Sunday, November 27, 2016

L'idole des révolutionnaires de salon, Fidel Castro, est décédée.



Le 27 novembre 2016.

Mon ami, mon ami Fidel,
Pour amener le peuple au ciel
- Robert Charlebois.

Comme Staline dans le temps, le líder maximo vient de mourir tranquillement dans son lit. Le probable commanditaire de l'assassinat de John Kennedy (il était de bonne guerre qu'il éliminât celui qui cherchait à avoir sa peau) a vu défiler une pléiade de présidents américain.

Qui a dit que le socialisme était inefficace sur le plan économique et que les droits de l'homme, notamment la liberté de la presse, avaient de l'importance?

Rendons hommage à un chef d'Etat qui a amassé une fortune de 900 millions de dollars. Il fallait un gestionnaire des fonds publics des plus talentueux pour faire ainsi fructifier un traitement mensuel de 40$. Parmi les révolutionnaires de la planète, il tient honorablement son rang.

(Voici d'ailleurs quelques chiffres comparatifs instructifs. Son patrimoine pâlit à côté de celui de la famille Kaddafi (100 milliards $), mais il en impose à Robert Mugabe (160 millions $); dommage qu'il fut coiffé au poteau par le milliard de Yasser Arafat (client VIP de la banque Leumi). Quelle risible pitance que les 17 millions de dollars d'Augusto Pinochet).

On comprend que El Commandante avait noué une relation privilégiée avec Trudeau (père, celui qui parlait français) il y a 40 ans. Nul doute qu'elle a ouvert la voie à des relations commerciales florissantes entre certains entrepreneurs canadiens et certains hauts fonctionnaires de son île. Entre millionnaires, on trouve souvent un terrain d'entente.

Naguère, le poupon Justin sautait sur les genoux de tonton Fidel. 40 ans plus tard, au décès de celui-ci, le petit Justin a pour premier réflexe de se mettre pieusement à genoux.

Asséchons nos larmes. La vie continue. Il a bien fallu se ressaisir lors de la tragique disparition du regretté Kim Il-sung.

Il faut voir l'avenir avec confiance.

C'est désormais Cyril Ramaphosa, chef syndicaliste infatigable défenseur des travailleurs sud-africains (qui pèse 450 millions $) qui porte maintenant tous les espoirs des prolétaires de tous les pays : il a toutes les chances de succéder, l'an prochain, au président Jacob "family man" Zuma (qui enregistre 240 millions $).

LP

Saturday, November 26, 2016

La petite cuisine du Dr Gaëtan Barrette.



Le 26 novembre 2016.

La bonne cuisine, c'est le souvenir.
- Georges Simenon.

Mercredi dernier, le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec est descendu de son piédestal pour aller partager, très fraternellement et en toute simplicité (seulement en compagnie d'une petite armée de 32 députés de son parti et de plusieurs journalistes), la gamelle typiquement servie aux personnes âgées logées dans les Centres d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD).

Au menu ce jour là, trois plats principaux : coq au vin, lasagne ou longe de saumon. Voilà qui a dû ramener les pensionnaires au bon vieux temps du "Gourmet farfelu" ("The galloping gourmet" dans le texte).

Même si leurs gueuletons répondent - au quotidien bien entendu - à de hautes normes gastronomiques, le ministre s'est engagé à épaissir l'enveloppe budgétaire des institutions d'accueil concernées consacrée à l'alimentation, pour 2018 (année électorale, pure coïncidence). Pas question, donc, de délayer la sauce. Une surprise plus difficile à avaler cependant : "le caviar n'est pas pour demain". Le ministre Barrette maîtrise comme pas un l'art de mettre les petits plats dans les grands. Et de se mettre les deux pieds dedans.

Que les commensaux aux cheveux blancs se le disent : s'ils n'ont pas d'omelette aux truffes non plus, qu'ils mangent, avec gratitude, de la brioche tartinée de mousse au chocolat.

LP

Monday, November 21, 2016

"Casse-toi pôv con!"



Le 21 novembre 2016.

La promesse de la chenille n'engage pas le papillon.
- André Gide.

Promises and pie-crust are made to be broken.
- Jonathan Swift.

Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent.
- Henri Queuille.

A l'issue du premier tour de la primaire de la droite et du centre en France, tel est le message porté à l'ancien président de la république, Nicolas Sarkozy.

Il est permis de conjecturer que les électeurs n'ont pas été abusés par un démagogue de souche notamment judéo-magyare, et qui eut l'outrecuidance de poser en vrai Gaulois; les électeurs de la fachosphère visés préfèrent faire dans l'authentique. Foin des regrets : un illustre homme d'Etat tire sa révérence, mais vive le conférencier, intarissable en matière de féminisme, particulièrement goûté des riches monarques pétroliers.

S'affronteront donc dimanche prochain François Fillion et Alain Juppé.

