Friday, September 27, 2019

La longue marche de Justin Trudeau.




Le 27 septembre 2019.

C'est promettre beaucoup : mais qu'en sort-il souvent ? Du vent.
- Jean de la Fontaine (La montagne qui accouche).

Le petit oiseau de toutes les couleurs, hop!                         
- Gilbert Bécaud.

Chacun sait maintenant que le premier ministre canadien Justin Trudeau est un as du déguisement. Mieux qu'Arsène Lupin. Dans sa première jeunesse, il se peignait au cirage noir, même à l'époque où il était enseignant.

Depuis son arrivée au pouvoir, l'enduit a changé.

Il a pris des bains réguliers de pétrole avec le maintien des juteux abattements fiscaux/subventions dont bénéficie depuis des lustres l'industrie pétrolière canadienne (ce qui n'a rien, mais absolument rien, à voir avec la cagnotte électorale du parti libéral); cette année, il s'est spectaculairement barbouillé le corps en plongeant la tête la première dans un bouillonnant geyser d'or noir : l'achat du réseau d'oléoducs Trans Mountain, lequel est destiné à véhiculer le pétrole le plus sale et le plus répugnant de la planète, pour le plus grand plaisir des rednecks (ou plutôt blacknecks?) albertains.

Aujourd'hui, Justin participe à une marche pour la planète et s'exhibe en public à l'attentive écoute des doléances de Greta Thunberg, qu'il accueille avec des hochements de tête approbateurs, ainsi qu'un mignon sourire qui évoque la profondeur intellectuelle d'un autre acteur, Tom Cruise. (On fait évidemment abstraction de la campagne électorale fédérale en cours). Fructueux dialogue entre la poule et le renard; ou entre le petit chaperon rouge et le grand méchant loup? De toute manière, le prédateur se grime cette fois non pas en noir, mais en vert.

Le petit Justin, catholique autoproclamé, est aussi crédible que le pape François qui déclare combattre les abus sexuels de son clergé.

LP



Monday, September 23, 2019

Intéressantes perspectives audio-visuelles pour Justin Trudeau.


Le 23 septembre 2019.

[Marine Le Pen] s'éclate en écoutant de la musique nègre en boîte de nuit. J'ai toujours su qu'elle était une femme de gauche.
- Henry de Lesquen.

Polytechnicien, énarque, cet homme [Henry de Lesquen] aux mains pâles et aux jambes interminables déroule ses bonnes manières sans se forcer. Ce descendant du marquis de Sade, selon une rumeur qu'il dément, confirme avoir connu l'extase au moment où "deux prêtresses ont brodé à [ses] oreilles de la dentelle musicale", lors d'une représentation à Bastille de Norma de Bellini.
- Radio Courtoisie, la voix de la vieille France », Tugdual Denis, lexpress.fr, 11 octobre 2014.

En France, on annonce que l'acteur Omar Sy est choisi pour prêter ses traits au célèbre polémiste traditionnaliste Henry de Lesquen dans un docu-fiction, une personnalité qui gagnerait à être mieux connue hors de l'hexagone. Voici un court rappel biographique qui éclairera les lecteurs qui n'y ont pas leur séjour.

Henry Bertrand Marie Armand de Lesquen du Plessis-Casso est un polémiste que l'on peut légitimement qualifier de traditionaliste, vu sa foi catholique assumée sans complexe. Il va sans dire que ses idées sociales ne feront pas l'unanimité et ne font aucune concession au cosmopolitiquement correct. En voici deux éloquents exemples.

https://www.youtube.com/watch?v=UH9Nr6s8do8

https://www.youtube.com/watch?v=KG0GfxRguIk 

L'on ne saurait trop insister sur sa sincérité et son authenticité, qui découlent d'un pedigree aristocratique confirmé. (Un contraste saisissant avec, par exemple, les reptations visqueuses du gastéropode Eric Zemmour, chantre des techniques de torture nazies).

