Monday, April 4, 2016

Le 4 avril 2016. Jian Ghomeshi est acquitté d'agressions sexuelles…



J'ai menti, mais c'était de bonne foi.
- Bernard Tapie.

A fair trial would have been no trial at all.
- Angela Davis.

Je fais tout ce que je peux pour que mon amour ne te dérange pas. Je te regarde à la dérobée. Je te souris quand tu ne me vois pas. Je mets mon regard et mon âme partout où je voudrais mettre mes baisers : dans tes cheveux, sur ton front, sur tes yeux, sur tes lèvres, partout où les caresses ont un libre accès…
- Juliette Drouet (maîtresse de Victor Hugo).

You kicked my ass last night and that makes me want to fuck your brains out, tonight.
- Lucy DeCoutere.

…Comme il fallait s'y attendre. Par un jugement impeccablement rédigé et raisonné. Le juge Horkins est l'auteur d'un morceau d'anthologie judiciaire.

http://www.ontariocourts.ca/en/24Mar16.pdf

Et, comme il fallait aussi s'y attendre, l'on a entendu sur les ondes les réactions fielleuses de certaines féministes, qui susurrent du bout des lèvres leur appui aux droits de la défense… tout en réclamant, du même souffle, des changements dans le système judiciaire.

Qui est contre les droits de la défense? Mais personne!

Sauf… sauf, oui, sauf, quand même, dans certains cas "spéciaux", comme le terrorisme, le trafic de drogue, les agressions d'enfants, etc… On est tous pour la vertu, sauf, sauf… dans ce cas précis, qui nous intéresse… C'est ainsi que le Juif Dreyfus fut condamné pour trahison par des juges militaires, des pantins, sur la base de preuves falsifiées, au nom de la sécurité nationale; menace prussienne oblige. De nombreux antisémites, pas seulement français, ont persisté à "croire" que Dreyfus était coupable, en dépit de sa réhabilitation judiciaire…

Sur les ondes, nulle autre que madame Julie Miville-Dechêne, présidente du Conseil du statut de la femme, a inlassablement répété que la psychologie moderne enseignerait que même les victimes de violence conjugale peuvent vouloir maintenir le contact avec leurs agresseurs, ce qu'aurait ignoré le juge. En l'espèce, il semble hasardeux de transposer, à des groupies ne vivant pas une relation de couple durable, cette doctrine concevable en matière familiale; il est aussi difficile de faire abstraction du marivaudage courrielesque prolongé et… fleuri des prétendues victimes. Cependant, pour faire lui plaisir, aux fins du débat, on lui concèdera charitablement cette conclusion et l'on tiendra pour acquis que ce grief adressé au constat du juge est fondé.
                         
Cela dit, l'éminente féministe leurre ses auditeurs en ne signalant pas que le juge a notamment retenu contre Lucy DeCoutere l'occultation des nombreuses communications subséquentes, ce qui a considérablement contribué à entacher de manière globale sa crédibilité. Il ne faut pas confondre l'interprétation des faits et les conséquences tirées de la dissimulation des faits.

Elle déclare : « Nous sommes très déçues, mais le juge a précisé qu’il y avait un doute raisonnable. Cela ne veut pas dire qu’il ne croit pas que ces femmes n’ont pas été agressées». Sur sa lancée, elle ajoute que l'« on ne peut pas prouver hors de tout doute [sic] que [les trois plaignantes] n'ont pas été agressées ». Il en ressort que, selon elle, contrairement aux principes du droit pénal, en matière d'agression sexuelle, l'accusé a la charge d'établir hors de tout doute… son innocence… reprenant à son compte la technique juridique du législateur sud-africain à l'époque de l'apartheid, lequel imposait parfois à l'accusé ce genre de fardeau en matière de terrorisme. En l'espèce Jian Ghomeshi a eu droit au "doute raisonnable", comme cela aurait été le cas s'il avait été accusé de l'assassinat du président Kennedy.

« Ce qui a été terrible dans ce cas-ci, c’est que nous n’ayons pas tout su avant. Il y a sans doute eu des ratés dans l’enquête policière.». Sur ce point, madame Miville-Dechêne manie l'euphémisme comme pas un, pardon, comme pas une. En effet, au lieu de donner le bon Dieu sans confession aux 3 plaignantes, en examinant de manière plus approfondie leurs récits, bref, en leur posant les questions que l'avocate de la défense a finalement posées dans la salle d'audience, les enquêteurs auraient sans doute débusqué leurs mensonges et omissions et il n'y aurait pas eu de procès du tout. Si l'agression sexuelle est une répugnante réalité depuis que le monde est monde, les mensonges en la matière sont loin d'être rares.

Madame la présidente en remet une couche (si l'on ose dire) : « En tant que "féministe", je crois toujours et encore que ces trois femmes ont été agressées ». Ce sinistre aveu de partialité parle de lui-même.

Voilà un bon exemple de raisonnement circulaire : on part de la prémisse que l'accusé est coupable et on tortille, pardon, "interprète" les faits en fonction de celle-ci, au lieu de se livrer à la démarche logique inverse, qui consiste à rassembler tous les faits, sans les filtrer, et à rechercher s'ils vont dans le sens de la culpabilité. Rappelons l'affaire Outreau en France, où un juge d'instruction jouant les chevaliers blancs redresseurs de torts, très probablement sincère "en tant que protecteur des enfants", a "versé les faits dans un entonnoir", manipulé des témoins, et persécuté des innocents dans une affaire - imaginaire - de réseau pédophile à grande échelle, y compris un prêtre (même les ministres du culte ont aussi droit, en principe, à la présomption d'innocence).

