Sunday, June 23, 2019

L'écolo canadien Steven Guilbeault révèle son daltonisme.



Le 23 juin 2019.

Ils sont trop verts, dit-il, et bons pour des goujats.
- Jean de La Fontaine (Le Renard et les Raisins).

Je suis innocent du sang de ce juste ; c’est à vous d’en répondre. 
- Matthieu 27:24.

Le bruit, ou plutôt le secret de polichinelle, est confirmé : l'ex-directeur d'Equiterre se lance en politique, sous la bannière, et peut-être la croix, du parti libéral du Canada. Il se positionne audacieusement comme un "radical pragmatique" (sic), invoquant une voie médiane entre les détracteurs qui le trouvent trop vert, et ceux qui voient sur lui un revêtement vert trop pâle, en adhérant au parti "rouge". Pourtant, par synthèse additive, le mélange du vert et du rouge ne produit jamais que du jaune.

Il déclare approuver plusieurs mesures écologiques prises par le gouvernement libéral, d'une part, tout en susurant jésuitiquement, d'autre part, sa désapprobation du rachat par l'état de l'oléoduc Trans Mountain. Pourtant, le gouvernement a confirmé que ce projet ira bel et bien de l'avant et que sera transporté le pétrole le plus sale de la planète, une sorte de Tchernobyl albertain au compte-goutte, et qui exposera la côte de la Colombie-Britannique aux fuites accidentelles catastrophiques. Le petit Justin se veut rassurant en répètant inlassablement - et correctement- que l'écologie et l'économie vont de pair, sauf que cette formule vise en principe la recherche et l'exploitation de sources alternatives à l'énergie fossile.

M. Guilbeault a l'art d'en dire des vertes et des pas mûres : il se joint à un parti qui souffle le chaud et le froid en matière de réchauffement climatique.

Par ailleurs, une politique écologique qui ne sera pas de pure façade appellera des investissements publics et l'argent ne pousse pas sur les arbres, génétiquement modifiés ou non. Manifestement, pour assainir les finances publiques canadiennes, la nouvelle recrue libérale a toute confiance envers le parti qui, au pouvoir, mène une lutte somme toute fort modérée contre l'évasion fiscale, surtout par le truchement de paradis fiscaux, et qui va même parfois jusqu'à conclure des ententes fort indulgentes avec les contribuables indélicats, au point de renoncer magnanimement à des pénalités dissuasives. Mais que l'on se rassure : les filoutes petites quincailleries de quartier payeront!

En outre, la grande vedette écolo intègre les rangs du parti qui, naguère, acceptait les contributions à sa caisse électorale de cabinets d'ingénieurs tirant de juteux profits de la construction de donjons ultra-modernes, comportant des unités de torture méticuleusement étudiées : on imagine, par exemple, la savante conception des canalisations destinées à recueillir les vomissements et autres multicolores écoulements urinaires et sanguins des détenus immobilisés sur leur chevalet et subissant les stimulantes taquineries de gadgets électriques. Ces merveilles du BTP* furent commandées par des dictatures… pétrolières. (Il va sans dire que l'on prendra avec un grain de sel, ou plutôt de sable, certains bruits selon lesquels il y aurait parfois eu des versements de discrets et amicaux incitatifs financiers, en liquide, et, parlant de liquide, on parle même à l'occasion de fourniture, en prime, de prestataires féminines de services en… nature, très personnalisés).

Une belle confirmation de la théorie économique du ruissellement.

Enfin, nul doute que ce grand humaniste, jadis activiste de Greenpeace, a trouvé le véhicule idéal pour la poursuite du dialogue déjà tellement fructueux entre le Canada et l'Arabie saoudite en matière d'environnement et de droits de l'homme, de la femme et de l'enfant, auquel participera certainement incessamment sous peu le Yémen.

On ne peut que souhaiter bonne chance à Steven Guilbeault, capable de déplacer des montagnes, et dont la jaunisse a révélé les vraies couleurs : celles des sables. Mouvants. Et de leurs marchands. Si, par malheur, il ne parvenait pas à obtenir l'investiture de son parti dans la circonscription de Laurier-Sainte-Marie à Montréal en vue des élections fédérales d'octobre prochain, on sait déjà qu'il ne broiera pas du noir puisqu'il aura toujours l'option de se mettre au vert.

LP

*Note pour les lecteurs hors de France : bâtiment-travaux publics.
           

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