Monday, June 15, 2015

Le 15 juin. 2015. Le gouvernement québécois ne s'agenouille pas devant les intégristes…



M. ROBERT.- Holà, holà, holà, fi, qu’est-ce ci ? Quelle infamie, peste soit le coquin, de battre ainsi sa femme.
MARTINE, les mains sur les côtés, lui parle en le faisant reculer, et à la fin, lui donne un soufflet.- Et je veux qu’il me batte, moi.
M. ROBERT.- Ah ! j’y consens de tout mon cœur.
MARTINE.- De quoi vous mêlez-vous ?
M. ROBERT.- J’ai tort.
MARTINE.- Est-ce là votre affaire ?
M. ROBERT.- Vous avez raison.
MARTINE.- Voyez un peu cet impertinent, qui veut empêcher les maris de battre leurs femmes.
M. ROBERT.- Je me rétracte.
MARTINE.- Qu’avez-vous à voir là-dessus ?
M. ROBERT.- Rien.
MARTINE.- Est-ce à vous, d’y mettre le nez ?
M. ROBERT.- Non.
MARTINE.- Mêlez-vous de vos affaires.
M. ROBERT.- Je ne dis plus mot.
MARTINE.- Il me plaît d’être battue.
M. ROBERT.- D’accord.
MARTINE.- Ce n’est pas à vos dépens.
M. ROBERT.- Il est vrai.
MARTINE.- Et vous êtes un sot, de venir vous fourrer où vous n’avez que faire.

- Molière (Le médecin malgré lui, Acte I, scène II)



…Il s'aplatit. Et il rampe.

La ministre de la Justice du Québec, Stéphanie Vallée, vient de présenter le projet de loi no 62 portant le titre prometteur de Loi favorisant (sic) le respect de la neutralité religieuse de l’État et visant notamment à encadrer les demandes d’accommodements religieux dans certains organismes. La seule exigence imposée aux fonctionnaires québécois est de travailler à visage découvert et seul le port du niqab et de la burqa est interdit.

Par contre, le tchador demeure… de mise, même s'il constitue toujours, en soi, un symbole d'oppression de la femme, comme le reconnaissait avec une émouvante passion le premier ministre Philippe Couillard avant sa prise de pouvoir. Mais sa ministre de la Justice refuse vertueusement l'idée de "volte-face" et parle maintenant du respect du droit des femmes qui le portent "volontairement" (sic), donc de leur droit de se soumettre volontairement à l'oppression; son texte, nous dit-elle suavement, n'est pas censé codifier la tenue vestimentaire des fonctionnaires.

On concèdera qu'il n'est sans doute pas du ressort de l'Etat d'encadrer les défilés de mode. Le hic est que Madame Vallée feint d'ignorer qu'il existe des modes de communication non-verbale, parfois fort éloquents. En l'occurrence, l'on est censé croire qu'un accoutrement ne peut jamais porter de message.

L'on peut donc penser que la ministre ne trouvera rien à redire sur l'affichage de son appartenance politique par le fonctionnaire en exercice. On suppose aussi qu'elle ne s'offusquera pas non plus à l'idée de le voir arborer fièrement, si cela lui chante (surtout s'il est juif!) la swastika, ou l'étoile jaune. A condition, bien sûr, qu'il évite dans tous les cas l'usage de macarons épinglés : dans tous les cas, il devra avoir recours à des badges cousus dans ses vêtements.

Mieux, le serviteur de l'Etat peut se présenter au travail avec un blouson des Hell's Angels ou en uniforme nazi tant qu'il respecte sa description de tâche.

(Pendant que la ministre y est, qu'elle exauce le vœu des épouses qui "veulent" porter le patronyme de leur époux; on en trouve encore au Québec.)

S'il n'est - apparemment - toujours plus question de voir se présenter aux élections provinciales une candidate revêtue du noir tchador portant les… couleurs libérales, les musulmanes tchadorées ont droit à des prix de consolation : elles peuvent aspirer aux fonctions de policier, de gardien de prison, et même… de magistrat. Et les fonctions publiques municipales, avec lesquelles le citoyen lambda a le plus de contact dans la vie quotidienne, restent libres d'accueillir à bras ouverts (c'est une métaphore… tout contact physique étant exclu, cela va de soi…) les burquées et niqabées. Avec des interlocutrices aussi amènes, c'est dans une ambiance conviviale que l'on réglera sa contravention pour parking interdit ou sollicitera son permis de construire.

(Evidemment, pour faire bonne figure, est maintenue la répugnante relique du régime duplessiste, le démoniaque crucifix qui fait figure d'épée de Damocles au dessus du président de l'assemblée nationale; c'est bien le moins que doit le divorcé remarié Philippe Couillard à Notre Saint-Père le Pape, qui a eu la bonté de le recevoir récemment à Rome pendant 45 secondes - contrairement à Stephen Harper qui, à titre de chef d'Etat, eu droit à 10 minutes, et au frais, à l'intérieur du Vatican…)

Les tortionnaires de Raif Badawi - les ex-employeurs saoudiens du Dr Philippe Ibn-Couillard, devenu chef du gouvernement québécois au terme d'une reconversion professionnelle réussie, qui l'ont grassement payé pour ses bons et loyaux services avec des pétrodollars dégoulinant de sang - savent qu'il n'a d'autre choix que de manifester un appui de façade au malheureux blogueur. Marketing politique local oblige.

C'est le (faible) prix à payer pour avoir droit, par ailleurs, à une sorte de "service après-vente", même, et surtout, assuré à titre gracieux.

Cette parodie de projet de loi n'est qu'une coquille… pas si vide que ça, car ce texte consolide bel et bien la position des intégristes, qui disposeront, dès son adoption, d'une tête de pont favorisant, non pas le respect de la neutralité religieuse de l’État, mais  l'infiltration des fonctions publiques québécoises. Le cheval de Troie attend patiemment l'ouverture des portes de la cité, au sens aristotélicien du terme.

"Sheikh Philippe" vient de montrer à ses amis de "Daech-lite" qu'il a, au moins, la reconnaissance du ventre.

LP



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