Monday, October 29, 2018

Laïcité au Québec : trialogue d'aveugles entre Bouchard, Taylor, et Legault.



Le 29 octobre 2018.

Parce que la religion est divine, doit-elle régner par la haine, les tortures, les meurtres?
- Voltaire.

Réserve : Attitude de retenue et d'abstention que dictent la prudence et la modération.
Obligation de réserve. Devoir statutaire incombant aux fonctionnaires (not. aux magistrats) de s'abstenir de manifestations intempestives, incompatibles avec la dignité, l'impartialité et la sérénité de leurs fonctions.
- Vocabulaire juridique, publié sous la direction de Gérard Cornu, PUF.

Récapitulons.

En 2008, le rapport de la commission Bouchard-Taylor prônait l'interdiction du port de signes religieux aux seuls agents de l'État "en position d'autorité", à savoir aux magistrats et procureurs de la Couronne, aux policiers, aux gardiens de prison, aux présidents et vice-présidents de l'Assemblée nationale. (Détail cocasse, le savant historien Gérard Bouchard et l'érudit philosophe, Charles Taylor, n'étant manifestement pas versés en droit public, n'avaient pas compris que tout fonctionnaire, incarnant les pouvoirs publics, occupe, par définition, cette position).
                
Aujourd'hui, le premier ministre québécois, François Legault, se réclame dudit rapport en matière de laïcité, mais le philosophe Charles Taylor en dénonce ces jours-ci, avec raison, une lecture sournoisement sélective et la mutilation de sa pensée.

(Incidemment, on comprend l'indignation de l'incorruptible récipiendaire du prix de la fondation Templeton (1,5 million $) qui, d'ailleurs, répudie, aujourd'hui, même la très limitée interdiction qu'il prônait il y a une décennie, au grand dam du professeur Bouchard; un revirement cohérent de la part d'un humaniste qui exprimait l'avis, à l'époque du prononcé de la fatwah visant Salman Rushdie, que la liberté de parole n'est pas un droit humain dans les pays où la religion est dominante et que les lois pénales sanctionnant le blasphème sont parfaitement compatibles avec une société libre).

M. Legault déclare notamment son intention d'étendre cette interdiction aux enseignants, et il étudie aussi l'interdiction généralisée du tchador dans la fonction publique.

Louable initiative, car si le citoyen lambda n'a pas souvent l'occasion d'entrer en contact avec les agents de l'Etat susmentionnés - heureusement!-, l'ajout proposé est a fortiori nécessaire pour protéger l'écolier lambda, à l'esprit malléable, qui, lui, est exposé chaque semaine, voire chaque jour, à l'influence des enseignants, qui ont l'autorité tutélaire de le noter et de le sanctionner.

Il n'en reste pas moins que si, d'une part, le rapport dispensait expressément les enseignants d'un salutaire devoir de réserve idéologique (qui devrait logiquement s'imposer à tous les fonctionnaires), d'autre part, il préconisait, tout de même, le retrait du crucifix de l'assemblée nationale, lequel, tel une épée de Damoclès, menace des foudres éternelles son président depuis 1936. (Il fut introduit par Maurice Duplessis, qui proclamait ainsi le Québec seule administration ouvertement catholique en Amérique du Nord).

M. Legault justifie aujourd'hui le maintien de cet ustensile de torture et d'exécution romain (et toujours populaire, à l'occasion, dans certains territoires observant la charia, encore que la scie semble maintenant y avoir un avenir prometteur ) au motif qu'il s'agit d'"un objet patrimonial important", ce qui est parfaitement exact. Comme peuvent l'être la swastika en Allemagne et la faucille assortie du marteau en Russie. Pour autant, ces deux derniers symboles sont un peu moins visibles dans les institutions politiques de ces deux pays depuis, respectivement, 1945 et 1991.

L'incohérence du premier ministre a peut-être pour explication son souci de ménagement d'une certaine clientèle d'électeurs dévots, concentrée dans les paroisses plus pastorales (au propre comme au figuré), dont les ouailles sont souvent encadrées par de pétillants clercs issus notamment de l'Afrique subsaharienne (juste retour d'ascenseur du missionnariat), dont l'enseignement n'intègre pas systématiquement en temps réel les développements de la biologie moléculaire ou de la physique quantique, bref, qui prêtent foi aux guérisons miraculeuses de Lourdes, qui chuchotent que les Juifs sont les assassins du Christ et qui félicitent les convertis en leur annonçant que seuls les baptisés échapperont aux flammes de l'enfer.

La solution est pourtant simple : cet objet, tout "patrimonial" qu'il soit, pourrait être placé sur un présentoir sous verre, accompagné d'une note explicative, dans un couloir de l'assemblée.