Cela dit, le lecteur et auditeur moderne peut constater que son inspiration et son style s'inscrivent directement dans la pensée de Joseph de Maistre. Sur le plan de la forme, nul ne peut résister à la suavité et la fluidité de sa présentation. Quelle élégance, quelle prestance! Avec sa langue française subtilement parfumée d'Ancien régime, il exprime sa vision du monde avec une saine hauteur de vues tout en évitant scrupuleusement l'écueil de la condescendance. Face aux contradicteurs, ce rigoureux polytechnicien leur oppose, avec une exquise pondération, des réponses sereinement didactiques et une dialectique serrée. Mieux que quiconque (certainement mieux que le vicomte Philippe Marie Jean Joseph Le Jolis de Villiers de Saintignon), il sait que noblesse oblige. 

On comprend donc que s'impose une docu-fiction qui contribuera au rayonnement international de cet éminent homme de lettres et théoricien politique. Et qui de mieux pour l'incarner sur les écrans, petits et grands, qu'Omar Sy, auquel le principal intéressé réserve d'ailleurs une approbation somme toute bienveillante? Rien de mieux que le contre-emploi pour faire éclater la réalité historique.

http://franchetvinfo.fr/omar-sy-choisi-pour-incarner-henry-de-lesquen-dans-un-docu-fiction/

Oui, mais quid de Justin Trudeau dans tout ça? demande le lecteur qui s'impatiente. C'est ici que le premier ministre canadien pourrait utilement intervenir à titre de conseiller technique. 

En effet, ce dernier ne fait pas mystère de sa profonde foi catholique, et, selon ses propres aveux, le milieu privilégié dans lequel il a grandi l'a parfois aveuglé par le passé quant au ressentiment éprouvé par les victimes de discrimination. Plus précisément, son expérience de pédagogue en art dramatique, qui ressort toujours de ses sorties publiques dans le cadre de ses fonctions actuelles, et surtout - oui, surtout - de  maquilleur, le mettra en mesure d'aider Omar Sy à absorber pleinement la psyché d'Henri de Lesquen et à le rendre plus vrai que nature. (Pour la langue, il pourra se dispenser des conseils de l'ex-professeur). 

Un rôle de composition ne s'improvise pas.

LP

PS. Les lecteurs désireux d'approfondir leurs connaissances sur Henry de Lesquen consulteront avec profit ce résumé biographique, qui fait autorité :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henry_de_Lesquen

et, bien entendu, ses nombreuses conférences et entretiens sur YouTube.

Sans oublier, bien sûr, le site de son parti national-libéral :

https://lesquen.fr/

Thursday, September 19, 2019

L'artiste de scène accompli Justin Trudeau est-il dans le cirage?


Le 19 septembre 2019.

La jeunesse est la période où l'on se déguise, où l'on cache sa personnalité. C'est une période de mensonges sincères.
- Pablo Picasso.

The best thing is to look natural, but it takes makeup to look natural.
- Calvin Klein.

Surgissent d'un pas si lointain passé une photo de lui déguisé en Aladin (en gracieuse compagnie de, coïncidence? très exactement 4 femmes…) lors d'une soirée costumée dans l'école où il enseignait, avec, en outre, le visage peinturluré en noir. Un vidéo s'est aussi manifesté. Justin a fait acte de contrition en avouant aussi que, au secondaire, il avait noirci son faciès plus d'une décennie auparavant, afin de chanter Day-O, un classique de Harry Belafonte. Il est passé du "blackface" au "brownface". Le paysage s'est éclairci au fil des ans. 

Justin n'est pas diplômé en physique nucléaire - c'est un scoop - mais l'ex-roi de la glisse sur neige a quand même obtenu un BA en littérature anglaise de l'université McGill. On peut penser que son programme incluait au moins un cours d'histoire du théâtre. Si, en 2001, le costume ne pouvait poser problème vu le thème de la soirée en question, se grimer en s'obscurcissant la peau constituait la reprise d'une technique qui remontait aux années 1830 et tombée en désuétude à partir des années 1950 : sa connotation raciste envers les "darkies" était alors parfaitement connue de tous, et encore plus du professeur d'art dramatique de 29 ans qu'était Justin; elle traduisait donc un mépris délibéré des métèques. "I should have known better" déclare-t-il onctueusement. But he did. Sa démarche était d'autant plus insultante qu'elle avalisait le stéréotype caricatural du moyen-oriental au teint toujours bistre : quid, par exemple des Circassiens blonds aux yeux bleus? 

