Monday, December 1, 2014

Le 1er décembre 2014. Notre Saint-Père le Pape est contre l'intégrisme!



C'est la certitude qu'ils tiennent la vérité qui rend les hommes cruels. 
- Anatole France.

Je pense qu'il y a une continuité inconsciente du fanatisme.
- Elie Wiesel.


Voilà l'émouvante profession de foi faite par François le vendredi 28 novembre à Ankara (Turquie), suivie d'une ostentatoire prière dans la mosquée bleue. On ne le dira jamais assez, en 2014, cette démarche reflète une audace remarquable. Le pontife est un précurseur.

Il prône notamment, en présence du président Erdogan - qui interdit aux femmes de rire - une "sainte alliance" islamo-chrétienne… contre l'intégrisme. Nul doute que la voilée madame Erdogan a apprécié...

On peut aussi voir dans cet appel un Yalta religieux, une volonté de partage du monde, d'établir un condominium religieux sur la planète, un duopole, notion rejetée en matière économique par les lois anti-monopoles… Au lieu de se faire une dure concurrence, on trouve maintenant plus sage de se partager le lucratif marché des âmes, derrière des paravents de vertu. Cela explique peut-être que, au Québec, on trouve de pieux ecclésiastiques chrétiens pour promouvoir la "liberté" des femmes musulmanes de porter le voile, une pratique qui a aussi l'avantage de faciliter le marquage des territoires.

Pour autant, les onctueuses déclarations du Saint-Père laissent un arrière-goût d'inachevé. Annoncent-elles des mesures concrètes?

Verra-t-on prochainement un désaveu de l'Opus Dei, toujours en odeur de sainteté? On semble un peu embarrassé, sans plus, ces temps-ci par les frasques (longtemps étouffées par les petits copains Jean-Paul II et sa clique) homo- et hétérosexuelles du père Marcial Maciel Degollado, naguère supérieur de la Légion - oui… "Légion"- du Christ… On est loin d'un Charles de Foucauld.

Mieux encore, on apprécierait une remise à jour du statut de certains zélés serviteurs du Christ ayant accédé au panthéon catholique. Plus précisément, on pense à Cyrille d'Alexandrie, un père de l'Eglise, canonisé par la voix populaire (vox populi, vox Dei) et proclamé docteur de l'Eglise en 1882. Le successeur de Torquemada, l'ex-grand inquisiteur Ratzinger, alias Benoît XVI, lui a rendu un vibrant hommage en 2007 pour son importante contribution au culte marial.

Cependant, l'examen complet de ces impressionnants états de service appelle des nuances.

La vocation de ce patriarche était de combattre les païens, les juifs et les hérétiques chrétiens, pas seulement sur le plan des idées. Cyrille ne faisait pas dans la dentelle et ses persécutions ont produit des rivières de sang. A son décès en 444, les synagogues avaient disparu d'Alexandrie et il n'y restait presque plus de minorités religieuses. Un efficace travail d'épuration d'une ville qui avait été un bouillonnant centre intellectuel et cosmopolite.

Son plus spectaculaire titre de gloire est d'avoir incité, en 415, une foule enragée à lyncher Hypathie, dont le seul crime fut d'avoir été philosophe et mathématicienne. La meute hurlante lui retira tous ses vêtements, l'amena de force dans une église où on lui découpa méthodiquement toutes ses chairs jusqu'à l'os à l'aide de coquilles d'huîtres acérées jusqu'à ce que mort s'ensuive; les membres encore frémissants de son corps martyrisé furent jetés aux flammes. D'ailleurs, nulle enquête ne fut menée à terme par les autorités en raison de généreux pots-de-vin.

Les assassinats de nègres par le Ku Klux Klan, 16 siècles plus tard, pâlissent (si l'on ose dire) quelque peu en comparaison. Mais que voulez-vous? La civilisation ramollit.

Grâce au consciencieux labeur de Cyrille, Alexandrie ne fut plus troublée par ces casse-pieds de philosophes. S'il est étrange qu'il ne soit pas devenu le saint patron des bouchers et rôtisseurs, signalons que, à l'heure actuelle, il est toujours vénéré également par les églises orthodoxe, anglicane et luthérienne. Un réconfortant terrain d'entente œcuménique, sinon institutionnel, entre chrétiens.

Puisque le Saint-Siège s'est résolu, de guerre lasse, à prendre des mesures symboliques au sujet des prêtres pédophiles, a fortiori, on pourrait au moins espérer le réexamen de la contribution doctrinale de Saint- (oui… "Saint-") Cyrille, dont les exploits dépassent en horreur les abus sexuels perpétrés, à l'occasion dans des conditions d'asepsie douteuses, sur des enfants, par des théologiens trop souvent oublieux de leur mission première conférée par l'ordination : l'enculage des mouches.

L'évêque de Rome ne trompera que qui veut avec son prêchi-prêcha contre l'intégrisme.

Qu'il commence à balayer devant sa porte (on l'aura compris, sa porte arrière) et renie (3 fois plutôt qu'une) ses propres illuminés, passés ou toujours très présents. Et pendant qu'il y est, qu'il jette dans les flammes les torchons de (Saint-) Paul - un juif renégat devant… l'Eternel qui a coupé les ponts avec la communauté médicale urologique - et tout le reste du Nouveau Testament.

LP


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