Friday, October 29, 2021

Actualités politiques canadiennes en vrac.

Le 29 octobre 2021.

Le grand dieu fit les planètes et nous faisons les plats nets.

-   François Rabelais. 

 

Le petit Justin est sorti de sa tanière pour effectuer un remaniement ministériel.

Mme Ginette Petitpas-Taylor, originaire du pays de la sagouine, est maintenant chargée des langues officielles au Canada. Cette pittoresque personnalité répand déjà sur le pays par ses discours un parfum d’iode et un fumet de homard, et on peut s’attendre à voir le chiac bientôt promu au rang de 3e langue officielle.

Steven Guilbault, ex-activiste (et ex-funambule) écologique passe au ministère de l’environnement. Sera-t-il la trompeuse vitrine du gouvernement libéral, avide de récuperation? Il pourra demander conseil à Nicolas Hulot.

A noter surtout l’exclusion de Marc Garneau du cabinet. Mélanie Joly, resplendissante organisatrice de coquetèles officiels, devient maintenant la 5e ministre des affaires étrangères en 6 ans et déclare, oh surprise, qu’elle aura un oeil sur la Chine... L’ex-astronaute a évidemment dû tomber des nues, même s’il aura aura apparemment droit en guise de prix de consolation à la prestigieuse ambassade à Paris. L’on peut conjecturer que son éloignement de la scène politique vise à épargner à la probable dauphine de Justin, la ministre des Finances Christya Freeland, un concurrent potentiellement encombrant : M. Garneau fut jadis candidat malheureux à la direction du parti libéral et nourrissait certainement encore des ambitions nationales. Vu les dures réalités politiques, il devra maintenant revenir sur terre. Plus question pour lui de tirer des plans sur la comète et de rester dans la lune; les planètes ne sont tout simplement pas alignées pour lui et il n’atteindra pas le 7e ciel puisque c’est Mme Freeland qui est l’étoile montante. Pour autant, vu sa carrière, il ne peut se plaindre d’être né sous une mauvaise étoile, même si sa bonne étoile vient de pâlir.

Chose certaine, son nouveau poste en Europe le rapprochera de Stéphane Dion, à plus d’un titre.

Par ailleurs, Jean Chrétien, ancien premier ministre et auparavant ministre des Affaires indiennes, déclare à qui veut le croire qu’il n’avait jamais rien su du martyre subi pendant des décennies par les enfants autochtones dans les mouroirs servant de viviers de chair fraiche pour religieux libidineux abusivement désignés par le terme de “pensionnats”. Il faut prendre au sérieux ces dénégations. On pense par exemple à Adolf Eichmann qui était responsable de la logistique concernant les transports de juifs de la gare A à la gare B : même s’il était un comptable compétent, il lui était impossible de savoir ce qui arrivait aux passagers au sortir de la gare B. A fortiori, le très honorable Jean Chrétien avait beau porter le titre ronflant de ministre (et même de premier ministre), ce dégoulinant bouffon lèche-bottes de cour (et fier de l’être), grotesque parodie de caricature ambulante, promu plus tard calife d’opérette, ne pouvait pas tout savoir. Fi des archives.

A ce sujet, dans un onctueusement jésuitique communiqué du Vatican, il est annoncé que « La conférence épiscopale du Canada a invité le Saint-Père François à effectuer une visite apostolique au Canada, également dans le contexte du processus pastoral en cours depuis un bon moment, de réconciliation avec les peuples indigènes ».

Que Sa Sainteté s’épargne un inutile déplacement et se borne à proclaimer urbi et orbi la dissolution de Vatican, Inc., sans oublier de régler quelques ardoises.

Ce sera une grande avancée pour le genre humain.

LP

 

 

Thursday, October 7, 2021

L’Église de France le confirme : la terre n’est pas plate.

Le 7 octobre 2021. 

On ne risque pas grand-chose à parier pour le pire! Il suffit d’imaginer le pire pour jouer les prophètes – à peu de frais.

̶  Louis-Ferdinand Céline.




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Notre Sainte-Mère l’Église catholique est, une fois de plus, à l’avant-garde de la transparence.

En France, Jean-Marc Sauvé vient de rendre public le rapport de la commission (dite) indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). Celui est dévastateur : L’Eglise catholique est, hormis les cercles familiaux et amicaux, le milieu où la prévalence des violences sexuelles est la plus élevée. Le scoop! Et on compterait notamment 330 000 victimes des prédateurs sexuels en soutane et de leurs sbires laïcs. Ce rapport contient aussi divers appels : on reconnaît le caractère systémique de la pédophilie ecclésiastique, on aspire à une “justice restaurative”, une vaste remise à niveau du droit canonique en matière pénale, etc.

Tout cela est bel et bien, mais la réaction d’Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France (CEF) donne à réfléchir; il déclare, le (sacré)coeur sur la main : L’ampleur du phénomène que vous décrivez est effarante et le nombre des victimes nous accable et dépasse ce que nous pouvions supposer. Quant au PDG, le Saint Père, qui ne se doutait jusqu’alors de rien non plus, cela va de soi, il exprime son “immense chagrin” vu cette “effroyable réalité”. Heureusement, “par ses prières, le pape confie au Seigneur le Peuple de Dieu qui est en France, tout spécialement les victimes, pour qu’Il leur accorde le réconfort et la consolation et que, avec la justice, puisse s’accomplir le miracle de la guérison”.

Formule émouvante pour la fille aînée de l’Église, mais qui laisse en plan aujourd’hui les victimes athées.

Bref, de qui se moque-t-on?

