Sunday, July 24, 2016

Donald Trump : Amerika, Amerika über alles!

Le 24 juillet 2016.


Le singe piétine à mort tout primate qui ne fait pas partie de sa communauté. Ce qui vaut pour les primates vaut aussi pour les hommes !
- Adolf Hitler.

It's morning again in America.
-Ronald Reagan.

C'est fait : Donald Trump est le candidat officiel du parti républicain à la présidence des Etats-Unis et son long discours d'acceptation, prononcé dans une salle où prédominaient les têtes blondes, fut instructif.

On a affaire à un orateur messianique, vociférant, aux poumons d'airain, dont l'éloquence agressive s'inscrit dans une tradition qui a fait ses preuves au siècle dernier. Sa gestuelle rappelle étonnamment (?) un éminent homme d'Etat d'origine autrichienne, tandis que ses moues pendant les pauses sont semblables à celle d'un politicien italien de la même époque se revendiquant de la grandeur de la Rome antique.

Le fond, lui, est original.

Le pays est au bord de l'apocalypse, mais il promet de le nettoyer, dresse une équation entre immigrés (surtout appartenant à des religions non-chrétiennes, du jamais vu, bien sûr) d'une part et criminalité et chômage d'autre part, et d'adopter une politique économique protectionniste, on ne peut mieux symbolisée par l'érection d'un mur le long de la frontière mexicaine. Enfin, il sera sans pitié pour les politiciens qui poignardent dans le dos les défenseurs de la patrie et la privent de la victoire : pas de réédition du traité de Versailles de 1919.

Il annonce les couleurs : il sera le président de la loi et l'ordre, et l'Amérique retrouvera le paradis perdu des années 50, dépeint à la télévision dans, par exemple, "Father knows best" et "Leave it to Beaver", des chefs d'oeuvre de "cinéma vérité" avant la lettre. Sans oublier qu'il abolira l'assurance-maladie instaurée par l'imposteur kényan Barack Obama, de sorte que tous les Américains, peu importe leur couleur ou leur état de fortune, auront, à partir de janvier 2017, accès aux soins médicaux personnalisés prodigués jadis par les "Dr Kildare" et les "Marcus Welby, MD".

(Dans ces séries télévisées quasi-documentaires, les disciples d'Esculape avaient une compassion particulière pour les toxicos, les mineurs aux poumons encrassés par la poussière de charbon et les patients atteints de cancer colorectal en phase terminale; ils n'avaient pas leur pareil pour traiter les morsures de rats subies par les enfants de 5 ans souffrant de malnutrition habitant Watts, et cautériser les chairs déchirées des gamines de 11 ans originaires de Louisiane violées à répétition par leurs oncles, cousins et pasteurs pentecôtistes (pas forcément dans cet ordre)).

Tout y est. Le décor est planté.

Le candidat Trump a même déjà sa milice : la National Rifle Association. Sur laquelle on peut compter pour régler les vrais problèmes.

Le visionnaire Trump ne saurait donc de s'abaisser à réfuter les théories fantaisistes sur les causes des maux de l'Amérique selon lesquelles les lois antidrogues américaines seraient à l'origine de la violence régnant au sud du Rio Grande et donc la cause directe de l'émigration des Mexicains; pire, elles auraient nourri la violence en transformant les ghettos noirs, où ne sévissait "que" la pauvreté, en mini-foyers de guerre civile sans issue, et il faudrait y ajouter les séquelles de l'esclavage qui n'a commencé à s'alléger qu'en 1965. Bref, le candidat du parti de Lincoln n'a que faire de ceux qui attribuent la responsabilité du triste état de l'Amérique à une société blanche dominatrice qui préfère, depuis un petit demi-millénaire, investir dans les prisons plutôt dans que les écoles et les hôpitaux ouverts à tous, et qui osent voir dans la NRA la seule organisation djihaddiste en activité sérieuse à l'heure actuelle aux Etats-Unis (ce qui n'est pas très sérieux : les 32 000 morts victimes d'armes à feu chaque année sont une broutille en comparaison aux 60 000 soldats tombés en 10 ans de Vietnam).   

Au jour d'aujourd'hui, il faut avoir des priorités : les rafles des Latinos qui soutiennent l'agriculture et l'industrie hôtelière américaines, leur bouclage dans des camps de regroupement et leur expulsion, surtout qu'ils ne trompent personne en affichant insolemment en matière de criminalité des chiffres inférieurs à ceux des Américains de naissance.

America first.

Reprenant l'idée centrale du colonel Kurtz dans "Apocalypse Now", le fondateur de la Trump University promet de résoudre - lui seul peut le faire - les problèmes de l'Amérique quickly, fast. L'ordre sera vite rétabli car les ennemis de l'Amérique connaîtront… the horror, the horror… Oui, on peut le croire, d'autant plus qu'il tient en haute estime un autre apôtre de la démocratie participative à l'helvétique, le président russe Poutine, notamment, on le suppose, pour ses conceptions en matière de maintien de l'ordre.

Believe me, believe me.

Pour autant, le propriétaire de la Trump Tower a peut-être porté un subtil message à son auditoire à la conclusion de son allocution, lorsque l'on a entendu les Rolling Stones chanter : "You can't get always what you want…"

LP


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