Wednesday, May 22, 2019

France : le Golgotha de Vincent Lambert.



Le 22 mai 2019.

Et vers la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte : Eli, Eli, lama sabachthani, c'est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?
- Matthieu 27:46.

Il faut imaginer Sisyphe heureux.
- Albert Camus.

Le chemin de croix parcouru par cet accidenté de la route était sans doute écrit.

Fruit de l'adultère de parents… cathos convaincus (il y a avec le Ciel et le lit des accommodements, comme le confirme Christine Boutin), reconnu à l'âge de 6 ans par un père médecin responsable départemental d'une ligue anti-avortement opposée à la loi Veil (du nom de la ministre de la santé relativement détachée des injonctions vaticanesques qui la prépara), forcément partisan des avortements clandestins et donc de la peine de mort pour les femmes pécheresses, Vincent Lambert suivit sa scolarité comme pensionnaire dans un établissement scolaire dirigé par la Fraternité Saint-Pie X, peu connue pour son atmosphère enjouée et de réflexion critique. Dans un camp scout, il eut droit aux gestes de tendre affection de la part d'un clerc.

Une jeunesse qui explique sa vocation d'infirmier psychiatrique et sa volonté d'aider les autres, surtout les malades lourds.

Un grave accident de la route en 2008 le réduisit à l'état végétatif, et il s'ensuivit une saga judiciaire opposant les parents à son épouse, laquelle demandait l'arrêt de son alimentation et de son hydratation artificielles. On rappellera notamment que, en 2015, Son Eminence le cardinal Philippe Barbarin, et les huit évêques de la région Rhônes-Alpes, s’étaient engagés sans réserve contre l’arrêt des traitements et avaient manifesté en portant ce bouleversant slogan : "protéger le faible, ça c'est fort". De quoi arracher aux païens les plus endurcis des larmes aussi authentiques que les écoulements lacrymaux de Vincent Lambert sur son lit d'hôpital que l'on est censé constater à partir d'une vidéo qui aurait été faite le 19 mai par Mme Lambert, mais qui n'éclaboussent pas l'écran, et qu'elle évoque comme un refrain, d'une voix mielleuse.

(Un impressionnant exemple de "cinéma vérité"; cela dit, on n'a pas encore atteint la perfection technique d'une Leni Riefenstahl.)

Il semblait que tous les recours légaux possibles ouverts à ces hérauts intégristes étaient épuisés, mais, deux ex machina, la Cour d'appel de Paris vient d'ordonner la reprise des traitements visant à maintenir en vie Vincent Lambert dans l'attente d'une décision du Comité international des droits des personnes handicapées. Chose intéressante, il semble que, par cette audacieuse jurisprudence, la Cour d'appel enseigne désormais qu'un légume n'est qu'un "handicapé".

Un vrai miracle, pas seulement judiciaire.

L'acharnement thérapeutique défendu par les parents Lambert - correction : instrumentalisé et financé par les ayatollahs cathos - au mépris de la volonté clairement exprimée par leur fils avant son accident porte un avertissement clair : lorsqu'on est né dans une secte, l'on n'en sort pas. A défaut de bûchers pour sanctionner les hérétiques, on se rabat sur la lente torture en milieu hospitalier, délicieuse antichambre de l'enfer éternel. Un calvaire terrestre évidemment moins spectaculaire, mais les Inquisiteurs modernes se consolent volontiers.

Plus c'est long, plus c'est bon.

LP

PS. Voici une information sans aucun, mais alors, sans vraiment aucun rapport avec l'affaire Vincent  Lambert : l'on peut visionner gratuitement, et en intégralité, depuis le 11 mai sur Youtube, un documentaire intitulé Seulement ne le dis à personne, consacré à la pédophilie généralisée de l'Eglise polonaise. On se demande seulement pour quelle raison le réalisateur, Tomasz Sekielski, n'a pas d'abord choisi la télévision d'Etat polonaise pour le diffuser.


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