D'une part, un catho décomplexé (en voilà au moins un qui ne s'est jamais fait sodomiser par des prêtres), et qui est déterminé à remanier le code du travail, à se porter garant des valeurs de la famille, et qui incarne déjà la majesté due à la patrie (il appelle au rétablissement de "l'autorité" de l'Etat, évidemment selon le modèle de son grand ami Vladimir Poutine, notamment par une indispensable et prioritaire loi anti-burkini). Voilà une formule gagnante, qui a fait ses preuves, et qui est susceptible d'aguicher les électeurs nostalgiques d'une certaine conception de l'ordre.

D'autre part, un repris de justice - artiste des emplois publics fictifs - et ayant eu dans les années 90, à Paris, la jouissance de logements locatifs municipaux - ainsi que son fils - à des prix d'ami de très vieille date, mais dont les fautes furent expiées par un cruel exil d'un an dans les solitudes glacées du Québec. Il invoque aujourd'hui la notion d'"identité heureuse".

Tous deux se veulent les défenseurs de l'entreprise, et prônent des allégements fiscaux ainsi que la réduction de la dépense publique. Voilà qui est bel et bien, mais leur stratégie de lutte contre les paradis fiscaux demeure plus feutrée.

Avant le deuxième tour, un Alain Juppé "droit dans ses bottes" peut compter sur un avantage et un argument de taille sur son rival sur le plan de l'intégrité : nul ne peut le soupçonner, s'il accède à un encore plus confortable logement de fonction, rue du Faubourg Saint-Honoré, de vouloir suivre les traces de François Hollande en embauchant et en rémunérant, sur les fonds publics, son capilliculteur personnel.

LP

Saturday, November 12, 2016

Les experts médiatiques ont toujours beaucoup d'aplomb.



Le 12 novembre 2016. 
 
Incestuous, homogeneous fiefdoms of self-proclaimed expertise are always rank-closing and mutually self-defending, above all else.
- Glenn Greewald.

Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau.
- Alexis de Tocqueville.

Even when the experts all agree, they may well be mistaken.
- Bertrand Russell.

Cela vaut encore plus pour les spécialistes de sciences "molles", non exactes, en particulier les économistes distingués, psychiatres, psychologues, sociologues, criminologues, anthropologues, ethnologues, thanatologues, et, évidemment, les éminents professeurs de science politique, qui ont occupé le devant de la scène ces derniers temps avec les élections américaines. Ces oracles ont multiplié leurs étincelantes interventions afin d'exposer  à la population leurs édifiantes prophéties.

Leurs défaites sont proportionnellement aussi retentissantes que leurs triomphes. Avec la victoire de Donald Trump, que de pleurs et de grincements de dents sur les plateaux de télévision! "Comment tout le monde a-t-il pu se tromper ainsi?" est le refrain inlassablement repris. L'on va presque jusqu'à déchirer ses vêtements et les téléspectateurs assistent à des autocritiques que n'eût pas désavouées le grand (et regretté) timonier chinois, Mao Tsé-Toung.

Pourtant, la réalité est on ne peut plus simple. Nul ne s'est trompé, justement : ni les sondeurs, et donc ni les politologues, ni les journalistes qui se sont appuyés sur leurs constats et tiré des conclusions logiques. On prévoyait une courte avance de Hillary dans le vote populaire, et, dans certains-pivots importants une avance parfois plus mince, la plupart du temps dans la marge d'erreur statistique.

Et c'est exactement ce qui s'est produit pour le vote populaire.

Le seul petit accroc pour Hillary est que c'est Donald Trump qui, en fin de compte, a bénéficié d'une minuscule avance dans certains états-pivots, ce qui les a fait basculer de son côté, lui donnant ainsi une majorité de grands électeurs.

Que l'on renonce donc à nous noyer avec des fastidieuses explications fondées sur le taux d'abstentionnisme des Hongrois septentrionaux du Kentucky oriental. Fi des longs discours didactiques pontifiants. La cause de la défaite d'Hillary se formule en une seule phrase.

Un système électoral désuet.

Ni plus, ni moins.

(Bon, d'accord, on y ajoutera charitablement, encore que cela ne soit pas nécessaire, la jurisprudence raciste Shelby County v. Holder, par laquelle, en 2013, la Cour suprême des Etats-Unis a donné le feu vert aux autorités électorales d'Etats républicains pour contourner la Voting Rights Act de 1965 et entraver le droit de vote des Afro-Américains; cela a sans doute contribué au retour - pour l'instant partiel - à la grandeur que l'Amérique a connue à l'époque des lois Jim Crow).

Que cessent donc ces vaines jérémiades et que les pontes réservent leur battage de coulpe pour les vraies erreurs.

Au final, on comprend un peu le dédain des électeurs de "The Donald" envers les "talking heads" et autres "eggheads" (nulle allusion à l'un des méchants que combat inlassablement Batman).

LP


Thursday, November 10, 2016

President Donald Trump: only in America.



Le 10 novembre 2016.

"It can't happen here".
- Titre d'un roman de Sinclair Lewis publié en 1935.

Les Etats-Unis sont vraiment "the land of opportunity". Nulle part ailleurs un exploitant de casinos, petit-fils d'un Allemand tenancier de lupanar au Canada, ne pourrait acheter la charge de chef de l'Etat.  