(Sans oublier que, en mars dernier, lors d'un événement organisé pour les généreux donateurs de fonds au parti libéral du Canada, il a accueilli par une cruelle moquerie l'intervention d'Autochtones de Grassy Narrows qui l'interpellaient au sujet des graves problèmes de santé de leurs concitoyens. Mais soyons beaux joueurs et rendons hommage à Justin pour son sens de l'humour décapant. On reconnaît les late-night comics en puissance par leur capacité à saisir rapidement l'occasion. Quoi de plus désopilant, en effet, que l'empoisonnement au mercure subi depuis des décennies par les collectivités autochtones?)

Comme on pouvait s'y attendre, Justin peut quand même compter sur le soutien des "Uncle Toms", surtout de son parti. On attend cependant le télégramme de réprimande du "kapo" berbère Eric Zemmour, non par rejet du racisme, bien entendu, mais, au contraire, parce qu'il goûte peu la repentance de la part du pouvoir politique.

Toutes proportions gardées, cette peu édifiante controverse rappelle l'actuelle "affaire Yann Moix" en France. Il vient d'être révélé que cet écrivain, passionné héraut du peuple juif et de l'Etat d'Israël, écrivait des textes et faisait des caricatures violemment antisémites quand il avait 20 ans. Comme lui, Justin a habilement mis en scène (sortez les mouchoirs!) une larmoyante et mélodramatique autocritique, comme la Chine en a connu pendant la révolution culturelle, lors de sa conférence de presse de Winnipeg aujourd'hui. Sa performance d'acteur mérite un oscar, quoiqu'il ait esquivé la question portant sur le moment où il aurait compris que le "black-" ou "brownface" constituait un message raciste... Et pour cause. Là cessent les ressemblances. L'écrivain, lui, a une excellente maîtrise de la langue française, qu'il doit notamment à la lecture assidue de Charles Péguy.

Le petit Justin a prouvé qu'il peut revêtir le costume du premier ministre de manière convaincante sur la scène politique (sauf en Inde…). Si le public canadien devait lui refuser la reconduction du spectacle, il pourra faire concurrence à Jimmy Fallon, ou, comme Arnold Schwarzenegger, devant les caméras ou sur les planches, aspirer à d'autres rôles… à l'exception d'Othello. Dommage, car il a montré qu'il pouvait se glisser dans la peau de ce personnage. Mais il n'est plus question d'appropriation culturelle à l'heure actuelle. Il faut vivre avec son temps : les jours du "chanteur de jazz" Al Jolson sont révolus.

Il ne pourra donc pas suivre les traces d'Orson Welles, qui, lui, ne se moquait de personne. Par contre, il a toutes ses chances pour incarner le roi Henri II Plantagenêt dans Becket de Jean Anouilh : nul besoin de répétition pour la scène finale de flagellation.

LP


Monday, September 16, 2019

Elections fédérales canadiennes : Haut les mains!



Le 16 septembre 2019.

Si le traducteur fait son travail comme il le doit, c’est un bienfaiteur de l’humanité; sinon, un authentique ennemi public.
-Miguel Sáenz.

Le parti libéral du Canada annonce, finalement, le retrait de sa chanson de campagne "Une main haute" chantée, ou scandée, par le groupe ontarien et unilingue anglophone The Strumbellas et promet un autre enregistrement. Voilà une décision fort regrettable.

Voici le refrain de "One hand up" en version anglaise (originale):

We can hold one hand up for tomorrow
We can hold one hand up to the stars
We can be the change that we wanna see


Et en voici la version "française" (il faut lire la transcription puisque les paroles chantées sont incompréhensibles) :

On lève (enlève?) une main haute pour demain
On lève (enlève) une main haute aux étoiles
On peut être l’avenir aujourd’hui


Et on goûtera cette trouvaille :

We're pounding on the drum when they say : quiet down/We can go wild if we want to
On battra nos tambours s’ils taisent nos voix/Si on fait les fous, on fera comme ça.

