En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez
pas la Chair du Fils de l'homme et ne buvez pas son Sang, vous n'aurez pas la
vie en vous. Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle et je le
ressusciterai au dernier jour. Car ma Chair est vraiment une nourriture et mon
Sang une boisson.
- Jean 6, 53-55.
The worst vice of a fanatic is his sincerity.
- Oscar Wilde.
Le fanatisme est un monstre mille fois plus dangereux que l'athéisme philosophique.
- Voltaire.
Dans une sainte
colère, le pontife vient, lors de la traditionnelle
bénédiction "urbi et orbi" qu’il a prononcée le 25 décembre, d'exprimer son rejet, notamment, de la
"persécution brutale" perpétrée par les djihaddistes (sans évoquer
nommément l'"Etat islamique", on reconnaît là le subtil jésuite…) et
des exactions pratiquées par les fondamentalistes de Boko Haram au Nigéria.
L'indignation et
l'émotion du Saint-Père sont contagieuses.
C'est donc la gorge
serrée que l'on attend, dans les prochains jours, son annonce, dans un souci de
cohérence, de la dissolution de l'Opus Dei (il faut logiquement conclure que
François n'en est plus l'ami) et de la Légion du Christ, toutes deux louées
chaleureusement également par l'ex-Grand Inquisiteur Ratzinger, alias Benoît
XVI.
Tout discours intégriste,
tant religieux que politique, est comme une plante carnivore : il pompe goulûment
ses sucs d'abord dans le fertile terreau des textes fondateurs et fondamentaux en
version intégrale. En ce qui concerne l'islamisme radical, il puise aussi dans l'épaisse
couche de fertilisant fumier que constituent les invasions chrétiennes du Moyen-Orient
au Moyen-Age; par conséquent, on attend également le
didactique rappel de la condamnation des croisades, qui ont donné
lieu - conformément à l'injonction du Christ quant à l'emploi du glaive pour
réduire les mécréants - aux joyeux massacres de Musulmans, de Juifs et de Chrétiens
orthodoxes (les survivants ont parfois regretté la mansuétude de la domination
musulmane) et abouti aux "Etats latins d'orient".
Et pour faire bonne mesure,
pourquoi ne pas prendre le 12 décembre comme journée de repentance?
Ce jour-là, en 1098,
fut prise Ma'arat par les croisés, qui massacrèrent tous ses habitants, qui avaient
pourtant capitulé sur la foi de promesses de vie sauve. Las! Cruelle déception pour
ces valeureux combattants du Christ, cette ville manquait de vivres.
A la guerre comme à la
guerre : les dépouilles des vaincus finirent donc en plats de… résistance dans
leurs écuelles. Il faut savoir faire bouillir la marmite avec les moyens du
bord. Et ne dit-on pas que la cuisine est l'art d'accommoder les restes?
Pourtant, quelle émouvante béatitude pour les
Ma'aratiens : ils ont donné aux soldats du messie leurs corps et leur sang. Une
christique et rédemptrice communion sous les deux espèces.
Commémorer chaque
année cette cène aiguiserait l'appétit des fidèles, qui dégusteraient avec
encore plus de gourmandise leur dinde de Noël 13 jours plus tard.
LP