C'est la certitude qu'ils tiennent la vérité qui rend les hommes cruels.
- Anatole France.
Je pense qu'il y a une continuité inconsciente du fanatisme.
- Elie Wiesel.
Voilà l'émouvante
profession de foi faite par François le vendredi 28 novembre à Ankara (Turquie), suivie d'une ostentatoire prière dans la mosquée
bleue. On ne le dira
jamais assez, en 2014, cette démarche reflète une audace remarquable. Le pontife
est un précurseur.
Il prône
notamment, en présence du président Erdogan - qui interdit aux femmes de rire - une "sainte alliance" islamo-chrétienne… contre
l'intégrisme. Nul doute que la voilée madame Erdogan a apprécié...
On peut aussi voir dans cet appel un Yalta religieux, une volonté de partage du monde, d'établir un condominium religieux sur la planète, un duopole, notion rejetée en matière économique par les lois anti-monopoles… Au lieu de se faire une dure concurrence, on trouve maintenant plus sage de se partager le lucratif marché des âmes, derrière des paravents de vertu. Cela explique peut-être que, au Québec, on trouve de pieux ecclésiastiques chrétiens pour promouvoir la "liberté" des femmes musulmanes de porter le voile, une pratique qui a aussi l'avantage de faciliter le marquage des territoires.
On peut aussi voir dans cet appel un Yalta religieux, une volonté de partage du monde, d'établir un condominium religieux sur la planète, un duopole, notion rejetée en matière économique par les lois anti-monopoles… Au lieu de se faire une dure concurrence, on trouve maintenant plus sage de se partager le lucratif marché des âmes, derrière des paravents de vertu. Cela explique peut-être que, au Québec, on trouve de pieux ecclésiastiques chrétiens pour promouvoir la "liberté" des femmes musulmanes de porter le voile, une pratique qui a aussi l'avantage de faciliter le marquage des territoires.
Pour
autant, les onctueuses déclarations du Saint-Père laissent un arrière-goût
d'inachevé. Annoncent-elles des mesures concrètes?
Verra-t-on
prochainement un désaveu de l'Opus Dei, toujours en odeur de sainteté? On semble
un peu embarrassé, sans plus, ces temps-ci par les frasques (longtemps
étouffées par les petits copains Jean-Paul II et sa clique) homo- et hétérosexuelles du père Marcial Maciel
Degollado, naguère supérieur de la Légion - oui… "Légion"- du Christ… On est loin d'un
Charles de Foucauld.
Mieux
encore, on apprécierait une remise à jour du statut de certains zélés serviteurs du Christ ayant accédé au panthéon catholique. Plus précisément, on pense à Cyrille d'Alexandrie, un père de l'Eglise, canonisé par la voix populaire (vox populi, vox Dei) et proclamé
docteur de l'Eglise en 1882. Le successeur de Torquemada, l'ex-grand
inquisiteur Ratzinger, alias Benoît XVI, lui a rendu un vibrant hommage en 2007
pour son importante contribution au culte marial.
Cependant, l'examen complet de ces impressionnants
états de service appelle des nuances.
La vocation de ce patriarche était de combattre
les païens, les juifs et les hérétiques chrétiens, pas seulement sur le plan
des idées. Cyrille ne faisait pas dans la dentelle et ses persécutions ont produit
des rivières de sang. A son décès en 444, les synagogues avaient disparu d'Alexandrie
et il n'y restait presque plus de minorités religieuses. Un efficace travail d'épuration
d'une ville qui avait été un bouillonnant centre intellectuel et cosmopolite.
Son plus spectaculaire titre de gloire est
d'avoir incité, en 415, une foule enragée à lyncher Hypathie, dont le seul
crime fut d'avoir été philosophe et mathématicienne. La meute hurlante lui retira
tous ses vêtements, l'amena de force dans une église où on lui découpa méthodiquement toutes ses chairs jusqu'à l'os à l'aide de coquilles d'huîtres
acérées jusqu'à ce que mort s'ensuive; les membres encore frémissants de son
corps martyrisé furent jetés aux flammes. D'ailleurs, nulle enquête ne fut
menée à terme par les autorités en raison de généreux pots-de-vin.
Les assassinats de nègres par le Ku Klux Klan,
16 siècles plus tard, pâlissent (si l'on ose dire) quelque peu en comparaison. Mais que voulez-vous? La
civilisation ramollit.
Grâce au consciencieux labeur de Cyrille,
Alexandrie ne fut plus troublée par ces casse-pieds de philosophes. S'il est
étrange qu'il ne soit pas devenu le saint patron des bouchers et rôtisseurs,
signalons que, à l'heure actuelle, il est toujours vénéré également par les
églises orthodoxe, anglicane et luthérienne. Un réconfortant terrain d'entente œcuménique,
sinon institutionnel, entre chrétiens.
Puisque le Saint-Siège s'est résolu, de guerre
lasse, à prendre des mesures symboliques au sujet des prêtres pédophiles, a fortiori, on pourrait au moins espérer
le réexamen de la contribution doctrinale de Saint- (oui… "Saint-")
Cyrille, dont les exploits dépassent en horreur les abus sexuels perpétrés, à
l'occasion dans des conditions d'asepsie douteuses, sur des enfants, par des
théologiens trop souvent oublieux de leur mission première conférée par l'ordination
: l'enculage des mouches.
L'évêque
de Rome ne trompera que qui veut avec son prêchi-prêcha contre l'intégrisme.
Qu'il commence
à balayer devant sa porte (on l'aura compris, sa porte arrière) et renie (3
fois plutôt qu'une) ses propres illuminés, passés ou toujours très présents. Et pendant qu'il
y est, qu'il jette dans les flammes les torchons de (Saint-) Paul - un juif
renégat devant… l'Eternel qui a coupé les ponts avec la communauté médicale urologique
- et tout le reste du Nouveau Testament.
LP
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