Les plus pessimistes sur les hommes sont toujours dépassés par la réalité.
- Robert Brasillach.
On est
puceau de l'horreur comme on l'est de la volupté.
- Louis-Ferdinand Céline.
Rien ne
ressemble à la vertu comme un grand crime.
- Saint-Just.
La science peut aussi
être patriotique.
Sont passés à
l'histoire les médecins nazis et leurs recherches sur les cobayes humains d'Auschwitz;
les psychiatres chargés jadis de détruire les dissidents de l'ex-union
soviétique; en Afrique du Sud, Wouter "Doctor Death" Basson, un
expert de la guerre chimique et bactériologique, dont le titre de gloire est
d'avoir tenté de développer une bactérie n'attaquant que les noirs.
On déplore, cependant,
que ces éminentes personnalités ne semblent pas avoir toujours eu droit à la
reconnaissance qu'elles avaient pu espérer.
Même une sommité de la
génétique comme Josef Mengele a fini ses jours, sinon dans le dénuement, au
moins dans des conditions modestes; les psychiatres russes ont eu droit, à la
belle époque, à d'agréables séjours dans les datchas, mais après l'effondrement
du communisme, ils ont dû se contenter d'honoraires ordinaires pour diriger de
banales psychanalyses. Le grand bactériologiste sud-africain ne semble pas
avoir reçu de substantiels appointements pour services rendus, et il a même dû
affronter la justice après 1994, même si les procédures n'ont pas abouti à des
condamnations jusqu'à présent.
Aux Etats-Unis, par
contre, les hommes de science de valeur ont droit à des conditions d'embauche et
de retraite plus alléchantes.
Saluons d'abord et
surtout la mémoire de Wernher von Braun, et d'autres ingénieurs aéronautiques
allemands ayant participé aux programmes V-1 et V-2. Comme un certain nombre de
criminels de guerre nazis susceptibles de rendre d'utiles services, ils
bénéficièrent de la cécité volontaire de la libre Amérique, laquelle ne leur tint
pas rigueur d'avoir conçu les fusées qui causèrent de sérieux dégâts en
Angleterre et auraient pu modifier le cours de la guerre. Sans devenir un nabab,
von Braun a fait une belle carrière, chez Walt Disney à titre de directeur
technique (ses apparitions didactiques sur le petit écran dans le cadre du "Wonderful
world of Disney" ont enchanté les petits Américains blonds assoiffés de
culture scientifique), et à la NASA.
Rendons aussi hommage au
docteur John Charles Cutler qui, pour le compte du United States Public Health Service, a dirigé, de 1946 à 1948, des
expériences au Guatemala consistant en
l'inoculation de la syphilis et d'autres maladies sexuellement transmissibles à des soldats, prostituées,
prisonniers et malades mentaux sans leur consentement. En sont morts 83 cobayes.
Ce disciple du docteur Schweitzer a aussi contribué à la Tuskegee syphilis experiment, programme allant de 1932
à 1972, auquel ont participé des métayers nègres croyant recevoir, outre un
réel repas chaud quotidien, des soins médicaux gratuits (c'était avant
Obamacare…), consistant en la simple observation de malades atteints de la
syphilis, pour mieux connaître l'évolution de la maladie lorsqu'elle n'est pas
traitée.
Dans tous les cas, ces brillants chercheurs ne
semblent pas avoir touché plus que leur traitement de fonctionnaires, comme d'ailleurs
les psychiatres ayant fait des recherches en matière de lavage de cerveau au
service de la CIA et administré du LSD à des "patients" avec la
collaboration de l'université McGill, laquelle a obligeamment mis à leur
disposition les locaux et le matériel humain du Allan Memorial dans les années
50-60.
Dernièrement, on a franchi
un cap. Aux Etats-Unis, bigger is better.
On apprend, au sujet
du programme d'interrogatoire "intensif" de la CIA des prétendus terroristes
islamistes, la collaboration technique de deux psychologues, y compris en ce
qui concerne la planification des simulations de noyade, qui ont même encaissé
80 millions de dollars en honoraires en 4 ans. L'Etat américain sait parfois
être plus généreux pour ses spécialistes dévoués que ses homologues soviétique,
nazi et sud-africain réunis. Chose certaine, ces deux psy sont des négociateurs
hors-pair, en comparaison desquels les dirigeants d'Halliburton sont d'aimables
novices.
Seul bémol en l'espèce,
le contribuable américain peut avoir des réserves sur le rapport qualité/prix
de ces prestations puisque nul renseignement exploitable n'a résulté de cette
version contemporaine de l'Inquisition. Au moins, le Prussien von Braun, lui, a
be et bien décroché la lune pour le compte des Etats-Unis, comme l'Italien Christophe
Colomb a pris possession du nouveau monde au nom du roi d'Espagne.
Aux services de
renseignement américains de tirer la leçon qui s'impose. Ils ont judicieusement
su "délocaliser" les centres d'"interrogatoire", mais
auraient dû penser à faire appel aux experts étrangers comptant une expérience plus
solide.
On pense d'abord, instinctivement,
à la Sainte Inquisition (mieux connue aujourd'hui sous la désignation moins poétique
de "Congrégation pour la doctrine de la foi") de l'Eglise catholique;
cependant, si ses annales regorgent d'utiles informations sur l'art de la Quaestio, elle ne compte plus de nos
jours d'intervenants sur le terrain depuis que l'Eglise a perdu le pouvoir
séculier. Les clercs se sont trop ramollis, sauf les auteurs d'abus sexuels/psychologiques
perpétrés sur des petit(e)s paroissien(ne)s, ça va de soi.
La bonne volonté ne
suffit pas lorsqu'on est rouillé.
Par contre, on aurait
dû penser à solliciter auprès, par exemple, de la Corée du Nord, de la Chine,
et du Zimbabwe le détachement de fonctionnaires toujours opérationnels et donc susceptibles
d'assurer des services plus fiables, à des conditions financières plus
intéressantes.
Opter pour la
sous-traitance est souvent judicieux, mais le bon maître d'ouvrage doit savoir
choisir ses maîtres d'œuvre.
N'est pas Wernher von
Braun qui veut.
LP
No comments:
Post a Comment