Friday, May 6, 2022

Fuite à la Cour suprême des Etats-Unis : à qui profite le crime?

Le 6 mai 2022.


Abortion, the darkest stain (sic) on the society in which we live.
- Jimmy Swaggart.
 
Et un coup de pied aux couilles, c’est le début d’une IVG?
- Laurent Ruquier.

 

A cette question, classique, nulle réponse n’est évidente à ce stade.

Voilà une fuite qui semble être une première en ce qui concerne la Cour. Comble de l’ironie, elle concerne une affaire où sont préciséments en jeu les conséquences qui découlent de malencontreux écoulements relatifs à la plomberie humaine.

En effet, se retrouve sur la place publique le projet d’arrêt signé par le juge Alito, opérant une impitoyable répudiation de la jurisprudence Roe c. Wade, laquelle garantit le droit constitutionnel à l’avortement. En bref, le rejet de cette jurisprudence laisserait les 50 Etats libres de criminaliser l’avortement.

On pourrait soupçonner un employé de la Cour favorable au libre choix de vouloir créer une commotion au sein du public et ainsi infléchir la réflexion des autres sages. Mais on pourrait tout aussi bien penser à une manoeuvre d’origine républicaine visant à intimider les juges hésitant et, précisément, à les inciter à se rallier à cette opinion.

Inversons la question pertinente ainsi : qui serait pénalisé par la suppression du droit à l’avortement aux Etats-Unis?

La première réponse concerne, bien entendu de nombreuses femmes, surtout les plus démunies, isues des communités minoritaires, qui devraient de nouveau recourir aux aiguilles à tricoter.

Cependant, une telle mesure ferait aussi des ravages dans les rangs républicains, notamment chez leurs élus et ministres du culte.

Une exception vient à l’esprit. En matière d’inversion, sont devenus un cliché l’homme politique et le pasteur toujours dans le placard, mariés et pères de famille à la ville, fréquentant assidûment l’église baptiste le dimanche, ou y célébrant l’office, respectivement, mais friands de rencontres, par exemple, dans l’atmosphère conviviale des toilettes de gares et d’aéroports. Ceux-là n’ont en effet rien à craindre d’une telle (r)évolution jurisprudentielle.

Par contre, on ne peut faire abstraction des hétéros de bon aloi du GOP et des temples fondamentalistes qui ont des maîtresses et des filles, ces deux catégories se chevauchant (au sale comme au figuré) d’ailleurs largement, notamment en Alabama.

(En effet, ces dernières sont susceptibles de copuler de manière imprudente non seulement avec des camarades de classe, mais aussi avec leurs cousins, leurs frères et leur père. Dans tous les cas, un accident est si vite arrivé, surtout chez des partenaires dont les capacités de lecture limitées les rend incapables de lire et de comprendre le mode d’emploi des divers dispositifs de protection médicaux. Il résulte parfois de leurs accouplements de tristes fruits non bénis dans les entrailles des intéressées : l’écolière de 13 ans, n’est pas particulièrement enthousiasmée par l’idée de mettre au monde un(e) autre petit(e) redneck, et elle hésite encore plus à qualifier d’”heureux événement” la perspective d’accoucher de son oncle/sa tata, ou de son neveu/sa nièce, ou de son petit frère/sa petite soeur, selon le cas.)

Et n’oublions les nombreux prêtres catholiques. Il faut être équitable : ils sont fréquemment avides de chair (très) fraiche masculine, consommable dans la sacristie, ou sous la tente à la campagne pendant l’été; comme le chante Pierre Perret : 

Les jolies colonies de vacances
Merci maman, merci papa
Tous les ans, je voudrais que ça recommence
You kaïdi aïdi aïda

Pour autant, il y a des clercs qui ne suivent pas exclusivement les préférences de l’ex-président William Jefferson Clinton et qui recherchent logiquement des exutoires féminins plus conventionnels. Malheureusement, les paroissiennes concernées sont alors susceptibles d’être engrossées dès qu’elles ont eu (on revient aux fuites) leurs premières règles.

En résumé, pas de jugement hâtif. Ayons de la compassion pour les suaves séducteurs républicains et ecclésiastiques sur le terrain qui n’ont pas non plus les moyens de financer des avortements dans des cliniques de luxe à l’étranger et d'y acheminer dans leur jet privé leur(s) (ex-)partenaire(s) et qui ont tout à perdre si les délires et fantasmes du juge Alito font jurisprudence.

Il n’y a pas que des Kenneth Copeland millionnaires chez les évangéliques.

Peut-on malgré tout encore espérer que le bébé du juge Alito actuellement en gestation sera mort-né? La montagne accouchera-t-elle d'une souris?

LP

 

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