Le 9 janvier 2017.
Ceux-là,
plus ils sont innocents, plus ils méritent d'être fusillés.
- Bertolt Brecht.
Rien
n'est gratuit en ce bas monde. Tout s'expie, le bien comme le mal, se paie tôt
ou tard. Le bien c'est beaucoup plus cher forcément.
- Louis-Ferdinand Céline.
Nul n'oserait imaginer que, en France, les procureurs instrumentalisent
leur charge afin de se constituer un capital électoral.
(Poursuivre des Nègres démunis, s'opposer aux nouvelles expertises d'ADN
des innocents ayant passé 25 ans dans le couloir de la mort, requérir la peine
de mort sur la base de preuves falsifiées et de parjures, il faut laisser tout
cela aux procureurs républicains de l'Alabama membres de la Southern Baptist Convention qui nourrissent des ambitions politiques.)
Cependant, force est de constater que certains d'entre eux se
morfondent, n'ayant pas suffisamment de fraudeurs fiscaux, de trafiquants de
drogue, et de conducteurs en état d'ivresse à se mettre sous la dent; c'est
même pire sur la Côte d'Azur ces jours-ci car, en basse saison touristique, ils
n'y plus de baigneuses en burkini à poursuivre. Cependant, que l'on se rassure
: il y a deux collègues de Fabrice Burgaud qui ont remédié à leur oisiveté.
Le premier a ciblé un enseignant-chercheur, Pierre-Alain Mannoni, et
requis 6 mois de prison avec sursis car il avait aidé trois Érythréennes en les
emmenant à une gare.
En ce qui concerne
M. Mannoni, dès le lendemain, le 7 janvier, il fut interjeté appel de la relaxe
prononcée en sa faveur. (La justice française ne chôme pas : elle réagit au
quart de tour et est à pied d'œuvre même les samedis pour les causes
importantes).
M. Herrou connaîtra
son sort le 10 février. Détail cocasse, le procureur Jean-Michel Prêtre, qui
exerce son sacerdoce judiciaire, a dénoncé l'usage de ce procès comme d'une
"tribune politique" :
Nous
sommes dans la situation d'un procès qui a été voulu, qui procède d'une
stratégie générale de communication, de portage militant d'une cause et qui
fait que la justice est saisie aujourd'hui de faits reconnus… Ce n'est pas à la
justice de décider de changer la loi.
D'une part, il semble oublier le principe de l'opportunité des poursuites consacré par l'art. 40-1 du Code de procédure pénale, lequel dispose clairement : "le procureur de la République reçoit les plaintes et dénonciations et apprécie la suite à leur donner". D'autre part, si ce procès était voulu par l'accusé, on pourrait alors se demander pourquoi il a décidé de lui donner satisfaction.
La justice française ne s'arrête pas en si bon chemin.
On apprend qu'un certain Jon Palais a comparu le 9 janvier pour vol de chaise dans une succursale de la banque BNP Paribas.
(Cet acte s'inscrit dans une campagne impliquant des militants écologistes et altermondialistes qui, de septembre à décembre 2015, à l'occasion de la COP 21 ont "réquisitionné" 196 chaises appartenant à des institutions financières, à savoir le nombre de parties participantes; était visée la dénonciation des sommes détournées par l’évasion fiscale et la fraude des banques. Ces commodités de la conversation furent ultérieurement déposées sur le pont au Change qui mène au palais de justice, à l’occasion de l’ouverture du procès d'un ancien ministre du budget qui, en bon socialiste, croit fermement en la redistribution des richesses, le roi du bistouri et spécialiste de l'esthétique fiscale Jérôme Cahuzac).
Dans tous ces cas, le ministère public ne
requiert que des peines de principe : avec sursis.
Si le contribuable français, taillable et
corvéable à merci, ne peut que se réjouir du tri judicieux des dossiers par les
procureurs, qui doit en principe porter un ferme message de dissuasion, il sera
déçu par ce symbolisme qui frise la faiblesse.
LP
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