 
On l'aura compris : en l'état, cette délicieuse ritournelle symbolise à merveille le parti fédéral qui se veut le champion du bilinguisme dans tout le Canada. On peut donc supposer qu'il ne s'agit pas d'une traduction effectuée par Google, comme le soutiennent les mauvaises langues et autres persifleurs, mais, au contraire, qu'elle est issue de la propre plume (ou du propre clavier) de Justin. Ce clip électoral est magistral sur le plan didactique, car il explique en 30 secondes la vraie nature du bilinguisme canadien : tout est conçu en anglais et le français n'est qu'une langue de traduction, parfois approximative et on comprend que le Canada est dirigé par un premier ministre ex-surfeur des neiges qui "adresse" les problèmes et qui sait "focusser" sur les vrais enjeux. 

Et puisque le parti libéral "choisit d'avancer", la main haute évoque l'Allemagne des beaux jours, plus précisément des années 1930 : une gestuelle qui incarnait la promesse d'une ère millénariste.

Chose certaine, les électeurs canadiens regardent devant pour la nouvelle version.

LP 



PS. Par ailleurs, le jingle du parti conservateur n'est pas des plus inspirants, et les braillements éraillés diffusés par le bloc québécois (signés par, quelle surprise, nul autre qu'Eric Lapointe) ne sont pas vraiment susceptibles de séduire les mélomanes.


 

Tuesday, September 10, 2019

Abracadabra! Vade retro Harry Potter!




Le 10 septembre 2019.

Si vous n'êtes pas capable d'un peu de sorcellerie, ce n'est pas la peine de vous mêler de cuisine.
- Colette. 

Les sorciers, lorsqu'ils font de terrifiantes conneries, on accuse toujours l'apprenti.
- Jacques Prévert.

On signale une excellente initiative pédagogique au Tennessee (l'état américain qui s'est illustré en 1925 avec le Scopes Monkey Trial).  

Le père Dan Reehil, directeur de l'école catholique Saint-Edward à Nashville, vient de retirer de la bibliothèque de son établissement les livres de la série Harry Potter, dans lesquels il est ignominieusement soutenu que la sorcellerie peut être à la fois blanche et noire, alors que, comme chacun le sait, par définition, elle est toujours noire. Plus précisément, les incantations et sortilèges figurant dans ces livres ne sont pas imaginaires, mais authentiques et peuvent, concrètement, amener les esprits malfaisants à se manifester au lecteur.

Sage initiative. On tremble pour les jeunes et fragiles esprits catholiques, peu aguerris par les banales informations télévisées auxquelles ils sont exposés au quotidien : catastrophes naturelles, guerres civiles et inter- et intra-religieuses, famines, agressions sexuelles (religieux sur laïcs, laïcs sur laïcs, adultes sur enfants, religieux blancs sur religieuses noires, etc., les permutations sont infinies). Au moins ceux de Nashville l'ont échappé belle.

Voilà une mesure de prudence élémentaire qui n'a pas été prise à la légère : le père Dan a suivi les recommandations d'éminents spécialistes d'exorcistes tant aux Etats-Unis qu'à Rome.

Il faut préciser que le combat de ce digne prélat contre la doctrine sataniste insidieusement propagée par cette sale immonde littérature destinée à corrompre les enfants (méthode d'autant plus odieuse) est entièrement conforme à la doctrine de Saint-Augustin d'Hippone. En effet, ce père de l'Eglise explique qu'il ne faut surtout pas se leurrer : les dieux païens ne sont pas fictifs, mais bien réels. Ils sont en fait des démons, ils sont plus opérationnels que jamais en 2019, et ils ont plus d'un tour dans leur sac. Voici leur mode opératoire :

