Le
3 juin 2024.
Autour de moi j’entends rire
Les poupées de chiffon
Celles qui dansent sur mes chansons […]
Elles se laissent séduire
Pour un oui pour un nom
- Serge Gainsbourg (Poupée de cire, poupée de
son).
Mais la France c'est
aussi un pays
Où y a quand même pas cinquante millions d'abrutis.
- Michel Sardou.
Le 9 juin prochain auront lieu les élections
européennes, transformées
en scrutin purement hexagonal par Marine
Le Pen, dont le programme plein de vide est incarné par son mignon pantin
Jordan Bardella, digne héritier de Nigel Farage, tête de la liste Rassemblement
National. Il faut reconnaître que cette « nationalisation » du
scrutin a bénéficié de l’aimable concours du président Macron lui-même :
il a envoyé au… "front" son premier ministre Gabriel Attal qui a fait face à
Jordan au débat télévisé, en écartant la tête de liste de son parti Renaissance
Valérie Hayer; manifestement, il savait que cette illustre inconnue ne ferait
pas le poids. Selon les sondages, la liste RN pourrait recueillir un tiers des
électeurs, qui n’ont rien trouvé de mieux pour exprimer leur insatisfaction du
président Macron. La stratégie de dédiabolisation du parti fondé par l’artiste
de la gégenne en Algérie, le tortionnaire Jean-Marie Le Pen, porte ses fruits.
Empoisonnés. À l’évidence, les électeurs plus jeunes disposés à voir en lui un « sauveur »
manquent de repères historiques.
Ce
fils d’immigrants italiens prétend donc incarner aujourd’hui la France
éternelle à Strasbourg.
Reconnaissons
qu’avec son prestance de gendre idéal, il détrône Michel Drucker; en outre,
grâce à la dilution de son ADN kabyle, il a le physique de l’emploi; par
contre, l’arrière-petit-fils de son concurrent nord-af’, goy honoraire, Eric
Zemmour, aura peut-être quelques chances.
Jordan
est bien lissé, pimpant (il ferait un malheur dans le mannequinat) vu qu’il a
été minutieusement formaté par tati Marine : ses liens quasi-conjugaux
avec Nolwenn Olivier, fille de
Marie-Caroline Le Pen (sœur aînée de Marine), lui ont donné accès à la belle
villa Le Pen à Montretout. (Certaines entrées aboutissent à d’autres entrées).
Pas mal pour le gamin qui a grandi dans un HLM de 93-Saint-Denis (un code
postal qui fait toujours mauvais effet dans un CV). Voilà qui compense
royalement une expérience professionnelle inexistante et ses 28 courts hivers.
La politique, il est récemment tombé dedans étant donné qu’il est encore petit.
Cependant, personne en France ne remarque que
ce héraut qui promet de « faire revenir la France » (sans préciser
toutefois où elle est partie) porte un
prénom anglais fort pittoresque, manifestement tiré d’un de ces feuilletons quotidiens
américains diffusés depuis plusieurs décennies pour divertir les cérébrales ménagères
(pas seulement françaises de souche) entre deux lectures de Gaston Bachelard.
L’hexagone contemporain pullule de Kévinne, Grégaurî, Alîssonne, Madisonne, et
même… de Steeve (cf. Briois), etc.
Nul doute dire que Jaurdanne, version masculine
de la poupée Barbie, qui récite avec application son texte facilement décryptable,
est un enfant des « Feux de l’amour » et qu’il est sapé comme un dandy
d’« Amour Gloire et Beauté » (« The Young and the
Restless » et « The Bold and the Beautiful » en v.o.)..
Un indéniable « grand remplacement »
culturel qui aurait horrifié Charles De Gaulle, mais qui donne aux talentueux acteurs
de doublage français de quoi mettre un peu de beurre dans les épinards.
LP