Le chef
de la cité est juste et exempt de péché, lorsqu’il met à mort des hommes
dangereux, pour que la paix de la cité ne soit pas troublée.
- Saint-Thomas
d'Aquin
Les hérétiques méritent d'être retranchés du monde par la
mort.
- Le même
Saint-Thomas d'Aquin.
Notre Saint-Père, comme l'institution qu'il
dirige, est décidément un avant-gardiste! Le 2 août dernier, il annonce
l'inscription de cette opposition dans le Catéchisme, lequel, dans sa version
de 1997, considérait encore la peine capitale comme une mesure possible dans
les cas d'absolue nécessité.
(Un bémol, est-elle "inhumaine"
selon la version française de la modification pertinente du catéchisme, ou
"inadmissible", comme le disent les versions anglaise, allemande,
espagnole et portugaise?).
On notera que ce nouvel enseignement est censé
être professé "à la lumière de l"Evangile". Il a donc suffi de
deux millénaires de savantes exégèses pour en dégager cette doctrine audacieuse
(oserait-on dire laxiste?), approuvée le 11 mai dernier lors d’une audience
avec le préfet de la Congrégation de doctrine de la foi (l'appellation
contemporaine de la sainte Inquisition, faut-il le rappeler?).
Outre les arguments classiques, et fort
respectables, relatifs à la dignité humaine, même des pires criminels, on
relèvera l'évocation de l'intéressant et indéniable problème de l'erreur
judiciaire. Mais on peut au moins être rassurés en ce qui concerne les mécréants,
notamment les assassins du Christ, exécutés par l'Eglise elle-même au fil des
siècles : s'il y a toujours la possibilité d'erreur, ou de crapulerie, de la
part des tribunaux séculiers, qui ne sont après tout qu'une institution
humaine, il n'en est rien des juridictions ecclésiastiques, d'ordre divin, par
définition infaillibles.
Giordano Bruno et les Marranes ont eu le châtiment
qu'ils méritaient et il est dommage que l'on ne verra plus de bûchers pour les
hérétiques sur la Place Saint-Pierre, sous réserve d'une modification
ultérieure du Catéchisme en sens contraire, évidemment. L'effet purificateur du
feu dévoreur de chair pustulente avait quand même une majesté visuelle
incomparable. A défaut de l'authentique, les fidèles épris de justice pourront se
régaler en visionnant "The Devils" de Ken Russell. Tomas de Torquemada,
priez pour nous.
Nostalgie, quand tu nous tiens…
LP
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