En effet, les malins esprits sont attirés en certains lieux, non par des viandes, comme les animaux, mais par certains signes appropriés à leur goût, comme diverses sortes de pierres, d’herbes, de bois, d’animaux, de charmes et de cérémonies. Or, pour être ainsi attirés par les hommes, ils les séduisent d’abord, soit en leur glissant un poison secret dans le coeur, soit en nouant avec eux de fausses amitiés; et ils font quelques disciples, qu’ils établissent maîtres de plusieurs. On n’aurait pu savoir au juste, si eux-mêmes ne l’avaient appris, quelles sont les choses qu’ils aiment ou qu’ils abhorrent, ce qui les attire ou les contraint de venir, en un mot, tout ce qui fait la science de la magie. Mais ils travaillent surtout à se rendre maîtres des coeurs, et c’est ce dont ils se glorifient le plus. (La Cité de Dieu" (XXI, 6)).

On ne brûle plus d'hérétiques, pas même au Vatican. Les traditions se perdent. Mais on espère que la Congrégation pour la doctrine de la foi (autrefois plus connue sous l'appellation d"Inquisition) prendra ses responsabilités et organisera un majestueux autodafé, sur la place Saint-Pierre, des diaboliques ouvrages de JK Rowling. A fortiori, Notre Sainte-Mère l'Eglise doit aussi dénoncer la satanique série télévisée "Ma sorcière bien aimée" ("Bewitched" en v.o.), laquelle survit, hélas, en CD; non seulement elle contribue aussi sournoisement à la légende de la sorcellerie soi-disant blanche, mais le danger qu'elle pose est nettement plus dramatique que celui posé par les livres : ils ne sont pas toujours lus à voix haute, tandis que les sortilèges et les mouvements de nez de Samantha retentissent toujours du téléviseur.

Mais que les disciples de Belzébuth se le tiennent pour dit, leurs efforts sont voués à l'échec. "Si les démons impurs sont si puissants, combien plus puissants sont les saints anges! combien aussi Dieu, qui a donné aux anges le pouvoir d’opérer tant de merveilles, est-il encore plus puissant qu’eux!". (Rebelote avec "La Cité de Dieu" (XXI, 6)).

Amen. Et Montjoie Saint Denis!

LP


Saturday, September 7, 2019

Robert Mugabe a crevé : bon voyage en enfer!


  
Le 7 septembre 2019.

Mais la raison et la politique suivent rarement le même chemin et ce sont peut-être ces occasions manquées qui donnent à l'histoire son caractère dramatique.
- Stefan Zweig (Marie Stuart).

I have died many times. That's where I have beaten Christ. Christ died once and resurrected once. I am as fit as a fiddle.
-Robert Mugabe, lors de son 88e anniversaire.

L'on ne saurait dire qu'il a rendu l'âme, car l'on ne peut rendre que ce qu'on a eu.

Evidemment, le tyran à la petite moustache hitlérienne n'a pas droit aux louanges qui furent naguère accordées à un Churchill ou un de Gaulle (encore que le président chinois a transmis ses condoléances à l'actuel président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, ce qui veut tout dire), mais d'aucuns signalent (timidement…) qu'il serait, quand même, celui qui a vaincu le régime raciste blanc et "libéré" son pays. Qu'en est-il vraiment?

L'année charnière dans l'ex-Rhodésie fut 1962. Alors que le parti modéré au pouvoir dirigé par Sir Edgar Whitehead (un vieux garçon peu charismatique, à moitié aveugle et plus ou moins sourd, donc pas exactement un tribun extraverti capable de galvaniser les foules)  promettait, sous le slogan "Building a nation", une évolution vers la "majority rule" étalée sur 15 ans, il y eut un boycott électoral, ce qui permit au ("raciste"!) Rhodesian Front de Winston Field (dirigé deux ans plus tard par Ian Smith), de remporter d'extrême justesse les élections parlementaires. Paradoxe : cette victoire des "racistes" fut orchestrée par l'opposition noire dans l'espoir d'obliger la puissance tutélaire, le Royaume-Uni à intervenir et à lui remettre les rênes du pouvoir à très court terme. Malheureusement pour ces joueurs d'échecs politiques amateurs et trop gourmands, en dépit de quelques cafouillages au départ, le nouveau gouvernement dirigea l'Etat de manière très efficace. Quand on ouvre grand la grille du poulailler pour laisser entrer le renard… 

