Le singe piétine à mort tout primate qui ne fait pas partie de sa
communauté. Ce qui vaut pour les primates vaut aussi pour les hommes !
- Adolf Hitler.
It's morning again in America.
-Ronald Reagan.
C'est fait : Donald
Trump est le candidat officiel du parti républicain à la présidence des
Etats-Unis et son long discours d'acceptation, prononcé dans une salle où
prédominaient les têtes blondes, fut instructif.
On a affaire à un
orateur messianique, vociférant, aux poumons d'airain, dont l'éloquence agressive
s'inscrit dans une tradition qui a fait ses preuves au siècle dernier. Sa
gestuelle rappelle étonnamment (?) un éminent homme d'Etat d'origine
autrichienne, tandis que ses moues pendant les pauses sont semblables à celle
d'un politicien italien de la même époque se revendiquant de la grandeur de la
Rome antique.
Le fond, lui, est
original.
Le pays est au bord de
l'apocalypse, mais il promet de le nettoyer, dresse une équation entre immigrés
(surtout appartenant à des religions non-chrétiennes, du jamais vu, bien sûr) d'une
part et criminalité et chômage d'autre part, et d'adopter une politique économique
protectionniste, on ne peut mieux symbolisée par l'érection d'un mur le long de
la frontière mexicaine. Enfin, il sera sans pitié pour les politiciens qui
poignardent dans le dos les défenseurs de la patrie et la privent de la
victoire : pas de réédition du traité de Versailles de 1919.
Il annonce les
couleurs : il sera le président de la loi et l'ordre, et l'Amérique retrouvera
le paradis perdu des années 50, dépeint à la
télévision dans, par exemple, "Father knows best" et "Leave it
to Beaver", des chefs d'oeuvre de "cinéma vérité" avant la lettre. Sans oublier qu'il abolira l'assurance-maladie instaurée par l'imposteur
kényan Barack Obama, de sorte que tous les Américains, peu importe leur couleur
ou leur état de fortune, auront, à partir de janvier 2017, accès aux soins
médicaux personnalisés prodigués jadis par les "Dr Kildare" et les "Marcus
Welby, MD".
(Dans ces séries
télévisées quasi-documentaires, les disciples d'Esculape avaient une compassion
particulière pour les toxicos, les mineurs aux poumons encrassés par la
poussière de charbon et les patients atteints de cancer colorectal en phase
terminale; ils n'avaient pas leur pareil pour traiter les morsures de rats
subies par les enfants de 5 ans souffrant de malnutrition habitant Watts, et cautériser
les chairs déchirées des gamines de 11 ans originaires de Louisiane violées à
répétition par leurs oncles, cousins et pasteurs pentecôtistes (pas forcément
dans cet ordre)).
Tout y est. Le décor
est planté.
Le candidat Trump a
même déjà sa milice : la National Rifle Association. Sur laquelle on peut
compter pour régler les vrais problèmes.
Le visionnaire Trump
ne saurait donc de s'abaisser à réfuter les théories fantaisistes sur les
causes des maux de l'Amérique selon lesquelles les lois antidrogues américaines
seraient à l'origine de la violence régnant au sud du Rio Grande et donc la
cause directe de l'émigration des Mexicains; pire, elles auraient nourri la
violence en transformant les ghettos noirs, où ne sévissait "que" la
pauvreté, en mini-foyers de guerre civile sans issue, et il faudrait y ajouter les
séquelles de l'esclavage qui n'a commencé à s'alléger qu'en 1965. Bref, le candidat du parti
de Lincoln n'a que faire de ceux qui attribuent la responsabilité du triste
état de l'Amérique à une société blanche dominatrice qui préfère, depuis un
petit demi-millénaire, investir dans les prisons plutôt dans que les écoles et
les hôpitaux ouverts à tous, et qui osent voir dans la NRA la seule
organisation djihaddiste en activité sérieuse à l'heure actuelle aux Etats-Unis
(ce qui n'est pas très sérieux : les 32 000 morts victimes d'armes à feu chaque
année sont une broutille en comparaison aux 60 000 soldats tombés en 10 ans de
Vietnam).
Au jour d'aujourd'hui,
il faut avoir des priorités : les rafles des Latinos qui soutiennent
l'agriculture et l'industrie hôtelière américaines, leur bouclage dans des
camps de regroupement et leur expulsion, surtout qu'ils ne trompent personne en affichant insolemment
en matière de criminalité des chiffres inférieurs à ceux des Américains de
naissance.
America
first.
Reprenant l'idée
centrale du colonel Kurtz dans "Apocalypse Now", le fondateur de la
Trump University promet de résoudre - lui seul peut le faire - les problèmes de
l'Amérique quickly, fast. L'ordre sera vite rétabli car
les ennemis de l'Amérique connaîtront… the
horror, the horror… Oui, on peut le croire, d'autant plus qu'il tient en
haute estime un autre apôtre de la démocratie participative à l'helvétique, le
président russe Poutine, notamment, on le suppose, pour ses conceptions en
matière de maintien de l'ordre.
Believe me, believe me.
Pour autant, le propriétaire
de la Trump Tower a peut-être porté un subtil message à son auditoire à la
conclusion de son allocution, lorsque l'on a entendu les Rolling Stones chanter
: "You can't get always what you want…"
LP
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