Doublethink means the power of holding two contradictory beliefs
in one's mind simultaneously, and accepting both of them.
It's a beautiful thing, the destruction of words.
- George Orwell (1984).
- George Orwell (1984).
Le scandale du Watergate n'a pas seulement contribué au développement du
droit constitutionnel américain. Ce fut une époque riche sur le plan
linguistique, où gagna ses lettres de noblesse un vieux mot :
"Misspeak". On trouvera cette citation de Chaucer dans le Oxford English Dictionary : "I me repente
/ If I mis spak", qui reflète son sens d'origine.
Ce dictionnaire fait aussi état de la définition suivante :
"3.b. refl. To fail to convey the meaning one intends by one’s words."
C'est au Etats-Unis que ce verbe est devenu réflexif et qu'il a pris ce sens contemporain; on le trouve dans le Congressional Record de 1894 ("I believe he misspoke himself"). Cependant, c'est en 1973 que, Ron Ziegler, l'attaché de presse du président Nixon, a eu cette merveilleuse formule : “The President misspoke himself”, qui a fait fortune par la suite dans la classe politique américaine et reprise notamment par John McCain et Hillary Clinton. Dans ce pays, c'est bien connu, a politician does not "lie", but sometimes, he "misspeaks himself"…
C'est aussi à lui que l'on doit un autre mode de correction de déclarations en décalage apparent avec la vérité : "All previous statements [of the President] on Watergate are 'inoperative'". On ne rendra jamais assez hommage à feu Ron Ziegler pour son apport à la sémantique politique.
Par la suite, Larry Speakes, attaché de presse
de Ronald Reagan au nom prédestiné, a suivi les brisées de son prédécesseur en
expliquant un jour : "President Reagan spoke with 'misprecision'"…
(Voilà le génie de la langue anglaise : l'orateur peut faire des miracles avec l'utilisation judicieuse des préfixes.)
On aurait pensé qu'il était désormais impossible de faire mieux
linguistiquement, mais Kellyanne Conway, la délicieuse et suave conseillère du président Trump, vient
de réussir cet exploit. Expliquant la contestation, par le chef de l'Etat, de la
signification des photographies montrant un nombre de spectateurs assistant à
l'inauguration présidentielle de 2017 nettement plus petit que celui de 2009,
et des chiffres de fréquentation du métro de la capitale, elle déclare, sans
rire : "The President has offered 'alternative facts'".
Les avocats pénalistes défendant des clients accusés de parjure seraient
bien avisés de puiser dans cette notion révolutionnaire un moyen de défense
innovateur.
Chose certaine, il est maintenant confirmé que la promesse du candidat
Trump de rendre publiques ses déclarations de revenus à la clôture de la
procédure de vérification menée par l'IRS est bel et bien
"inopérante".
LP
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