C'est donc l'opposition noire qui peut-être tenue responsable de l'illégale "Unilateral Declaration of Independance" (UDI) de 1965 du régime blanc, stupide car inutilement provocatrice, d'autant qu'elle ne fut même pas reconnue par les états voisins et amis, les plus concernés, l'Afrique du Sud et le Portugal.
La dernière occasion d'un règlement pacifique fut tragiquement ratée en 1972, lorsque l'opposition rejeta les accords constitutionnels anglo-rhodésiens de 1971, qui auraient donné lieu à une évolution dans le bon sens en constituant un point de départ (insuffisant, on le concédera, mais réel) à la participation de la majorité africaine à la vie politique du pays. Leurs modalités étaient loin d'être idéales, mais ils auraient épargné à toute la population une guerre sanglante (financée notamment par la démocratique Chine communiste, dont, détail cocasse, le propre système politique ne suivait, et ne suit toujours pas, le principe "un homme, une voix"…) et la destruction complète de l'économie. Que la gauche caviar occidentale repue compare, l'ombre d'un seul instant, tant sur le plan économique que politique, le sort de la population noire de la Rhodésie grenier et joyau de l'Afrique de 1972 et des morts-vivants hantant le charnier zimbabwéen de 2019.

Robert Mugabe a exterminé dans sa carrière plus d'Africains, notamment Ndebeles (cf. Gukurahundi, à la musicale sonorité…) que Ian Smith, qui ne semblait pas, lui, disposer d'un juteux compte bancaire singapourien (des données comptables qui ne réjouiront personne), ce qui prouve que la formation militaire nord-coréenne défie toute concurrence par sa qualité. Il peut bouillir sereinement dans sa marmite infernale. Son héritage est sauf et son successeur pratique même maintenant la torture des opposants affamés à titre préventif.

L'élève dépasse le maître.

LP

PS. Nos sincères condoléances à sa délicieuse et érudite épouse, Grace, un prénom on ne peut mieux porté.


Tuesday, September 3, 2019

Rentrée des classes au Québec : les grenouilles sautent du bénitier dans le cloaque.



Le 3 septembre 2019.

L’Islam interdisant de déboucher des bouteilles de vin, et le vin s’oxydant quand on le débouche, doit-on en déduire pour autant que l’Islam est anti-oxydant?
- Marc Escayrol (Mots et Grumots).

Comme il fallait s'y attendre, certains membres et défenseurs d'institutions qui comptent à leur actif (si l'on ose dire) des siècles, voire des millénaires de massacres et persécutions en tous genres, jouent les martyrs en poussant maintenant leurs pitoyables croassements. On a des visions de Chrétiens jetés en pâture aux lions.

Pour mémoire, le législateur québécois a interdit aux fonctionnaires en position d'autorité (un irritant pléonasme, on ne le rappellera jamais assez), notamment aux enseignants, le port de signes religieux, interdiction assortie d'une disposition transitoire permettant aux enseignants déjà en poste de continuer à porter lesdits signes et de conserver leur charge.

Mais voici qu'un parent dont l'enfant est affecté à une enseignante voilée demande son transfert (de l'enfant, pas de l'enseignante!) à une autre classe, exigeant ainsi l'application pure et simple de l'article 4 de la Loi sur la laïcité de l’État, lequel consacre le droit de la population à des services étatiques laïques. Demande refusée par le ministre de l'éducation et le premier ministre eux-mêmes (s'exprimant en bon québécois) : il n'est pas question de laisser les parents "magasiner" (sic) les classes de leurs enfants vu que les enseignants concernés disposent désormais d'un droit acquis.

