Sunday, January 17, 2021

Oublions la pénible actualité américaine avec un divertissant intermède irlandais.

Le 17 janvier 2021.

Il n'est de souvenir douloureux que des morts. Or ceux-ci se détruisent vite, et il ne reste plus autour de leurs tombes mêmes que la beauté de la nature, le silence, la pureté de l'air.

- Marcel Proust.

En 2013, l'état irlandais reconnaissait, à contrecoeur, que, de 1922 à 1996, près de 10 000 femmes avaient été envoyées dans des pensionnats catholiques pour servir d'esclaves, pour y purger leur peine sanctionnant leur l'immoralité.

Aujourd'hui, après cinq ans d’enquête, une commission vient de publier un rapport sur le scandale d'autres "maisons", pour mères célibataires, finalement fermées en 1998, où 9 000 bébés sont morts au cours de 75 ans, et souvent enterrés dans des fosses communes, et parfois septiques (sans "c").

Mais relativisons. Nul doute que les grenouilles de bénitier nous expliqueront, sans rire, que tout cela n'était pas le "vrai" catholicisme. D'ailleurs, ces foyers on accueilli, dans la paix du Christ, 56 000 mères célibataires et on y compte 57 000 naissances pour cette période; 9000 sur 57 000, ça ne fait jamais qu'un modeste 15,79%, une négligeable statistique. Et puis, pas de pitié pour les enfants du péché, et leurs porteuses. Enfin, et surtout, tant que ces enfants ont été baptisés, ils ont échappé aux limbes. (A noter que ce qui fait la beauté des fosses septiques, sans "c", c'est qu'on n'a pas trouvé mieux en matière d'épuration). Tout est bien qui finit bien. Les "vrais" croyants jugeront donc bien superflues les excuses présentées par le premier ministre irlandais Michael Martin et par le primat d'Irlande, l'archevêque Eamon Martin; une forme de "repentance" que réprouve avec le plus profond scepticisme (avec "c") l'apprenti Gaulois Eric Zemmour, le chantre de l'Europe chrétienne millénaire. D'ailleurs, les sacrifices d'enfants s'inscrivent dans une longue et vénérable tradition d'apaisement de divinités en colère : les adorateurs de Baal et de Moloch en étaient friands.

Au Canada notamment, on s'étonne du mutisme d'une éminente personnalité catho, le prof. Charles Taylor à ce sujet. Cet oecuménique prestidigitateur de la bulle d'excommunication, de la fatwah et du herem qui, il y a peu, confessait haut et fort sa "honte" des restrictions imposées par l'état québécois aux serviteurs de l'état en matière de propagande religieuse, tarde à se présenter sur les plateaux de télévision et faire état de ses onctueuses et chanoinesques observations sur la religion d'Etat en vigueur dans la verte Erin.

Et tenter de convaincre les esprits forts s(c)eptiques qu'il n'est nul besoin d'avoir "honte" d'être un fidèle et "vrai" catho, ni d'encaisser la juteuse récompense de la fondation Templeton pour bons et loyaux services rendus à la religion.

LP

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