Monday, June 24, 2024

"Justice" coloniale en Nouvelle-Calédonie.

Le 24 juin 2024.

La gifle a été si forte que je ne m'en suis relevé qu'au bout de 13 ans. En effet, ce n'était pas une baffe ordinaire, et pour me la balancer, il s'étaient mis à beaucoup.
- Henri Charrière. (Papillon).

Suite aux récents troubles à l'ordre public en Nouvelle-Calédonie, dont la cause première aristotélicienne est la stupide décision du gouvernement français de modifier le système électoral local, le procureur Yves Dupas a pris l'initiative de faire placer plusieurs personnalités politiques kanakes en détention "provisoire". Les "juges des libertés (il est interdit de rire) et de la détention" se sont pliés aux impératifs politiques. Mais il y a plus.

Petite précision : le lieu de détention sera... l'hexagone, à 17 000 km de distance. Le proc', passé maître dans l'art de l'euphémisme, parle d'"affectations en métropole"...

Christian Tein, chef de la cellule de Coordination des actions de terrain (CCAT) fera un séjour au Hilton de Mulhouse; Brenda Wanabo, chargée de la communication de la CCAT, sera accueillie au Carlton de Dijon (ses trois enfants, dont un de quatre ans, seront laissés à leur sens de la débrouillardise); enfin,  Frédérique Muliava, directrice de cabinet du président du congrès de Nouvelle-Calédonie, aura sa suite royale au Ritz de Riom.

(Juste retour des choses : furent déportés vers ce territoire des prisonniers politiques, notamment les participants à la Commune de Paris en 1871. D'ailleurs, la France a une longue tradition en matière d'éloignement d'acteurs politiques gênants. Rappelons notamment que, le 20 août 1953, le sultan du Maroc, Mohammed V, fut déposé et exilé à Madagascar en janvier 1954, dans l'espoir futile de mettre fin aux revendications nationales marocaines. Cet exil ne dura finalement qu'un an, les autorités coloniales ayant dû capituler.) 

Les juristes comparatistes qui connaissent la common law savent que la procédure pénale française est un peu moins soucieuse des droits de la défense. En l'occurrence, on atteint des sommets, ou, plus exactement, des abysses.

Il faut croire que l'institution judiciaire (on hésite à dire "la justice") s'est inspirée de l'exemple de Toussaint Louverture, Haitien emprisonné par l'empereur Napoléon en France, qui mourut de froid au fort de Joux dans le Doubs en 1803.

Jean-Marie Le Pen avait jadis proposé de refaire un "bagne de Cayenne" aux Iles Kerguelen. Une idée à creuser aujourd'hui par Jordan Bardella..

Plus ça change et plus c'est pareil.

LP


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