Friday, March 10, 2023

Le Canada a son Clint Eastwood : la ministre Mélanie Joly!

Le 10 mars 2023.

Elle a les yeux revolver
Elle a le regard qui tue
Elle a tiré la première
M'a touché, c'est foutu

- Marc Lavoine. (Elle a les yeux revolver, 1985).


Hey girl
Move a little closer
You're too shy shy, hush-hush, eye to eye.
- Kajagoogoo. (Too shy, 1983)

Jeudi dernier, le 9 mars 2023, un loufoque incident s’est produit lorsque la ministre des affaires étrangères Mélanie Joly s’expliquait à Ottawa devant le comité parlementaire qui se penche notamment sur l’ingérence chinoise dans les élections canadiennes.

Selon ses dires, elle avait soulevé la question lors d’une rencontre avec le ministre chinois des affaires étrangères Qin Gang au cours d’une réunion du G20 à New Delhi au début du mois, en ces termes : 

"I was extremely clear. I looked him in the eyes and said to him, first, we will never tolerate any form of foreign interference in our democracy and international affairs".

(Note: “I looked him in the eyes”. Sic. Dixit Mme Joly.) 

La réaction (un tantinet ironique) du député conservateur Michael Cooper?

“You’ve talked tough with your Beijing counterpart, so you say. You even stared into his eyes. I’m sure he was very intimidated.

 Et Mme Joly de répliquer : 

“I won’t comment on your question, in particular the beginning, because I think it’s actually... the tone...”

Ce fascinant dialogue appelle la remise à l’heure de quelques pendules.

Premièrement, cette seule formule oculaire ne pouvait que susciter le sourire de tout observateur impartial, avant même toute intervention du député inquisiteur.

Deuxièmement, M. Cooper n’a pas alors posé sa question, contrairement à ce qu'affectait de croire Mme Joly : il réagissait simplement à une déclaration de Mme July, sous une forme ironique, bien sûr, pour exprimer son scepticisme face à la posture de fermeté revendiquée par la ministre; ce fut alors qu’il posa sa question.

Troisièmement, alors que Mme Joly déclarait (avec un soupçon d’insolence) ne pas vouloir commenter la soi-disant question de l’élu conservateur, elle s’est livrée, en fait, à un commentaire; elle a eu ainsi recours à une astuce rhétorique classique en politique. En prenant un ton offusqué (on n’ose pas dire de “vierge offensée” en l’occurrence...), elle avançait sournoisement l’argument sexiste.

Et effectivement, comme on pouvait s’y attendre, ont immédiatement poussé des cris d’orfraie la député NPD Rachel Blaney, la libérale Jennifer O'Connell (qui a explicitement dénoncé la persécution d’une ministre), la libérale Sherry Romanado et enfin la libérale Bardish Chagger, présidente du comité, qui a fait état d’un besoin de gravol (disponible dans toutes les bonnes pharmacies), sans doute inspirée des troubles digestifs d’Amira Elghawaby découlant de son mépris envers le Québec.

Bref, on réclame avec indignation des excuses de la part du sarcastique député.

Il faut raison garder.

Il est permis de rester dubitatif quant à l’effet hypnotique des regards, fussent-ils acérés, dardés par la ministre Joly à son homologue chinois, que celui-ci a certainement accueillis par un flegme amusé bien asiatique. On peut croire sur parole M. Cooper quand il dit que sa remarque aurait tout aussi bien viser un ministre masculin. Nul doute d’ailleurs que si l’ex-moniteur de surfboard Justin Trudeau se fût exprimé en termes identiques, il eût déclenché une hilarité encore plus marquée.

Mme Joly doit comprendre que, que l’on soit homme, femme, ou trans, lorsqu’on veut jouer les “Dirty Harry”, on doit assumer. Elle n’a réussi qu’à se ridiculiser elle-même. N’est pas Madeleine Albright ou Golda Meïr qui veut. Quoique feignent de croire les détracteurs du député albertain Cooper, il n’y a pas eu coup bas : il ne visait pas autre chose que les parties du corps situées de part et d’autre du nez de la ministre.

Il peut rester droit dans ses bottes.

LP

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