Le président-élu, Donald J. Trump, ayant mené son OPA de main de maître, a prononcé un discours lénifiant, appelant la nation à l'unité. La partie la plus émouvante fut celle des remerciements, aux collaborateurs, à la famille, etc.. L'on peut cependant regretter qu'il ait omis de signaler sa dette envers son ami, créancier et collaborateur technique, Vladimir Poutine et le serviable James Comey.

Et, comble de la magnanimité, il a rendu hommage aux services rendus au pays par la candidate malheureuse, Hillary Clinton. Faut-il en inférer qu'il n'a plus l'intention de l'envoyer derrière les barreaux?

Parlant d'établissements carcéraux, un certain Julien Assange n'a sans doute pas versé des torrents de larmes sur la défaite de l'ex-secrétaire d'Etat, mais il a droit à l'indulgence. On se souviendra, en effet, qu'elle était de mèche avec un gouvernement sans scrupules ayant tenté d'obtenir, des autorités suédoises, l'extradition du fondateur de Wikileaks. Pour cela, il fallait le ramener en territoire suédois et il fut donc ordonné aux véreux procureurs du Roi, Marianne Ny en l'occurrence, à la solde de Washington, de le faire citer à comparaître pour interrogatoire au sujet de dossiers de viol montés de toutes pièces. Le prochain locataire de la "White House Tower" serait bien avisé de ne pas céder à la facile tentation de poursuivre Hillary au pénal; ce serait d'un gauche et permettrait à celle-ci de prendre la pose du martyr.

Au contraire, la plus élégante des mesures à prendre dès son investiture serait de clore le dossier Assange et ainsi mettre fin à cette grossière, mais sinistre, instrumentalisation politique du droit pénal international, qui ne "trompe" que qui veut, ce qui permettra à l'Australien, héroïque émule de Daniel Ellsberg, de sortir de son refuge diplomatique équatorien à Londres; il peut aussi envisager la remise de la Presidential Medal of Freedom, et, pourquoi pas, la prise d'un décret présidentiel lui accordant la nationalité américaine pour services rendus à l'Amérique et à l'humanité.

Et réserver un "hero's welcome" à Edward Snowden.

On ne saurait imaginer plus exquis camouflet assené à Hillary, et à toute l'administration Obama, lequel ne pourrait que rallier les contribuables encore épris de transparence (surtout ceux qui n'ont droit à nulle exemption fiscale) et qui financent toutes les activités de l'Etat, légales et illégales,.

Mais que les déçus se consolent. Avant le 8 novembre, presque la moitié des états autorisaient déjà la marijuana médicale. En outre, quatre états venaient d'approuver le chanvre à usage récréatif et aujourd'hui, on en compte trois de plus, dont la Californie.

Nul ne pourra détruire le rêve américain.

LP


Saturday, November 5, 2016

Elections présidentielles aux Etats-Unis : le choix est clair.



Le 5 novembre 2016.

Dans les pantalons de Hitler, les fesses de Goering seraient à l'aise.
- Benito Mussolini.

Yes, they've looked down their nose at you and me a long time. They've called us rednecks -- the Republicans and the Democrats. Well, we're going to show, there sure are a lot of rednecks in this country.
- George Wallace (en 1968).

A votre gauche, une adversaire acharnée de la liberté de la presse et des lanceurs d'alerte ayant l'insolence d'exposer les crimes du gouvernement américain, inféodée à Wall Street, qui, avec son mari, a gagné des dizaines de millions - mais… scrupuleusement déclarés au fisc - avec ses captivantes conférences à faire pâlir d'envie Dale Carnegie, et au profit de qui fut truqué le processus des primaires par la hiérarchie du parti démocrate au détriment de Bernie Sanders.

A votre droite, un homme d'affaires, héritier d'une fortune familiale bâtie notamment à partir des profits dégagés par la maison de passe exploitée au Canada et importés aux Etats-Unis par bon-papa Trumpf. Une forme de libre-échange de biens et services avant la lettre. (Voilà une belle famille où l'on cultive, de père en fils, des relations privilégiées avec les travailleuses).

"The Donald" est un bateleur que l'on dirait inspiré par la gouaille d'un Jean-Marie Le Pen s'il pratiquait la langue française; cependant, vu son ADN germanique, il puise plutôt sa rhétorique incendiaire dans une tradition austro-allemande éprouvée (et quoi de plus emballant qu'un orateur flamboyant à la chevelure rebelle, à défaut de petite moustache?). Il usurpe allègrement le titre de "self-made man", surévalue sa fortune, mais… échappe habilement aux ponctions fiscales. Ultime consécration : il vient d'être adoubé par le Ku Klux Klan, une ONG bien américaine, qui aspire aussi à l'authentique restauration de la grandeur américaine.

Assiste-t-on, dans la libre Amérique, au remake, en temps réel, de "Birth of a Nation"?

En 1915, D.W. Griffith vilipendait les Noirs violeurs, avides de la chair fraîche des pures et innocentes Southern belles. En 2016, le roi de la téléréalité, a su recycler le scénario et poser en preux chevalier protecteur des gentes damoiselles rednecks et autres beautés banlieusardes désespérées.

LP