En principe, dans l'école publique, on doit, en effet, accepter les affectations décidées par les administrations scolaires, sous l'incontournable réserve du respect du principe fondamental de laïcité. En l'espèce, le parent ne demande pas la mutation de l'enseignante - ce qui eût été la solution logique - mais, au contraire, c'est lui qui accepte magnanimement de battre en retraite. N'est donc nullement remis en cause le privilège (légal, mais d'interprétation restrictive) de l'enseignante, qui restera affublée de ses oripeaux de bonne sœur.

Il n'y a, objectivement, "magasinâge" (avec accent circonflexe) que dans l'imagination du ministre Roberge et du premier ministre. Le parent laïque se borne à vouloir épargner à son propre enfant l'exposition à une propagande religieuse, ni plus, ni moins. Nul racisme dans cette démarche. Libre aux autres parents de suivre son exemple, ou non.

D'aucuns craignent que la reconnaissance du droit du parent d'obtenir un tel transfert dans ce genre de situation risque de poser des problèmes logistiques. On répondra que le législateur, qui n'aurait jamais dû accorder le privilège en cause, mais l'a fait par faiblesse, doit assumer les conséquences pratiques de tous ses choix.

(Incidemment, on notera que ces développements constituent une éloquente réponse à "cheikh" Philippe Couillard qui, lorsqu'il était premier ministre, niait, sans rire, tout problème en la matière vu le nombre infime des fonctionnaires concernés et surtout l'absence de toute plainte des administrés, feignant ainsi de ne pas comprendre, précisément, qu'il est quasi-impossible de se plaindre d'une situation qui n'est pas interdite par la loi.)

Avec les cris d'horreur poussés par les tartuffes, on se croirait revenu aux temps où l'élève québécois qui voulait se faire dispenser du catéchisme, en principe obligatoire pour tous, devait, au mieux, se livrer à une hasardeuse course d'obstacles.

La très diverse population québécoise contemporaine compte notamment des mères d'origine algérienne ayant échappé aux tueurs du GIA égorgeant les femmes refusant le port du voile (sanction parfois connue sous la délicieuse expression de "sourire kabyle", une technique de recrutement politique finement aiguisée par le service des relations publiques du FLN dans les années 1950). Il est donc peut-être excessif de leur demander maintenant de voir leur(s) enfant(s) exposé(s), jour après jour, à un symbole de mort.

Un cauchemardesque linceul.

LP

PS. Il n'y a rien de plus impénétrable que les voies du Seigneur. C'est précisément au moment de la rentrée de la classe… politique que l'ex-imam Hassan Guillet, devenu l'émouvant symbole de tolérance suite à l'odieux attentat ayant frappé la mosquée de Québec en janvier 2017, se voit retirer le droit de porter les couleurs du parti libéral aux prochaines élections fédérales canadiennes dans la circonscription montréalaise de Saint-Léonard—Saint-Michel en raison de déclarations peu œcuméniques au sujet des juifs et Israël. "cheikh" Hassan, niant tout antisémitisme, déclare avoir "évolué" depuis, on le suppose, 2018, ayant eu son propre chemin de Damas; de toute manière, en effet, 2017, c'est de l'histoire ancienne… Cela dit, l'intéressé a utilisé la très originale et sacramentelle formule d'excuse : « Si ces déclarations pouvaient être considérées offensantes à certains de mes concitoyens de confession juive…". On frôle l'autoflagellation, voire l'autocritique maoïste.

Le parcours philosophique du candidat-vedette que l'on sentait déjà pressenti pour devenir ministre des affaires étrangères, serviteur de Dieu ayant accordé sa bénédiction au Hamas - un organisme à vocation culturelle qui ne suit cependant pas toujours à la lettre l'enseignement de Gandhi, ou de Martin Luther King - nourrira éventuellement la réflexion des bonnes âmes tentées par la croisade contre l'Etat laïque au moyen de l'instrumentalisation de drames, surtout sur le plan du décryptage des doubles discours.

A noter que "cheikh" Hassan ne s'avoue pas encore vaincu et examine ses recours possibles. Nul besoin de lui souhaiter bonne chance : il peut certainement compter sur l'intervention de forces supérieures.