Si l'on suit la profession de foi de madame Miville-Dechêne, les "féministes", et "antiracistes" de surcroît, sont censés croire "encore et toujours" au récit de Tawana Brawley. Les lecteurs croulants ou ayant atteint l'âge de la retraite échappant encore aux affres de l'alzheimer se souviendront que, en 1987, dans l'Etat de New York, elle avait accusé plusieurs policiers de l'avoir violée, en compagnie d'activistes de l'IRA… C'est bien connu : entre deux commandes d'armes, pour décompresser un peu, les membres de l'IRA prenaient le temps d'agresser sexuellement les jeunes filles noires américaines. Il va sans dire que madame Miville-Dechêne "croit" aussi sur parole Nafissatou Diallo, une Africaine de 32 ans baraquée dépassant le 1,80m et qui dit avoir été forcée de faire une petite gâterie buccale à Dominique Straus-Kahn, un exploit logistique remarquable pour un petit juif rondouillard vieillissant de 62 ans atteignant entre 1,70 et 1,74m à la toise.

Sue Montgomery, une distinguée chroniqueuse montréalaise, ainsi que madame Miville-Dechêne ont aussi donné au public une intéressante leçon de sémantique juridique :  « "non-coupable" ne veut pas dire "innocent" »

Une observation liminaire : même "coupable" ne veut pas automatiquement dire "coupable", à preuve les condamnations d'innocents au Canada comme, par exemple, David Milgaard et Donald Marshall. Et d'aucuns soutiennent encore que Steven Truscott était coupable de meurtre, prenant prétexte du jugement de la Cour d'appel de l'Ontario portant que son innocence ne pouvait être formellement établie…

Manifestement, il leur a échappé cette vérité, juridique, mais élémentaire, qu'un verdict de non-culpabilité signifie, précisément, que le juge des faits n'est pas en mesure, vu les éléments de preuve dont il est saisi, d'écarter la présomption d'innocence à laquelle a droit tout accusé. Les jérémiades des féministes télévisuelles auraient été plus compréhensibles si l'acquittement de Jian Ghomeshi avait résulté, par exemple, de l'exclusion, pour vice de forme, d'éléments de preuve matériels, incriminants et concluants. On aurait alors pu retenir l'argument de mesdames Montgomery et Miville-Dechêne, mais en l'espèce, on est loin du compte.

Au mieux, on peut, en effet, légitimement conclure, comme l'a fait le juge (mal compris par la présidente du Conseil du statut de la femme), que les agressions reprochées demeurent une possibilité - nettement moins fantaisiste que celle de l'assassinat du président Kennedy, on le concèdera - mais on ne peut y "croire".

On a aussi appris que la conservation des courriels… truculents des plaignantes pendant 10 ans fait du récepteur un prédateur sexuel. Voilà une conclusion troublante pour les auteurs littéraires et personnalités politiques qui, au fil des siècles, ont conservé leur correspondance; certaines lettres contenant parfois des passages égrillards font maintenant partie des classiques de la littérature. Pauvre Victor Hugo, pauvre Henri IV, pauvre Voltaire, pauvre George Sand… On doit supposer d'ailleurs qu'il est fait allusion, comme par hasard, à la masse de communications conservées qui ont, justement, permis à M. Ghomeshi de confondre ses accusatrices… (Incidemment, sur le plan littéraire, il serait injuste d'accuser celles- ci d'avoir systématiquement plagié les lettres d'une Charlotte Bronte s'adressant à  Constantin Heger).

La psychologie invoquée par certaines féministes médiatiques est quelque peu discutable sur le plan de la rigueur scientifique.

Quant aux insidieux rappels répétés que M. Ghomeshi est un des rares justiciables à pouvoir s'offrir les services d'une avocate facturant 1000$ de l'heure, une remise à l'heure des pendules s'impose : dans les causes médiatiques, le ministère public, lui, peut puiser dans les ressources quasi-illimitées de l'état.

Y a-t-il des leçons à tirer de l'affaire Ghomeshi par les féministes qui veulent changer les choses (oui, il y en a)?

D'abord, vu que Jian Ghomeshi n'est pas un "bon garçon" (madame Julie Miville-Dechêne dixit) il aurait certainement été reconnu coupable en France. Un pays où l'on condamne trop souvent au bénéfice du doute.

Surtout, il ne faut pas s'en prendre (cette fois-ci en tout cas) à l'avocate de la défense ni au système judiciaire canadien. Que les victimes d'agressions sexuelles (oui, il y en a) ne reculent pas : elles doivent, en effet, porter plainte. Et dire la vérité, toute la vérité.

La… journaliste Francine Pelletier, quant à elle, ne "cautionne" pas les mensonges des trois accusatrices de M. Ghomeshi, mais… elle les "comprend"! Comprenne (si l'on ose dire) qui pourra ce subtil distinguo, mais il paraît que les personnes qui se sentent [AVERTISSEMENT : CECI N'EST PAS UN PASTICHE, MAIS SES PAROLES EXACTES!] « investies d'une mission… se dédisent… elle mentent carrément; elles ne veulent pas décevoir [sic]; elles veulent tellement tenir la ligne qu'elles ont peur de ne pas être crues…mais ce qu'il faut voir aussi c'est comment la Couronne a mal fait son travail, moi je comprends mieux pourquoi elles ont menti ».

Que les victimes se souviennent que l'on n'est trahi que par les siens. En l'occurrence, par les siennes.

With friends like that, who needs enemies?

LP


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