La
vérité historique est souvent une fable convenue.
- Napoléon.
Propaganda is to democracy what violence is to dictatorship.
- Noam Chomsky.
Il est
dangereux d’empêcher la liberté de la recherche et il est préférable
d’affronter les négationnistes dans un combat d’idées.
- Claude
Liauzu.
La France vit une effervescence
pré-électorale.
Moins d'un an avant les élections
présidentielles, le gouvernement accorde à ses fonctionnaires quelques chiches
augmentations. Mieux, elle fait à la population des petits cadeaux fiscaux, qui
lui permet de récupérer en partie ce qui lui a été ponctionné depuis 2012…
Dans cette veine, on aurait cru que la
secrétaire d'État à l'Égalité réelle (foin de l'égalité fictive!) Ericka
Bereigts, aurait fait de l'égalité devant l'impôt une priorité et donc consacré
ses énergies à concocter une législation visant mieux, par exemple, les paradis
fiscaux, mais il y avait plus urgent socialement.
Elle fait en grande pompe la promotion d'une
loi dans laquelle d'aucuns peuvent voir un nouveau coup porté à l'Etat de droit
en France, qui n'avait vraiment pas besoin de ça, surtout en cette période
d'état d'urgence. Seul était réprimé jusqu'à présent le délit de négationnisme
de la shoah. On ratisse désormais plus large : est adopté à l'unanimité par
l'assemblée nationale un amendement - très gouvernemental - au projet de
loi "Égalité et citoyenneté" (rien que ça), qui assortit de sanctions
pénales la contestation ou la banalisation de l'ensemble (vraiment?) des crimes
contre l'humanité, dont l'esclavage et le génocide arménien. Rappelons que, en
ce qui concerne ce dernier, l'ex-président Sarkozy avait déjà essayé de
s'offrir les voix caucasiennes en 2012, mais que sa loi fut censurée par le Conseil
constitutionnel.
Le gouvernement actuel remet ça et Madame
Bereigts explique donc onctueusement que ne seront visés cette fois-ci, subtil
distinguo, que les crimes reconnus par une juridiction ou, s'ils sont trop
anciens, lorsqu'ils disposent d’une reconnaissance historique (!) et les
contestations ou banalisation commises "dans des conditions incitant à la
haine ou à la violence". On espère donc que, par cette grossière manœuvre,
le conseil constitutionnel n'y verra - si l'on ose dire - que du feu, et
ne constatera cette fois nulle atteinte à la liberté d'expression!
Pour autant, on a d'une part, une petite idée,
depuis l'affaire Dreyfus, de la valeur très relative des constats de fait des
magistrats français; a fortiori, on sait
à quoi s'attendre lorsque ceux-ci, et les législateurs, excèdent leur champ de
compétence en jouant les historiens : l'Inquisition.("Chacun son métier,
les vaches seront bien gardées"). D'autre part, ce pseudo-garde-fou,
qui permet tous les abus, comme le confirme l'application de son inspiratrice, l'infâme
loi Gayssot, qui ne fait rire personne, et surtout pas les chansonniers.
Voilà donc une réforme juridique qui tirera de
l'oisiveté les procureurs et juges d'instruction de la république qui, comme
chacun le sait, n'ont pas assez de trafiquants de drogue et d'armes à feu, de
pollueurs industriels et agricoles, d'escrocs, et de fraudeurs fiscaux à se
mettre sous la dent. (Encore qu'ils font déjà des efforts louables pour se
tenir un peu plus occupés en instrumentalisant les lois pour harceler les
Dieudonné, les Eric Zemmour et… les Patrick Sébastien, et en détournant allègrement
les lois antiterroristes pour faire du chiffre, comme l'illustre l'affaire
Tarnac).
De prime abord, on pourrait soupçonner le
président de la République de vouloir jouer les papes, en imposant ex cathedra une doctrine historique élevée
au rang de dogme sacré. En l'occurrence, allons plus loin. Il suit plutôt l'exemple
du calife régnant à Ankara : en effet, il y a égalité… réelle entre la loi
française qui interdit la contestation du génocide arménien, et la loi turque qui
interdit d'en faire état. Une évidence élémentaire, mais qui échappe au grand Mamamouchi
François Hollande et son grand vizir Manuel "Iznogoud" Valls; une
forme de négationnisme de la réalité qui correspond, comme par hasard, comme en
2012, au compte à rebours électoral.
Toutefois, tout n'est pas perdu pour la
liberté de parole en France.
La loi Taubira ne dénonce, sélectivement, que
la traite négrière pratiquée par les occidentaux blancs et chrétiens et est
muette sur le juteux commerce de viande humaine auquel se sont livrés les Arabes
musulmans : il s'agissait de ne pas heurter la sensibilité des jeunes issus de
l'immigration maghrébine… En outre, les crimes staliniens et maoïstes ne
semblent pas avoir fait l'objet d'aussi bruyants rappels, législatifs ou
judiciaires.
Que l'on se console donc. Même si les sénateurs,
décident de céder au démagogique chant pré-électoral des sirènes, adoptent à
leur tour le projet de loi "Égalité et citoyenneté" amendé, et même si,
au final, le Conseil constitutionnel choisit de tomber dans le piège tendu - issue
probable vu le recours, par l'exécutif, à la ficelle Gayssot - et d'aval-iser
ce jus de guano législatif, il subsistera quand même un salutaire espace de
contestation, non passible du bûcher, ou de fatwah, comme on voudra.
LP
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