Tuesday, August 14, 2018

Important développement jurisprudentiel en matière de bail résidentiel.


Le 14 août 2018.

Tant qu'il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles.
- Victor Hugo.

En France, plus précisément à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), à la demande du bailleur et d'autres locataires, un tribunal d'instance vient d'ordonner l'expulsion d'un logement HLM d'Elodie W. pour "troubles de voisinage", à savoir des nuisances sonores consistant en des cris et des hurlements de cette femme et de ses 2 enfants, de façon continuelle.

Pour sa défense, elle a fait valoir qu’elle était victime de violences de la part de son mari et a même produit une plainte enregistrée le 30 mai par le commissariat, qui avait entraîné deux jours d’invalidité totale. Par ailleurs, elle a dû cesser de travailler comme serveuse dans la restauration en raison d’une fracture au poignet.

Voici les motifs, logiquement imparables, par lesquels la juge Marie-France Savay-Coroyer rejette ces moyens de défense :

Justement, les attestations produites par les défenseurs ne démentent pas les faits. Au surplus, la plainte déposée pour violence conjugale par madame W. ne fait que corroborer les troubles évoqués. » Tous ces bruits, menaces et intimidations dépassent les inconvénients ordinaires du voisinage et (…) sont constitutifs de manquements graves et répétés aux obligations du bail. Peu importe que soit évoqué le départ de monsieur des lieux, le trouble de jouissance étant établi, il convient de prononcer la résiliation du bail.

La présidente du tribunal rappelle vertueusement que :

les bruits de toutes natures, quelle que soit leur source, dès lors qu’ils sont nuisibles par leur intensité et leur caractère répétitif et de nature à troubler le repos et la tranquillité des occupants de l’immeuble, sont formellement interdits de jour comme de nuit.

Tout est dit. Elodie n'a qu'à s'en prendre à elle-même : elle et ses mioches n'avaient qu'à ne pas crier pendant que son compagnon lui administrait des corrections sûrement bien méritées. Beaucoup de bruit et de sensiblerie pour quelques inoffensifs chatouillements et taquineries.

Il faut saluer un jugement d'une grande sagesse, d'une incomparable finesse, qui fera jurisprudence. On peut y voir la bonne application, par analogie, d'une saine doctrine chariesque selon laquelle les femmes violées, et qui ont l'impudence de rapporter des accusations de viol aux autorités, doivent elle-mêmes être punies par le fouet ou la lapidation pour adultère ou autres rapports sexuels hors mariage.

La France peut être fière de son Ecole Nationale de la Magistrature, qui produit des lumières comme Marie-France Savay-Coroyer et autres Fabrice Burgaud. Une justice plus que rassurante pour le justiciable français lambda.

Cette groupie du magistrat instructeur d'Outreau est promise à une longue et fructueuse carrière au sein de l'appareil judiciaire, au service du bien commun. Cela dit, comme chacun le sait, au pays des droits de l'homme et du citoyen, l'office de judicature est souvent conçu comme un tremplin de choix vers la politique. Voilà une affaire susceptible de propulser très haut cette virtuose du scalpel légal, jusqu'au portefeuille du logement ou de la famille.

Elle n'a que l'embarras du choix. Dans un cas comme dans l'autre, sa féminité ne lui fera pas obstacle.

LP

PS. Elodie a l'outrecuidance de s'adresser à une juridiction d'appel, mais que l'on se rassure : nul doute que celle-ci n'infirmera pas une décision méticuleusement pesée et de simple bon sens.

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