Friday, May 29, 2015

Le 29 mai 2015. Le vaudou québécois.



Les religions sont comme les vers luisants : elles ont besoin de l'obscurité pour éclairer. Un certain degré d'ignorance générale est la condition de toutes les religions.
- Schopenhauer.

L'homme a créé des dieux; l'inverse reste à prouver.
- Serge Gainsbourg.

Il y a quelques jours, le premier ministre du Québec, Philippe Couillard de l'Espinay, baron de Jersey, a pu rencontrer le pape François sur la place Saint-Pierre pendant 45 secondes - pas une de moins - après s'être fait rôtir pendant plus de deux heures sous le plomb fondu du soleil romain. Le miracle est sans doute que le premier ministre a tenu le coup sans attraper une insolation; on comprend qu'il doit au pontife les prières que celui-ci lui a demandées.

Sur sa lancée en Europe, il a ensuite pu assister à Paris à la réception de Dany Laferrière à l'Académie française. On relèvera que le nouvel immortel québécois a rendu hommage, avec son épée et son discours de réception, à la divinité vaudou Legba, sous prétexte qu'il serait le dieu des écrivains puisqu'il permet à un mortel de passer du monde visible au monde invisible, puis de revenir au monde visible…

Dépeindre les croyances et pratiques obscurantistes d'un autre âge qui persistent est légitime en littérature, à condition de garder ses distances. Par contre, voir un auteur leur donner un semblant de respectabilité est plus troublant.

La tragédie haïtienne est sans doute qu'un peuple n'est sorti de l'odieux esclavage colonial que pour retomber sous la coupe de tyrans autochtones, s'appuyant cette fois sur les suppôts de la sorcellerie.

Il faudrait peut-être rappeler à l'éminent romancier québécois que, au moins dans sa province d'adoption, contrairement à ce que pourrait laisser croire le député de Roberval, les superstitions - catholiques en l'occurrence - ont quand même perdu beaucoup de "visibilité" au cours des 50 dernières années.

Sauf au Saguenay.

LP


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