Tuesday, July 5, 2016

Le 5 juillet 2016. Prochaine dégradation des libertés publiques en France.



La vérité historique est souvent une fable convenue.
- Napoléon.

Propaganda is to democracy what violence is to dictatorship.
- Noam Chomsky.

Il est dangereux d’empêcher la liberté de la recherche et il est préférable d’affronter les négationnistes dans un combat d’idées.
- Claude Liauzu.

La France vit une effervescence pré-électorale.

Moins d'un an avant les élections présidentielles, le gouvernement accorde à ses fonctionnaires quelques chiches augmentations. Mieux, elle fait à la population des petits cadeaux fiscaux, qui lui permet de récupérer en partie ce qui lui a été ponctionné depuis 2012…

Dans cette veine, on aurait cru que la secrétaire d'État à l'Égalité réelle (foin de l'égalité fictive!) Ericka Bereigts, aurait fait de l'égalité devant l'impôt une priorité et donc consacré ses énergies à concocter une législation visant mieux, par exemple, les paradis fiscaux, mais il y avait plus urgent socialement.

Elle fait en grande pompe la promotion d'une loi dans laquelle d'aucuns peuvent voir un nouveau coup porté à l'Etat de droit en France, qui n'avait vraiment pas besoin de ça, surtout en cette période d'état d'urgence. Seul était réprimé jusqu'à présent le délit de négationnisme de la shoah. On ratisse désormais plus large : est adopté à l'unanimité par l'assemblée nationale un amendement - très gouvernemental - au projet de loi "Égalité et citoyenneté" (rien que ça), qui assortit de sanctions pénales la contestation ou la banalisation de l'ensemble (vraiment?) des crimes contre l'humanité, dont l'esclavage et le génocide arménien. Rappelons que, en ce qui concerne ce dernier, l'ex-président Sarkozy avait déjà essayé de s'offrir les voix caucasiennes en 2012, mais que sa loi fut censurée par le Conseil constitutionnel.  

Le gouvernement actuel remet ça et Madame Bereigts explique donc onctueusement que ne seront visés cette fois-ci, subtil distinguo, que les crimes reconnus par une juridiction ou, s'ils sont trop anciens, lorsqu'ils disposent d’une reconnaissance historique (!) et les contestations ou banalisation commises "dans des conditions incitant à la haine ou à la violence". On espère donc que, par cette grossière manœuvre, le conseil constitutionnel n'y verra - si l'on ose dire - que du feu, et ne constatera cette fois nulle atteinte à la liberté d'expression!

Pour autant, on a d'une part, une petite idée, depuis l'affaire Dreyfus, de la valeur très relative des constats de fait des magistrats français; a fortiori, on sait à quoi s'attendre lorsque ceux-ci, et les législateurs, excèdent leur champ de compétence en jouant les historiens : l'Inquisition.("Chacun son métier, les vaches seront bien gardées"). D'autre part, ce pseudo-garde-fou, qui permet tous les abus, comme le confirme l'application de son inspiratrice, l'infâme loi Gayssot, qui ne fait rire personne, et surtout pas les chansonniers.

Voilà donc une réforme juridique qui tirera de l'oisiveté les procureurs et juges d'instruction de la république qui, comme chacun le sait, n'ont pas assez de trafiquants de drogue et d'armes à feu, de pollueurs industriels et agricoles, d'escrocs, et de fraudeurs fiscaux à se mettre sous la dent. (Encore qu'ils font déjà des efforts louables pour se tenir un peu plus occupés en instrumentalisant les lois pour harceler les Dieudonné, les Eric Zemmour et… les Patrick Sébastien, et en détournant allègrement les lois antiterroristes pour faire du chiffre, comme l'illustre l'affaire Tarnac).

De prime abord, on pourrait soupçonner le président de la République de vouloir jouer les papes, en imposant ex cathedra une doctrine historique élevée au rang de dogme sacré. En l'occurrence, allons plus loin. Il suit plutôt l'exemple du calife régnant à Ankara : en effet, il y a égalité… réelle entre la loi française qui interdit la contestation du génocide arménien, et la loi turque qui interdit d'en faire état. Une évidence élémentaire, mais qui échappe au grand Mamamouchi François Hollande et son grand vizir Manuel "Iznogoud" Valls; une forme de négationnisme de la réalité qui correspond, comme par hasard, comme en 2012, au compte à rebours électoral.

Toutefois, tout n'est pas perdu pour la liberté de parole en France.

La loi Taubira ne dénonce, sélectivement, que la traite négrière pratiquée par les occidentaux blancs et chrétiens et est muette sur le juteux commerce de viande humaine auquel se sont livrés les Arabes musulmans : il s'agissait de ne pas heurter la sensibilité des jeunes issus de l'immigration maghrébine… En outre, les crimes staliniens et maoïstes ne semblent pas avoir fait l'objet d'aussi bruyants rappels, législatifs ou judiciaires.

Que l'on se console donc. Même si les sénateurs, décident de céder au démagogique chant pré-électoral des sirènes, adoptent à leur tour le projet de loi "Égalité et citoyenneté" amendé, et même si, au final, le Conseil constitutionnel choisit de tomber dans le piège tendu - issue probable vu le recours, par l'exécutif, à la ficelle Gayssot  - et d'aval-iser ce jus de guano législatif, il subsistera quand même un salutaire espace de contestation, non passible du bûcher, ou de fatwah, comme on voudra.

LP

No comments:

Post a Comment