Ou mieux encore, dans un musée des horreurs.

LP

Sunday, October 21, 2018

La canonisation de Jamal Khashoggi




Le 21 octobre 2018.

En boucherie, comme en musique, le bœuf n'est plus qu'une improvisation collective.
- Laurent Ruquier.

Si les femmes que j'ai connues ont quelque chose à me reprocher, elle n'ont qu'à déposer plainte!
- Henri-Désiré Landru.

Elle est peut-être prématurée.

Si sa visite du consulat saoudien d'Istanbul du 2 octobre s'est terminée avec extrême préjudice, il ne faut pas oublier que ses dissensions avec le pouvoir saoudien étaient plutôt relatives, ce qui, il est vrai, le rendait sans doute, au final, encore plus désagréable pour la monarchie.

Rappelons cependant pour mémoire que, s'il faut prendre acte de l'infléchissement de ses positions ces derniers temps, il avait donné son aval à la féroce répression exercée par le gouvernement du Bahrein avec l'aide de l'Arabie Saoudite sur les activistes chiites en 2011, et approuvé la guerre déclenchée en 2016 au Yémen à l'initiative du  ministre de la défense, son Altesse le prince héritier, qui a donné lieu à la pire crise humanitaire que connaît le monde à l'heure actuelle. Dans tous les cas, l'agonie des victimes dure parfois plus de 7 minutes.

Sans oublier qu'il donna sa bénédiction à l'exécution pour "trahison" et "terrorisme" d'un érudit clerc chiite de premier plan, défenseur des droits de l'homme en Arabie saoudite, notamment de la minorité chiite persécutée, cheikh Nimr al-Nimr.

Cela dit, au terme d'une sérieuse et indépendante enquête diligentée par le prince héritier lui-même, on apprend que son décès a tout simplement résulté d'une banale "rixe", probablement provoquée par un Khashoggi agressif lui-même dans le cadre d'une controverse théologique. D'ailleurs, un des membres du comité d'accueil au consulat a péri dans un malencontreux accident de voiture à Riyad quelques jours plus tard. Un début de rétribution divine? Chose certaine, voilà ce qui arrive quand on autorise les femmes à conduire. Il va sans dire que les autres membres de l'équipe seront sanctionnés par leur hiérarchie pour faute de service; ils risquent de se faire sabrer et ils ne feront pas de vieux os dans la fonction publique. Les mesures seront peut-être prises successivement? Il est parfois plus commode de saucissonner les problèmes. Chose certaine, il y a un médecin-légiste qui connaît (déjà) la musique.

Fi donc de l'amalgame. On ne saurait imputer au futur roi la possible impulsivité et l'excès de zèle d'éléments incontrôlés, qui ne peuvent en aucun cas entacher la religion de paix et de tolérance que symbolise son propre père, Gardien des deux saintes mosquées.

Que les gouvernements tournent donc la page sur ce regrettable incident, et qu'ils s'occupent maintenant des choses sérieuses. Comme les ventes de quincaillerie militaire par exemple.

LP

Sunday, October 14, 2018

L'organisation internationale de la francophonie : le carnaval rwandais.



Le 14 octobre 2018.

L’anglais est une langue avec laquelle on va plus loin que le français. Au Rwanda, le français ne va nulle part. 
- Louise Mushikiwabo.

Le machin qu'on appelle l'ONU.
- Charles de Gaulle.

Une révolution de palais vient de se produire à l'OIF.

On rappellera que deux candidates s'affrontaient pour le poste de secrétaire générale.

D'une part, la Canadienne Michaelle Jean, qui briguait une deuxième mandat. Cette ex-pasionaria de l'indépendance du Québec, instantanément convertie aux vertus du fédéralisme canadien lorsqu'on lui offrit la fonction régalienne de gouverneure générale du Canada, avec ses avantages marginaux et, à la clef, une retraite annuelle de 140 000$, fit notamment rénover avec un goût exquis la résidence officielle de la secrétaire générale, l'équipant même d'un magnifique piano, qui profitera à tou(te)s ses successeur(e)s mélomanes. On comprend que, il y a quelques mois, l'ex-journaliste fut offusquée par les critiques de ses béotiens ex-confrères canadiens à ce sujet.

D'autre part, Louise Mushikiwabo, la ministre des affaires étrangères rwandaise, donc numéro 2 de son gouvernement, dirigé par un président réélu avec le score royalement démocratique de 98,5% des voix, à la tête d'un pays ayant adopté du jour au lendemain, il y a une dizaine d'années, la langue anglaise dans ses écoles et son administration, et où il arrive aux journalistes de faire de fréquents séjours dans les "tout inclus" tous frais payés par l'Etat et où l'on signale à l'occasion quelques mystérieuses disparitions de personnes, qui, comme par hasard, critiquent le pouvoir.

