Monday, September 16, 2019

Elections fédérales canadiennes : Haut les mains!



Le 16 septembre 2019.

Si le traducteur fait son travail comme il le doit, c’est un bienfaiteur de l’humanité; sinon, un authentique ennemi public.
-Miguel Sáenz.

Le parti libéral du Canada annonce, finalement, le retrait de sa chanson de campagne "Une main haute" chantée, ou scandée, par le groupe ontarien et unilingue anglophone The Strumbellas et promet un autre enregistrement. Voilà une décision fort regrettable.

Voici le refrain de "One hand up" en version anglaise (originale):

We can hold one hand up for tomorrow
We can hold one hand up to the stars
We can be the change that we wanna see


Et en voici la version "française" (il faut lire la transcription puisque les paroles chantées sont incompréhensibles) :

On lève (enlève?) une main haute pour demain
On lève (enlève) une main haute aux étoiles
On peut être l’avenir aujourd’hui


Et on goûtera cette trouvaille :

We're pounding on the drum when they say : quiet down/We can go wild if we want to
On battra nos tambours s’ils taisent nos voix/Si on fait les fous, on fera comme ça.

 
On l'aura compris : en l'état, cette délicieuse ritournelle symbolise à merveille le parti fédéral qui se veut le champion du bilinguisme dans tout le Canada. On peut donc supposer qu'il ne s'agit pas d'une traduction effectuée par Google, comme le soutiennent les mauvaises langues et autres persifleurs, mais, au contraire, qu'elle est issue de la propre plume (ou du propre clavier) de Justin. Ce clip électoral est magistral sur le plan didactique, car il explique en 30 secondes la vraie nature du bilinguisme canadien : tout est conçu en anglais et le français n'est qu'une langue de traduction, parfois approximative et on comprend que le Canada est dirigé par un premier ministre ex-surfeur des neiges qui "adresse" les problèmes et qui sait "focusser" sur les vrais enjeux. 

Et puisque le parti libéral "choisit d'avancer", la main haute évoque l'Allemagne des beaux jours, plus précisément des années 1930 : une gestuelle qui incarnait la promesse d'une ère millénariste.

Chose certaine, les électeurs canadiens regardent devant pour la nouvelle version.

LP 



PS. Par ailleurs, le jingle du parti conservateur n'est pas des plus inspirants, et les braillements éraillés diffusés par le bloc québécois (signés par, quelle surprise, nul autre qu'Eric Lapointe) ne sont pas vraiment susceptibles de séduire les mélomanes.


 

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