilli par une cruelle moquerie l'intervention d'Autochtones de Grassy Narrows qui l'interpellaient au sujet des graves problèmes de santé de leurs concitoyens. Mais soyons beaux joueurs et rendons hommage à Justin pour son sens de l'humour décapant. On reconnaît les late-night comics en puissance par leur capacité à saisir rapidement l'occasion. Quoi de plus désopilant, en effet, que l'empoisonnement au mercure subi depuis des décennies par les collectivités autochtones?)

Comme on pouvait s'y attendre, Justin peut quand même compter sur le soutien des "Uncle Toms", surtout de son parti. On attend cependant le télégramme de réprimande du "kapo" berbère Eric Zemmour, non par rejet du racisme, bien entendu, mais, au contraire, parce qu'il goûte peu la repentance de la part du pouvoir politique.

Toutes proportions gardées, cette peu édifiante controverse rappelle l'actuelle "affaire Yann Moix" en France. Il vient d'être révélé que cet écrivain, passionné héraut du peuple juif et de l'Etat d'Israël, écrivait des textes et faisait des caricatures violemment antisémites quand il avait 20 ans. Comme lui, Justin a habilement mis en scène (sortez les mouchoirs!) une larmoyante et mélodramatique autocritique, comme la Chine en a connu pendant la révolution culturelle, lors de sa conférence de presse de Winnipeg aujourd'hui. Sa performance d'acteur mérite un oscar, quoiqu'il ait esquivé la question portant sur le moment où il aurait compris que le "black-" ou "brownface" constituait un message raciste... Et pour cause. Là cessent les ressemblances. L'écrivain, lui, a une excellente maîtrise de la langue française, qu'il doit notamment à la lecture assidue de Charles Péguy.

Le petit Justin a prouvé qu'il peut revêtir le costume du premier ministre de manière convaincante sur la scène politique (sauf en Inde…). Si le public canadien devait lui refuser la reconduction du spectacle, il pourra faire concurrence à Jimmy Fallon, ou, comme Arnold Schwarzenegger, devant les caméras ou sur les planches, aspirer à d'autres rôles… à l'exception d'Othello. Dommage, car il a montré qu'il pouvait se glisser dans la peau de ce personnage. Mais il n'est plus question d'appropriation culturelle à l'heure actuelle. Il faut vivre avec son temps : les jours du "chanteur de jazz" Al Jolson sont révolus.

Il ne pourra donc pas suivre les traces d'Orson Welles, qui, lui, ne se moquait de personne. Par contre, il a toutes ses chances pour incarner le roi Henri II Plantagenêt dans Becket de Jean Anouilh : nul besoin de répétition pour la scène finale de flagellation.

LP


1 comment:

  1. Quand on est bien dans sa peau, pas besoin de maquillage! dira-t-on. Jeune, j'ai rêvé au vaquero de la Pampa, au cowboy chantant Willy Lamothe et aux officiers de la GRC. Je ne devrais pas révéler cela. J'étais peut-être un raciste inconscient. Comme Trudeau le Petit. À Québec, on dirait le «Petit Trudeau» (comme on dit le Petit Champlain!

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