On ne peut qu'applaudir la fumée blanche annonçant la victoire de cette dernière au conclave d'Erévan, mieux placée que quiconque pour promettre, sans rire, une administration transparente.

Faut-il voir de basses manœuvres politiques et des visées commerciales dans l'appui accordé à la dernière minute à la Rwandaise par les gouvernements canadien et québécois, comme semble l'insinuer Michaelle Jean?

Que nenni. Un simple échange de bons procédés. Le petit Justin a d'ailleurs assuré qu'il n'a fait que suivre le "consensus" atteint par l'ensemble des démocraties africaines (on pardonnera ce pléonasme), lequel n'a rien, mais alors, rien à voir avec l'objectif du Canada d'obtenir ultérieurement un siège au conseil de sécurité des Nations Unies. Le moment venu, il pourra aussi compter sur les démocraties anglophones comme le Zimbabwe pour suivre le mouvement. Et si les industries canadiennes et françaises, surtout militaires, peuvent désormais convoiter plus de juteux marchés, ce n'est que pure coïncidence. Bref, une autre réussite de la Françafrique.

Et vu que, comme dans toutes les organisations internationales, seule la compétence compte, il va de soi que sera certainement exaucé l'espoir exprimé par le premier ministre québécois désigné, François Legault, qui rejette les nominations des "petits amis" dans les administrations de sa province, de voir un Canadien devenir l'administrateur de l'OIF.

On se demande parfois pourquoi d'aucuns, surtout aux Etats-Unis, éprouvent un certain scepticisme quant à l'utilité des organisations internationales en général, et de l'ONU en particulier. Mais que l'on se rassure : le Bahreïn, le Cameroun et les Philippines viennent tout juste d'être élus, par acclamation (au "propre" comme au figuré), au Conseil des droits de l'homme par l'Assemblée générale des Nations unies. Auquel appartient encore un autre bon client de la France et du Canada, l'Arabie Saoudite.

En ce qui concerne la Commission de la condition de la femme des Nations unies, ce pays en sera membre jusqu'en 2022. On ne saurait trop recommander la mutation à ce forum de l'actuel consul saoudien à Istanboul : ce diplomate dévoué, au sens aiguisé du devoir, a prouvé sa capacité, dans l'exercice de ses fonctions, de se fendre en quatre, de décortiquer, mieux, décomposer les problèmes et de trancher judicieusement les questions délicates.

LP

PS. Dans un tout autre ordre d'idées, il a été signalé que l'ex-grand-vizir du Québec, "sheikh" Philippe Ibn-Couillard ne pourrait pas revenir immédiatement à la pratique de la médecine au Québec, vu qu'il n'a plus fait acte de présence dans la salle d'op' depuis plusieurs années. Ces restrictions ne sont peut-être pas en vigueur en Arabie Saoudite, et il y a toujours la solution consistant à y assumer les fonctions d'administrateur. Il pourra notamment y assurer l'approvisionnement en matériel dernier cri de leurs services médico-légaux, dont la compétence sur la scène internationale n'est plus à démontrer.

Sunday, October 7, 2018

L'émouvant adieu à Charles Aznavour.



Le 7 octobre 2018.
                                 
L’histoire de France commence avec la langue française. La langue est le signe principal d’une nationalité.
 – Jules Michelet

La langue française, dès cette époque, commençait à être choisie par les peuples comme intermédiaire entre l’excès de consonnes du nord et l’excès de voyelles du midi. 
Victor Hugo

Les hasards de l'histoire : c'est un Arménien né en France qui est devenu le symbole de la chanson française, après que son talent eût été d'abord reconnu au Québec (apparemment, il n'y a donc pas que des incultes dans la population de cette province); ce patriarche décédé vient d'être honoré, comme il se doit, le vendredi 5 octobre, aux Invalides et l'on pardonnera volontiers au président de la République de lui avoir attribué des origines partiellement helléniques, car cette erreur constituait un éloge de la diversité.

(Incidemment, on se souviendra que le peuple arménien fut le premier peuple à adopter la religion chrétienne, au tout début du IVe siècle, près de deux siècles avant la conversion de Clovis en Gaule; pourtant, curieusement, d'aucuns ne virent alors que des "envahisseurs" levantins au teint un peu bistre, de répugnants profiteurs n'aspirant sans vergogne qu'à "manger le pain des Français", dans les cargaisons de hâves rescapés du massacre de 1915 - la répétition générale de la tragi-comédie de 1933-1945- déversées dans le port de Marseille, à la recherche d'un refuge.)

