Le 3 septembre 2019.
L’Islam interdisant de déboucher des
bouteilles de vin, et le vin s’oxydant quand on le débouche, doit-on en déduire
pour autant que l’Islam est anti-oxydant?
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Marc Escayrol (Mots et Grumots).
Comme il fallait s'y
attendre, certains membres et défenseurs d'institutions qui comptent à leur
actif (si l'on ose dire) des siècles, voire des millénaires de massacres et persécutions
en tous genres, jouent les martyrs en poussant maintenant leurs pitoyables
croassements. On a des visions de Chrétiens jetés en pâture aux lions.
Pour mémoire, le législateur
québécois a interdit aux fonctionnaires en position d'autorité (un irritant pléonasme,
on ne le rappellera jamais assez), notamment aux enseignants, le port de signes
religieux, interdiction assortie d'une disposition transitoire permettant aux
enseignants déjà en poste de continuer à porter lesdits signes et de conserver
leur charge.
Mais voici
qu'un parent dont l'enfant est affecté à une enseignante voilée demande son
transfert (de l'enfant, pas de l'enseignante!) à une autre classe, exigeant
ainsi l'application pure et simple de l'article 4 de la Loi sur la laïcité de l’État, lequel consacre le droit de la population
à des services étatiques laïques. Demande refusée par le ministre de
l'éducation et le premier ministre eux-mêmes (s'exprimant en bon québécois) :
il n'est pas question de laisser les parents "magasiner" (sic) les
classes de leurs enfants vu que les enseignants concernés disposent désormais
d'un droit acquis.
En
principe, dans l'école publique, on doit, en effet, accepter les affectations
décidées par les administrations scolaires, sous l'incontournable réserve du
respect du principe fondamental de laïcité. En l'espèce, le parent ne demande pas
la mutation de l'enseignante - ce qui eût été la solution logique - mais, au
contraire, c'est lui qui accepte magnanimement de battre en retraite. N'est donc
nullement remis en cause le privilège (légal, mais d'interprétation
restrictive) de l'enseignante, qui restera affublée de ses oripeaux de bonne sœur.
Il n'y a,
objectivement, "magasinâge" (avec accent circonflexe) que dans
l'imagination du ministre Roberge et du premier ministre. Le parent laïque se borne à vouloir épargner à son propre
enfant l'exposition à une propagande religieuse, ni plus, ni moins. Nul racisme
dans cette démarche. Libre aux autres parents de suivre son exemple, ou non.
D'aucuns craignent que la
reconnaissance du droit du parent d'obtenir un tel transfert dans ce genre de
situation risque de poser des problèmes logistiques. On répondra que le
législateur, qui n'aurait jamais dû accorder le privilège en cause, mais l'a
fait par faiblesse, doit assumer les conséquences pratiques de tous ses choix.
(Incidemment, on notera que ces
développements constituent une éloquente réponse à "cheikh" Philippe
Couillard qui, lorsqu'il était premier ministre, niait, sans rire, tout
problème en la matière vu le nombre infime des fonctionnaires concernés et
surtout l'absence de toute plainte des administrés, feignant ainsi de ne pas
comprendre, précisément, qu'il est quasi-impossible de se plaindre d'une
situation qui n'est pas interdite par la loi.)
Avec les cris d'horreur poussés
par les tartuffes, on se croirait revenu aux temps où l'élève québécois qui
voulait se faire dispenser du catéchisme, en principe obligatoire pour tous,
devait, au mieux, se livrer à une hasardeuse course d'obstacles.
La très diverse population
québécoise contemporaine compte notamment des mères d'origine algérienne ayant
échappé aux tueurs du GIA égorgeant les femmes refusant le port du voile (sanction
parfois connue sous la délicieuse expression de "sourire kabyle", une
technique de recrutement politique finement aiguisée par le service des
relations publiques du FLN dans les années 1950). Il est donc peut-être
excessif de leur demander maintenant de voir leur(s) enfant(s) exposé(s), jour
après jour, à un symbole de mort.
Un cauchemardesque linceul.
LP
PS. Il n'y a rien de plus impénétrable que les voies du Seigneur. C'est précisément
au moment de la rentrée de la classe… politique que l'ex-imam Hassan Guillet,
devenu l'émouvant symbole de tolérance suite à l'odieux attentat ayant frappé
la mosquée de Québec en janvier 2017, se voit retirer le droit de porter les
couleurs du parti libéral aux prochaines élections fédérales canadiennes dans
la circonscription montréalaise de Saint-Léonard—Saint-Michel
en raison de
déclarations peu œcuméniques au sujet des juifs et Israël. "cheikh"
Hassan, niant tout antisémitisme, déclare avoir "évolué" depuis, on
le suppose, 2018, ayant eu son propre chemin de Damas; de toute manière, en
effet, 2017, c'est de l'histoire ancienne… Cela dit, l'intéressé a utilisé la très
originale et sacramentelle formule d'excuse : « Si ces
déclarations pouvaient être considérées offensantes à certains de mes
concitoyens de confession juive…". On frôle l'autoflagellation, voire l'autocritique
maoïste.
Le parcours philosophique du candidat-vedette que l'on sentait déjà
pressenti pour devenir ministre des affaires étrangères, serviteur de Dieu ayant
accordé sa bénédiction au Hamas - un organisme à vocation culturelle qui ne
suit cependant pas toujours à la lettre l'enseignement de Gandhi, ou de Martin Luther
King - nourrira éventuellement la réflexion des bonnes âmes tentées par la
croisade contre l'Etat laïque au moyen de l'instrumentalisation de drames, surtout
sur le plan du décryptage des doubles discours.
A noter que "cheikh" Hassan ne s'avoue pas encore vaincu et
examine ses recours possibles. Nul besoin de lui souhaiter bonne chance : il peut certainement compter sur l'intervention
de forces supérieures.