Au départ, pour croire en l’indépendance de cette commission, il faut avoir la foi du charbonnier : une commission constituée à l’initiative de l'Eglise et surtout, une présidence confiée à un catho pratiquant n'a, par définition, aucune indépendance. En choisissant comme chef d’orchestre un magistrat à la retraite, Jean-Marc Sauvé, au nom prédestiné, elle ne fait que projeter un peu plus de poudre d’intégrité aux yeux des gogos. Que valent les lois humaines au regard de la volonté divine? L’ex-vice-président du Conseil d’Etat, un modèle de piété à la diction chanoinesque, sait mieux que personne qu’il faut rendre à César ce qui revient à César, et à Dieu ce qui revient à Dieu...

En réalité, aussi sévère que semble être ce rapport, il s'agit d'une grossière opération de com', genre dans lequel l'Eglise est passée maître, surtout avec le pape François, et qui ne convaincra que qui veut : elle reconnaît essentiellement ce que tout le monde sait déjà, à savoir que le soleil se lève à l'est. Cependant, en matière de relations publiques, il faut savoir parfois lâcher du lest; les religieux sont de roués joueurs d’échecs, qui savent parfois faire des coups sacrifices.

(A noter que l’Église québécoise a déjà eu recours à la même mise en scène consistant à recruter des magistrates catho à la retraite, des saintes Nitouches pleines de grâce, expertes dans l'art de prêcher à des convertis).

330 000 victimes? Le vrai chiffre est donc de 600 000, au bas mot. On peut imaginer des nazis, animés par un esprit de contrition, avouer humblement l’extermination de 2 millions de juifs...

Et on parle d’indemnisation. Mais... on évoque déjà dans les hautes sphères épiscopales la difficulté de rassembler les sommes nécessaires... Peut-être un signal (à peine) codé que l’Église de France planifie d’ores et déjà sa prochaine stratégie judiciaire et s’inspirera des diocèses américains qui ont su se servir habilement des lois sur l’insolvabilité. De toute manière, les prières et les miracles n’ont pas de prix.

Si l’Allemagne a connu un processus de dénazification, l’humanité a bien besoin de déchristianisation, seul espoir de rédemption.

LP


Tuesday, October 5, 2021

Élections municipales au Québec : La méthode historique de Denis Coderre.

Le 5 octobre 2021.

(Louis Riel) shall hang though every dog in Quebec bark in his favour.

- Sir John A. Macdonald.

 

Manifestement, le candidat à la première magistrature de Montréal a des lacunes en la matière.

Il s’engage à remettre sur son socle la statue honorant le poivrot persécuteur des Autochtones, Sir John A. Macdonald, qui fut déboulonnée il y a quelques mois, à l’instar d’un Saddam Hussein. La raison? Il paraît qu’on ne peut pas “déboulonner le passé” (sic). Une reprise du pitoyable plaidoyer de l’ex-premier ministre Québécois John “Jean” Charest, selon lequel le crucifix devait continuer de répandre ses lumières divines sur le président de l’Assemblée Nationale sous prétexte qu’il faisait “partie de notre histoire”. Tout en courtisant ainsi servilement le vote anglophone, il veut ménager la chèvre et le chou en tentant de se donner une image humaniste en exprimant son onctueuse compassion pour les premières nations.

On ne peut qu’inviter M. Coderre à faire un voyage en Allemagne, un pays où (incroyable, mais vrai) la mémoire des atrocités nazies n’a pas complètement disparu malgré l’absence de statues incarnant le Führer ou Joseph Goebbels.

Autre exemple, le retrait de la statue de Robert E. Lee, glorifiant le défenseur d’un état esclavagiste, d’un parc de Richmond (Virginie) a même contribué à sa notoriété. Ne furent contrariés que les rednecks consanguins ayant pour idoles les “Jubilation T. Cornpone” (les cinéphiles avertis comprendront la fine allusion).

(Evidemment, sont certainement très pédagogiques les drapeaux confédérés hissés devant les capitoles d’Etat du Deep South constituant un message de menace à peine codé visant les militants des droits civiques,..).

La dissémination de la culture historique se passe d’artifacts dans les parcs municipaux, assortis, ou non, de plaques explicatives peu visibles des passants, qui ne pourraient de toute manière intéresser que les personnes déjà très largement informées : les explications abondent dans les manuels et films d’archives.

Par ailleurs, les livres d’histoire canadienne sont riches d’enseignements également en ce qui concerne l’esprit de Sir John A. envers les francophones, métis ou blancs.

(Dans le même ordre d’idées, le monde politique, et les citoyens, montréalais, devraient peut-être aussi s’interroger sur la légitimité d’une bibliothèque municipale “Mordecai Richler”, dédiée au contempteur du Québec à la plume serve, jadis grassement payé par Conrad Black. Là encore, ses seuls écrits lui assurent l’immortalité.)

Pour autant, aurait sa place... place du Canada à Montréal, une oeuvre d’art rendant hommage aux martyrs autochtones, inspirée du monument aux héros du ghetto de Varsovie devant lequel le premier ministre canadien et le maire de Montréal en exercice pourraient s’agenouiller, suivant l’exemple du chancelier allemand Willi Brandt en 1970. Ou alors, pourquoi pas une stèle, ou une fresque murale, avec, pour faire dans l’authentique bien documenté, des scènes de sodomie et de fellations imposées par des prêtres à des enfants (surtout de choeur) autochtones, qui ne laisseraient certainement personne indifférent? De telles images mnémotechniques vaudraient mille mots et répondraient aux inquiétudes didactiques du candidat Coderre. Il faudra attribuer cette commande à un artiste adhérant aux canons esthétiques de l'école gotlibienne.

Mais revenons à Sir John A.  Après réflexion, Denis Coderre a peut-être raison. Oui, la mémoire historique appelle une statue, bien visible, mais nouvelle, représentant le premier premier ministre canadien en personne.

Le montrant cette fois ivre-mort, avec une bouteille de whisky à la main.

LP