Pour les tenants de la continuité raciale et religieuse, il est sans doute irritant de constater une telle perfection dans le maniement de la langue, poétique de surcroît, chez un greffon aussi récent, surtout peu scolarisé, ayant donc fait l'économie de millénaires de sédimentation culturelle. Mais qu'ils se consolent.
                                                                                                                     
Sans faire abstraction de Shahnourh Varinag Aznavourian, ils n'ont qu'à penser aux nombreux Français aux profondes et millénaires racines gauloises et catholiques romaines qui ont nourri les lettres, les arts et la science françaises, notamment les Romain Gary, Guillaume Apollinaire, René Goscinny, Albert Uderzo, Enrico Macias, Yves Montand, Serge Reggiani, Guy Béart, Georges Moustaki, Marie Curie, Joris-Karl Huysmans, Emile Zola, Aimé Césaire, Joseph Kessel, Mouloudji, Serge Gainsbourg, Henri Bergson, Henri Verneuil, Eugène Ionesco, Albert Memmi, Albert Camus, Claude Lellouch, Roger Hanin, Costa-Gavras et, bien entendu, l'érudit philosophe existentialiste Marcel Gotlib, qu'il repose aussi en paix parmi les élus.

Sans oublier Patrick Bruel, dont Jean-Marie Le Pen rappela, en 1995, avec l'affable gouaille qui le caractérise - et à pur titre d'information bien sûr - le patronyme figurant dans l'état civil : Benguigui.

LP

Wednesday, October 3, 2018

Elections québécoises de 2018 : la chute du Dr Knock.



Le 3 octobre 2018.

Je n'ai jamais marchandé mes valeurs et mes principes.
- Philippe Couillard.

A la fin de la campagne, "Sheikh" Philippe Ibn Couillard refusait de répondre aux questions des médias concernant les différents scénarios possibles des élections (gouvernements minoritaires CAQ, PLQ, etc.)  en répétant, avec son insolence de marchand de tapis, son slogan "je vais gagner".

Avec la cuisante défaite de son parti le 1er octobre, il déclare se livrer dans les prochains jours à une courte réflexion quant à son avenir. De nombreuses et alléchantes voies s'ouvrent à lui.

S'il démissionne de son poste de chef de parti, et probablement de son siège de député, il pourra opter pour un retour à la médecine, ce qui lui permettra de se refaire financièrement et d'augmenter son budget alimentaire hebdomadaire, lequel, bien entendu, est pour l'instant plafonné à 75$. (En effet, si on l'en croit, son patrimoine ne s'élève qu'à un piètre 450 000$...). Mais où?

Peut-être à Jersey : il fut naguère un bon client d'une de ses banques. Et il pourra jouer les Victor Hugo en exil.

Ou mieux encore, en Arabie séoudite, où il est bien en vue; il pourra présenter, en personne, au palais royal de Riyad son rapport complet de gestion de sa wilayah pour les 4 dernières années. Tout en rouvrant son compte bancaire dans son île anglo-normande préférée, mais attention : toutes ses transactions seront certainement soumises à l'approbation préalable de la députée libérale et avocate fiscaliste, Marwah Rizqy, l'inquisitive pourfendeuse des paradis fiscaux. C'est comme en médecine : il vaut mieux prévenir que guérir.

Mais ayons un mot de consolation pour l'actuel patron de Gaetan Barrette.

Après avoir été le majordome des monarques séoudiens, il était rodé pour devenir le maître d'hôtel d'Ottawa, et le séide des gourous religieux. Lui qui, au pouvoir, a soutenu les ghettos et l'emprisonnement dans des geôles textiles des fillettes musulmanes nubiles à 9 ans (à l'exemple d'Aïcha), il peut voir dans la ghetthoisation du parti libéral du Québec la concrétisation de son idéal social.

Et en politique québécoise, les perdants ne sont exposés ni à la flagellation ni à la décapitation.

LP

PS. L'ALENA est mort, vive l'AEUMC!

Quelle misère démagogique de voir les quatre partis représentés à l'assemblée nationale vouer aux gémonies le nouvel accord qui maintient, en substance, la scélérate gestion de l'offre au Canada, en dépit d'une modeste brèche. Les politiciens en remettent une couche sur la tartine en osant parler de capitulation canadienne, même si le consommateur canadien peut, au mieux, désormais espérer payer son beurre un peu moins cher. Mais vu que les culs-terreux concernés ont l'outrecuidance de meugler pour des indemnisations étatiques, il n'y a pas de quoi en faire tout un fromage. D'une manière ou d'une autre, les propriétaires bovins continueront de boire du petit lait et le contribuable canadien demeure le dindon de la farce et l'inépuisable vache à lait.